Sans-abri : un retour en force ?
En Île-de-France, la chasse aux miséreux redouble d’intensité. A Paris, sous le pont
d’Austerlitz, la préfecture menace des dizaines d’hommes et de femmes, ayant
trouvé refuge sous tente, d’évacuation musclée. Matraques et coups en tout
genre sont parfois employés, et ce à l’échelle de l’Hexagone. Sous le pont du canal Saint-Martin, les points de suture de certains SDF en témoignent.
C’est désormais
sans complexe que les autorités publiques se livrent à une chasse à l’homme pour
faire disparaître les sans-abri, qui se retrouvent cantonnés en des endroits
toujours plus reculés et moins accessibles aux secouristes et bénévoles.
L’objectif est clairement affiché ; il s’agit non pas de venir en aide aux
100 000 sans-abri mais de limiter les effets voyants du phénomène grandissant
de l’exclusion. Le maire d’Argenteuil Georges Mothron (UMP) annonce fièrement
l’utilisation d’un produit chimique pour déloger les SDF alors qu’à Paris le
socialiste Bertrand Delanoë verrouille l’accès aux berges du canal
Saint-Martin.
Une analyse de
l’attirail employé fait apparaître des variantes. Sur le quai de Jemmapes des
dizaines de plots en béton ont été déversés pour chasser les tentes, alors que
des grillages surplombent le pont de l’Hôtel du nord, et qu’un
« aménagement végétalisé » est en passe d’être réalisé sur le quai de
Valmy. Le Plan d’action renforcé en faveur des sans-abri (Parsa), annoncé le 8
janvier dernier lorsque que les actions des Enfants de Don Quichotte ont
atteint un sommet, semble semer le doute au sein du gouvernement quant à sa
mise en place.
La réforme des
structures d’accueil d’urgence, l’accélération de la construction de logements
sociaux et l’ouverture de places de stabilisation, mesures phares inscrites
dans le Parsa, font place aux interrogations, y compris dans l’entourage de
Jean-Louis Borloo, qui fut l’hiver dernier ministre de la Cohésion sociale.
Mais alors, que
prévoient les Enfants de Don Quichotte ? Augustin Legrand, porte-parole de
l’association et qui copréside avec Christine Boutin le Comité de suivi sur
l’action gouvernementale pour l’hébergement des SDF, envisage d’interpeller à
nouveau les médias par le biais d’actions spectaculaires. Un nouveau campement
pourrait ainsi être organisé à Paris, à proximité du pont des Arts, avant
l’hiver afin de porter l’attention de l’opinion sur les sans-abri. M.
Legrand estime à 700 000 le nombre de personnes contraintes de dormir dans les
rues de la capitale. Le porte-parole des Enfants de Don Quichotte déplore des
promesses non tenues sur la question des hébergements, et estime
qu’ « il est criminel de laisser les gens dormir dehors ».
Les préparatifs sont en cours, et les Enfants de Don Quichotte s’organisent
avec d’autres associations.
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