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L’Iran face à l’autre défi, celui de la méfiance

Le séisme de la méfiance sera plus dévastateur que le récent séisme d’Iran, avue un membre du parlement des mollahs.

L'Iran est l'un des dix pays sujets à des tremblements de terre dans le monde, car il est situé sur la faille sismique massive de la chaine des montagnes du Zagros. Mais à la différence des autres pays, l’Iran affiche le taux des victimes et les dommages bien plus élevés que les normes mondiales.

En effet, la priorité du régime iranien lors des catastrophes naturelles est d'abord de dissimuler l'ampleur réelle des pertes humaines et des dégâts matériels, puis d'empêcher les protestations populaires dans les zones touchées par le séisme.

D’où la colère et le dégoût de la population sinistrée lors du récent séisme dans la province de Kermanchah le 12 novembre 2017, ressentiment qui s'est largement reflété dans les réseaux sociaux en Iran.

Alors que l’aide gouvernementale s’est avérée insignifiante, le régime s’est empressé d’annoncer deux jours après le séisme que les opérations de sauvetage étaient terminées. Or la population poursuivait encore ses efforts, sans moyens, pour sauver ceux qui étaient ensevelis sous les décombres. Au lieu de demander davantage d'aide, la télévision officielle, craignant des manifestations, a annoncé que « la situation est revenue à la normale et les autorités ont conseillé aux gens de rentrer chez eux » !

Soulignant l'ampleur de la catastrophe, le quotidien officiel Jame'e Farda a écrit : « La première instruction des relations publiques a été de réduire l’ampleur de la crise dans la diffusion des informations. Nous cachons l’impact des catastrophes naturelles de la même manière que nous détournons l'opinion de nos échecs politiques. »

 

Explosion de colère des sinistrés

Les clips vidéo des zones sinistrées sont dramatiques. Un jeune homme crie : « Ils reçoivent les aides et les vendent. S'il y a une loi, ils devraient punis, je ne devrais pas trembler de froid dans les rues avec ma femme et mon bébé. »

Un homme du village d'‘Alliabad affirme que contrairement aux informations parues dans les médias selon lesquelles les pasdaran, l'armée et la police leur sont venus en aide, « personne n'est venu. Seuls les habitants des villes de Paveh, Sanandaj, Marivan, Ilam et des régions environnantes nous sont venus en aide. Ce sont des mensonges. A bas la République islamique d'Iran ! »

Un homme s'écrie avec impatience : « Il faut en faire davantage. Ma femme et mes enfants sont morts dans le tremblement de terre. La télévision dit que 300 personnes sont mortes. Mais plus de 3000 personnes sont mortes. Où êtes-vous bande de salauds ? Pourquoi vous êtes-vous cachés ? Ce vieil homme, dont vingt membres de la famille ont été tués, n'a pas de tente et meurt de froid. »

Un homme devant des bâtiments détruits proteste : « 4000 personnes sont mortes, pourquoi parlent-ils de 400 ? Quelle en est la raison ? Les morts sont beaucoup plus nombreux que ça. Ils sont encore en train de sortir [des cadavres] de dessous les décombres. Pourquoi mentent-ils ? La cité de Maskan Mehr a compte à elle seule plus de 500 morts. »

Un manifestant éclate : « Tous nos biens sont sous les décombres et maintenant on nous demande de fournir des certificats de naissance et des cartes d'identité nationales pour recevoir de l’aide ! Mais comment je vais faire pour trouver mes papiers sous ces décombres ? »

Un sinistré se lamente devant les journalistes à côté de sa maison en ruine : « on a trouvé mon fils au bout de sept à huit heures sous les décombres. Je suis allé au gouvernorat, s’ils avaient apporté leur aide quelques heures plus tôt, mon fils serait encore en vie. Il avait 16 ans. Il n’y a personne ici, pas de gouverneur, pas de député, pas de responsable. Les gens qui se trouvaient sur les lieux affirment que le gouverneur s'est enfui. »

Un homme ne contient plus sa colère : « Aucun responsable n'est venu s’informer sur la situation des gens. J'ai perdu mes deux enfants et je suis dévasté. Cela fait quatre jours que ma femme et mes enfants n'ont pas de tente. »

 

La population ne fait plus confiance aux mollahs

A la suite de ce séisme, soulignant le bilan de négligence du pouvoir en Iran vis-à-vis des besoins de la population, Maryam Radjavi, présidente de la Résistance iranienne, a appelé les jeunes à porter secours aux victimes et à offrir directement leur aide aux sinistrés. « C’est maintenant le temps de la solidarité et d’une aide urgente aux familles en détresse », a-t-elle lancé. L’appel a été entendu 5/5 en Iran.

Le député Mohammad Biranvandi a évoqué le 20 novembre la méfiance générale à l’encontre du régime des mollahs. Il s'est adressé à Rohani en déclarant : « Savez-vous que certains essaient de venir personnellement en aide aux sinistrés ? Tous ces problèmes indiquent que le séisme de la méfiance sera plus dévastateur que le récent séisme, et que la population ne fait plus confiance aux bâtiments construits par l'Etat. »

 

« Dans les zones rurales, à 10 kilomètres au nord de Sarpol-e-Zahab, où passait l'équipe de l'AFP, la majeure partie de l'aide distribuée mercredi à la population appartenait à des particuliers », a indiqué l'agence.

« Des survivants en Iran protestaient contre le manque d'abris et de nourriture », a révélé l'agence Reuters le 13 novembre, dans une dépêche sur le sinistre. « Ils ont passé une éprouvante journée à satisfaire leurs besoins en nourriture, en eau et en abris. Maryam Ahang, qui a perdu dix membres de sa famille dans la ville de Sarpol-e-Zahab, a déclaré à Reuters avec son téléphone portable, toute en pleurs : « Nous avons faim, nous avons froid, nous sommes sans abri, nous sommes délaissés dans ce monde. Reza, qui a passé deux nuits dans le froid, demande : où sont les dons ? Les responsables du régime ont arrêté l'opération de secours sous prétexte qu'il n’est plus possible de trouver des survivants sous les décombres. Des personnes sont en colère contre la destruction de leurs logements ‘Mehr’ construits par le gouvernement. »

 

L'Iran est socialement et politiquement sur une super-faille sismique, une situation que le journal Bahar décrit comme « plus dangereuse que la faille sismique ». Il écrit qu’« en jetant un coup d'œil sur les réactions de la population face au désastre du tremblement de terre dans l’ouest, nous constatons une montée de la méfiance face aux instituions de l’Etat et de l'arène politique. La méfiance s’est répandue dans toute la société iranienne. »


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4 réactions à cet article    


  • Massada Massada 9 décembre 2017 14:34

    Un homme ne contient plus sa colère : « Aucun responsable n’est venu s’informer sur la situation des gens. J’ai perdu mes deux enfants et je suis dévasté. Cela fait quatre jours que ma femme et mes enfants n’ont pas de tente. »
     
    L’Iran a refusé une proposition, présentée par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, pour aider les victimes du séisme, ayant frappé le pays.
    Israël a contacté la Croix-Rouge dans le but de présenter de l’aide humanitaire, mais, cette proposition a été rejetée immédiatement par l’Iran, ce qui dévoilait la vraie face du Régime iranien.


    • Alren Alren 9 décembre 2017 17:59

      @OMAR

      « Et si vous vous occupez des 50.000 survivants de la Shoah qui crèvent de faim en Israël ? »

      On ne peut pas dépenser des millions pour le remplacement par la violence dans les Territoires occupés des Palestiniens descendants des Hébreux par des gens venus d’Europe et « en même temps » s’occuper de vieux sans familles de soutien !

      Israël, installé sur un sol plutôt aride, pauvre en eau et sans ressources minières est un État pauvre qui ne survit que grâce à l’aide étatsunienne.


    • Alren Alren 9 décembre 2017 18:02

      Très bon article. Mais les mollahs et les pasdarans tiendront le pays tant que la religion dictera leur conduite aux ruraux peu cultivés.


      • Doume65 10 décembre 2017 18:55

        «  l’Iran affiche le taux des victimes et les dommages bien plus élevés que les normes mondiales. En effet, la priorité du régime iranien lors des catastrophes naturelles est d’abord de dissimuler l’ampleur réelle des pertes humaines »

        Il affiche des nombres de victimes élevés en les cachant. Même Ubu ne sait pas faire ça !
        Au fait, qui définit les normes mondiales en matière de taux de victimes de tremblements de terre ?

        Il doit y avoir d’autres trucs rigolos dans le texte, mais j’arrête là ma lecture.

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