La police municipale de Nouméa sur la sellette
Interpellation justifiée ou arrestation arbitraire ? Le tribunal correctionnel de Nouméa, dans son audience du 18 août 2008, a eu à étudier le cas de ce délégué syndical du SOENC (CFDT) embarqué dans un restaurant par des policiers municipaux sous prétexte "d’ivresse publique et manifeste". En fait l’instruction, qui a duré deux ans, a démontré qu’il s’agissait bien d’un "coup monté", une vengeance contre un syndicaliste qui avait appuyé un projet avorté de réforme démocratique de ladite police municipale (qui revêt, par bien des aspects, l’allure d’une "milice municipale").
Le 3 mai 2006, M. Christian Condoya, responsable syndical à la mairie de Nouméa, est attablé dans un snack en compagnie d’un ami. Après avoir été préalablement repéré par le père d’un policier municipal, celui-ci décidait d’aller l’interpeller avec sa brigade au restaurant. L’agent fait souffler Christian Condoya dans le ballon (en ignorant les autres consommateurs) et l’embarque malgré ses protestations indignées (voir mon article dans Agoravox pour plus de détails).
Après une instruction de deux ans, l’affaire passait enfin le 18 août devant le Tribunal correctionnel de Nouméa. Sur une brigade de plusieurs agents municipaux, seul l’un d’entre eux comparaissait comme accusé. Il reconnaissait d’ailleurs avoir prémédité un "coup monté" pour "se venger d’un syndicaliste qui voulait réformer la police municipale" dans un sens qui ne lui convenait pas (ce policier appartenait à un syndicat rival, la CSTNC).
Plus étonnante a été l’intervention de son directeur, M. Rouhaud-Bruzzi (ancien lieutenant de police passé dans le privé depuis quelques années) qui a justifié cette arrestation arbitraire en des termes qui ont surpris, voire indignés, magistrats et procureur : "Si un agent règle un compte personnel, mais qu’il respecte les textes, ça ne me dérange pas". Le procureur a vivement réagi à ces propos en s’écriant : "lorsqu’on règle ses comptes on passe de l’Etat de droit à la tyrannie !"
Le jugement a été mis en délibéré au 13 octobre prochain.
Cette affaire a été relatée par le journal Les Nouvelles en termes particulièrement calculés (article toutefois courageux dans le contexte local). Ni les radios locales ni RFO n’en ont fait état.
Evidemment les connaisseurs de la réalité calédonienne ont peine à croire que cette affaire scandaleuse ne résulte que des errements d’un simple agent municipal et subodorent une instrumentalisation à un échelon supérieur, la mairie de Nouméa ayant été pendant des années un fief du RPCR de Jacques Lafleur où ses affidés occupent toujours des postes-clés (notamment la police municipale).
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