Les héros secrets de la présidentielle
Ils sont environ 50 000 en France à passer plusieurs heures par semaines à défendre leurs convictions par un engagement politique bénévole sur le terrain - seulement un Francais sur 1000 environ. En ces semaines de campagne, ils sont les vrais héros de notre démocratie.
Salut à toi militant ! Héros de l’ombre, ouvrier trop rare de notre démocratie.
Dans l’ombre c’est toi qui mets la main dans le camboui des pots de colle, c’est toi qui va à la rencontre des gens. Alors que d’autres restent devant leur télé, toi tu sors de chez toi, tu vas à la rencontre de l’homme de la rue que tu considères non pas seulement comme ton prochain mais comme ton souverain.
Dans un monde dans lequel beaucoup croient que la communication consiste à parler, toi tu es l’un des derniers à écouter.
Tous se moquent de toi : les citoyens te prennent pour une dérisoire machine qui a perdu tout esprit critique, beaucoup de responsables de ton parti se moquent de toi : tu ne fais pas de beaux discours, toi qui t’exprimes avec tes tripes. Peu t’importe, tu continues. Tu remplis tous tes devoirs et ne demande aucun droit. Souvent les cadres de ton parti te privent du seul de tes droits : celui de voter aux élections internes. Elections arrangées, une seule candidature, faux adhérents de circonstance ou même parfois bourrage des urnes. Tu te révoltes souvent, mais sur le terrain tu continues à faire le travail.
Salut à toi militant. Toi tu te bats pour ce que tu penses être l’intérêt général, et tu dois répondre à des gens qui souvent veulent des gares mais pas de lignes de chemin de fer, des gens qui souvent veulent le droit au logement mais pas d’immeubles en face de chez eux, des gens qui ne veulent ni bouchons ni routes. Quand les responsables associatifs qui tous considèrent que la France n’a qu’un seul problème - les droits des animaux ou les médecines naturelles - toi tu persévères à parler de l’intérêt général. Alors que beaucoup défendent leurs intérêts, toi tu t’engages pour tes convictions.
Alors que d’autres ne passent pas cinq minutes à se déplacer jusqu’à leur bureau de vote le jour des élections, toi tu ne comptes pas ton temps. Campagne après campagne, entre ton travail et tes enfants, malgré les coups durs de la vie, tu te couches tard pour coller des affiches, tu te lèves tôt pour distribuer des tracts.
Parce qu’il y a toujours beaucoup de candidats et peu d’élus, tu perds les campagnes plus souvent que tu ne les gagnes. Mais peu t’importe, jour après jour, année après année, toi tu continues. Et si tu tombes, un autre ami militant sort de l’ombre. Tu connais les trahisons des retourneurs de veste et des candidats à promesses et ,malgré tout, tu continues.
Tu observes embarrassé les contradictions de notre société dans laquelle chacun sait ce qu’il faut faire pour la France mais rares sont ceux qui connaissent leur voisin.
Salut à toi militant. Alors que certains t’insultent et affirment péremptoires « tous pourris », toi tu t’engages à défendre la candidature d’une personne avec laquelle tu n’es pas toujours d’accord sur tout, parce que tu sais distinguer les valeurs fondamentales des désaccords secondaires.
C’est toi le dernier rempart de notre démocratie contre la médiacratie : c’est toi qui distribues les textes des programmes dans les boîtes quand les journalistes interrompent de leurs nouvelles questions toute réponse de plus de trente secondes. Toi tu défends des idées alors que d’autres se contentent de photos sur papier glacé. C’est toi qui distribues ces programmes dont tant de monde déplore l’absence mais si peu prennent le temps de les lire.
Salut à toi militant. Tu es très souvent seul dans ton engagement. Parfois tu rencontres sur ta route des militants d’autres partis. Vous débattez parfois furieusement, vous collez les unes par-dessus les autres vos affiches respectives, mais toujours vous avez les uns pour les autres le respect mutuel des soldats qui s’affrontent.
Personnes ne te paie, peu te remercient, beaucoup t’insultent ou te méprisent, mais toi tu as pour toi ta conscience et tes convictions. Peu t’importe, tu continues.
Que tu sois UMP, fasciste ou communiste, trotskiste ou écologiste, socialiste ou centriste, quelles que soient nos divergences de convictions, reçois ici l’expression de ma profonde considération et de mon profond respect pour ton engagement bénévole au service du débat démocratique.
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