Migrants : ne laissons pas gagner l’indifférence
Les chiffres sont dramatiques, mais probablement cachent-ils une réalité bien plus grave encore. En six mois de cette année 2015, plus de 1800 migrants (chiffres officiels) auraient perdu la vie en méditerranée. Mais combien n'ont-ils pas été recensés, disparus dans cette mer jadis carrefour des civilisations ?
Ce qui est certain, c'est que cette situation ne date pas d'aujourd'hui, elle s'est amplifiée, au cours des années, dans l'horreur et en presque indifférence. Et ceux des migrants femmes et enfants compris, qui fuyant les guerres, les génocides et les dictatures au péril de leur vie, arrivent sur les côtes européennes, (près de 60000 rien que pour l'Italie depuis janvier 2015), les galères (et le mot est faible), sont au rendez-vous.
25 ans après la chute du mur de Berlin... Tout un symbole.
Ceux qui refusent de voir que les guerres à répétition et l'instabilité sociale et politique jouent un rôle destructeur se voilent la face. Il ne suffit pas de dire ils doivent rester chez eux. Encore faut-il qu'ils en aient les moyens. C'est notre conscience d'être humain qui est ainsi engagée. Nous devons ne pas laisser gagner la banalisation et l’indifférence. Si ces populations tentent ce voyage désespéré en méditerranée, "le voyage de la dernière chance", pour rejoindre les pays européens, c'est tout simplement parce qu'elles n'ont plus rien à perdre. La misère, le manque de travail, l'insécurité, et les guerres appellent au départ, à se sauver, à sauver sa peau et celle de ses enfants. Le risque en vaut la chandelle pensent-ils probablement. Quand la vie n'est plus la vie, quand le désespoir vous englouti, la raison cède la place à la déraison et la fuite apparaît comme le seul recours.
Que ferions-nous si nos enfants mouraient de faim ? Si notre horizon n'était fait que d'insécurité, de violences et de guerres ? Si le sentiment d'être abandonné de tous nous envahissait ? Que ferions-nous ? Ont-ils tort de rêver à un autre avenir même difficile, en Europe ?
L'Europe n'assume pas ses responsabilités, elle se divise et tergiverse sur le sujet. La France renvoie vers l'Italie les migrants qui essaient de passer la frontière et l'Italie proteste, car elle récupère sur son territoire ces milliers de migrants, qu’elle parque sans ménagement dans des camps construits à la hâte. La Hongrie s'engage dans la construction d'une clôture de près de 5 mètres de hauteur sur les 175 kilomètres de frontière qu’elle partage avec la Serbie pour éviter l'afflux de migrants en transit dans ce pays.
Nous refusons de regarder notre histoire en face, la responsabilité des pays occidentaux dans toutes ces détresses humaines, ces vies perdues. L'Europe et la France ont un passé colonial prédateur et ont largement contribué à piller les richesses de l'Afrique, résultat pour une part non négligeable de la situation actuelle de ce continent et des peuples qui y vivent. Encore aujourd'hui la "Francafrique" et de grandes sociétés multinationales françaises et autres, exercent leur emprise et continuent l'exploitation des sols, des terres et des populations, car l'Afrique est un continent riche de ses matières premières. Et la question qui mériterait d’être posée, c’est de savoir comment un continent aussi riche de ses potentialités peut-il être aussi pauvre pour ses populations ?
L'Afrique n'est pas un continent déshérité, mais sa situation résulte bien d'une exploitation éhontée qui dure et perdure de plus belle encore aujourd'hui. Et ceux qui ont œuvré dans leur pays pour tenter de changer cette réalité ont très souvent été éliminés ou assassinés, comme ce fut le cas pour Patrice Lumumba au Congo ou encore Thomas Sankara au Burkina Faso.
L'Afrique a commémoré il y a peu le cinquantenaire des indépendances de nombreux pays, mais on le constate encore aujourd'hui, ce n'est pas pour autant la fin des dépendances à l'égard de l'occident.
Mais la question économique n’est pas la seule. Le sud de la méditerranée et de nombreuses régions d’Afrique sont aujourd’hui en proie à une multitude de conflits et guerres qui poussent les populations vers l’exode, pour tenter une vie ailleurs. Nous sommes dans une posture de confrontation et dans cette situation, le manque de travail et l’insécurité gagne chaque jour du terrain.
L'OTAN représentation des pays riches s'est décrété "gendarme du monde", parce que soi-disant "libre et civilisé" et c'est ainsi que la guerre fait partie de notre quotidien à tous, nécessitant de très gros budgets financiers qui font défauts aujourd’hui aux services publics, au logement, à la sante, l'éducation.... La guerre est devenu un marché, mais il suffit de constater le résultat, la déstabilisation du monde. Les migrants sont aussi le résultat de tout cela. Ont-ils le choix entre l’émigration, la misère et la guerre ?
C'est le chaos qui règne partout où les grandes puissances sont intervenues militairement depuis plus de 25 ans. Des continents, des régions entières, des pays sont aujourd'hui explosés, détruits. Il ne reste que champs de ruine. Destructions de villes, d’usines, d’immeubles, de patrimoines, mais aussi destructions des hommes, des femmes, destructions des cultures. L'Irak, l'Afghanistan, la Syrie, le Libye, le Mali.... la liste est longue, sans compter les déstabilisations périphériques, à commencer par la Palestine, une prison à ciel ouvert et en toute indifférence de la communauté internationale depuis tellement d'années. Une communauté internationale discréditée, une organisation comme l’ONU incapable de jouer le rôle pour lequel, elle avait été créé au lendemain de la deuxième guerre mondiale.
Dans ce monde devenu unipolaire dirigé par l'argent, le capitalisme prédateur une fois de plus, c'est la loi des armes, la loi du plus fort qui prime et dirige le monde aujourd'hui. Dans ce vaste chaos comment s'étonner que la Méditerranée devienne un cimetière pour tous ces migrants. Nous avons une dette immense à l'égard de ces populations du sud et c'est une honte pour l'Europe que de traiter les migrants de la sorte. Laissés sans perspectives ces populations sont en danger, y compris celui de se faire recruter pour la guerre.
La réponse à toutes ces questions ne réside certainement pas dans de nouvelles et graves confrontations, de nouvelles guerres. NON, la réponse réside dans une autre politique, un autre MONDE à construire, fait avant tout de coopérations, de respects et d’entraides mutuelles.
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