Siphonnage et copinage
Le ruissellement inversé.
La théorie du ruissellement ayant depuis belle lurette fait feu, asséchant les ressources de ceux qui n'ont jamais été véritablement sous la goulotte des maîtres de cérémonie, le bon Monarque surnommé par ses sujets : « L'envers galant » prit le contre-pied de la formule pour aspirer à des lendemains qui chantent pour ses bons amis.
L'appétence forcenée des privilégiés, ces goinfres de fortune et de niches fiscales ont trouvé en lui un remarquable gestionnaire des placements. Il a su faire fructifier les sommes rondelettes qu'ils avaient misées sur sa prise de pouvoir en faisant banco sur toute la ligne créditrice. Non seulement, ils n'eurent plus à payer l'insupportable impôt sur la grande fortune mais ils furent copieusement servis en innombrables avantages et exonérations.
Le siphonnage, quoique pratique de gueux incapables d'assumer les taxes sur les produits pétroliers, fut mis en application à plus grande échelle pour les généreux contributeurs de Freluquet. C'est dans les réserves nationales que la joyeuse troupe se mit à aspirer ce qui restait du trésor public sans honte ni vergogne. Ils y allèrent de si bon cœur que bientôt le pays sera sur la paille au point de remettre en activité le déplacement hippomobile.
Ce siphonnage a cependant des limites. Il convient d'être de la cour, appartenir au sérail ou être au sommet de la notoriété. C'est une forme de copinage pour gens de la haute, le blanc-seing pour venir se servir sur la bête au-delà des limites du raisonnable. Pour chaque service rendu, pour chaque prestation à la petite semaine, l'argent coule à flot pour les heureux bénéficiaires des largesses du Monarque.
Pour continuer ainsi de servir les siens, il a bien fallu tarir les fuites, ces dépenses superfétatoires qui continuaient malgré tout de faire illusion. Le Monarque ferma des lits d'hôpitaux, des bureaux de poste, des écoles, des tribunaux pour payer rubis sur l'ongle de grands artistes qui enchantèrent la cérémonie d'ouverture du chant du cygne.
Pour continuer sur le même pied à entretenir cette caste qui n'en a jamais assez, les prochains Jeux d'hiver donneront une nouvelle occasion de s'en mettre plein les fouilles tandis que le bon peuple détroussé mais heureux, s'extasiera encore devant le spectacle de son détroussage en bandes étatiques organisées.
Siphonnage et copinage, la formule fera flores dans les prochains livres d'histoire tandis que le bon ministre des finances se prend pour le Maire du Palais. On se demande bien dans la bande qui mettra sa culotte à l'envers pour que cette bande trouve sa place dans l'hagiographie nationale. Hélas, point de dynastie en vue, le bon monarque n'a pas enfanté. C'est pourquoi il convient d'achever les larcins sans tarder.
Déjà le peuple gronde et des jacqueries ne sont pas à exclure. Fort heureusement le bras séculier à la main lourde et dispose désormais d'un arsenal conséquent pour réduire toute rébellion. Quant aux gazettes, elles sont aux ordres et ne risquent nullement de mettre en lumière cette conjuration des élites.
« L'Envers Galant » ne doit craindre que le couteau d'un illuminé. La période est hélas propice à de telles réminiscences du passé. La garde rapprochée veille et c'est heureux, ce n'est pas ainsi que l'on règle les contentieux en Démocratie. Hélas, nous venons de découvrir que le vote n'est pas non plus un moyen de se faire entendre. Il ne reste que la révolution pour que cesse ce siphonnage infâme et ces pratiques odieuses.
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