Assistanat Patronal
Il faut vraiment passer par le chômage, le travail en France et le travail à l'étranger pour vraiment comprendre d'où viennent tous ces postes qui ne trouvent pas preneur malgré le chômage.
J'étais moi même persuadé (j'ai un peu honte maintenant d'avoir été aussi naïf) que celui qui n'avait pas de boulot, c'était quelque part qu'il ne cherchait pas vraiment, qu'il ne voulait pas bouger, qu'il ciblait trop ses recherches, ou pas assez... Avant d'être rattrapé par la réalité, et de fuire celle-ci à l'étranger.
Je vais donner un exemple concret parmi d'autres : je connais une personne qui a travaillé dans une agence d'intérim. Elle a eu droit régulièrement au cours de réunions avec des patrons, dans la restauration notamment, aux sempiternelles plaintes. Une patronne une ne comprenait par exemple pas pourquoi elle ne trouvait pas pour sa brasserie de province un serveur qui parle anglais, avec une vraie expérience à l'étranger...
Nos entreprises se sont habituées et accommodées d'un chômage de masse. Si bien même que certains grand patrons déclaraient il y a quelques années que c'était la période des 30 glorieuses qui était anormale, même nuisible pour l'activité vu que l'on trouvait plus difficilement du personnel.
Elles ont l'habitude donc avec cet état providence qui leur fourni de la main d’œuvre éduquée et abondante, d'avoir des exigences dont elles ne se rendent même plus compte à quel point elles sont extravagantes. Le candidat s'en rend compte lui quand il a le job en tombant de haut, tout ça pour ça ?
Aussi le rapport au travail est devenu malsain. A coup de subventions à l'embauche, employer quelqu'un est devenu faire œuvre de charité. Lorsque l'ont créé une entreprise la première chose à faire est devenue de chercher des subventions. "Esprit d'entreprise es-tu là ?".
Bref, attendre de l’État qu'il aide à tout, donne des subventions, assure la formation (on est bien loin de l'école qui donne une base, les étudiants doivent être "ready to go"), ce n'est pas de l'assistanat ça ? Comment admettre que la gauche ne mette jamais ce thème sur la table ? Comment admettre que la droite brade ainsi l'esprit d'entreprise ?
Deux mots enfin sur la jeunesse, car une fracture générationnelle est aussi en filigrane de cette dérive. Dans les années 80/90 les entreprises s’accommodaient bien du chômage puisqu'il était composé de personnes licenciées, qui avaient donc de l'expérience. La bonne affaire, aucune formation à payer, on en redemande ! Les entreprises ont donc petit à petit perdu cette habitude, cette capacité à former et intégrer de nouvelles recrues. Si bien que lorsqu'elles ont vu débarquer tous ces jeunes sans expérience il leur a semblé impossible de les former. On a oublié que l'on pouvait faire serveur sans formation de serveur, barman sans formation de barman...C'est comme ça que ça marche à l'étranger, pourquoi pas en France ? Ah, si ça marche quand c'est un sans papier sous payé non déclaré, mais un employé déclaré non, plutôt embaucher personne...ou prendre un stagiaire.
Quelque chose de palpable est aussi vraiment le conflit latent entre génération de 60ards, qui a peut être pensé représenter la jeunesse pour toujours, expérimentée mais peu diplômée, et les jeunes générations, diplômées mais inexpérimentées. Il est incompréhensible pour les personnes de plus de 45 ans que quelqu'un de surdiplomé ne sache pas tout faire, ou bien une jalousie malsaine rend difficile d'engager quelqu'un de plus diplômé que soi. Je n'ai pas vécu en banlieue, pourtant j'ai eu droit à des discours continuels de prof nous expliquaient que l'on était la génération la plus débile qu'ils aient vu. Nos 2 générations ne se comprennent pas et il est très souvent dur pour les employeurs de faire confiance à ces jeunes qui sont leur opposé.
13 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON