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Ce qu’on nomme « liberté » ça prolifère (Considérations administratives et entrepreneuriales 2)

1. Ça prolifère. C'est-à-dire que les administrations et les entreprises ont été valorisées depuis au moins deux siècles, sur la base des centralisations féodales embourgeoisées depuis cinq voire sept siècles (ce que les historiens nomment la modernité). « L'Etat » c'est pas un phénomène récent puisque ça date de Sumer avant l'Ancienne Egypte, mais c'était avant tout un truc d'Empires...

 

 

2. De l'avis de tous sur une période aussi longue « c'est le sens de l'Histoire = le Progrès » – mais entre nous on dira que c'est quand même très progrettable le progrès, quand on se retrouve avec de telles proliférations que celles enchevêtrées actuellement : US Gov _ OTAN _ UE _ Eu. Govs – sans parler de toutes les entreprises plus ou moins transnationales (côté US surtout mais l'Europe n'est pas en reste) avec les ONG (par exemple l'ONU dont plus personne n'entend parler ! mais vous avez d'autres types de réseaux plus ou moins humanitaires dans le tas).

 

3. Déjà que dans mes premières Considérations administratives et entrepreneuriales on observait que ça prolifère au sein-même des organisations administratives et entrepreneuriales. C'est-à-dire que des formes de re-clanisation ont lieu au cœur même des organisations qui nous dépassent – quand elles nous dépassent car un petit service isolé ou une petite entreprise est un genre de clan à soi tout seul. Nos élites sont une ethnie à elles toutes seules au sein de la République-monde bananière (j'ai dit cartels BCBG ici).

 

4. Le problème de la mobilisation des forces, des « troupes » même en dehors de l'armée a toujours été un problème informatif aujourd'hui quand même sacrément résolu dans son genre par l'électro-numérisation satellitaire de nos vies. Et c'est sacrément effrayant à l'échelle planétaire mais en même temps dans le contexte proliférant survolé ici, ça pose encore tout un tas de problèmes coordinatifs ou coopératifs. Mais l'anti-gilet-jaunisme national (et un peu international) ainsi que le covidisme transnational sont de parfaits exemples de ce que peut faire l'information de nos jours : séquestrer le monde. Tu m'étonnes après ça qu'il ait envie d'exploser ès énièmes guerres mondiales ! (La Troisième Guerre Mondiale c'est la Guerre Froide et d'avoir cru lui régler son compte n'a fait qu'aveugler sur la nature de la Quatrième Guerre Mondiale multipolarisante en cours entre US et BRICS : ça prolifère).

 

5. Tous les Empires une fois centrifugés furent soumis à des forces centripètes : c'est la règle et elle s'applique aux Empires modernes tels que – dans son genre libéral – l'Empire Occidental. Les communistes l'avaient bien perçu puisqu'ils s'opposèrent à son impérialisme tout le XXe siècle durant au moins même si ce n'était que pour imposer leur propre totalitarisme jusqu'à l'actuel cultural marxism dérivant en wokism, néo-moralisation tyrannique de la vie publique dont l'étincelle fut la political correctness...

 

6. ... en anglais dans le texte parce que ça vient toujours des US et que le retour de bâton conservateur nous vient encore-toujours des US bien que des pays tels que l'Autriche, la Hongrie, la Pologne ou l'Italie l'aient compris un peu plus tôt que le reste des Etats européens du fait de leurs mentalités moins modernistes. Comme disait Maurice G. Dantec anticommuniste né de parents communistes (à la louche) : « L'Europe a raté sa dernière chance de prendre le train de l'Histoire en cours en ne gérant pas l'éclatement de la Yougoslavie et depuis elle ne fait que se vautrer. » Si le sentiment que cette région du monde fut charnière n'était pas partagé par un autre auteur génial qui en est d'ailleurs ressortissant (Enki Bilal) il n'aurait été qu'un sentiment. Mais quand deux auteurs sensibles chacun dans son genre au devenir-monde font de la Yougoslavie de la fin du XXe siècle un événement métaphysique il faut en prendre la mesure.

 

7. Ce qu'on nomme « liberté » en Occident ce n'est rien d'autre que cette prolifération des organisations qui simultanément rend l'Occident mal manœuvrable. Alors on réduit le débat depuis cinquante ans maintenant – depuis Mitterrand pour être clair c'est-à-dire un type droit sorti du vichysme qui est parvenu a faire passer Le Pen pour le fasciste de l'Histoire afin de faire l'Europe maastrichtienne : on applaudit avec les otaries (et ainsi de Trump !). Depuis cinquante ans et surtout vingt le temps d'antenne des oppositions est drastiquement réduit à peau-de-chagrin et à la fin on déplore que le débat « politique » se résume aux extrême-gauche, extrême-centre et extrême-droite et leurs populismes idoines (car Macron et dès 2017 n'est qu'un populiste extrême-centriste n'est-ce pas et on avait simili-« ouvert le débat » avec un speed dating à 11 candidats sur BFMTV tout-pouvoir aux journalistes uniquement pour favoriser la macronie). Depuis vingt ans la prolifération internautique a fait peau-de-chagrin autour des GAFAM et désormais aussi les BATX. Les moteurs de recherche ne brassent plus autant qu'en 2000 c'est une évidence.

 

8. Le libéralisme ce n'est pas la liberté mais la libéralité, bien que ces termes aient la même racine latine liber singulièrement rattachée au livre : mais c'est que le livre livre, délivre, libère ce qu'il contient généreusement à sa manière en permettant de délibérer à son sujet. Sinon qu'entre la libéralité et la liberté il y a un fossé : la libéralité ne fait qu'accorder des marges de manœuvres et peut vouloir les récupérer (comme on voit avec le temps d'antenne et tous ces richissismes qui – nouveaux aristocrates ploutocrates médiacrates ochlocrates modernes – rabattent des couvertures à eux de gauche à droite de l'échiquier c'est le même centrisme technique qui règne). Mais la liberté n'est-elle que le laxisme et puis tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes possible ? Pas du tout puisque pour pouvoir en jouir il faut des moyens matériels et intellectuels, pas forcément dans les mêmes proportions selon les caractères. La libéralité donne des droits, la liberté livre à soi-même. Mais il est vrai que recevoir des droits est une forme de libération conditionnelle et qu'être livré à soi-même peut être réclamé pour droit dû.

 

9. Dans un régime monarchique le monarque n'est pas là à dicter les moindres faits et gestes de ses sujets il ne faut pas se leurrer. Même de nos jours électro-numériques satellitaires il ne peut pas dicter les moindres faits et gestes. Aussi la monarchie peut-elle être un régime très libre à l'intérieur et de même les dictatures du moins désignées pour telles sur la planète (au hasard russe) bien qu'il ne soit jamais bon de critiquer le pouvoir alors mais est-il bon de critiquer nos pouvoirs quand on devient menaçant pour le statu quo dans le monde libéral ? Bien sûr que non trêve d'hypocrisie (Assange, Snwoden...). « Le moins pire des systèmes à l'exception de tous les autres » que le démocratique libéral selon Churchill ? Ce qu'il nomme « liberté » c'est la prolifération sous les auspices de ses libéralisations jusqu'au point de surfusion monopolistique transnational que nous avons atteint.

 

10. Et en face du monde libéral proliférantes en son sein dix mille militances prêtes à vouloir ravaler le centrisme technique au gauchisme ou au droitisme, est-ce qu'on avance bien ainsi ? C'est très, très, mais vraiment très, progrettable. « Chacun sa grappe et rien pour tous. » Alors on fait un tour d'horizon tous-azimuts vers d'autres régimes sous le coup « existentialiste » inévitable de nos « angoisses de la liberté » projectives managerialisées par mille et une incitations et autres nudges de paternalisme libertarien : si le coût de l'électricité augmente en même temps que les aides de l'Etat pour les propriétaires de panneaux solaires chauffe-eau ou photovoltaïques c'est bien pour vous pousser bon an mal an à ce que vous vous dotiez de panneaux solaires (les écologistes adorent détester ce libéralisme autoritaire tout en se prenant à rêver de fascisme vert dans lequel nous avons déjà un pied : société bureaucratique à consommation dirigée disait Henri Lefebvre dès les années 70).

 

11. En définitive c'est quoi cette mouise ? L'événementiel médiatiquement turgescent est bel et bien la société du spectacle néo-réaliste debordo-baudrillardienne qu'on l'aime ou pas à prendre sans pouvoir laisser. Ça prolifère à faux que le centrisme technique.

 

12. Et « en même temps » avons-nous d'autre choix que de progretter  ? C'est progrettable encore une fois mais il faut ? Le reste est réactionnaire ? On prolifère libéralement désaccordés tout en étant canalisés. Mais si le monde est progrettable – regrettable progrès pour ceux qui n'avaient pas encore saisi le mot-valise – que sont les réactions ? Les réactions sont des libéralités qui doivent rester possibles et pouvoir proliférer à leur tour pour que ça tienne les promesses de ses droits à quelques libertés – à défaut de libertés livrant réellement chacun à soi-même... enfin hic et nunc sera toujours réellement libre à sa manière : libre de se mettre en tort, à faux, jusqu'à la révolution.

 

13. La révolution c'est réactionnable. La révolution c'est forcément réactionnaire dans les conditions de progrettabilité où nous sommes, Gilles Deleuze et sa possibilité de chiasmes conscience révolutionnaire/inconscient réactionnaire|conscience réactionnaire/inconscient révolutionnaire à l'appui. C'est pas parce que tu es degôche que tu seras l'auteur de la révolution : la preuve par toutes les révolutions du monde et leurs vautreries en bureaucraties réactionnaires (Lénine, Castro...). Les étiquettes...

 

14. Le monde est grunge, forcément grunge. Kurt Cobain s'est en partie suicidé à cause qu'il se croyait marginal dans son genre jusqu'à ce que son grunge conquiert les masses : à ce stade il réalisa que « la marginaltié était massive » parce que la marginalité c'est l'état de la liberté dans nos condition de prolifération conditionnée. Le On de Martin Heidegger... L'inauthenticité est fatale. Et générale.

 

15. Le big data nous sauvera-t-il (si seulement il fallait être sauvé) ? Quand on sait que Jean-Luc Mélenchon l'a utilisé dans ses projets de campagne et que ce n'est que le symptôme de son utilisation généralisée en profondeur et même par IA on réalise que le big data ne sauvera personne. C'est faramineux tout ce que le complexe militaro-industriel et d'espionnage doit aujourd'hui être capable de traiter et en même temps ça ne sert pas à grande chose que toutes ces synthèses, médianes et moyennes à part la médiocratie (cf. Alain Deneault) or la médiocratie ne hypes personne. On croit gérer ainsi la prolifération mais nos infos sont justes métaréalistes c'est-à-dire belle et bien comme dans la série : Au-delà du réel. C'est là que les conservateurs passent pour renversants.

 

16. C'est pas l'idéal. « En même temps » qu'est-ce qui est l'idéal ? Va-t-on rester des idéalistes toute la sainte existence ? Il n'y a pas de saint en dehors de Kurt Cobain... parce qu'il ne chercha pas à dominer la prolifération : il se laissa submerger par la prolifération au contraire et jusqu'à la mort.

 

17. Le plus réjouissant dans cette affaire ? C'est que la littérature vaincra (dans les années 70 on recrutait encore des littéraires en RH pour leur esprit de sens). Il nous faut de l'esprit de sens. Celui dont manqua saint Kurt Cobain.

 

Lire aussi :
- Considérations sécuritaires et affectives ;
- Considérations macroniennes et bayrouistes ;
- Considérations existentielles 2 – au-delà de l’espérance ;
- Considérations existentielles 1 ;
- Considérations (anti)humanitaires ;
- Considérations consignatrices de votes ;
- Considérations militantes (Manifeste pour la Nouvelle Gauche) ;
- Considérations gauchistes, et droitardes aussi (gauche-droite 3) ;
- Considérations rigoristes, ou « néo-morales » ;
- Considérations sexuelles 2 – sur le « Philosophie » Magazine de ce mois ;
- Considérations gauche-droite 2, ou plutôt woke-braque... ;
- Considérations inclusives (« Décluez-vous ! ») ;
- Considérations féminines ;
- Considérations économiques ;
- Considérations hiérarchiques et bonne année ;
- Considérations musulmanes ;
- Considérations informatives ;
- Considérations narcissiques, ou "animeuses" ;
- Considérations gauche-droite 1 ;
- Considérations françaises – pour l’étranger européen, oxydantal* et autre ;
- Considérations émeutières ;
- Considérations sexuelles 1 ;
Condisérations entrepreneuriales et administratives ;
- Considérations territoriales ;
Considérations bourgeoises ;
Considérations décoloniales.


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