Une défaite cinglante présentée comme une grande victoire
Il faut vraiment avoir un esprit particulièrement « confus » pour appeler l’accord européen intervenu une victoire, à moins d’être un adepte de Pyrhus !
En effet, ceux qui prétendent avoir ainsi sauvé la zone euro du désastre et de l’explosion ne peuvent cacher à personne qu’ils ont juste retarder -au prix de concessions formidables et très profitables à la spéculation- les délais en aggravant au passage les conséquences ultérieures des difficultés qu’ils n’ont pas résolues à la racine.
Il convient ici d’être particulièrement clair, d’où la nécessité d’un langage d’une grande simplicité : l’accord intervenu récompense, sur tous les plans, les menées spéculatives engagées contre les finances publiques grecques !
D’abord, l’accord structure de facto une récompense financière au profit des fonds spéculatifs. C’est le premier point, essentiel dans son principe.
Ensuite, l’accord manifeste aux yeux de tous que la zone euro n’est pas (plus ?) capable d’assurer sa propre sauvegarde financière, ce qui est un signal fort envoyé aux fonds spéculatifs les poussant à s’attaquer à d’autres Etats de la zone euro, tout aussi fragilisés et affaiblis par la politique économique européenne menée depuis 1992.
En résumé, cet accord est tout sauf un succès. Il est aussi tout sauf une solution durable. Il ne résout rien dans le fond, mais reporte à plus tard, et sur toute la zone euro, les problèmes de fond, qui sont immenses.
Ainsi, déjà, les fonds spéculatifs, ayant vu et enregistré les réactions tardives, impuissantes, désordonnées, incomplètes, vaines, des gouvernements de la zone euro et de la BCE, savent désormais qu’ils peuvent attaquer avec profit le Portugal, l’Espagne, l’Italie, puis la France.....
C’est un feu vert à la spéculation, allumé en grand format international qui a été montré, même si les politiques européens le présentent comme un feu rouge, son exact contraire !.
Si l’on veut comparer, pour que tous les citoyens puissent comprendre la nature profonde, réelle, de cet accord, celui-ci est en matière financière l’équivalent de l’accord politique de Münich en 1938 face au Reich hitlérien : on a reculé dans le temps la catastrophe monétaire européenne, mais on a aussi rendu ce désastre à la fois totalement inéluctable et plus massif car l’ennemi -la spéculation- en sort plus puissant, plus confiant en lui et conforté dans ses pratiques passées afin de les reproduire dans l’avenir contre d’autres pays avec des moyens accrus.
Les dettes publiques en zone euro : entre le marteau européen et l’enclume mondiale
Faute d’avoir adopté des mesures fermes, contraignantes, régulatrices, énergiques, contre les vagues spéculatives contre l’euro et sur les dettes des Etats de la zone euro, l’accord développe maintenant un risque mondial majeur qu’un récent dirigeant de la FED américaine a souligné sans fard : les dettes des Etats -pour ne parler ici que d’elles- se financent qu’en faisant appel aux marchés financiers.
Ce qui est à la racine de l’accord européen est la crainte que les marchés financiers ne trouvent plus « intéressants » de financer les dettes publiques des Etats, en clair, que ces dettes ne soient plus assez rémunératrices pour les fonds spéculatifs.
Si cela arrivait, alors les fonds spéculatifs se retireraient du financement des dettes publiques, mettant les gouvernements dans une situation de crise menaçante.
On touche ici au fond même des choses : soit les Etats du monde, y compris ceux de la zone euro, se placent, encore et toujours sous le couteau tranchant des fonds spéculatifs et de leurs intérêts exclusivement financiers, avec les conséquences humaines, sociales, économiques, fiscales désastreuses que l’on connaît aujourd’hui, soit ils refusent de se placer la tête sous la hache spéculative et changent radicalement de politique monétaire, économique, sociale, fiscale.
Cette seconde alternative signifie clairement -pour la zone euro- rompre avec les Traités européens qui étranglent Etats, économies nationales et citoyens, ne plus s’appuyer sur les fonds spéculatifs, se donner les moyens monétaires de politiques nouvelles protégeant l’intérêt collectif, les emplois, les salaires, les assurances sociales, en un mot, le niveau de vie des populations.
L’accord annoncé revient donc, pour utiliser une image frappante, à placer tous les peuples de la zone euro entre le marteau européen (Traités conduisant à servir sans fin les intérêts des fonds spéculatifs au détriment de ceux des citoyens) et l’enclume mondiale des seuls intérêts des fonds issus des seuls marchés financiers.
Quel avenir pour la zone euro après cet accord ?
L’encre de l’accord est à peine séché que déjà les milieux spéculatifs, faisant une pause de bon aloi afin de feindre qu’ile ne chassent plus leurs proies, se préparent à bondir sur le Portugal, l’Espagne, et derrière, d’autres pays de la zone euro.
L’état des dettes publiques, l’impuissance et l’incohérence des politiques, leur lâcheté face aux décisions nécessaires à la sauvegarde des sociétés humaines dont ils sont responsables, tout cela s’est traduit par la fin de facto de toute politique européenne indépendante : le loup FMI est entré par la grande porte dans la gestion des Etats de la zone euro.
Nul n’ignore que le FMI est le bras financier et monétaire des intérêts américains les plus essentiels ! C’est tout dire de ce qui reste aujourd’hui de l’Europe et de son indépendance sur tous les plan avec cet accord qui intègre le FMI.
Cet accord entérine donc la mort de toute indépendance, même apparente, de la zone euro par rapport à l’économie américaine, via l’introduction du FMI dans ladite zone, et encourage la voracité des fonds spéculatifs qui vont naturellement, avec de tels encouragements publics, se ruer, tels des grands fauves rassurés, sur les pays considérés comme les plus fragiles par leurs analystes.
L’accord signé vient donc de ne pas sauver la Grèce du désastre général à terme, mais de propulser le Portugal comme prochaine proie des fonds spéculatifs, et toute la zone euro derrière lui. La situation de la Grèce va donc se généraliser à toute la zone euro.....
Telle est la réalité de cet accord : le reste n’est que discours - poudre aux yeux