Des vertus du Libéralisme Equitable sur l’équilibre public-privé – 1ère partie
« Remettre l’humain au cœur de l’économie » !
C’est en résumé l’objectif que se fixe cette Nouvelle Théorie du Libéralisme Equitable (1).
A cette fin, nous avons définis un certain nombre de concepts issus de notre analyse des échanges de biens et services et de la répartition de la richesse engendrée par ces échanges. Ces concepts sont parfaitement révélateurs des besoins nés de l’évolution de nos sociétés.
Le concept d’Ecosocionomie (2) pour commencer est évidemment au cœur de cette théorie puisqu’il établit des liens indivisibles entre les facteurs écologiques, sociologiques et économiques devant concourir aux décisions des acteurs économiques.
Le concept de Production Equitable (3) lui est étroitement associé puisqu’il répond aux critères requis par l’écosocionomie et corrige de fait les excès de la mondialisation en termes d’échanges internationaux.
Pour compléter ce schéma, nous avons également cherché à modéliser une répartition équitable des richesses au travers d’une palette d’outils macro et micro-économiques actualisée.
Il en va ainsi du dividende et du malus social (4) qui ont pour leur part vocation à dissuader les dirigeants et actionnaires de débaucher au seul profit du capital en laissant le coût social à la collectivité.
Quant au Salaire Modulable d’Activité Catégorielle (SMAC) (4), remplaçant du Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance (SMIC) son objectif est de protéger l’emploi non qualifié dans les pays développés et favoriser les emplois qualifiés dans les pays en développement en supprimant l’impact des salaires sur la compétitivité prix (réduite à la qualité et au service), obligeant alors les entreprises et les nations à miser sur l’innovation.
Tous ces concepts ont été exposés dans les chapitres précédents de cette Nouvelle Théorie du Libéralisme Equitable. Pour autant, des questions restent encore en suspens. En particulier il nous reste à compléter la démonstration que cette théorie peut, de manière certaine, aider à remettre l’humain au cœur du système économique. Et pour ce faire, on doit bien sûr se poser la question de l’applicabilité de cette théorie en marge de l’avancement de nos travaux.
Cette interrogation nous amène donc à faire un choix de Gouvernance ; question que nous aborderons en nous appuyant sur le concept de Régionalisation des économies afin en particulier de définir des limites géographiques au libre échange et ouvrir ainsi la voie à une gouvernance régionale (par regroupement de plusieurs pays).
Cette gouvernance a en effet vocation à permettre l’harmonisation des échanges internationaux sur des zones politiques, économiques, sociologiques et géographiques homogènes afin de supprimer les déséquilibres écosocionomiques de la mondialisation. En particulier, comme nous l’avons abordé précédemment, l’objectif est de protéger les pays les plus exposés aux délocalisations entrantes ou sortantes (par les mouvements d’Investissements Directes Etrangers), et de répondre à l’exigence sociale née de l’évolution des échanges.
Afin de couper court à toute assimilation à des concepts existant, nous dénommerons cette nouvelle forme de gouvernance : la Régionance.
La Régionance : une Gouvernance Régionale aux contours précis.
Je vois déjà venir à moi les critiques : « Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots » ...
Mais la notion même de gouvernance est devenue beaucoup trop controversée pour y faire référence sans précautions. D’une part chacun lui donne son propre contenu et d’autre part, les écueils du Capitalisme lui ont donné une connotation si négative qu’il convient désormais de s’en éloigner et d’en redéfinir les contours.
Créer le terme de Régionance permet enfin de donner un contenu précis à la Gouvernance Régionale et de compléter la notion de Régionalisme qui privilégie les liens géographiques et économiques entre états sans vraiment se préoccuper des aspects politiques et sociaux ainsi que la notion d’écorégion qui elle ne vise que les aspects écologiques.
Faut-il le préciser, la Régionance porte des valeurs Ecosocionomiques !
Pour cela, il convient de décrire les contours de ce concept en commençant par répondre aux 2 questions essentielles : pourquoi et comment la Régionance ?
Pourquoi la Régionance ?
Nous l’avons déjà écrit et nous l’écrirons encore : « la mondialisation est une utopie ! », un rêve inaccessible d’ultralibéraux, capitalistes jusqu’au bout de ongles, convaincus d’œuvrer pour le bien de l’humanité par l’assimilation du libre échange à la liberté. Quelle erreur !
Prôner le libre échange, comme le fait notre étude, dans un cadre régional relève dans ce contexte pratiquement du blasphème ! Oser mettre des limites géographiques, économiques, politiques, sociales … au libre échange, quelle idée ! Et pourtant, sans une certaine homogénéité de l’environnement global, la pratique d’un Libéralisme Equitable est impossible. Ce constat nous amène donc de facto à une régulation des échanges.
Au même titre que la mondialisation, l’idée de gouvernance mondiale est donc utopique. Comment en effet imaginer un ordre mondial face à des disparités aussi grandes entre les nations de la planète ? Comment envisager même d’obtenir la moindre avancée en termes de règles d’organisation entre des pays qui dans leurs relations commerciales privilégiées n’arrivent déjà que difficilement à s’entendre ? Il suffit de se référer à l’exemple de L’Union Européenne … dont notre étude ne rejette cependant pas les avancées, comme nous le verrons plus loin.
Si un ordre mondial est un objectif ultime louable, il convient de lui donner toutes les chances d’aboutir en posant des bases fortes et raisonnables pour un monde nouveau … réaliste !
La Régionance répond donc à ce besoin en s’adossant à la Régionalisation que nous prônons et dont nous aurons le loisir de préciser les contours dans la suite de cette étude.
Comment : les principes fondamentaux de la Régionance :
* Intérêt supérieur :
Ce principe est essentiel au bon fonctionnement de la Régionance.
Il est un fait que l’individualisme a pour conséquence de mettre en concurrence chacun des acteurs en confrontation. Or, qui dit concurrence dit « loi de la jungle » : le plus fort a toujours raison ! Nous aurons plus loin dans cette étude l’occasion de faire un parallèle avec l’approche darwinienne de l’économie en ce qui concerne cette notion de concurrence. Mais dans l’immédiat, nous abordons la notion d’intérêt supérieur comme l’un des points les plus faibles des instances supranationales actuelles.
En effet, l’une des revendications couramment exprimée face à la mondialisation est celle du poids trop faible des « petits pays » face aux géants de la planète, ceux du G20 en particulier.
Que ce soit envers le FMI, l’OMC, l’OIT, l’OMS …, la question de la représentativité se pose. Pour autant, sur l’exemple de l’OMC, l’organisation actuelle de cette instance n’aurait plus de sens si la règle du consensus explicite (5) était appliquée ; autant dire qu’aucune décision ne serait prise !
Mais nous venons de l’écrire, cette règle est bien « la conséquence d’un mode d’organisation » ! A force d’intégrer toujours plus de pays, ces instances deviennent « ingouvernables » et leurs modes de décisions illégitimes.
Si l’on veut bien garder en tête l’intérêt supérieur de l’ensemble des nations et non celui de chaque nation individuelle, une seule logique est applicable : la régionalisation !
En effet, si l’intérêt de certains pays ne peut être défendu dans les organisations telles que constituées à ce jour, c’est tout simplement que ces pays n’y ont pas leur place !
Comment imaginer en effet que l’Albanie ou la Moldavie puissent faire valoir leurs intérêts face aux États-Unis ou la chine ? L’intérêt supérieur prévalant, le poids des plus « grands » s’impose, injustement !
A contrario, comment comprendre que l’OMC et l’OCDE n’incluent pas un géant comme la Russie dans leurs négociations ?
Le principe de régionalisation vient répondre à ces questions par une subdivision régionale de toutes les entités supranationales. Ce faisant, chaque subdivision régionale de ces instances se voit dans l’obligation de veiller à une croissance harmonieuse des économies des pays qui lui sont rattachés en veillant à respecter la souveraineté politique de chacun des états nations (pour une meilleure gestion de proximité) tout en suivant les objectifs d’harmonisation progressive des économies à terme (plans quinquennaux et décennaux) fixés par leurs organes de tutelle, les instances internationales (voir plus loin : « modélisation des régions »).
* Démocratie « participative » :
Il ne faut pas confondre démocratie participative et « brainstorming » !
Par démocratie participative il faut comprendre l’amélioration constante de la représentation démocratique dans le processus de décision et non la démarche qui consiste à aller chercher des idées que l’on n’a pas (…)
A contrario, il ne faut pas non plus confondre représentation démocratique et « autogouvernement » prôné par les adeptes de la décroissance (une utopie de plus !).
En l’occurrence, la Régionance a pour ambition au contraire de favoriser la croissance. Mais pour que celle-ci soit écosocionomique, toutes les parties prenantes doivent apporter leur contribution (savoir-faire et idéologie), ce qui implique une véritable démocratie participative.
* Transparence :
La politique de transparence de la Régionance a pour but de renforcer la légitimité des orientations données par ses acteurs aux politiques de développement des économies des pays concernés. Elle répond de l’ensemble des principes fondamentaux de la Régionance.
Son objectif ultime est d’amener les citoyens des pays participants à comprendre les enjeux de cette gouvernance particulière et d’y contribuer pour mieux y adhérer.
* Respect des Droits fondamentaux :
La Régionance se conforme à une Charte des Droits Fondamentaux (sur l’exemple de celle de l’Union Européenne : http://www.europarl.europa.eu/charter/pdf/text_fr.pdf) qui « se fonde sur les valeurs indivisibles et universelles de dignité humaine, de liberté, d’égalité et de solidarité ; elle repose sur le principe de la démocratie et le principe de l’État de droit. Elle place la personne au cœur de son action en instituant la citoyenneté (…) et en créant un espace de liberté, de sécurité et de justice ».
La charte de la Régionance regroupe des droits aussi importants que l’accès à l’eau potable, au logement, au transport, à la santé, à l’enseignement et au travail…
Elle prétend ainsi apporter une réponse précise à ce qui relève des Droits Fondamentaux et par « exclusion » se refuse à défendre des positions « purement commerciales » relevant d’un droit d’accès simple mais non fondamental, à l’exemple de l’accès à internet (droit « non fondamental ») dans le cadre d’une loi contre le piratage !
Cette question des Droits Fondamentaux est cruciale dans la mission des acteurs de la Régionance puisqu’elle induit la notion de régulation dans un environnement qui se veut malgré tout libéral ! Pour répondre à cet enjeu il est essentiel de renforcer la démocratie participative et d’intégrer une mixité d’idées (idéologies) dans toutes les décisions à prendre.
Ce principe soulève bien sûr la question de l’universalité de ces droits.
Quid des pays n’offrant pas leur accès a leurs citoyens, par choix ou de fait ?
Nous traiterons de ce point dans la seconde partie de ce chapitre : « Régionance et Libéralisme Equitable ».
* Parité public-privé
L’évolution des échanges a conduit certaines multinationales à une croissance telle qu’elles sont aujourd’hui plus puissantes que certains états ! La fortune de certains actionnaires de ces entreprises croit même plus vite que le PIB de nombreux pays en développement …
Il parait donc anachronique de ne pas donner à ces acteurs majeurs de notre quotidien une représentation de leurs intérêts. Ce faisant, on répond au besoin de responsabilisation de dirigeants et actionnaires des plus grosses multinationales qui en devenant acteurs de la Régionance apportent à la fois une vision entrepreneuriale complémentaire de la vision politique et se voient « obligés » d‘intégrer la vision écosocionomique portée par la Régionance dans leurs décisions de gestion. « Assimiler pour mieux maitriser » est une forme finalement assez douce de transition du Libéralisme Capitaliste vers le Libéralisme Equitable !
Pour autant, cette parité est soumise au principe précédent de transparence afin de ne pas tomber dans le piège d’un phénomène d’influence. Mais pour le moins, cette parité a l’ambition de traiter sur le fond des questions de corruption comme nous le détaillerons ultérieurement.
* Répartition équitable des richesses :
Comme nous l’évoquions dans le chapitre « Des vertus du Libéralisme Equitable sur l’emploi et les revenus », l’éthique et la morale ont souffert des excès du capitalisme ces dernières décennies. Pour autant, il n’est pas question dans cette étude de jeter le bébé avec l’eau du bain ! Par définition, en défendant l’idée d’un Libéralisme Equitable, nous défendons l’idée d’un Capitalisme … pas forcément équitable (comment défendre cette notion ?) mais pour le moins moral.
Dans ce domaine, le premier objectif est de travailler à une répartition équitable des richesses. La régionalisation nous en donne les moyens en faisant ici un lien avec notre proposition de SMAC (évoquée dans le chapitre emploi et revenus) qui soulevait une question majeure : « quelle formule appliquer pour le calcul du salaire par catégorie d’activité » ?
Effectivement, à la lecture de ce concept, de manière générale, une harmonisation mondiale d’un salaire modulable parait impossible (tiens donc, la mondialisation serait bien un leurre !).
De manière plus particulière, supprimer le salaire minimum à la française (et ses équivalents étrangers) est tout aussi impensable !
En régionalisant les économies, le SMAC prend toute sa dimension et devient applicable sans nécessité de mécanismes de compensations complexe. En effet, il est tout à fait imaginable d’harmoniser une grille de conditions salariales pour une même profession dans des pays « homogènes ». Ce critère est d’ailleurs au cœur de la grille d’analyse des situations individuelles des pays en vue de leur régionalisation car il est un des déterminants du niveau de développement d’un pays. Au passage, l’application de la loi française y trouverait son compte en termes d’obligation de proposition de reclassement en cas de plan social … limitant alors cette possibilité sur le plan Régional, au sens des pays incluent dans le périmètre régional.
Ce faisant, il revient alors à la Régionance de veiller à l’harmonisation initiale puis à l’évolution des conditions de rémunération des acteurs économiques.
D’autres éléments concourent à cette répartition équitable des richesses, nous y reviendrons.
Comme nous venons de l’évoquer, notre étude répond aux écueils de la mondialisation par la régionalisation des économies et la Régionance se veut une réponse à l’impossibilité d’établir une gouvernance mondiale.
Reste à voir comment tout cela s’articule !
C’est ce que nous aborderons dans une deuxième partie de ce chapitre sous l’intitulé : « De la Gouvernance Mondiale à la Régionance ».
(1) http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/du-liberalisme-equitable-ou-54588
(2) http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/des-vertus-du-liberalisme-54637
(3) http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/des-vertus-du-liberalisme-55886
(4) http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/des-vertus-du-liberalisme-54992
(5) Les décision de l’OMC se prennent sur la base du consensus implicite : « Qui ne dit mot consent ».
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON