Economie : Et la nave va…
« Relancer l’économie nationale, investir aux technologies et savoirs du futur sans effrayer les marchés » lit-on de Madrid à Paris, d’Athènes à Lisbonne. Sans dire ou penser à haute voix : mais qui sont ces fameux « marchés » ? Qui sont les prêteurs quotidiens, qui négocient les taux des prêts et qui, « deus ex cathedra », donnent des bons et des mauvais points aux Etats emprunteurs ?
Standard and Poors par exemple, qui vient de rétrograder la Grèce à la catégorie de fiabilité BB moins (ce qui condamne le pays à emprunter à plusieurs points au dessus du « marché ») se présente comme une source d’intelligence indépendante d’analyse des marchés (intelligence dans le sens d’espionnage, n’exagérons rien). Que nous avait-elle dit concernant Lehman Brothers ? Pour faire court, que l’on peut y aller sans aucun risque… Elle n’a commencé à s’inquiéter qu’après le désastre, en nous disant « hups … sorry ». Avait-elle émis un doute sur les fonds islamiques d’investissement qui régissent les projets pharaoniques à Dubaï ? Niet. Sur le boom immobilier en Floride ? Certainly not. Nous dit-elle aujourd’hui que Miami est devenu le premier centre de blanchiment de l’argent de la cocaïne investi dans les faillites immobilières ? Ils sont trop sérieux pour cela, ils ne s’occupent pas des agissements de l’argent de la pègre cubaine.
Pourquoi les Etats ont-ils donné de l’argent aux banques ? Pour qu’ils augmentent jusqu’au seuil de non fragilité leurs fonds propres et pour qu’ils relancent par des prêts raisonnables la production et la consommation. L’ont-elles fait ? Non. Elles jonglent toujours avec les seuls de leur propre fragilité et spéculent sur des produits dérivés, pour financer les Etats autrement plus fiables et demandeurs de fonds. Fonds qui leur manquent parce qu’ils ont prêté, en catastrophe, aux banques.
Les entreprises de cotation qui vivent dans le monde imaginaire des échanges boursiers (des écrans de terminaux qui donnent les tendances qu’eux mêmes ont surchauffé par manque de connections avec l’économie réelle) avec des réflexes pavloviens infantilisés ne font que accentuer les tendances d’euphorie ou de panique (c’est la même chose) s’occupant - comme des vulgaires consommateurs d’images télévisées - d’ouragans, d’attentats ou de paroles qui se transforment en tendances des prix pétroliers de l’acier ou céréaliers.
L’anticipation est morte, vive le jour au jour, avec ses hauts et ses bas connectés à l’éphémère. Les analystes financiers, qui ne font que se tromper dès lors qu’un événement échappe à leur train-train, continuent à nous donner leur avis à la télé et malheureusement, « ceux qui font le marché » les suivent, comme toujours. Arcelor licencie ? la cotation monte. Veolia achète (en se transformant en fond d’investissement) une compagnie d’aviation ? L’action monte ; Avec qui le fait-elle ? Avec des fonds grecs (Marfin) issus du marché des pétrodollars arabiques, eux mêmes terrassés par l’aventure de Dubaï, mais qu’importe…
Attention danger : la reprise, gérée par des apprentis sorciers et des fonds douteux, avance, arrogante et en courant vers des sables mouvants…
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