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EDF, un problème bien français

Le texte que j’avais écrit, il y a quelques mois, pour le courrier de Libération, est malheureusement toujours d’actualité. EDF, le contr-exemple de l’Europe du nord ; EDF : ouvrons les yeux !

Une mobilisation se fait actuellement contre le projet gouvernemental de changement de statut d’EDF. Le gouvernement répond qu’il n’envisage qu’un changement de statut, c’est-à-dire une transformation d’EDF en société anonyme, dont le capital serait entièrement détenu par l’État. Les adversaires de ce changement brandissent le spectre de la privatisation qui, d’après eux, serait la suite logique de ce changement de statut juridique. Et pourquoi pas ? Regardons un peu ce qui se passe, ou s’est passé, au-delà de nos frontières. Les mêmes adversaires du changement brandissent le spectre des horreurs qu’a connues la Grande-Bretagne, à la suite des privatisations thatchériennes, ou de certains scandales récents aux États-Unis. Jetons simplement un coup d’oeil sur la situation en Europe du Nord, dans un certain nombre de pays qui ne sont pas connus pour être des champions du libéralisme échevelé. En Suède, longtemps considérée comme le champion des avancées sociales, 93% de la production d’électricité est le fait de 7 producteurs différents, en majorité privés. L’opérateur d’État historique, Vattenfall, fut créé en 1909, et assurait alors 50% de la production d’électricité ; ce pourcentage est resté constant jusqu’à aujourd’hui (il y 220 producteurs indépendants). Le deuxième opérateur de Suède en taille (20% de la production totale), Sydkraft, gère la centrale nucléaire de Barsebeck. En Finlande, il y a près de 200 producteurs indépendants d’électricité. Les deux plus gros sont TVO, détenu à 43% par l’État finnois, et FORTUM, société privée, qui résulte de la fusion du pétrolier NESTE et de la compagnie d’électricité historique IVO. Chacune de ces compagnies gère deux centrales nucléaires. Celles de FORTUM, Loviisa 1 et 2, sont construites autour de réacteurs nucléaires d’origine soviétique, et figurent, d’après les organisations internationales compétentes, parmi les centrales nucléaires les plus fiables et sûres au monde. Au Danemark, deux producteurs privés, Elsam et EnergiE2 , contrôlent 74% de la production d’électricité. Plus près de nous, aux Pays-Bas, des producteurs différents assurent la fourniture d’électricité, le plus important étant Electrabel ( groupe Suez). Le même Electrabel est responsable de la quasi totalité de la production électrique en Belgique. Quant à la Suisse, 7 grandes compagnies assurent la production et la distribution d’électricité et en Allemagne, 80% de de la production électrique est entre les mains de 4 compagnies privées . Dans ce paysage européen, que devient "l’exception" française et son dinosaure EDF, unique au monde ? Même la République populaire de Chine met fin à ses monopoles d’État pour créer des opérateurs mieux à même de servir la croissance du pays et, éventuellement, de partir à la conquête du monde. Si la perspective de nos syndicats, et de certains de nos partis politiques, se limite à la défense des "oeuvres sociales" du Comité d’entreprise d’EDF, l’avenir de notre développement économique et social est pour le moins compromis.


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