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Accueil du site > Actualités > Economie > Entreprise : Préliminaires

Entreprise : Préliminaires

Après avoir argumenté et débattu sur ce blog pendant de longues semaines sur le traité constitutionnel, mon premier mouvement, que j’avais d’ailleurs déjà évoqué, était de proposer une réflexion sur le chômage. L’inertie intellectuelle et l’aveuglement politique face au scandale que constitue l’incapacité de notre pays de mettre au travail dix pour cent de notre population active me paraissaient justifier toute contribution, fût-elle modeste, en faveur du changement.
En y réfléchissant davantage, je me suis rendu compte que tout débat se voulant honnête sur la meilleure manière de traiter la question du chômage se heurterait au mur d’ignorance, d’incompréhension et de défiance qui empêche beaucoup de Français d’observer et d’analyser sereinement et objectivement le fonctionnement des entreprises. En-dehors du secteur public, ce sont en effet les entreprises qui créent les emplois ou qui les suppriment. Si nous continuons à les considérer à travers le prisme de nos idées reçues ou des catéchismes idéologiques, qu’ils soient libéraux ou socialistes, qui les caricaturent, comment pouvons-nous espérer les comprendre suffisamment pour créer les conditions permettant d’avancer.
Cependant, au début de ce parcours sur l’entreprise, il est sain que je me pose d’abord, comme on dirait au Parlement, la question préalable.Un an après avoir raconté mon existence personnelle et professionnelle dans Quatre millions d’euros Le prix de ma liberté, n’est-il pas présomptueux de prétendre à nouveau retenir l’attention des lecteurs ou des blogueurs en leur faisant part des réflexions sur l’entreprise qui m’ont été inspirées par mon expérience.

Expérience ! J’entends déjà les réserves et les ricanements que peut susciter ce simple mot à une époque où l’éphémère est la règle, où chaque événement est absorbé et effacé sans délai par celui qui lui succède, où l’horizon de la réflexion collective est le jour, la semaine, le mois et rarement l’année. Beaucoup pensent en effet avec Confucius, que l’expérience est une lanterne que l’on porte sur le dos et qui n’éclaire jamais que le chemin parcouru ou avec Adolphe d’Houtetot, qu’elle a l’utilité d’un billet de loterie après le tirage.
Mais même si l’expérience n’est selon Oscar Wilde que le nom que l’on donne à ses erreurs, en se souvenant que l’histoire est, pour Thucydide,un perpétuel recommencement et, pour Alexis de Tocqueville, une galerie de tableaux où il y a peu d’originaux et beaucoup de copies, la perspective peut être différente.
Aucune science, aucune théorie de l’entreprise n’est d’ailleurs disponible, qui fournirait un guide pour l’action. Il est symptomatique de constater que l’enseignement dans les écoles de management les plus réputées se fait sur la base de business cases plus que de cours magistraux.
En effet conduire une entreprise est un art d’exécution. Le futur dirigeant n’en trouvera le secret dans aucun cours ou aucun livre, mais il pourra utilement s’y préparer par la succession de positions opérationnelles ou fonctionnelles qu’il pourra occuper ou par la lecture de monographies ou de biographies décrivant les succès et les échecs de ceux qui avant lui ont assumé une telle responsabilité.
Cependant les entrepreneurs sont avant tout action, et c’est par l’action qu’ils atteignent leurs fins. Aussi les recettes des uns ne font pas nécessairement le succès des autres. Il serait donc vain d’espérer de l’expérience qu’elle fournisse des solutions toutes faites. Elle peut permettre en revanche de comprendre les ressorts qui animent l’entreprise et qui influencent et parfois déterminent sa performance. C’est donc de la confrontation de mon expérience avec celle des autres que j’espère voir surgir une image sincère et fidèle de l’entreprise d’aujourd’hui.
Ce faisant, seront du même coup éclairés les mécanismes par lesquels, à notre époque, s’opère cette mystérieuse transmutation qui par le travail des hommes permet à l’entreprise de faire surgir des richesses supplémentaires et, au bout du compte, malgré de nombreuses pertes en ligne, de faire reculer la pauvreté.
Ce parcours auquel je vous convie n’est pas balisé. Je ne sais pas où il peut nous mener, ni même quels cheminements il pourra emprunter, ni même si j’aurai l’inspiration et l’énergie pour le poursuivre jusqu’au bout. Je voudrais que nous parlions, à propos de l’entreprise, des hommes, du profit, de la découverte, de la conquête, de l’organisation, de la finance, de l’argent, de la politique, du changement, des actionnaires, entre autres choses et je ne sais pas dans quel ordre.
Je voudrais surtout que les visiteurs de ce blog et notamment ceux d’entre eux, nombreux, qui sont des femmes et des hommes d’entreprise, y participent pour faire part de leurs réflexions et de leurs expériences en essayant d’éviter à la fois le mode plaintif des récriminations perpétuelles à l’égard de l’Etat, des syndicats ou de la France en général, le mode revendicatif des adeptes attardés de la lutte des classes que l’histoire n’a pas encore vaccinés contre les maladies utopiques ou le mode béat des spécialistes du n’y a qu’à qui s’exonèrent allègrement de toute confrontation avec la réalité.
Mais avant cela, je vais m’autoriser, au cours des prochains jours, deux détours instructifs : le premier prendra pour prétexte le livre d’Edouard Tétreau, Analyste au coeur de la folie financière , et le second reviendra sur la question des hautes rémunérations, ceci pour éviter qu’ensuite, nous détournions notre attention de l’essentiel.


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