Eric Boustouller de Solocal-Pages Jaunes, l’homme par qui le scandale est arrivé
Monsieur Boustouller, de son prénom Eric, a pris la direction en novembre 2017 d’un des plus beaux joyaux de l’entreprenariat hexagonal : Les Pages Jaunes, une institution en soi, mais moins connue néanmoins, tellement moins connue aujourd’hui sous le nom de Solocal.
Mission de ce Monsieur Boustouller : la suppression de 1000 emplois...
Objectif de l'intéressé : une action Pagesjaunes à 1,93 euros d’ici 2020 (action cotée aujourd’hui à 1.2 - en hausse de 30% à l’annonce de la destruction de 1000 emplois)....
Situation financière de l’entreprise, demanderez-vous ? En bien... donnons la parole à La Tribune, journal d'information boursière, économique et financière de renom :
« SoLocal Group a publié mercredi un bénéfice net en hausse de plus de 500% en 2017, soit 336 millions d'euros pour un chiffre d’affaires de 756 millions d’euros. L'endettement financier net s'est établi à 332 millions d'euros par rapport à 1,097 milliard d'euros au 31 décembre 2016 ; soit une baisse 70%. »
Autre information : salaire de base du nouveau venu, Eric Boustouller : plus de 500 000 euros annuels, un cadeau de bienvenu d’un million d’actions + une part variable pouvant s’élever à 200%.
En effet, en cas de succès, Eric Boustouller et ses troupes regroupées autour de ce qu’on appelle le Comex (un raccourci pour « comité exécutif » appelé aussi « comité de direction ») pourront le plus sérieusement du monde envisager percevoir :
- 2,3 millions d'actions sur 3 ans sur atteinte d'objectifs (1)...
- 1,5 million d'actions supplémentaires par plan.
Des oies ce Comex ! Vraiment ! Des oies qui déambulent en file indienne, à la queue leu-leu ; des oies que l’on gave et qui se gavent puisque s’ils devaient mener à bien leur restructuration, Monsieur Boustouller et sa fine équipe pourront se partager une enveloppe de plus de 18 000 000 € (dix-huit millions) d’ici deux ans.
Convenons-en en toute bonne foi : cette enveloppe ce n’est ni un salaire, ni un bonus ! Cette enveloppe, c'est la rémunération de mercenaires kalach en bandoulière et couteau entre les dents mais sans camouflage puisque toute cette troupe part confiant ; ils sont sûrs de vaincre un adversaire, pour l’heure…. désarmé : c’est la guerre asymétrique qui fait son entrée dans l’entreprise ; autre terme pour ce type de conflit : ratonnade de salariés.
(Siège cossu de Solocal à Boulogne Billancourt à la hauteur de l'île Seguin)
Adepte du tutoiement (« On se tutoie dans les entreprises modernes et branchées » s’était empressé d’expliquer Eric Boustouller aux salariés de Solocal dès son arrivée), d’aucuns en sont donc venus très vite à regretter 4 mois plus tard… devinez quoi ? Le vouvoiement bien évidemment car enfin, mettons-nous à leur place à tous : lorsque la direction les vouvoyait, ils gardaient leur emploi ; maintenant qu’elle les tutoie, ils le perdent.
A l‘aune de ce tutoiement, l’entrave syndicale a déjà commencé : menace d’expulsion des représentants syndicaux des locaux du siège ; rien de surprenant à cela : les DRH des entreprises sont devenus au fil des ans de véritables agences d’obstruction des droits et du code de travail. L’entrave donc et puis… un kit … « Kit de com managers » destiné à aider l'encadrement à gérer au quotidien la destruction de ces mille emplois auprès des salariés directement concernés et puis, les autres ; kit aux éléments de langage euphémisant comme il n'est pas permis ; un langage destiné à l’endormissement des consciences : « Ayez confiance ! »
Un document édifiant et consternant que l’on peut consulter ICI
Un temps PDG de Microsoft France... pour le temps qu’il lui aura été donné de supprimer près de 20% des emplois sur le territoire national (décidément, on ne se refait pas, jamais !) ; simple exécutant, à la fois actif et passif, pas Bill Gates ni Mark Zuckerberg pour un sou (Eric Boustouller aurait-il seulement été capable d’inventer ce fameux fil à couper le beurre ? Rien n’est moins sûr même si... pour couper des têtes, il semble s’y entendre) Eric Boustouller c’est le maître d’œuvre d’un PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) qui a pour maître d’ouvrage un modèle économique de réussite à la fois personnelle et corporate dont l’idéologie née dans les années 70 (souvenez-vous du trio infernal : Thatcher, Reagan, Friedman et ses Chicago boys – faut dire que dans le monde des affaires, Al Capone n’est jamais très loin, jamais vraiment !) n’a cessé d’affirmer que les licenciements de masse et en masse sont la seule garantie de la préservation de l’emploi et du bien-être des salariés ; en d’autres termes : sachez que le mal que l’on vous fait c’est à la fois pour votre bien et celui des autres…
Suppression de 1000 emplois donc ! qui auront un impact et par ricochet sur une bonne dizaine de milliers de familles…
A l’heure où le gouvernement Edouard Philippe présente un plan contre la radicalisation religieuse ce plan ferait bien d’inclure cette radicalisation économique aux effets dévastateurs, voire criminels …
Une question, une dernière, ô trois fois rien ! …. mais quand même : comment ces individus trouvent-ils leur sommeil, la nuit à l’heure où il est fortement recommandé de faire une pause car à chaque jour suffit ses licenciements : sommeil du juste… mais… jus…qu’au boutisme alors ! ou bien songe d’une nuit d’hiver en attendant le printemps : faire peau neuve avec et sur la peau des autres qui en perdront, n’en doutons pas un instant, le sommeil !
Il est vrai qu’une fois leur méfait accompli, tous disparaissent, s’évanouissent avec leur butin comme par enchantement ; et c’est alors qu’ils se fondent non pas dans la foule, moins encore dans la foule de ceux qu’ils ont licenciés, mais bien plutôt dans de confortables paradis fiscaux et moraux, là où leur conscience ne pipe mot ; hilare cette conscience les pieds en éventail !
Notons ceci encore : pas de tribunaux, pas de Cour Pénale Internationale pour ces femmes et ces hommes-là ; pusillanimes ces tribunaux, il est vrai qu'ils en ont jugés pour bien plus que ça !
C'est donc un véritable régime d’impunité qui les protège tous ; d’où ce passage à l'hubris dans une vision démesurée de ce que tout un chacun peut se permettre sans risquer quoi que ce soit, et en premier lieu : rendre des comptes.
Nul doute : les pires ennemis des entreprises, de leur image et de la valeur travail sont ceux qui les dirigent... pour le temps qu'il leur sera donné de le faire dans l'illusion de l'avoir fait puisque... illusionnés, ils n'auront eu qu'un souci : obéir.
A titre de conclusion toute provisoire, peut-on à la fois recommander et souhaiter ce qui suit : il faudra bien qu’un jour, les chercheurs en sciences sociales, comportementales et autres disciplines (sans oublier les psychologues, psychanalystes, psychiatres et criminologues) réunis au sein d’un collège - pluri-disciplinarité oblige ! - se penchent sur la personnalité de tous ceux qui auront accompagné à coup de millions de licenciements en cumul et de milliards en recettes, cette hécatombe sociale menée tambour battant par des prédateurs voraces et sans scrupules depuis trente ans ; soyons assurés que ce travail de recherche nous révélera ceci : nos sociétés (et plus globalement…. notre civilisation) sont confrontées à de véritables sociopathes responsables depuis les années 80 de la destruction des centaines de milliers de familles : précarité, divorce, pauvreté, alcoolisme, perte de logement, suicide… hommes, femmes, enfants, filles et fils… passés à la trappe d’un impératif catégorique certes a-moral (aussi, tout est permis !) mais qui n'en demeure pas moins abject.
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1 - Gare si cet objectif n'est pas tenu à ce centime près ! Combien de destructions d'emplois par centime d'euro manquant ?
2 – Article du quotidien l'Humanité à propos de ce kit : ICI
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