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Accueil du site > Actualités > Economie > Est-ce le Japon ou la zone euro qui est en déflation ?

Est-ce le Japon ou la zone euro qui est en déflation ?

Les concepts en économie sont très souvent utilisés sans définition préalable. C’est le cas notamment d’un bon nombre d’écrits sur la question de la déflation et de la désinflation. Encore une fois les travaux de Natixis sont précieux. La déflation correspond à une situation où les prix baissent. La désinflation correspond à une situation où la hausse des prix ralentit. Notre sujet est la déflation. Mais il existe une nuance dans la déflation. En fait, il existe deux formes de déflation : la définition que nous qualifions de stricte qui dit que la déflation est une inflation négative. Ce simple critère permet de dire à certains que le Japon est en déflation. Et la définition juste, au sens large qui pose les conditions de cette déflation à plus long terme : C’est une situation certes de baisse des prix mais combinée à un rapport taux d’intérêt nominal à long terme et taux de croissance nominal, défavorable (nominal c'est-à-dire qui intègre le taux d’inflation). Nous appelons situation défavorable la situation où les taux d’intérêt nominaux à long terme sont trop élevés par rapport au taux de croissance nominal, ce qui déprime la demande intérieure par plusieurs canaux (découragement de l’investissement, désendettement difficile, baisse du prix des actifs). Nous traitons ici de la juste définition de la déflation au sens large et pas uniquement du phénomène de baisse des prix au sens strict.

Avec cette définition de la déflation de long terme, le ralentissement de la hausse des prix est le résultat de la baisse de la demande de biens et services. Si cette demande continue de reculer, l’inflation continue de reculer et les taux d’intérêt réels (différence entre taux d’intérêt nominaux et taux d’inflation) augmentent pour un taux d’intérêt nominal donné et stable, ce qui complique le désendettement et contribue à diminuer encore davantage la demande et le taux d’inflation pour arriver à une situation finale de baisse des prix (déflation). Cette déflation apparaît lorsque les taux d’intérêt réel montent (pour un taux d’intérêt nominal donné !) dans un contexte de baisse de la demande et de désinflation.

Il faut ajouter un paramètre pour comprendre le cercle vicieux de la déflation : la croissance nominale. Bien que les taux d’intérêt réel montent beaucoup dans un contexte de baisse de la demande et de désinflation, les taux d’intérêt nominaux eux, restent assez élevés en valeur absolue par rapport au taux de croissance nominale.

Alors évidemment en ne regardant que la définition stricte de la déflation, c’est le Japon qui est en déflation mais bon nombre d’autres pays de la planète sont dans la même situation ! Pour prendre l’exemple du Japon, ce dernier connaît une baisse des prix durables combinée à un rapport taux de croissance nominale et taux d’intérêt nominal favorable, c'est-à-dire que son taux de croissance nominal dépasse son taux d’intérêt nominal public (qui se rapproche de zéro d’ailleurs). Hors en zone euro, c’est exactement le contraire qui se passe. Elle connaît une baisse des prix durables combinée à un rapport taux de croissance nominal et taux d’intérêt nominal défavorable.

En conclusion si au Japon, le taux de croissance nominal est supérieur aux taux d’intérêt nominal à long terme, (il en va de même aux Etats-Unis et au Royaume-Unis), en zone euro, le taux de croissance nominal est très inférieur au taux d’intérêt nominal de long terme. Nous sommes donc en déflation dans la zone euro, mais pas au Japon. 

Pourquoi cette situation dans la zone euro ? Il y a d’abord des taux d’intérêt nominaux publics élevés dans les pays du sud de l’Europe. Aussi, le taux de chômage élevé induit une croissance potentielle faible et donc des gains de productivité impossibles. Enfin, la BCE n’achète toujours pas de dette publique. On attend donc à l’avenir un découragement de l’investissement qui se voit dans la zone euro, avec des difficultés pour les ménages et les entreprises à se désendetter. Enfin, la déflation s’appliquera aussi au prix des actifs. 


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9 réactions à cet article    


  • claude-michel claude-michel 30 novembre 2013 09:24

    (Encore une fois les travaux de Natixis sont précieux)..... ???????????

    Dans une situation dépassant celle de Lehman Brothers au moment de sa faillite, Natixis s’enfonce de trimestre en trimestre… Entraînera-t-elle toute la BPCE avec elle ?...La situation de Natixis se détériore depuis ces derniers trimestres : les capitaux propres baissent plus rapidement que le total des dettes ! Ses dirigeants n’ont vraiment rien compris aux problèmes élémentaires de gestion bancaire…Il faudrait augmenter les capitaux propres de 32,5 milliards d’euros pour que Natixis respecte les règles de bonne gestion prudentielle....etvous prenez conseil auprès de cette banque.... ?
    Bizarre....

    • JMBerniolles 30 novembre 2013 10:08

      Vous avez raison de dire qu’il faut être très précis dans ses définitions.


      Le Japon reconnait lui-même [ses gouvernants et économistes] qu’il est en déflation depuis plus d’une décennie. En fait, à la suite de la crise du sud est asiatique.

      Concrètement cela veut dire :

      *une économie très ralentie. L’augmentation et la contraction du PIB décrivent une sinusoïde autour de zéro, fonction de relances partielles de la consommation sur l’épargne, de sursauts industriels comme à la suite des accidents nucléaires de Fukushima Daiichi, de l’évolution des relations commerciales avec la Chine,...

      * globalement il y a une situation d’inflation que la BOJ a pour mission de limiter à moins de 2%

      * dans le détail, il y a une baisse de certains prix du fait de la diminution de la demande, mais aussi des tendances à l’augementation du fait du renchérissement du prix de l’énergie du à la consommation massive de gaz naturel et de pétrole, importés en plus grande quantité en raison d’un nucléaire à l’arrêt.

      * dans ces conditions le Japon prévoit un déficit de sa balance commerciale sur l’année fiscale 2013, qui se termine en mars 2014, de l’ordre de 120 milliards de dollars.

      * la politique de quantitative easing qui y est pratiquée implique des tendances inflationnistes.

      Dans la mesure où une tendance à la délocalisation d’entreprises s’installe au Japon, on voit que notre propre situation économique comporte les mêmes caractéristiques.




      • claude-michel claude-michel 30 novembre 2013 10:12

        Le Japon détient en totalité sa dette....Pas nous..toute la différence est là.. !


      • Stof Stof 30 novembre 2013 11:18

        Et ça change quoi concrètement ? Qu’ils vont faire défaut sur leurs propres épargnants ? Et ce serait mieux ça ?


      • claude-michel claude-michel 30 novembre 2013 11:47

        Par Stof ...Je constate que vous ne comprenez rien à l’économie... !

        bonne journée.

      • Stof Stof 30 novembre 2013 12:05

        Et vous à la politique , parceque lorsque vous parlez du « Japon » qui détient sa dette ou de « nous », je crois que nous n’avons pas la même vision de la lutte des classes. Moi, je ne détient la dette de personne, alors les défauts je m’en balance.


      • claude-michel claude-michel 30 novembre 2013 12:23

        Par Stof...Vous détenez de la dette si vous vivez en France...(la dette est de 5.000 milliards d’euros)...Faites le calcul par le nombre d’habitants dans notre pays...vous arriverez a un nombre fatamineux.. !

        Bonne journée !

      • JMBerniolles 30 novembre 2013 16:08

        Oui, ce n’est plus totalement vrai mais cela laisse un petit dégré d’arrangement par retructuration de la dette.... Mais celle-ci attient plus de 260% du PIB. Avec une structure différente effectivement.


        Mais cela joue sur la fiscalité, puisque l’Etat doit faire face de toute manière à ses obligations financières. D’où des ponctions sur les ménages notamment qui étouffe la consommation. Au final l’économie finit de toute manière par souffrir de la dette.

        Et puis si celle-ci devient encore plus élevée, Il y aura un moment où le défaut de paiement sera inévitable.

      • Stof Stof 30 novembre 2013 19:08

        « Détenir de la dette », c’est être épargnant, ou créditeur si vous préférez. On ne dit pas de l’endetté qu’il détient de la dette. C’est peut être vrai en français mais pas dans le langage économique.

        Mon pays est endetté, mais moi je ne lui ai rien prêté, ni à personne d’autre.
        D’ailleurs, si je quitte la France, miracle je n’ai plus de dette à rembourser. Par contre je pourrais lui en prêter depuis l’étranger. C’est ça la magie des élites transnationales.
        Alors la dette du Japon détenue par les Japonais ça me fait bien marrer. Quand le bateau coule il n’y a des canots de sauvetage que pour les premières classes.

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