GREXIT ? Les contribuables allemands n’ont encore rien payé ; au contraire, ils ont bénéficié de remises d’impôts !
Les désinformations et la propagande médiatiques et politiques sont telles que les contribuables allemands sont persuadés qu'ils sont saignés par des impôts destinés à secourir le peuple grec, ce peuple de "fainéants avachis du club med". Ils sont donc incités à crier leur lassitude par la voix de leurs politiques et des médias : "trop c'est trop, on a assez payé, ça suffit ! " La réalité est tout autre et elle n'est pas bonne à dire : les contribuables allemands, ceux qui payent des impôts, des taxes et des charges sociales, ont leur contributions réduites par les contributions des peuples européens et plus particulièrement par ceux du Club med, grecs en tête.
Comment peut-on oser tenir une telle position iconoclaste, dans un monde ou les rumeurs vraisemblables sont tenues pour vraies par tous ceux qui auraient les moyens -mais pas la volonté- de rétablir les vérités premières ?
La Troïka fait de Tsipras, depuis son surgissement dans l'arène européenne, le taureau -le Minotaure- à abattre : c'est un fou furieux capable se saper l'autorité dominatrice suprême des marchés, de la divine finance et de leurs marionnettes politiques. Les picadors d'opérette ont déjà eu la satisfaction de faire taire le coryphée Varoufakis profanateur des valeurs d'un monde financier au bord de l'implosion. La Troïka se félicite des bons résultats de l'Espagne, du Portugal (et dans une moindre mesure de l'Italie) en opposition avec la déplorable situation de la Grèce : du chômage porté à 25% de la population active, des salaires et retraites baissés de plus de 10% (parfois 20%) et un PIB réduit d'au moins 10%, en pleine récession et déflation. Le merveilleux Portugal en voie de guérison rembourse même par avance les échéances du FMI : en fait ce pays bénéficiant de taux plus faibles sur les marchés financiers que ceux imposés par le FMI, emprunte pour rembourser le FMI et faire quelques maigres économies ! Le déficit budgétaire (4,5% PIB en 2014) reste élevé ainsi que le taux de chômage (14% en 2014) avec un taux de chômage des moins de 25 ans qui est passé de plus de 40% début 2013 à 33% en 2015 du fait de l'émigration ou l'expatriation du meilleur de sa main d'oeuvre élevée et formée aux frais des contribuables portugais. La Grèce, comme le Portugal et l'Espagne, a baissé fortement les salaires et retraites, a réduit son PIB de plus de 20% et a réussi l'exploit ces deux dernières années d'avoir un budget en léger excédent primaire (avant prise en charge de la dette gonflée par des taux d'intérêts dignes de la maffia ou des usuriers) : mais comme le Portugal, l'Espagne, l'Italie, la France et beaucoup d'autres pays européens, la Grèce n'a pas les excédents pour rembourser les échéances d'emprunts en intérêts et en capital. Tous les pays ci-devant nommés empruntent sur les marchés financiers pour régler leurs annuités à l'échéance. Pour la Grèce emprunter sur les marchés est suicidaire du fait de la voracité des créanciers en terme de taux ; alors il reste les institutions type FMI et divers fonds européens (FESF, MES,...) qui exigent d'abord d'être remboursés avant l'octroi de nouveaux prêts. Les caisses grecques étant vides, il ne reste plus qu'à Tsipras de se démettre pour que le système financier dicte sa loi au peuple grec, première victime expiatoire des excès et incompétences de ce même système et de ses dirigeants restés impunis et impunissables !
Ces propos et analyses sont bien connus, ainsi que l'impossibilité pour un pays tel la Grèce, de rembourser sa dette extérieure (publique et privée) lorsque sa balance commerciale des biens et services courants (dont le tourisme) est systématiquement déficitaire (le tissu économique grec a été détruit sous les coups indirects de la concurrence extérieure et de ses investissements pour vendre davantage en Grèce). Il est temps de présenter l'acte d'accusation contre les profiteurs intrinsèques de la crise au sein de l'Eurogroupe.
En amuse-gueules il est bon de rappeler que les banques centrales des USA, du Royaume-Uni, du Japon, de la Chine,... sont au service de leur monnaie (dollar, livre, yen, yuan) et de la bonne santé économique et financière de leur État, de leur nation ! La BCE n'est qu'au service de l'euro, elle n'est pas faite pour rétablir la santé économique et financière de chaque État membre. Le Royaume-Uni, avec un gros déficit public (6 à 8% du PIB) a une dette publique comparable à celle de la France ; du fait de sa croissance de 2 à 3% et de l'inflation, le RU voit sa dette en % du PIB stabilisée avec une tendance à la réduction (relative, mais pas absolue). Comme la Banque d'Angleterre est maître de ses créations monétaires, sans l'autorisation de la BCE et d'Angela Merkel, elle contribue selon nécessité au financement des déficits publics par de judicieuses émissions monétaires. Ce qui permet à David Cameron de donner des leçons de gestion publique, budgétaire, financière et économique, à tous ses confrères de l'eurozone !
En plat de résistance il faut ingurgiter l'Allemagne, ses paradoxes, ses peurs et ses complexes (certainement pas d'infériorité et d'humilité). Deux ingrédients essentiels sont sa balance commerciale excédentaire et sa démographie déficitaire. Ces deux ingrédients sont deux importants facteurs de réduction d'impôts pour les contribuables allemands.
La balance commerciale allemande est excédentaire à la fois avec chaque pays de l'eurozone et de l'UE mais aussi avec le reste du monde. L'excédent global annuel est de l'ordre de 200 à 250 Md€ (hors TVA) et d'environ 150 Md€ pour l'eurozone. En dehors du fait de siphonner une grande masse d'euro dans les caisses des "pays frères", les asséchant progressivement, les produits et biens vendus comprennent une part de charges sociales pour la couverture sociale des allemands, et une part d'impôts et taxes pour les budgets nationaux et territoriaux : le fait de prétendre que les impôts et les charges sociales sont payés par les salariés et les patrons est une fausse vérité, car ce sont les clients, les acheteurs qui payent les fournisseurs avec l'inclusion des charges sociales, impôts et taxes. Sur les 150 Md€ d'excédent, hors TVA, il y a environ 50 Md€ pour alimenter les budgets sociaux, nationaux et territoriaux. Les pays du club med, fortement déficitaires avec l'Allemagne en payent donc une bonne partie s'évaluant à une bonne vingtaine de Md€ ! Sans les acheteurs étrangers, les rentrées dans les caisses publiques allemandes seraient réduites, et les contribuables allemands devraient compenser. Ce transfert est bien connu de certains économistes qui dans l'analyse des termes des échanges internationaux relèvent que l'UE et l'Occident font financer une partie de leurs dépenses sociales et publiques par des clients (pays pauvres) sans protection sociale et qu'à l'inverse les achats se font sans payer de charges sociales et publiques dans des pays sans protection sociale : ces économistes utilisent cette analyse pour promouvoir l'instauration d'une forte TVA sociale se substituant aux charges sociales assises sur les salaires. L'instauration d'une telle taxe remplaçant les prélèvements sociaux serait une aubaine pour les pays déficitaires du club med, Grèce en tête : soit une manne d'une vingtaine de Md€ à faire rentrer dans leurs caisses, sans compter que cette mesure s'appliquerait aussi aux autres importations, en particulier celles massives en provenance de la Chine et autres pays à bas salaires et à très faible couverture sociale. Par contre, une forte TVA sociale finançant les dépenses sociales pénaliserait les allemands : pour le moment on en est loin, et comme en foot, à la fin c'est toujours les Allemands qui gagnent.
En plus des gains sur le financement de la protection sociale des Allemands du fait de la balance commerciale fortement excédentaire, une autre source d'économies d'impôts publics (nationaux et territoriaux) provient de l'heureuse démographie allemande résultant d'un taux de fécondité de 1,38 enfants par femme allemande. Le nombre de décès est supérieur de 200 000 /an au nombre de naissances ; l'écart est du même ordre avec les départs en retraite et les arrivées de "jeunes allemands" sur le marché du travail. Les classes ferment massivement, ainsi que les collèges et les lycées suite aux réduction d'effectifs. Si l'Allemagne avait un taux de fécondité de 2 pour assurer le renouvellement des générations alors il y aurait 500 000 jeunes de plus chaque année arrivant dans les établissements d'enseignement ! Cependant, malgré le taux de 1,38 dont les démographes et politiques français ironisent, l'Allemagne voit sa population croître régulièrement du fait d'une forte immigration de travail de jeunes qualifiés formés dans leur pays d'origine, aux frais des contribuables de leurs pays : 300 000 /an pour les dernières années et plus de 400 000 pour 2014. Sans atteindre la performance des Françaises, une fécondité évitant l'immigration massive actuelle en Allemagne conduirait à élever, éduquer, soigner, former 300 à 400 000 jeunes de plus chaque année avec les frais de périnatalité, de santé, d'allocations familiales, de réductions fiscales (quotient familial), de diverses scolarités primaires, secondaires et supérieures à la charge de la nation et des collectivités territoriales. Une estimation minimaliste des seules dépenses publiques (de la conception à l'arrivée sur le marché du travail) s'élève à 200 000 € par jeune, soit une charge annuelle de 60 à 80 Md€. Cette charge est actuellement assumée par les budgets (déficitaires) des pays d'émigration vers l'Allemagne, essentiellement les pays de l'europe de l'est et du club med. La Grèce et le Portugal sont des pays de forte émigration, avec des budgets déficitaires : 50 000 jeunes émigrés par an pour chaque pays, c'est une charge de 10 Md€ sans laquelle les budgets seraient dans les normes européennes.
Ainsi, du fait de l'absence d'une TVA sociale pour financer toutes les dépenses sociales, et de sa démographie heureuse les contribuables allemands économisent chaque année, 40 à 50 Md€ dans les échanges de biens et de travailleurs avec les pays du club med. Quel beau prélèvement !
Cette somme est à mettre en relation avec les garanties financières apportées par l'Allemagne, dans le cadre de la mutualisation des dettes dans le MES, à la Grèce : entre 65 et 90 Md€ selon les modèles d'estimations. Sur cette somme, jusqu'ici pas un contribuable allemand a été mis à contribution : la garantie est inscrite dans le montant potentiel de la dette nationale, le MES (et autres) ayant emprunté sur les marchés pour prêter à la Grèce, qui, jusqu'à la crise d'EGO des dirigeants de la Troïka et de leurs confrères européens, honorait ses échéances, grâce à de nouveaux prêts car la dette grecque est irremboursable dans les conditions actuelles.
Par contre, en cas de défaut officiel de paiement, donc de GREXIT pour les partisans de l'éviction de la Grèce de l'eurozone, les contribuables allemands (et dans une moindre mesure les français et autres "eurozoniens") seraient enfin mis à contribution pour honorer la garantie donnée par l'État allemand ; et enfin leurs lamentations auraient une vraie cause.
En cas de GREXIT, les allemands seront toujours heureux d'accueillir (et d'en profiter) la bonne main d'oeuvre grecque, portugaise, espagnole, ... formée aux frais des contribuables des pays d'origine : il sera même conseillé aux dirigeants de ces pays (comme à ceux de l'ex europe de l'est) de remercier l'Allemagne pour son accueil si généreux !
En conclusion le Royaume-Uni n'est pas le seul méchant loup à s'opposer à une intégration européenne contraire à ses intérêts économiques et financiers. L'Allemagne qui ne veut pas le rôle de vache à lait de l'eurozone, veut maintenir ses énormes avantages qu'elle perdrait avec l'instauration d'une forte TVA sociale commune à l'eurozone, et aussi d'un financement mutualisé des dépenses d'éducation et de formation des jeunes, de la conception jusqu'aux études supérieures professionnalisées. Si Madame Merkel et l'Allemagne veulent exercer un leadership sur l'eurozone qu'elles mettent en oeuvre le programme ci-dessus d'intégration et de véritable solidarité.
Sur le même thème
RETRAITES : de l'homéopathie pour ignorer les CAUSES des DESEQUILIBRES et ne pas y remédier !Reconstruire l'Ukraine : en détruisant l'UE ou enfin en la reconstruisant ? Un choix crucial volontairement esquivé !
Le 4ème REICH de MEDVEDEV : un DELIRE ou une ANALYSE partiale de certaines réalités ?
Réforme des retraites : injustice et enfumage ...
La réforme des retraites est un détournement de fonds
25 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON