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Accueil du site > Actualités > Economie > Hayek ou Keynes ?

Hayek ou Keynes ?

En dépit de la légère amélioration de leur chômage - retombé le mois dernier à 9.6% de la population active -, la croissance aux Etats-Unis n’est toujours pas sur une lancée ferme et robuste. Les dernières mesures en date (à savoir le second round des baisses de taux quantitatives) prises à cet effet par la Réserve Fédérale sont typiquement des tentatives de relances Keynésiennes destinées à empêcher que l’économie ne replonge dans une nouvelle récession ("double dip") via des injections de liquidités qui seront empruntées (le fameux "deficit spending"). Une analyse de la conjoncture US révèle pourtant que les effets multiplicateurs de ces stimuli ne sont pas à la hauteur des attentes. En clair, les baisses de taux ne parviennent à stimuler l’activité que marginalement. Est-ce les marchés et l’économie qui ne sont plus en mesure d’ingérer encore plus de tentatives de relances entièrement redevables à des déficits ? A moins que - et il s’agit là d’une interrogation tout à la fois intéressante et fondamentale - la crise actuelle ne soit pas un épisode Keynésien (dans le sens où elle n’est pas due à une baisse de la demande) et que - en conséquence - elle ne puisse être solutionnée par l’emploi de mesures Keynésiennes... ? 

Toujours est-il que les sommes gigantesques des stimuli n’ont pas profité à l’économie réelle ! C’est ainsi que, d’une part, les entreprises utilisent ces sommes pour acheter des actifs liquides plutôt que d’investir dans l’économie et que, d’autre part, les consommateurs profitent des miettes résiduelles pour éponger (une petite partie de) leurs dettes au lieu de dépenser... Ce processus dit de "deleveraging" consistant pour les privés mais également pour les sociétés à assainir l’état de leurs finances avant de songer à l’avenir est en fait décrit par Hayek qui estime qu’une crise est la résultante d’une longue période caractérisée par du crédit facile et à bas prix poussant quasi mécaniquement tous les intervenants à de mauvais investissements. La crise des subprimes peut-elle être mieux résumée ? La conséquence de ce phénomène serait donc, selon Hayek, une nette diminution de la propension des établissements financiers à accorder des crédits avec, à la clé, une implosion de la bulle.

Cette vision des tourmentes économiques et financières diffère ainsi notablement de celle de Keynes pour qui la crise provient d’un excès de l’épargne au détriment de l’investissement. Un Keynésien qui se respecterait constaterait aujourd’hui qu’une partie du monde (la Chine notamment) gagne beaucoup plus qu’elle ne dépense tandis qu’une autre partie (les USA) dépensent plus que ses revenus ne le lui permettent. En réaction, ne serait-il pas logique d’en conclure que le crédit facile à l’Ouest fut la réponse naturelle au flot de liquidités déversé par l’Est ? Néanmoins, comme les "vrais" investissements (surtout aux Etats-Unis) disposaient déjà de capitaux, cet argent facile devait dégénérer exactement selon les prévisions de Hayek, c’est-à-dire en de mauvais placements... Hayek était persuadé qu’une crise provoquée par l’hyper consommation et par une épargne déficiente ne pouvait être réglée par les stimuli fiscaux prônés par Keynes. En effet, Hayek partait du principe sensé que la profitabilité ne saurait être restaurée qu’à la faveur du retour à la confiance parmi les consommateurs et les entreprises. Quant à la théorie Keynésienne, elle exhorte à passer outre ce phénomène "naturel" de retour à une confiance qui se doit d’être artificiellement suscitée par force stimuli...

La crise mondiale actuelle peut donc être vue sous les prismes Keynésien ou Hayékien, on le voit, fort divergents. Toujours est-il que tous deux s’accordaient au moins sur un point, à savoir que le rétablissement de l’activité suite à l’implosion de la bulle est un processus long et complexe.


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14 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL 6 novembre 2010 10:49

    Il me semble qu’évoquer le keynesianisme dans un pays qui permet aux banques d’exproprier à tours de bras ses citoyens a quelque chose de cynique.

    Mais je ne suis pas économiste.


    • rastapopulo rastapopulo 6 novembre 2010 17:09

      Keynes n’a jamais désavoué son impérialisme.

      Il incarne simplement la version de gauche qui pousse à s’endetter sans remettre en cause le système financier de son empire.

      Tout le monde tombe dans le panneau... sauf Roosevelt qui le haïssait.

      C’est pas Keynes qui demande un crédit publique productifs sans intérêts, la séparation des banques Glass Steagall pour la mise en faillite contrôlée, l’arrête des expulsions pour sauver le bâtit, ect, ect.

      Hayek a plus de pertinence et de franchise si c’est pour le comparer avec un pseudo non-impérialiste.


    • rastapopulo rastapopulo 6 novembre 2010 22:28

      Non content de prôner publiquement l’eugénisme, Keynes fut dès son adolescence inspiré des théories de Malthus, qui proposait de réguler « l’offre de main d’oeuvre », c’est-à-dire la population ouvrière, par la loi du marché. Dans un article intitulé « Quelques conséquences économiques d’une population en déclin », publié dans la Eugenics Review en 1937, Keynes affirme : « Je ne m’écarte pas des vieilles conclusions malthusiennes. (… ) Je possédais d’ailleurs tous les livres de Francis Galton lors que j’étais étudiant. » [2]

      La Eugenics Society fût fondée en 1908. Le fondateur de l’eugénisme est Francis Galton (cousin de Charles Darwin), qui a consacré sa vie à adapter la théorie de Darwin sur l’évolution des espèces à la société humaine. Ses thèses on été réunies dans son « oeuvre maîtresse » Le Génie héréditaire, qu’il a publiée plusieurs fois.

      Dans ce livre, Galton chercha d’abord à classer les êtres humains en fonction de leur réputation, de leur talent et de leur origine. Il passa en revue tous les Lords anglais de 1660 à 1865, considérés par lui comme les personnes les plus sûres pour définir les caractères « héréditaires du génie » étant données leurs « capacités exceptionnelles ». A partir d’une liste de poètes, de musiciens, de scientifiques et autres personnalités, il dressa un tableau des 100 meilleures familles britanniques pouvant servir à la reproduction, qu’il plaça dans la classe A. A l’autre extrémité de son classement, il définit la classe F en ces termes : « Premièrement, la race des nègres a occasionnellement, mais très rarement produit des hommes comme Toussaint l’Ouverture, qui est de notre classe F, (…) ce qui montre une différence de pas moins de deux niveaux entre les races blanches et noires, mais cela pourrait être plus. » [3]

      Nous pourrions penser que tout cela est du passé. En effet, la Eugenics Society n’existe plus depuis 1989, car elle se nomme depuis lors le Galton Institute. Institut toujours actif dans le monde dans le domaine du « planning familial », une autre manière de désigner la politique malthusienne de réduction des populations les moins aptes selon les critères de l’Empire britannique. Ces thèses sont diffusées également par l’UNESCO, dont le premier secrétaire Julian Huxley, frère du célèbre écrivain Aldous Huxley, fût également président de la Eugenics Society.

      Pour les inconditionnels de Keynes, prenez garde, car un Keynes, ou peut-être même un keynésien, peut en cacher un autre !

      Sébastien Périmony

      http://www.solidariteetprogres.org/article4964.html

      > Lord John M. Keynes :

      (1883-1946). Économiste anglais, foncièrement anti-chrétien, directeur de la Eugenics Society de 1937 à 1944, vice-président en 1937. Il est l’organisateur de la doctrine keynésienne, qui prône l’encadrement de l’économie libérale par l’État. Premier gouverneur de la Banque Mondiale en 1946 (International Bank for Reconstruction and Development). En Inde en 1966, durant la famine, les prêts de la Banque Mondiale étaient conditionnés à la mise en place d’une politique de contrôle des naissances (avortement, stérilisation et contraception).

      Keynes croyait fermement à l’eugénisme Galtonien, qu’il considérait comme la branche la plus importante de la sociologie.

      http://www.trdd.org/EUGBR_7F.HTM

      Il faut vraiment être capable de distinguer entre le capitalisme industriel et financier : c’est ‘stimuli’ sont littéralement de la pure finance qui n’a rien à voir à la tradition américaine, rien à avoir avec le New Deal. C’est un peu comme les gens qui pensent que le plan Marshall fut seulement de l’argent prêter à l’Europe, alors qu’il fut un plan conscient de réindustrialisations de l’Europe qui fonctionna fort bien malgré que cela ne fut pas laisser à la pure « main du marché invisible » (et le TVA servit d’exemple à bon nombre de pays, dont la France). Donner de l’argent à l’Afrique ne sert à rien si ce n’est pas conçu comme un plan d’industrialisation, mais le libre-échange actuel, en favorisant ces pays dans leurs « avantages comparatifs », la vente de matière première, les spécialise en fait dans la pauvreté. Mais Keynes n’aurait sûrement pas eu aucun problème à enfoncer ces pays dans la pauvreté, après tout, ne faut-il pas empêcher les plus faibles de se reproduire ? Quoi, vous ne saviez pas que Keynes, comme à peu près toute l’élite « libérale » impériale britannique, fut un eugéniste convaincu au point d’occuper la présidence de la société eugénique anglaise de la fin des années trente jusqu’en 1944 ? Et oui, son économiste favori étant Malthus (faut pas aider les pauvres, car sinon se reproduiront comme des lapins, et en plus, très commode pour avoir des faibles salaires ; le concept d’espace vitale d’Hitler découle directement de Malthus) et grand admirateur de Galton, père de l’eugénisme ?

      Paul Rabelais en commentaire
      http://www.centpapiers.com/relire-keynes/28110

    • Francis, agnotologue JL 8 novembre 2010 07:01

      rastapopoulo, nous n’avons pas les mêmes lectures !

      Les miennes me disent :

      « Les travaux de Keynes) ont ainsi été utilisés après la Seconde Guerre mondiale dans le cadre de la mise en place de l’État-providence. Selon Kenneth R. Hoover, Keynes aurait eu à son époque une position « centriste » entre d’une part Friedrich Hayek et d’autre part Harold Laski, un des inspirateurs de l’aile gauche du parti travailliste. »

      La question qui me tarabuste est de comprendre pourquoi, je cite Wiki : « Le personnage d’Ellsworth Toohey dans le livre d’Ayn Rand La Source vive serait inspiré de Laski. »

      Est-ce parce que le capitalisme fait flèche de tout bois, et que Ayn Rand est une habile manipulatrice ?

       

       


    • rastapopulo rastapopulo 10 novembre 2010 01:52

      Faudra nous instruire... reste que Keynes était eugéniste (président de la société eugéniste pendant 10 ans), malthusien (« le plus grand sociologue ») et impérialiste (contre le multilatéralisme pour préserver l’empire britannique).

      De plus il apparait justement quand la finance choisit de soutenir la gauche pour déstabiliser la Russie...

      Le créateur de l’état providence qui veut un bancor qui prive le publique du bénéfice la création monétaire... j’en doute bien ou alors dans le sens que l’état providence sou-entendant passivité publique.


    • Francis, agnotologue JL 10 novembre 2010 08:11

      Bof ! Je veux bien admettre que Keynes et Hayek, c’est peste et choléra.


    • sisyphe sisyphe 6 novembre 2010 14:04

      Il y a belle lurette (depuis 1973 exactement) que l’économie et la finance ne sont plus sous un régime keynesien, mais entièrement sous la coupe d’un système « hayekien » ; c’est à dire entièrement soumis aux lois des « marchés ». 


      Aussi, je ne vois pas ce que la référence à Keynes vient faire ici. 

      La création monétaire ex nihilo par les organismes privés (banques, assurances, organismes financiers), de même que la spéculation n’ont plus rien à voir avec un système keynesien. 

      La crise actuelle, systémique, après tant d’autres, est uniquement le fait des jeux spéculatifs, et de la mainmise du privé sur l’argent et l’économie ; les états ne sont plus que les vassaux des banques, qu’ils sont obligés de renflouer, parce qu’une loi leur interdit d’emprunter directement aux banques centrales, les obligeant à s’endetter auprès des banques privées. 
      C’est la plus énorme arnaque financière, monétaire, économique de tous les temps, et nous la devons aux disciples d’Hayek et de Friedman. 

      La seule solution à cette crise, aux autres à venir, et à la privatisation du monde par la petite oligarchie financière, est l’indispensable réforme monétaire, redonnant aux banques centrales et à elles seules, le pouvoir de création monétaire, qui permette de créer cet argent pour les fonctionnements des états, sans intérêt (d’où suppression de la dette), et qui oblige les banques et organismes privés d’emprunter aux banques centrales, avec intérêts, l’argent dont elles se servent pour leurs jeux spéculatifs ; elles y regarderont certainement à 2 fois, avant de se livrer à leur petit monopoly pourri (style subprimes et autres) , dont, au final, ce sont toujours les citoyens qui paient les frais. 

      • Kalki Kalki 6 novembre 2010 16:04

        On se deamnde si vous êtes un tyran cynique, un hypocrythe, ou simplement un CHIEN

        Les chiffres du chômages sont falsifiés, et ce dans tous les pays, et le travail réel, la valeur absolu du travail nécessaire diminue : vous n’allez pas faire tourner une économie avec des piecettes

        imbécile d’économiste.


        • Kalki Kalki 6 novembre 2010 16:08

          Pour trouver la bonne solution ( si jamais c’est ce que vous voulez, hypocrithe ) , il faut définir le bon problème, scientifiquement

          ( ah l’économie qu’on vous apprend est une pseudo science )


        • Kalki Kalki 6 novembre 2010 16:10

          hxxp ://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_de_l%27abondance

          L’abondance est inéluctable,

          le travail est mort

          votre vision de l’économie est une connerie, votre système n’a jamais fonctionné

          jamais


        • jleonrigaut 14 novembre 2010 19:04

          exact ,si le chomage diminuait les ameriquains auraient tot fait d’empreinter et de relancer l’economie ,mais le chomage n’est pas pret de diminuer au stats ; l’emploi est partit en chine et les entreprises internationales ameriquaines attendent de develloper leur affaires la bas


        • millesime 6 novembre 2010 17:05

          rien à ajouter à ce qu’à écrit Sisyphe.. (mais hélas le retour à la création monétaire par les banques centrales et elles seules n’est pas pour demain)

          http://millesime.over-blog.com


          • PAS GLOP PAS GLOP PAS GLOP PAS GLOP 6 novembre 2010 19:12

            « La crise mondiale actuelle peut donc être vue sous les prismes Keynésien ou Hayékien »
            Il me semble qu’on pourrait faire quelques références à Friedman , ses théories et ses « Chicago boys » ne sont pas étrangers à la situation actuelle. Loin s’en faut.


            • Peretz Peretz 10 novembre 2010 18:19

              Article pertinent mais qui ne fait pas état des conséquences sur l’emploi de l’un ou l’autre scénario. Mais les économistes ont tendance à l’oublier car ce n’est plus leur domaine. En fait ce sont les financiers qui décident, sans s’en préoccuper. Quitte à laisser s’installer le chômage et la pauvreté.

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