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Henri Proglio : le cerbère du nucléaire français montre les crocs

Entendu par les députés cette semaine, le patron d’EDF a piqué une colère pas très protocolaire. D’ordinaire placide, Henri Proglio a défendu bec et ongle « le patrimoine national » d’EDF face au « pillage » annoncé de la concurrence privée.

Henri Proglio n’a certes pas la réputation d’être un tendre, mais le "buldozzer" comme le surnomment ses adversaires, évite d’ordinaire de se répandre publiquement pour défendre sa conception de la politique énergétique.

"Je ne suis pas là pour brader le patrimoine national, je ne suis pas là pour accepter le pillage du patrimoine national", a lâché en guise d’introduction un Henri Proglio particulièrement remonté à l’occasion de son audition à l’Assemblée nationale sur le prix de revente de l’électricité nucléaire d’EDF.

EDF, chef de file du nucléaire national

Il faut dire que le sujet est sensible pour cet homme de réseau d’ordinaire discret, aussi proche de Nicolas Sarkozy que de son camarade de promo Dominique Strauss-Kahn. Depuis sa nomination l’an dernier, Henri Proglio n’a qu’une seule et unique obsession : faire de l’électricien public le chef de file de la filière nucléaire française.

Et tant pis pour les autres acteurs nationaux (Areva et GDF Suez en tête), réduits au rôle de simples sous-traitants lors des appels d’offre internationaux pilotés par EDF avec la bénédiction du gouvernement.

Rationalisation d’une offre unifiée française et patriotisme économique ? Ou vision anachronique et centralisée ? Défenseurs et adversaires de l’électricien public s’écharpent sur le sujet depuis des mois…

L’enjeu est de taille ! Après des années de stagnation, le nucléaire a retrouvé de l’attractivité à l’échelle internationale, et les méga-contrats poussent comme des champignons (nucléaires ?)… Pendant ce temps, la France a pris du retard dans cette compétition internationale féroce, minée par les querelles de clochers…

L’épineuse question du prix de revente du nucléaire

Si EDF a obtenu gain de cause à l’échelon international, Henri Proglio sait que la situation est plus difficile au niveau national. D’où sa grosse colère devant les députés à l’heure des négociations sur le prix de revente de l’électricité nucléaire.

La loi Nome de libéralisation des marchés de l’électricité, votée en 2010 par les députés français, prévoit en effet qu’EDF cède une part de sa production nucléaire à ses concurrents privés à un prix fixé par le législateur, afin de favoriser une diversification des offres électriques.

La réaction du patron d’EDF est plus que cinglante : "Je ne vois pas pourquoi la France serait la plus abrutie des nations du monde où on ferait cadeau du patrimoine national à des concurrents. Il n’est pas de ma responsabilité, de ma feuille de route, de faire travailler 170.000 personnes pour faire des cadeaux à des concurrents. Il n’est pas de ma responsabilité d’ouvrir le bilan au pillage, je ne l’accepterai pas".

Une colère mise en scène ? Un coup de sang qui arrive quoi qu’il en soit un peu tard… La bataille de l’ouverture des marchés et de la mise en concurrence d’EDF est d’ores et déjà perdue pour l’électricien public, et la revente à prix coutant d’une partie de sa production est actée.

La sortie d’Henri Proglio vise en réalité surtout à faire monter les enchères à l’heure des négociations avec les pouvoirs publics.

42 ou 35 euros le mégawattheure… Tel est le vrai enjeu des luttes d’influence qui agitent actuellement le secteur énergétique. Les acteurs privés plaident évidemment pour un prix de revente revu à la baisse… pendant qu’EDF dénonce le "pillage" des investissements publics.

Programmée ou non, la colère d’Henri Proglio cache un vrai malaise du côté de l’électricien public qui a la sensation que les pouvoirs publics lui demandent d’héberger des concurrents "squatteurs", bénéficiant de la production sans se mouiller dans les investissements à long terme.

Le gouvernement a jusqu’au 1er juillet pour trancher la querelle des prix de revente. Une chose est sûre dans cette affaire... Les consommateurs, qui devaient être les grands bénéficiaires de cette libéralisation, ne sont pas prêts de voir leurs factures baisser.


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13 réactions à cet article    


  • Tzecoatl Claude Simon 29 janvier 2011 10:09

    Et oui, la France et tout particulièrement EDF se doit de subventionner le marché. Et oui, le marché, ça coute cher ^^


    Bref, l’idéologie version idiologie dans toute sa splendeur.

    Bon coup de sang, pour une fois.

    • Ariane Walter Ariane Walter 29 janvier 2011 10:19

      Il se fait de la pub, PROGLIO ? Il veut entrer en politique ? Il prépare sa campagne ?
      Proglio défenseur du public !!!! On aura tout vu !!!

      J’ai encore dans l’oeil une de ses conversations avec Guerini en prison. Un mec de classe ce Proglio...
      Enfin...S’il se mêle de défendre le public, je tremble. Cela me rappelle ces films où il y en a un qui fait le gentil avant que le méchant n’arrive.


      • slipenfer 29 janvier 2011 10:30

        Henri Proglio..... Dégage !!! smiley


        • gimo 29 janvier 2011 11:25

          Dans cette affaire comme les autres entreprises ex publiques autoroute !!! etc etc etc  !! c’est toujours les contribuable qui ont financé touts ces mégats entreprises 
          une fois d’éveloppées est refilées après au vautours privés pour une poignée de cerise !!!!!!! c’est du pur racket 
          ( de l’ extorsion publique) vite un nouveau (Nürnberg
           merde : !! tiens je deviens vulgaire !!


          • Iren-Nao 29 janvier 2011 11:48

            Je ne sais rien de cette affaire.
            Mais si cet article dit vrai, et pourquoi pas, il serait a l’honneur de ce Monsieur de gueuler.
            Pour le reste je ne sens dans les commentaires ci dessus que proces d’intention.
            Il pourrait après tout exister (il y en eu beaucoup) des fonctionnaires soucieux du bien du pays.
            Pour moi je suis violemment contre tous ces dons au prive.
            Nationalisons les biens du pays !

            Iren Nao


            • Ariane Walter Ariane Walter 29 janvier 2011 13:17

              Cher Iren-Nao,

              Et si cet article dit vrai , et pourquoi pas...dites-vous.

              J’ajoute : « et si cet article dit faux, là on sait pourquoi !! »


            • Furax Furax 29 janvier 2011 12:41

              Proglio ou pas, le problème de la production et de la distribution d’électricité est capital. Certains, ici, ont souligné le délitement de l’entretien et de la sécurité de nos centrales nuclaires. Entretien assuré par des travailleurs non qualifiés allant en caravane de centrale en centrale. L’entretien ne rapporte rien aux actionnaires...
              Ca va nous péter dans le nez. Sûr ! La seule question est : quand ?
              L’EDF étatique fonctionnait parfaitement (et sans grèves !)
              Il FAUT renationaliser tout.
              Un candidat socialiste doit le promettre.
              Et, si l’UE s’y oppose, soumettre l’adhésion de la France à l’UE à Référendum.
              Chiche !


              • morice morice 29 janvier 2011 13:25

                ah au fait, j’ai trouvé une fonction intéressante à Veolia Environnement.... : s’occuper de la destruction des armes neurologiques aux States...

                En France, on ne sait pas ... 



                si quelqu’un a des infos sur le sujet, qu’il fasse signe... Proglio a été à la tête du bazar assez longtemps, non ?

                • morice morice 29 janvier 2011 13:26

                  Proglio et son frangin, deux anciens du GUD...


                  • zelectron zelectron 29 janvier 2011 15:04

                    Le seul moyen de faire rendre gorge à Proglio, c’est de geler l’expansion d’EDF en France pour permettre à la concurrence d’émerger, par exemple un moratoire interdisant éoliennes, géothermique, solaire, nouvelles centrales nucléaires, hydrauliques ou combustibles, et ce, pour une durée de 3 ans renouvelables. Alors seulement les prix vont pouvoir apparaitre dans leur « vérité » pour autant qu’aucunes ententes ne soient conclues. Ce moratoire pourra être prorogé de 3 ans supplémentaires si Propro ne joue pas le jeu.
                    D’autre part les bénéfices générés par ces augmentations de tarifs seront affectées intégralement au profit des PME manufacturières industrielles et agro-alimentaires de moins de 250 personnes sauf dérogations dûment motivées ( aucun CAC 40 et Cie dans cette redistribution !)
                    A l’heure actuelle, les sommes colossales destinées aux démantèlement des centrales ont été dilapidées par les prédécesseurs d’Henri et il est en train d’essayer d’emprunter la même voie plutôt que de consolider, réparer, améliorer le parc actuel...Il a assez de travail plutôt que de vouloir jouer au deus-ex-machina du nucléaire : on a vu ce que son intervention a donné récemment ; à peine nommé, en face des coréens, par sa morgue et ses phrases du genre « c’est moi que v’la, vous allez voir ce que vous allez voir ... »


                    • David Meyers 29 janvier 2011 18:25

                      Cet article m’a bien fait rire. Proglio en défenseur du patrimoine public (euh EDF c’est privé) fallait oser.

                      Ce brillant monsieur cherche le pouvoir (l’argent il doit en avoir déjà bien trop). Pas question de laisser la « bonne femme » d’Areva lui bouffer son territoire.

                      Il peut « gueuler » mais EDF, géré par les plus grosses têtes d’oeufs de France, aux cerveaux affinés dans les plus hautes écoles du savoir, est en décrépitude parce que... c’est bête... personne n’a pensé que les réacteurs nucléaires allaient vieillir et qu’il fallait penser à l’avenir (donc au présent si vous me suivez). Fallait juste s’engraisser, s’engraisser encore jusqu’à plus soif, au mépris de tout...

                      Nous allons donc voir la facture augmenter en même temps que les règles de sécurité diminuer (parce que la conception des « nouveaux » réacteurs laisse à désirer) pour asseoir cette rentabilité qui fera de Propro un Homme Neuf.

                      Je vais pas parler d’EADS parce que je dirais pareil et que je vais m’énerver (et que j’ai plus de Médiator pour me calmer car le pharmacien a prétendu qu’il en avait plus)


                      • paul 29 janvier 2011 18:57

                        Proglio montre les crocs pour défendre le nucléaire national contre la concurrence  !
                        C’est une plaisanterie ?
                        Champion du libéralisme débridé, il a été nommé par sarko pour mettre le réseau national au
                        service du privé. Comme cela a été fait pour GDF .On se souvient encore du scandale de sa rémunération exorbitante quand il cumulait les salaires de Véolia et d’EDF . Aucune crédibilité .


                        • ddacoudre ddacoudre 29 janvier 2011 21:27

                          blacksmith

                          la porté de la décision de scinder l’activité de l’ex EDF GDF, en divers concurrents et d’une porté qui dépasse même le manque à gagné en conquête de marché, il parait bien évident que la consommation que EDF revend à prix coutant sera autant de rentrée financière qui lui manquerons pour investir, et particulièrement dans l’entretient des centrale nucléaire dont la moitié sont arrivé à leur terme d’exploitation et auraient du être renouvelé. en attendant la fin du chantier de l’EPR, ils ont trouvé un procédé pour reconstituer les cuves qui enferment la matière fissible, de quoi ne pas dormir tranquille sur ses deux oreilles, c’est merveilleux les dogmes économiques.

                          cordialement.
                          ddacoudre.over-blog.com .

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