• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > Economie > Hong Kong : le commerce agricole à une croisée des chemins

Hong Kong : le commerce agricole à une croisée des chemins

La libéralisation des marchés agricoles est un volet majeur de la prochaine rencontre de l’OMC à Hong Kong, du 13 au 18 décembre 2005. La question est loin d’être purement académique. Pour des millions d’êtres humains, c’est même une question de vie ou de mort.

D’un côté, il y a ceux qui prêtent toutes les vertus à l’ouverture des marchés agricoles. C’est la bonne vieille théorie darwinienne voulant que l’espèce humaine, comme les autres, ne puisse que s’améliorer dans la compétition.

D’un autre côté, il y a ceux qui craignent la tyrannie du libre-échange, avec son cortège d’appauvrissement des écosystèmes et des populations locales.

D’un côté, il y a ceux qui veulent développer une agriculture intensive, reposant sur la génétique comme alternative au chimique.

De l’autre, il y a ceux qui craignent la disparition des productions locales et l’invasion de produits frankensteiniens dommageables pour la santé humaine.

Pour nourrir l’humanité, il faut produire davantage et tous les moyens sont bons, disent les uns.

La capacité des à nourrir seinement leurs populations repose sur des productions agricoles « biologiques », protégées d’une concurrence étrangère déloyale, destinées aux marchés locaux, répliquent les autres.

Pas facile de faire les bons choix, devant tant de certitudes de part et d’autre.

Mais il faudra bien faire l’effort de se parler, et surtout de se comprendre, la situation actuelle ne peut plus continuer. Pour deux raisons :

  1. la sous-alimentation de centaines de millions d’êtres humains, cette catastrophe silencieuse, risque de se perpétuer encore longtemps
  2. les écosytèmes sont très sérieusement amochés, en bonne partie à cause de l’agriculture intensive.
Loin d’être résolus, ces problèmes pourraient même s’amplifier dans les années à venir.

D’autant plus qu’il y a, au sein même de l’OMC, une nette dichotomie entre discours et réalité.

Pour reprendre le titre d’un texte de Zaki Laïdi du Centre d’études et de recherches internationales (CERI), c’est le paradoxe de l’OMC.

Selon Laïdi, ce paradoxe vient du fait que « jamais le commerce mondial n’a été aussi politisé. »

L’OMC se trouve tiraillée entre trois missions particulièrement lourdes et assez contradictoires entre elles : se limiter à l’ouverture des marchés comme le veulent les émergents, prendre en compte les processus de régulation (environnement, santé, précaution, corruption, etc.) comme le souhaitent les pays européens, lier commerce et développement comme l’exigent les pays pauvres.
Il ne faut pas oublier que l’OMC ne fonctionne pas sur un mode consensuel, visant la recherche des meilleures solutions pour l’ensemble des pays, mais plutôt sur un mode de concessions réciproques.

Or, les « concessions réciproques » dépendent de considérations sociales, culturelles et politiques propres à chaque pays. La quadrature du cercle, en somme.

Et c’est là que le bât blesse.

La vérité, c’est qu’il n’y a pas d’approche miraculeuse, mais plutôt un ensemble d’approches possibles à adopter en fonction des pays et des secteurs agricoles concernés.

Ni une libéralisation tous azimuts, ni un protectionnisme agricole à tout crin ne sont un gage de changements positifs.

En fait, ne faudrait-il pas enfin reconnaître pleinement, comme dans le cas de la culture, l’exception agricole  ?

Et sortir l’agriculture de la feuille de route de Hong Kong.


Moyenne des avis sur cet article :  (0 vote)




Réagissez à l'article

1 réactions à cet article    


  • claude (---.---.183.79) 12 décembre 2005 13:38

    les valeurs économiques d’échange telles que nous les avons connues vont disparaitre peu à peu ;les valeurs de PARTAGE équitable prendront la suite ;il ne s’agit pas d’une fracture avec le passé ,mais d’une nouvelle conscience morale qui existe déjà ici ou là dans des infrastuctures beaucoup plus humaines que les multi-nationnales prisonnières de leur gigantisme ; oui il est possible de traiter des affaires d’éffectuer des échanges sans détruire les autres ;oui la morale peut éxister dans les affaires...

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON







Palmarès