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« L’économie solidaire n’est pas une idéologie ! »

Cette année, le 4ème forum « Globalisation de la Solidarité » se tiendra au Luxembourg du 22 au 25 avril et s’intitulera LUX09. Ces rencontres s’intéresseront aux innovations de l’économie sociale et solidaire. A quelques jours de l’événement, Eric Lavillunière, coordinateur général des rencontres et chargé de direction de l’Institut Européen de l’Economie Solidaire (INEES) nous livre sa vision de l’état de l’économie sociale et solidaire dans le monde.

Vous qui avez une vision internationale de la situation, pouvez-vous nous dresser un panorama de l’économie solidaire dans le monde ?
 
A l’échelle mondiale, les situations sont très différentes. En Amérique latine - Brésil en tête -, l’économie solidaire a toute sa place et sa légitimité. Il existe par exemple des plateformes nationales d’économie solidaire et les politiques publiques de soutien y sont une réalité. Au Canada, pour ne pas dire au Québec, le contexte est également favorable grâce à des politiques publiques de recherche, à des acteurs puissants et au développement économique communautaire, qui est une notion qu’on ne développe pas trop en Europe.
 
Pour l’Afrique, c’est un peu plus compliqué. On voit bien qu’il y a de plus en plus de coopératives qui se développent. Mais les difficultés à s’organiser de façon autonome sont réelles. Les organisations d’économie solidaire sont souvent sous perfusion économique des ONG. Ce qui est encourageant, c’est qu’au niveau des initiatives, ça bouge vraiment !
 
L’Asie, quant à elle, s’éveille par l’entrée « commerce équitable ». Elle est très active notamment en Inde, au Népal ou aux Philippines. D’ailleurs les prochaines rencontres « Globalisation de la Solidarité » se feront aux Philippines.
 
Enfin, parlons de l’Europe et de ses grandes disparités... Si l’on regarde au niveau des politiques publiques nationales, c’est le désert. Aujourd’hui, aucun pays n’a de politique en faveur de l’économie solidaire digne de ce nom. A part peut-être le Luxembourg, qui est centré essentiellement sur les initiatives pour l’emploi. En revanche, au niveau local, dans les pays latins, la reconnaissance de l’économie solidaire s’accroît. En France, comme en Italie, en Espagne ou encore en Belgique, il existe des élus à l’économie solidaire avec des politiques de soutien des réseaux. C’est plutôt positif. L’enjeu à présent est de sensibiliser les pays du Nord et de l’Est à l’économie solidaire.
 
L’un des objectifs des rencontres « Globalisation de la solidarité » est d’augmenter la légitimité institutionnelle de l’économie sociale et solidaire. 10 ans après les premières rencontres de Lima, diriez-vous que cet objectif est atteint ?
Comme je l’ai dit, la situation n’est pas la même partout. En tout cas, avec ce contexte de crise mondiale, on pensait que les décideurs allaient commencer à réfléchir autrement. Mais ce n’est pas flagrant. On le voit avec ce qui est sorti du G20. On met les rustines partout où ça fuit et on se crispe sur un modèle que d’aucuns pensent à bout de souffle. L’idée n’est pas de dire qu’il y a un bon modèle et un autre qui est mauvais. Mais on devrait davantage s’interroger !
 
Le fait que le niveau de reconnaissance de l’économie sociale et solidaire ne soit pas à la hauteur des espérances n’amène-t-il pas à s’interroger sur la capacité des acteurs à valoriser leurs initiatives ?
On peut vraisemblablement améliorer notre façon de communiquer, certes. Mais le problème c’est que nous sommes dans un système où les schémas traditionnels ont complètement imprégné la pensée. Il suffit de voir comment est enseignée l’économie à l’université ou dans les grandes écoles. Il nous faut mener un travail de longue haleine pour que les mentalités changent. Nous devons faire de la pédagogie.
 
Mais les choses avancent ! Par exemple, au Luxembourg l’économie solidaire a droit à une rubrique tous les quinze jours dans un quotidien national, le Tageblatt. C’est le résultat d’un partenariat que nous avons noué avec le journal. Il faut rester optimiste.
 
On sent par ailleurs que nous sommes dans le sens de l’histoire. On le voit bien avec les questions qui se posent sur le développement durable, l’environnement. On ne peut plus continuer avec les vieilles antiennes.
 
On constate que les choses évoluent également au niveau des acteurs. Par exemple, lors du dernier Forum social de Belém, il y avait un village consacré à l’économie solidaire, de nombreux débats et forums y étaient organisés. Le Forum social mondial a d’ailleurs passé une étape : les participants ne sont plus dans la contestation. Ils réfléchissent à présent aux alternatives économiques.
 
Quel serait selon vous le discours à adopter auprès des décideurs pour valoriser au mieux l’économie solidaire ?
Il nous faut positionner l’économie solidaire comme le troisième pilier économique. Le discours consiste à dire qu’il y a une série d’activités qui ne sont préemptées ni par le marché, ni par l’Etat, ce qui laisse une place pour des acteurs dont les initiatives citoyennes améliorent la qualité de vie au cœur des territoires. Le challenge est de faire comprendre qu’il ne s’agit pas là de politique sociale mais d’investissement économique. Nous devons donc pouvoir apporter la preuve de ce que génère chaque euro investi dans l’économie solidaire. Pour cela, on ne doit pas avoir peur de faire appel aux indicateurs classiques. On peut très bien dire aux décideurs politiques : « en fonction de vos objectifs de croissance, voila ce qu’investir dans l’économie solidaire peut rapporter ».
 
Pour finir, pouvez-vous nous en dire davantage sur LUX09 ?
L’ambition de cette édition est de démontrer qu’une autre économie existe. Pour cela nous avons programmé ateliers et plénières sur trois jours. Le 23 avril est ainsi dédié à l’apport d’expériences, à l’illustration par l’exemple. Le jour suivant est consacré aux débats. L’objectif de la dernière journée est de formaliser des propositions concrètes. Nous attendons 1000 participants (dont 200 luxembourgeois, 400 européens et 400 personnes du reste du monde). La priorité n’est pas donnée au nombre mais plutôt à la diversité. Avec LUX09, nous entendons réaffirmer que l’économie solidaire n’est pas une idéologie, mais qu’elle s’appuie sur des pratiques, des penseurs et des acteurs de terrain qui peuvent participer à la refonte d’un système qu’il faut revoir en profondeur.
 

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7 réactions à cet article    


  • Internaute Internaute 16 avril 2009 13:44

    On aurait aimé avoir un court résumé de ce qu’est l’économie solidaire. Qu’est-ce qu’on y fait ? Qui travaille, qui vend, qui gagne ?

    Le mot solidaire est en général utilisé par ceux qui tirent les ficelles avec comme sous-entendu « solidaire avec moi ».

    Est-ce que l’économie informelle (ie le libre commerce en dehors de tout réglement et de toute emprise du pouvoir) des pays d’Amérique latine est une économie solidaire ?


    • Polemikvictor Polemikvictor 16 avril 2009 14:12

      Efectivement l’économie solidaire n’est pas une idéologie mais un pléonasme.
      http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/affart.exe ?19 ;s=1804897905 ;?b=0 ;
      Qui peut dire que les conséquences de l’économie ne le concerne pas ?
      Il faudrait parlé d’économie compatissante mais c’est moins prestigieux.


      • Cartman 16 avril 2009 16:56

        C’est dommage d’utiliser le mot « idéologie » comme un gros mot.

        Si on l’utilise dans le sa définition première (ensemble de doctrines sociales, politiques et économiques cohérentes entres elles), on pourrait tout à fait dire que l’économie solidaire est un idéologie, sans que ce soit une insulte ni un reproche.


        • Polemikvictor Polemikvictor 16 avril 2009 18:26



          Bien sur mais dans le language courant quelqu’un suit une ideologie est supposé avoir aboli tout sens critique, toute autonomie intellectuelle et n’ écoute plus que les consignes de son Gourou ou de son parti.

          Leparti communiste et ses ideologues, en sont la parfaite illustration.

          Quand à l’économie solidaire, il serais plus approprié de l’appeller « économie compatissante » car elle consiste à proteger des producteurs qui sont en état d’infériorité par rapport à leur clients, lesdit client ne sont en rien solidaires du producteur, si ces derniers meurent de faim à cause d’une mauvaise récolte, les partisants de l’économie solidaire ne mourront pas de faim avec eux, et pourtant si les mots ont un sens...


        • William7 17 avril 2009 03:48

          Leparti communiste et ses ideologues, en sont la parfaite illustration
          =====================================================

          Comme quoi, l’idéologue, c’est toujours l’Autre.


          • tchoo 17 avril 2009 11:04

            L’économie solidaire existe en france, notamment en agriculture : ce sont les coopératives agricoles, quand elles ont gardées leur fonctionnement et but initial (cf coop vinicole), mais toutes une frange de haut fonctionnaires et de soi-disant responsables d’entreprises capitalistes tentent régulièrement de vider de leurs susbtances ces entreprises d’hommes (par opposition aux capitaux) sous prétexte de privilèges anti-concurentiel.
            Alors, inutile de courrir à l’autre bout du monde, regardons autour de soi.

            Il existe aussi des coopératives dans l’industrie, dite coopérative ouvrière...


            • ploutopia ploutopia 17 avril 2009 12:44

              Très beau, très bien mais tant qu’on ne changera pas le fonctionnement de notre système monétaire, on y arrivera pas.
              http://ploutopia.over-blog.com/article-27912868.html

              Dans tous les cas, ça ne sera pas simple
              http://ploutopia.over-blog.com/article-30016554.html

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