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L’insoutenable légèreté de nos politiques économiques

Les taux d’intérêts britanniques se retrouvent depuis jeudi 8 Janvier à 1.5%, soit au plus bas depuis la création de la Banque d’Angleterre en 1694 ! Pour la première fois dans l’Histoire des Etats-Unis, les taux US, eux, se retrouvent proches du zéro absolu. Bienvenue dans le monde des rendements nuls ! Accueillons à bras ouverts un cycle nouveau dit des "baisses quantitatives" dont l’objectif théorique est de conjurer les effets dévastateurs d’un cocktail détonnant fait de déflation et d’accroissement de la dette ! Une économie - même développée – pouvant généralement s’accommoder avec difficultés de l’un de ces deux maux, le dilemme reste insurmontable en cas de conjugaison de ces deux calamités...

Le schéma est pourtant aisé à comprendre car, à mesure que prix et valorisations baissent, le poids de la dette se creuse car celle-ci demeure évidemment inchangée, ce tandem déflation/dette se transformant en spirale infernale auto alimentée ! C’est ainsi que les débiteurs ont été étranglés entre 1929 et 1933 du fait d’une dette réelle qui s’était creusée de 40%. Aujourd’hui, la dette des ménages Américains se retrouve quasiment à son plus haut niveau historique à 14’000 milliards de dollars tandis que leur richesse s’est effondrée de 14% à cause de la chute des valorisations immobilière et boursière. Quelqu’un douterait-il encore que les Etats-Unis subissent de plein fouet la déflation par la dette ?

On comprend mieux pourquoi la Réserve Fédérale US fait fonctionner à plein régime la planche à billets dans le seul but d’acheter tous types d’actifs, caressant ainsi l’espoir d’en faire remonter les valorisations...La Fed en devient du reste boulimique puisque son bilan s’est gonflé de 800 milliards de dollars depuis Septembre dernier pour atteindre 2’200 milliards de dollars à fin Décembre, les prévisions le donnant à 3’000 milliards dans le courant de ce trimestre. En outre, la nouvelle administration Obama persévèrera dans cette voie avec un plan consistant à accroître la dette de quelques 850 milliards de dollars : Les Gouvernements successifs des Etats-Unis prennent donc le risque délibéré d’attiser l’inflation tout en portant les déficits aux abysses.

Bienvenue également dans le monde des déficits budgétaires colossaux : celui des Etats-Unis atteindra 9, voire 10%, du P.I.B. en 2009 ! A l’exception de l’Allemagne, l’Europe n’est pas épargnée dans cette inflation désordonnée des déficits budgétaires, la situation des déficits Japonais, elle, étant tout bonnement catastrophique...

La confiance ayant disparu, les investisseurs se ruent donc sur les obligations d’Etat, en dépit de l’aggravation de l’endettement de ces mêmes Etats. Aujourd’hui autour de 2%, le rendement des bons du Trésor US à 10 ans deviendra prochainement nul à mesure que la Banque Centrale Américaine exécutera son projet fou de racheter ses propres bons afin d’injecter un surplus de liquidités sur les marchés ! En fait, le marché obligataire Américain est au bord de l’implosion, sur le point de céder sous le poids d’une stratégie - ou plutôt d’un manque de stratégie - des autorités US qui consiste à noyer marchés et intervenants de liquidités sans prévoir de porte de sortie en cas d’une réapparition de l’inflation qui pourrait s’avérer cataclysmique.

Comment s’étonner dans ces conditions que, eu égard aux dettes Gouvernementales qui ne cessent de s’alourdir, certains pays - et non des moindres - soient menacés de défaut de paiement ? De fait, les marchés obligataires mondiaux anticipent déjà que ces stimuli fiscaux fort coûteux n’auront pas les effets escomptés par les autorités politiques et monétaires des divers pays concernés. Les autorités Américaines se rendront très prochainement compte des effets néfastes de cette politique monétaire extrême en vigueur dans leur pays tout comme ils commencent à s’apercevoir des conséquences dramatiques découlant de leur propension légendaire au crédit...

Cet endettement Gouvernemental US massif se combine donc aujourd’hui à des taux officiels nuls. De fait, zéro est un chiffre énigmatique, élément absorbant en mathématiques, il est synonyme de catastrophe en finance dès lors que zéro devient la rémunération des taux d’intérêts directeurs d’une Banque Centrale. Les investisseurs du monde entier sont perturbés et déboussolés à la perspective que les Etats-Unis s’engagent irrémédiablement sur les traces du Japon des années 90 alors même que le pays est totalement dépendant des capitaux étrangers ! Les Etats-Unis ne sont toutefois pas le seul pays à glisser - ou à s’enliser - dans ce taux zéro puisque l’Europe y viendra fatalement après eux et après le Japon qui y est durablement installé depuis plus d’une décennie...

A l’évidence, les politiques appliquées par nos Gouvernements respectifs ne fonctionnent pas tout comme ces flots de liquidités à bas prix déversés par nos Banques Centrales n’ont pas empêché la congélation du marché du crédit. Notre monde serait certes en nettement plus mauvaise posture sans ces mesures d’urgence mais toutes ces précieuses munitions dilapidées manqueront cruellement dans quelques mois lorsque les effets de la politique monétaire zéro et autres stimuli fiscaux seront dissipés.


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8 réactions à cet article    


  • vieuxcon vieuxcon 9 janvier 2009 10:40

    Je pense justement qu’une sortie de la crise très simple serait d’annuler purement et simplement les dettes. Partout, dettes interbanque, dettes de particulier, dettes inter état. Injuste certes. Mais pas plus qu’un système qui s’écroule. Au moins ca aurait pour effet immédiat la relance de la consomation.
    On tire un trait de toute façon cet argent n’est que virtuel.
    Accroitre la dette avant de l’effacer est un truc génial. On prend au marché ce que le marché a pris à l’économie réelle, et on remet les conteurs à zéro après.
    Ca laisse le temps de réfléchir sur ce qui est souhaitable pour le plus grand nombre dans les générations futures.
    Malheureusement je crains qu’il ne faille rapidement s’adapter et s’habituer à se raprocher d’un modèle qui s’approche plus du réel. Il y a de belle anticipation à faire.
    Cordialement


    • Internaute Internaute 10 janvier 2009 10:19

      Il serait plus juste d’annuler d’un trait de plume l’ensemble des intérêts sur la dette. Ainsi, ceux qui se sont endettés devront quand-même rembourser le capital mais la déflation sera équitablement répartie.

      La deuxième mesure à prendre est d’interdire toute nouvelle titrisation de dette par les banques.

      La troisième est de laisser la création monétaire au soin des gouvernements (ou de la BCE dans le cas de l’UE) et par conséquent d’interdire aux banques de créer de la monnaie par le mécanisme du crédit. Il est complètement absurde que le montant de l’impôt sur le revenu en France serve à payer les intérêts de la dette que l’Etat fait auprés des banques. Comme cette dette ne se remboursera jamais mais sera comblée par de nouvelles dettes il ne s’agit en fait que de création monétaire ex-nihilo. Il n’y a pas de raison pour que le contribuable paye des sommes folles pour cette création alors qu’une simple écriture comptable peut-être faite sans frais avec le même résultat par le trésor. Fillon, au boulot !

      En échange, mes banques doivent être payées à l’acte pour leur service et il serait normal que l’on paye la gestion des comptes, l’usage des cartes bancaires et tout autre service du système financier. Cela le remettrait à sa juste place dans l’économie, celle d’un intermédiaire.

      La dernière est plus importante réforme consiste à revoir le financement des entreprise de façon à ce qu’elles lèvent du capital plutôt que de s’endettter, mais c’est tout un chapitre.


    • vieuxcon vieuxcon 11 janvier 2009 22:52

      D’accord l’internaute. Mais c’est une mesure qu’il fallait prendre il y a six mois. Je ne susi pas sûr qu’aujourd’hui ce soit suffisant. par ce que la crise à touché l’économie réelle, et que de nombreux ouvriers ne vont plus pouvoir honorer leurs échéances.
      Je sais que côté Suisse le sentiment est plus mesuré, mais la suisse n’avait pas la culture du crédit avant la crise et de plus le patronat suisse me semble beaucoup plus modéré et plus fin que le patronnat français.
      La recherche du point de rupture est assez systématique chez nous, quand il n’est pas tactique. Une semaine de grève coûte parfois moins chère qu’une semaine de chômage technique. Mais pour l’entreprise lle permet aussi la réduction des stocks, parfois le non payement des salaires ou tout au moins sa négociation. J’ai même connue des entreprises ou on me versait une prime pour gestions des conflits. Ce qui me parrait etre la pire des anneries.
      C’est donc en tenant compte de ces paramètres et devant la montée du chômage, de la grogne qui l’accompagne, et des difficiltés financières qui vont forcément se développer dans les PME (c’est l’histoire du serpent qui se mort la queue) que je pense que l’annulation des dettes sera tôt ou tard nécessaire. On le fait au niveau de certains états émergents j’ai bine peur que nous ne soyons contraint d’y venir. Ca n’est qu’une piste et on doit pouvoir y trouver quelques accomodements. Mais plus on tarde et plus le problème s’accentuera. Laisser aller au fil de l’eau est exclu, voir suicidaire. Il faudra choisir entre deux maux. Un rétablissement lent de l’économie, avec l’abandon des intérets, et des aides couteuses, ou un plan totalement injuste mais qui pourrait relancer rapidement les machines.


    • Lisa SION 2 Lisa SION 2 9 janvier 2009 11:09

      " fonctionner à plein régime la planche à billets dans le seul but d’acheter tous types d’actifs, caressant ainsi l’espoir d’en faire remonter les valorisations.." avez vous écrit,

      Le plan de relance et les trois cent soixante milliards des banques sont les décisions politiques qu’il faut attraper comme la balle au bond. En effet, bien des ouvriers ( comme ceux de Mouvex ) devraient ensemble emprunter aux banques pour acheter sur le long terme leur propre entreprise, et à un moment où leur valeur a parfois nettement chuté...

      " A l’évidence, les politiques appliquées par nos Gouvernements respectifs ne fonctionnent pas tout comme ces flots de liquidités à bas prix déversés par nos Banques Centrales n’ont pas empêché la congélation du marché du crédit.

      Au contraire, la confiance renait dans les établissements bancaires ( http://www.toppeo.com/video-aidons-les-banques-7950.html ) et toutes les petites entreprises qui ont été achetées par leurs ouvriers sont solides aujouird’hui.


      • Yvance77 9 janvier 2009 13:13

        De l’auteur : "Les autorités Américaines se rendront très prochainement compte des effets néfastes de cette politique monétaire extrême en vigueur dans leur pays tout comme ils commencent à s’apercevoir des conséquences dramatiques découlant de leur propension légendaire au crédit."

        Là le doute est autorisé. Un homme politique c’est quelqu’un qui à encore de conviction que le quidam de base - non j’ai pas dit girouette - affublé d’œillères encore plus opaques qu’un nuit sans lune.

        Ils se rendront compte de quelque chose quand ce sera top tard, et lorsque les rues seront envahies sporadiquement ou pas d’émeutiers.

        Sinon toujours aussi bons vos papiers Mister Santi

        A peluche


        • sub_persifl sub_persifl 9 janvier 2009 19:54

          "Les vrais artisans de la pire crise économique"
          Une entrevue avec Michel Chossudovsky téléchargeable ici :
          http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=11200
          .... ou comment faire beaucoup de fric et comment voler en toute inpunité des centaines de milliards de dollards aux populations.



            • sub_persifl sub_persifl 9 janvier 2009 20:34

              et là :
              "Vidéo : Les Enjeux de la Crise financière. La Grande dépression du XXIème siècle."
              analyse sur la crise financière au Canada tout d’abord et mondiale ensuite ....
              http://lesnouvellesinternationales.blogspot.com/2008/12/vido-les-enjeux-de-la-crise-financire.html
              A vos mouchoirs ....


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