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L’Intelligence territoriale pour soutenir les PME

Pour quelques territoires en France, l’intelligence territoriale est une politique publique qui a permis au tissu industriel de se maintenir et de se développer. De nouveaux territoires s’y essayent. C’est le cas du Pas-de-Calais où l’on semble prendre conscience des capacités de soutien dont disposent les collectivités locales.

Les stratégies employées par les collectivités locales pour maintenir leur dynamisme économique sont nombreuses aujourd’hui. Parmi elles, l’intelligence territoriale gagne progressivement en popularité au sein des départements français. Elle permet de mutualiser les moyens et les informations au profit du développement économique. Chapeauté par quelques institutions bien spécifiques, ce type de politique a illustré son potentiel dans quelques régions de France, à tel point que d’autres semblent s’en inspirer aujourd’hui.

Qu’est-ce que l’intelligence territoriale ?

L’intelligence territoriale est un concept dont le sens demeure large à ce jour. « C’est une expression polysémique », constate ainsi Philippe Dumas, directeur du laboratoire I3M de recherche en Information et Communication. Elle n’en reste pas moins « largement répandue » selon lui, et désigne le plus généralement « la collecte et […] l’exploitation d’information », « la capacité à interpréter et gérer de nouvelles situations », le tout dans un cadre économique. La démarche de l’intelligence territoriale recouvre donc une notion de maitrise informationnelle et une idée d’agilité des organisations ; soit autant de points qui sont parfois difficiles à contrôler pour les PME.

Dans la pratique, cela se traduit souvent par la mise en relation des entreprises, entre elles et avec l’administration. En France, une région fait notamment figure de précurseur en la matière. Il s’agit de la région de la Basse-Normandie qui, sous l’impulsion de son préfet Rémy Pautrat, a déployé en 1996 la première politique régionale d’intelligence territoriale. En Basse-Normandie, cette initiative a pris la forme de pôles de compétitivité, de création d’interfaces privé-public et de plateforme de partage de l’information afin de permettre à « tous les acteurs [de] travailler ensemble, les entreprises avec l’État, les collectivités et l’ensemble des structures territoriales », résume Rémy Pautrat. L’objectif du préfet : « faire travailler les gens ensemble […] agréger des compétences et des savoir-faire […] partager de l’information pour la valoriser et la faire circuler ».

En France, quelques régions et départements figurent parmi les précurseurs de l’intelligence territoriale. La Basse-Normandie en fait partie, on l’a vu, mais on pourrait également citer le cas de la Lorraine. Ces collectivités locales ont compris l’intérêt de regrouper leurs atouts productifs et de mettre en place des mécanismes de synergies entre eux afin de les consolider. À l’aide d’une telle stratégie, un petit département peut tout à fait espérer devenir un producteur de rang national ou international. Très présente dans le secteur agroalimentaire, la Basse-Normandie accueille ainsi les sièges sociaux des Laboratoires Standa, fabricant d’additifs biochimiques et leader mondial de son segment de marché, ainsi que de La Normandise, numéro 1 européen pour la fabrication de nourriture en barquette pour animaux domestiques. La Lorraine de son côté continue d’exploiter son statut de bassin de production du secteur automobile. On y trouve ainsi Gris Découpage, première entreprise européenne de production de rondelle mécanique. Ces succès suscitent ainsi l’intérêt d’autres collectivités françaises.

Le Nord-Pas-de-Calais et son dispositif de soutien

Le département du Pas-de-Calais cherche pour sa part à structurer ses grandes filières industrielles. Illustration récente de cette politique, la société de textile La Calaisienne –

qui réalise en France les uniformes de nombreuses entreprises, dont Airbus, Pathé ou encore de la RATP – a remporté en 2013 l’appel d’offres d’habillement de l’armée française. Promue et défendue par des élus locaux tels que les députés Yann Capet et Nicolas Bay, ou encore la Sénatrice Natacha Bouchard, cette entreprise incarne le témoin des bienfaits d’une coopération étroite entre le politique et le productif à l’échelle locale. Comme le rappelle un chercheur dans son ouvrage intitulé Intelligence territoriale – Le Territoire dans tous ses états, le panorama de cette région « imprégnée de grandes crises » et qui a subi « la montée d’un stress endémique causé par la brutalité des changements et l’arrivée de concurrents forts aiguisés de l’Europe de l’Est » est pour le moins inquiétant.

Mais comme l’explique l’auteur, « c’est avec l’impulsion du Préfet Pautrat que fut initiée dès 2001, une démarche de réflexion autour des logiques d’anticipation territoriale dans la région du Nord et du Pas Calais ». Les documents officiels de la préfecture de ce territoire illustrent ainsi que cette initiative a essaimé depuis. Dans une présentation faite à l’École Nationale des Douanes le 25 mai 2012, Jean-Marc Gérard, chargé de mission à l’intelligence économique à la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE), expliquait les différents aspects du dispositif calaisien de soutien aux entreprises. Un réseau baptisé ARIST propose ainsi désormais aux entreprises une « aide à la détection de marché ». La section Nord-Pas-de-Calais de l’Adit fournit par exemple des informations personnalisées pour répondre aux besoins des entreprises. En favorisant la circulation des informations, la région soutient ses entreprises et oriente leurs efforts de façon optimale. L’objectif final est qu’à l’instar de la Calaisienne, d’autres firmes moyennes franchissent le cap de croissance qui fera d’elles de véritables ETI exportatrices, dont on vante tant les vertus Outre-Rhin.

Dans la région Nord-Pas-de-Calais, la mobilisation des pouvoirs publics constitue la première étape d’une stratégie d’intelligence territoriale orientée vers le renforcement du tissu industriel. Celle-ci paye d’ores et déjà puisque certains producteurs de la région jouissent d’une reconnaissance nationale non négligeable et d’une solidité remarquable. En soutenant ainsi les acteurs dynamiques par filière, un territoire peut accroître significativement son rayonnement économique dans une filière donnée. En somme, l’intelligence territoriale exploite à fond le potentiel productif d’une zone géographique donnée. Processus de rationalisation et d’optimisation du développement local, c’est donc sans surprise que ses premiers succès normands et lorrains font aujourd’hui des émules ailleurs en France.


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5 réactions à cet article    


  • eau-du-robinet eau-du-robinet 3 juin 2013 16:57

    Le soutien des PME’s devrait passer par une fiscalité juste hors les PME’s en France sont surtaxé.

    Les grandes entreprises sont plus favorisées que les petites par le système d’imposition.

    Une étude portent le titre « Le taux de taxation implicite des bénéfices en France » nous à livré les informations suivantes :

    Au titre de 2007, le taux implicite varie de 39 % pour les PME (de 10 à 249 salariés) à 19 % pour les grandes entreprises (de 5 000 salariés et plus).

    En France, seules les PME créent de l’emploi

    Sur les dix dernières années, elles ont créé plus de 600.000 emplois net, tandis que le nombre de postes dans les grands groupes est resté relativement stable. 

    Ce sont la plupart des très grandes entreprises qui fraudent pour échapper aux impôts au détriment des PME’s

    Les chercheurs du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) notaient déjà en 2010 dans un « panorama de l’économie mondiale » que plus de la moitié des transactions commerciales passerait par des paradis fiscaux. À titre d’illustration, l’ONG CCFD-Terre Solidaire souligne que l’île de Jersey (116 km² et un peu moins de 100 000 habitants) est le premier pourvoyeur de bananes en Europe. source



    • viva 3 juin 2013 21:19

      C’est l’intelligence nationale qu’il convient de mettre en oeuvre, si une région pique du boulot a une autre région le bilan global reste neutre.


      Les grands enjeux économique de demain nécessitent de tels investissement qu’aucune région n’est capable de les financer, quant aux investisseurs privés ils investissent sur le court terme ils ne viendront pas enfin si ils investiront au moment de la prise de bénéfices.

      Les petites entreprises ont besoin de grosses structures autour d’elles, on ne peux pas généraliser, mais un cireur de chaussure aura besoin que ses clients aient des revenus ailleurs que dans le cirage de chaussure pour vivre.

      Il n’y a que les grands secteurs industriels qui peuvent nous sortir de la crise, et là on tend de plus en plus vers zéro. 

      L’exemple Allemand n’est pas transposable en France ....



      • Michel DROUET Michel DROUET 4 juin 2013 09:12

        Pour ma part je crois à la logique des territoires pour le développement économique et l’innovation, à condition cependant que le nombre de strates territoriales diminue.

        Aujourd’hui, c’est le parcours du combattant pour le porteur de projet : un dossier à la commune, un second à l’interco, un troisème au Département et un dernier à la Région, autrement dit, il faut plus d’un an pour déboucher éventuellement sur quelque chose et les aides accordées sont parfois dérisoires.

        La réforme Lebranchu sur les collectivités territoriales ne prévoit pas de supprimer la clause générale de compétences qui permet à chaque niveau de collectivité de faire tout et parfois n’importe quoi, en particulier dans le domaine économique.


      • Bulgroz 4 juin 2013 12:36

        Il est clair que les collectivités locales avec son armée de plus de 1 800 000 agents (soit une augmentation +de 460 000 agents en 10 ans hors transferts des compétences de l’état) sont en première ligne pour justifier les augmentations d’impôts qui sucent au sang les entreprises.

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Xavier Holle

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