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La bourse s’intéresse trop au football, et c’est peut-être un problème

Le marché boursier est extrêmement fluctuant et varie en fonction des données macroéconomiques internationales. Or, l’histoire récente nous a montré que les cours pouvaient être perturbés par des accidents intérieurs, liés directement aux comportements des agents : une trop forte prise de risque, une attitude mégalomaniaque, etc. 

Dans leur livre 20 Questions improbables sur le foot[1], les économistes Bastien Drut et Richard Duhautois analysent l’impact des compétitions sportives sur la productivité des traders. Ils mettent en évidence le caractère désincitatif du football et sa capacité à perturber le travail des spécialistes de la finance.

 

ÉQUILIBRE ABSOLU DU MARCHÉ FINANCIER

Normalement en bourse sévit le principe de l’efficience des marchés[2]. Cette hypothèse, définie par l’économiste Américain Eugène Fama[3], considère que, grâce à la diffusion instantanée de l’information, les opérateurs réagissent correctement et quasi immédiatement aux variations s’ils ont la capacité cognitive de les interpréter avec justesse. En conséquence, les cours équivaudraient toujours au juste prix.

Théoriquement, cela fait du marché financier le lieu le plus efficient possible. Néanmoins, pour que ce principe soit respecté, il faut admettre une parfaite disponibilité informationnelle des agents et une rationalité absolue, tout du moins adaptative. Les traders deviennent alors ces « autistes », totalement indépendants du monde qui les entoure, à l’affut de la moindre nouvelle, de l’évolution du PIB au Venezuela à la révolte des paysans Papous et ce sans aucune considération extérieure.

 

LES DROGUES RESPONSABLES DES CRISES ?

En 2008, lors de la dernière crise financière, le toxicologue Britannique David Nutt affirmait que la cocaïne avait pu, d’une certaine manière, altérer les comportements rationnels des traders et provoquer l’un des plus grands cracks de l’histoire économique moderne[4]. La drogue agissait sur le raisonnement de l’individu en bloquant ses capacités cognitives à calculer le risque encouru et à lui octroyer une confiance absolue dans son action.

Des décisions irrationnelles furent alors prises – on pense par exemple aux milliards perdus par Jérôme Kerviel - synonyme de mégalomanie et d’égoïsme. Le récent film « Le loup de Wall-Street », avec Léonardo Di Caprio, illustre ce phénomène comportemental : alors que des agents doivent prendre les meilleures décisions possibles pour la collectivité, la trop forte consommation de drogues conduit à un aléa-moral dans les relations de consentements : le contrat entre les deux parties n’est pas respecté.

 

DES SUPPORTERS AVANT D’ÊTRE DES ROBOTS

C’est par une variable qualitative qu’est biaisé le concept d’efficience du marché : les traders ne sont pas des automates parfaitement rationnels capables de prendre les meilleures décisions possibles, avec la plus grande productivité. Ils sont influencés par leur environnement.

Chez Drut et Duhautois, un risque supplémentaire pourrait venir du football et du sport en général. Les traders étant aussi des supporters férus de compétitions sportives, une récente étude a constaté un manque de participation boursière lorsqu’une équipe nationale joue un match de football. Les professionnels de la finance se distraient pendant une rencontre et en oublient le cours boursier.

En moyenne, à la coupe du monde 2010, il y avait une baisse de 45% des transactions par minute lorsqu’une équipe était sur le terrain. Et le volume de transactions baissait de 55%[5]. Les traders semblent totalement déconnectés de leurs réalités professionnelles durant une grande compétition sportive. Ils libèrent le marché et vont regarder le match autour d’une bière.

Quel risque alors pour la stabilité des cours et l’efficience du marché ? Si les prix affichent la juste valeur du fait de la parfaite circulation de l’information, stopper le travail pendant 90 minutes perturbe les grandeurs économiques et peut conduire à une bulle financière.

Si la crise de 2008 a été causée par la consommation excessive de cocaïne, la prochaine crise boursière pourrait-elle avoir comme origine la coupe du monde de football ?

 

Pierre Rondeau @Lasciencedufoot



 


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