La Bourse : une machine infernale ?
La Bourse s’affirme comme un élément incontournable des économies libérales qui permettrait de sortir de l’impasse d’une économie de l’endettement en proposant un financement direct. Mais que penser de prises de décisions stratégiques des PDG qui visent trop souvent à redonner confiance aux actionnaires plus qu’à améliorer la compétitivité ou la rentabilité de l’entreprise ?
Le mécanisme de cotation boursière joue à la fois un rôle d’indicateur de performance avec pour référence le CAC 40 et un rôle de financement direct par création de capitaux pour l’entreprise (sous forme de capitaux propres) et pour les actionnaires (avec des possibilités de fluctuations favorables du cours de l’action).
Si l’importance croissante des actionnaires permet de limiter le risque d’une gouvernance d’entreprise exclusivement technocratique en leur donnant plus qu’un droit de regard, elle les place dangereusement au cœur des préoccupations stratégiques des dirigeants. Que penser de prises de décisions qui visent à redonner confiance aux actionnaires plus qu’à améliorer la compétitivité ou la rentabilité de l’entreprise ?
Eh bien oui, il s’agit bien de confiance car chaque actionnaire va anticiper à court terme les performances de l’entreprise dont il détient des actions en se basant sur des considérations irrationnelles comme l’appartenance ou non à un secteur d’activité "que l’on juge généralement porteur" et construire ainsi, par le jeu de l’offre et de la demande, une nouvelle cotation boursière.
Certains théoriciens économiques comme Marx ou Ricardo condamnaient en leur temps au nom de la "valeur travail" la création de valeur par le capital, mais que penser d’un système économique et social qui fait de l’image ou de l’anticipation des créateurs de richesses ?
Il y a là à la fois une fragilisation de l’équilibre socio-économique et une perte de sens du mécanisme d’enrichissement qui vient se baser sur un nouveau type de performance : la performance boursière.
Comment parvenir à inspirer confiance par anticipation des résultats futurs à des millions d’actionnaires ?
Un exercice certes difficile mais qui relève d’un travail d’image d’entreprise plus que de la recherche de performance économique.
Si certaines considérations pseudorationnelles peuvent permettre a posteriori d’interpréter de façon grossière et ponctuelle certaines évolutions de cours boursiers, ces évolutions restent dans leur grande majorité hors de portée de toute modélisation. Certains vous répondront que c’est précisément, avec le cadre juridique et le délit d’initié, ce qui garantit le bon fonctionnement du marché.
Mais peut-on réellement parler de "bon" fonctionnement lorsqu’un système contribue à la propagation de crises ou d’embellies sectorielles par effet de mode et d’anticipation et également à l’apparition de véritables bulles spéculatives dont les effets dépassent toute considération de rentabilité ou de compétitivité ?
Le cas des NTIC*, et plus récemment celui d’Enron vont complètement dans ce sens. En effet, dans le cas d’Enron, nous avons pu constater que consécutivement à l’une des plus grosses faillites frauduleuses de l’histoire économique américaine, les autres entreprises du même secteur d’activité ont connu une chute brutale de leurs cours boursiers par effet domino. Nous réalisons ainsi le manque de crédibilité et donc le rôle marginal des évaluations des agences de notations financières qui auraient pu être des indicateurs plus objectifs de la performance économique.
Placer au centre d’un système économique un mécanisme boursier de financement des entreprises qui se base sur des croyances et des anticipations relève d’une forme d’obscurantisme et de fuite en avant où la recherche de la création spéculative de richesses vient directement fragiliser l’équilibre économique et social de nos démocraties.
*Les NTIC : Les Nouvelles Technologies de l’information et de la communication
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