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La crise Asiatique de l’Europe

L’Union Européenne subira-t-elle l’humiliation suprême consistant en l’assistance du F.M.I. en faveur d’un de ses pays membres, en l’occurrence la Grèce ? Strauss-Kahn fera-t-il la leçon à Trichet et au-delà du Président de la BCE à l’ensemble des nations de l’Union ?

Car c’est bien de cela qu’il s’agit en filigrane puisque, la condition à l’intervention du FMI étant l’instauration de règles d’assainissement comme la réduction des dépenses publiques ou l’augmentation des prélèvements fiscaux, cet institut est également susceptible de monnayer sa charité par des exigences en terme de stabilisation de la devise ou de modification de la politique monétaire de ce pays. La politique monétaire Européenne étant par nature commune aux seize membres de la zone Euro, la BCE cèderait-elle à des injonctions émanant d’un FMI demandeur de taux d’intérêt Européens ou d’un Euro plus bas ... et comment réagirait la fière Allemagne face à ce camouflet ?

Pour autant et par delà ces questions d’ego, le risque clairement identifiable est celui d’une éventuelle contamination à d’autres pays de l’Union dont on pensait qu’ils disposaient de quelques années pour remettre de l’ordre dans leurs comptes nationaux fortement déficitaires. Les marchés ayant, dans leur infinie sagesse, tranché dans le sens contraire concernant la Grèce, des nations comme le Portugal, l’Espagne, l’Irlande (et certains pays de l’OCDE) bénéficieront-ils d’un répit ou la Grèce n’est-elle que le premier domino ? Souvenons-nous de la Thaïlande en 1997 ou de la Corée en 1998 (pour ne citer qu’elles) et du contexte Asiatique global où la réduction massive des dépenses publiques (consécutives à l’intervention du F.M.I.) fut ressentie avec brutalité et douleur par leur population.

La politique monétaire et la mise en place de la monnaie unique étant les prérogatives de la seule BCE, l’intégration au sein de l’Union de la Grèce, - avec son économie peu développée, voire instable, en regard des autres pays de l’Ouest Européen -, s’est logiquement accompagnée d’une prime de risque sur ses obligations d’Etat quasiment équivalente à celle du Bon du Trésor Allemand. Néanmoins, cette convergence a nettement favorisé des comportements à risques en Grèce car l’investissement - et l’endettement - pouvaient dès lors s’y pratiquer à outrance au vu du faible niveau des taux d’intérêts Européens avec, pour résultante, des déficits ayant progressivement crevé et de très loin les critères du Pacte de Stabilité dont l’objectif était précisément de poser un cadre de discipline budgétaire et fiscale.

Chaque pays devait ainsi payer un certain prix pour son entrée au sein de l’Union auquel les autorités Grecques n’ont pas jugé bon de s’astreindre, permettant par exemple aux salaires de leur fonction publique de s’envoler bien au-delà de son niveau de productivité ou tolérant des conditions de refinancement excessivement motivantes... Toutefois et à mesure que le niveau de vie d’un Grec rattrapait celui d’un Allemand, il s’avérait que la forte croissance de l’économie Grecque reposait à l’évidence sur des fondations hypothétiques puisque le déficit budgétaire du pays atteignait un sommet de 15% en 2009 ! La conséquence inéluctable de ce train de vie à l’Américaine d’un pays devenu champion toutes catégories du non respect du Pacte de Stabilité Européen fut ainsi un refinancement de sa dette à des conditions toujours plus onéreuses puisque, dès le début de l’année 2009, les taux payés sur les Bons de l’Etat Grec devaient notablement diverger des autres obligations souveraines Européennes.

Un défaut de paiement Grec est certes une hypothèse à exclure totalement mais le sauvetage de ce pays - par le F.M.I. ou plus vraisemblablement par la BCE ou par l’Union - sera fatalement précédé d’assouplissements considérables de critères qui définissaient le sérieux et la bonne santé financière d’une Union qui en tirait une fierté légitime.
 

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7 réactions à cet article    


  • meschiottes meschiottes 1er février 2010 10:29

    les 26 sont heureux, quelle belle opportunité, grâce à la Grèce, l’Euro décroche enfin, les entreprises européennes vont pouvoir exporter.


    • plancherDesVaches 1er février 2010 10:49

      Cela va donner des arguments de poids aux nationalistes partisans d’une sortie de l’Euro.
      Et à la dévaluation qui rend les importations évidemment plus chères.

      Par contre, un sérieux coup de balai en Grèce serait presque aussi nécessaire qu’en France...


      • fwed fwed 1er février 2010 12:03

        Chouette !
        Le programme d’ajustement structurel du FMI enfin appliqué en Europe.
        Ca ne nous promet pas des lendemains qui chantent.


        • zelectron zelectron 1er février 2010 13:03

          Trichet en somme va profiter du FMI comme tout le monde et ne rien rembourser comme tout le monde : ça c’est ce qu’on appelle de la compétence économique.


          • Pascalou 1er février 2010 19:17

            Le déficit budgétaire grec n’aura aucune incidence sur l’Euro, la Grèce ne pesant que 2% du PIB de la zone Euro.

            Le déficit budgétaire de la Californie pèse davantage sur le Dollar, cet Etat représentant 12% du PNB des USA.

            En outre, la quasi totalité des états américains sont en déficit budgétaire croissant.

            On voit donc bien qu’on allègue le problème grec pour éluder les vrais problèmes qui ne concernent pas l’Euro mais le Dollar et la Livre.


            • tylhdar tylhdar 2 février 2010 00:37

              L’Union Européenne subira-t-elle l’humiliation suprême consistant en l’assistance du F.M.I. en faveur d’un de ses pays membres, en l’occurrence la Grèce ?
              Hein ? pourquoi la l’ue aurrait besoin de l’aide du fmi ?

              Car c’est bien de cela qu’il s’agit en filigrane puisque, la condition à l’intervention du FMI étant l’instauration de règles d’assainissement comme la réduction des dépenses publiques ou l’augmentation des prélèvements fiscaux[...]Souvenons-nous de la Thaïlande en 1997 ou de la Corée en 1998 (pour ne citer qu’elles) et du contexte Asiatique global où la réduction massive des dépenses publiques (consécutives à l’intervention du F.M.I.) fut ressentie avec brutalité et douleur par leur population.
              Voilà donc, le but est d’appauvrir l’Europe.
              La monnaie n’est que du papier imprimer.


              • pmxr pmxr 3 février 2010 09:56

                Est ce le signe de la fin de l’euro ? Je ne sais pas. C’est tout de meme étonnant de voir cette désunion monétaire ! Du chacun pour soi ! 

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