La lutte mondiale à la pauvreté va-t-elle s’effondrer ?
J’ai déjà souligné à quel point le développement est lié au pétrole. Les pays en développement ont besoin de stabilité dans les coûts de l’énergie. Il est de plus en plus certain qu’ils ne l’auront pas. Le rapport Hirsch sur le peak oil confirme mes pires appréhensions en affirmant que la situation sera particulièrement difficile dans les pays en développement lorsque le manque de pétrole va se faire sentir.
L’ONU prévoit que plus de huit humains sur dix vont vivre dans un pays en voie de développement en 2030. Le début du déclin des réserves mondiales de pétrole d’ici 2037 que prévoit le rapport Hirsch, combiné à l’urbanisation et à la hausse générale de la consommation de masse dans ces pays, aura un effet, pour employer un euphémisme, déstabilisant.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit une augmentation des deux-tiers de la demande d’énergie primaire d’ici 2030, les pays en développement étant responsables de plus de 62 % de cette augmentation. Pour sa part, l’Administration de l’information sur l’énergie des États-Unis estime qu’en 2025 la consommation d’énergie aura doublé dans les pays en développement.
À eux seuls, les pays asiatiques devraient connaître une croissance annuelle moyenne de la consommation d’énergie de l’ordre de 3 %, comparée à 1,7 % pour l’ensemble de l’économie mondiale, nous dit Amy Jaffe, spécialiste des questions de l’énergie au James A. Baker III Institute for Public Policy de l’Université Rice.
On imagine les répercussions géopoliques d’une telle situation.
La Chine, par exemple, courtise ardemment le continent Africain qui peut lui apporter comme dot ses ressources pétrolières. Les Américains, ces éternels playboys à l’allure d’ados, ne seront évidemment pas en reste.
Ça va jouer dur. Il faut dire que « les importations américaines de pétrole ont représenté plus du tiers de l’augmentation de la quantité de pétrole commercialisée dans le monde au cours des dix dernières années », comme le rappelle Amy Jaffe.
La croissance phénoménale de la demande en énergie en dehors des pays de l’OCDE ne s’explique pas seulement par la croissance démographique et économique. Une moindre efficacité énergétique contribue à la pression sur la demande.
Ainsi, pendant que les pays de l’OCDE ont réduit de moitié l’« intensité pétrolière » de leur PIB depuis le choc pétrolier des années 1970 (i.e., ils ont besoin de deux fois moins de pétrole qu’en 1973-74 pour un certain niveau de PIB), les pays en développement utilisent en moyenne deux fois plus de pétrole pour produire un même type de produits.
Dans ces mêmes pays, les populations se sont urbanisées, la vente de véhicules motorisés a connu une hausse spectaculaire et les combustibles modernes ont remplacé les sources traditionnelles d’énergie (La Riposte, Le pétrole : un enjeu majeur pour les grandes puissances).
Efficacité énergétique ou non, ces pays sont devenus pétro-dépendant.
La facture du pétrole va peser de plus en plus lourd dans les coûts d’importation pour les pays qui en sont dépourvus et qui ne disposeront pas d’énergies alternatives moins chères.
On voit mal comment l’économie de ces pays pourra décoller faute de carburant, même s’ils réussissent à l’amener en piste grâce à l’aide internationale.
Au bout du compte, ce sont les plus démunis qui vont écoper lorsque la hausse des prix du pétrole va se faire ressentir sur l’ensemble de l’économie, comme le rappelait déjà Kofi Anna, en octobre 2000, dans une lettre au journal The International Herald Tribune.
J’en connais à l’ONU qui risquent de tomber de haut en 2015.
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