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Accueil du site > Actualités > Economie > Le marché américain ne sera pas le Pérou pour les pays en développement

Le marché américain ne sera pas le Pérou pour les pays en développement

Deux économistes américains viennent de publier une étude montrant que la valeur des importations vers les USA va chuter au cours des dix prochaines années. Dans le meilleur des scénarios, le déclin sera de 10,5 %, mais il pourrait atteindre une baisse aussi forte que 20,5%. Problèmes à l’horizon pour les pays en développement, qui comptaient sur l’ouverture du marché américain.

L’explication de la baisse prévisible de la valeur des importations  : le déficit commercial des États-Unis n’est tout simplement pas supportable. Les Américains importent des biens et services étrangers à hauteur de 2179 milliards US$ par année.

Entre 1981 et 2006, la hausse annuelle moyenne en US$ des importations a été de 7,5%. En revanche, les exportations ont augmenté au rythme de 5,5%. Pas besoin de savants calculs pour comprendre que cette situation ne peut durer éternellement.

Measured in real terms, the extraordinary growth in US imports over the last 25 years clearly will not be repeated. This has serious implications for our trading partners. Specifically, they cannot look to the US as a growing market for their exports in the foreseeable future.

Mark Weisbrot and David Rosnick, Center for Economic and Policy Research (cepr.net), A Shrinking Market : Projections for US Imports. Page 7.

Dans le plus optimiste des scénarios, le rythme des importations va ralentir, mais il faut aussi tenir compte de la baisse de la valeur du dollar américain. Cela va contribuer à réduire la marge de profit des entreprises qui comptaient profiter du marché américain.

Prudence dans les négociations commerciales

Les négociations multilatérales en cours à l’Organisation mondiale du commerce, ainsi que celles qui se font sur une base bilatérale entre les États-Unis et certains de ses partenaires (les auteurs mentionnent, entre autres, le Pérou, la Colombie, Panama, l’Équateur, les Émirats arabes unis, Oman, la Corée du Sud, la Malaisie, la Thaïlande, et l’Union douaniaire du Sud de l’Afrique), sont en réalité un jeu de dupes.

...efforts by most developing countries to gain access to the US import market through trade negotiations - if they involve important concessions in other areas (e.g. on intellectual property rights, rules concerning investment or government procurement) - are likely to prove misguided.

Idem, page 9.

Le scénario économique d’une valeur des importations américaines à la baisse place ces négociations commerciales dans une tout autre perspective.

La nouvelle devise de ce siècle : Go East

L’avenir est plutôt du côté de la Chine, si l’on en croit les auteurs. Les importations de ce pays pour les dix prochaines années sont estimées à plus d’un trillion de dollars (1 000 000 000 000 US$ ou 788 638 673 912,45 euros).

De toute façon, les pays en développement seraient plus avisés de miser sur le marché chinois que de tenter de concurrencer la Chine sur le marché américain.

Qui plus est, un rapport publié en novembre dernier révélait que la Chine a des mesures d’aide à l’agriculture moins protectionnistes que la plupart des pays de l’OCDE.

Les besoins de la Chine ne s’exprimeront pas qu’en produits agricoles, et elle pourrait bien atteindre le PIB américain en 2018 au rythme actuel.

Déclin américain, montée impressionnante de la Chine, le commerce mondial est vraiment à un tournant.


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7 réactions à cet article    


  • Forest Ent Forest Ent 18 juillet 2006 11:41

    A condition quand même que la Chine n’ait pas elle aussi quelques problèmes... Elle est en « équilibre dynamique », et risque d’être la première à pâtir d’une baisse de ses exportations vers les US.


    • Michel Monette 18 juillet 2006 18:01

      Avec à peine 4% du produit mondial brut et environ 20% de la population mondiale, la Chine a un formidable potentiel de développement devant elle. Comme le soulignait Jacob A. Frenkel à la Foreign Policy Association lors de la conférence Global Financial Imbalances (à la toute fin de son allocution*), « ...you see why the sky is the limit ».

      * disponible à l’adresse http://fpa.vportal.net/ (24 avril 2006).


    • Forest Ent Forest Ent 18 juillet 2006 19:04

      Il n’y a que l’abstract sur le lien.

      Certes, la Chine a du potentiel, mais il lui faut encore le convertir, c’est à dire s’assurer d’un développement autonome ne reposant pas trop sur l’exportation.


    • Michel Monette 18 juillet 2006 19:13

      Il faut cliquer sur l’icône Windows Media à droite une fois rendu sur la page où est archivée l’allocution de Frenkel. Voici le lien direct : http://fpa.vportal.net/?fileid=4389

      Il vaut la peine de regarder l’allocution dans son entièreté.


    • Forest Ent Forest Ent 19 juillet 2006 04:02

      Arf, une icone Microsoft. Ca ne m’étonne pas que je ne l’ai pas vue. D’habitude j’évite. :) Mais je regarderai certainement.

      J’ai quand même un doute.

      « Avec à peine 4% du produit mondial brut et environ 20% de la population mondiale, la Chine a un formidable potentiel de développement devant elle. »

      Avec ce raisonnement, il y a un potentiel plus formidable encore en Afrique avec une population presque aussi importante et un PIB moindre.

      Il faut que ce « potentiel » devienne solvable.

      C’est comme l’histoire sur le marketing :

      « -le marché des chaussures est nul en Afrique, car les gens ont l’habitude d’aller pieds nus »

      « -le marché des chaussures est énorme en Afrique car les gens ont l’habitude d’aller pieds nus »

      .


    • Michel Monette 19 juillet 2006 07:26

      Je comprends vos doutes, mais l’OCDE prédit qu’en 2010 la taille de l’économie chinoise ne sera dépassée que par trois de ses pays membres. Le secteur privé y est responsable de la moitié du PIB et il continue de prendre de l’expansion année après année. Par ailleurs, entre 1998 et 2003 (période mentionnée par l’OCDE) le nombre d’étudiants universitaires a été multiplié par 3,5. Enfin, la productivité y est en progression constante. J’ai bien peur qu’il ne faille s’habituer à la puissance économique chinoise.

      OCDE. L’économie de la Chine en prospective. 28/10/2005.


    • Adolphos (---.---.59.170) 19 juillet 2006 08:33

      La chine est déja le second marché du monde, en PPA, derriére les USA. C’est une belle réussite du pragmatisme (« Qu’importe la couleur du chat... ») contre l’idéologie socialiste. Par contre il faudra bien que tôt ou tard le peuple chinois soit associé comme ailleur aux choix politiques. Le Parti le sait bien, car la démocratie, c’est juste une question de pouvoir d’achat.

      Pour l’Europe, c’est par contre trés mauvais : on va dérouiller ferme. Les chinois formes des centaines de milliers d’ingénieurs, et visent maintenant les hautes technologies, la mode, le luxe.. Thomson est déja chinois (grand public, pas armement). Les société Européenne, et surtout la France, vont avoir un lourd défi devant elles. S’adapter ou périr.

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