Le plein, par pitié !
L’Etat veut subventionner l’essence, devenue trop chère pour les ménages français, et continue d’encourager l’usage massif des véhicules individuels. Vu la conjoncture actuelle, y a-t-il vraiment un avenir pour les automobilistes ? Et les transports en communs ?

Notre Premier Ministre, François Fillon, vient de déclarer le 12 juin sur France 2, la mise en place prochaine d’une aide financière au plein d’essence (voir la vidéo en bas de l’article). Concrètement, cela va consister en une prime, directement versée sur le bulletin de paie des salariés qui utilisent leur voiture personnelle pour se rendre sur leur lieu de travail.
Cette fois-ci, c’est du concret, le gouvernement entend la plainte des travailleurs qui dont le pouvoir d’achat s’effrite régulièrement. L’essence est trop chère ? Pas de problème, l’Etat (avec les impôts de tous) subventionne ceux qui utilisent le pétrole pour leur déplacements. Pour l’instant, il s’agit des déplacements domicile-travail, mais demain ?
La fuite en avant
Le problème est que l’essence a un prix trop bas, qui ne reflète :
- ni la raréfaction de cette énergie non renouvelable,
- ni l’augmentation de la demande, notamment des pays émergents,
- ni le fait que tôt ou tard, toute la planète paiera la facture par le réchauffement climatique et autres pollutions.
Si nous continuons à la payer toujours moins cher, nous courons droit au mur ! Jusqu’à quand l’Etat pourra-t-il nous aider ?
En effet, le prix à la pompe explosera forcément lorsque nous aurons atteint les limites en terme de production. Ce sera alors une crise majeure, le pétrole deviendra un luxe dont la plupart des usagers actuels devront se passer d’un coup, et le sevrage ne sera pas facile.
Soyons responsables
La solution, ce n’est pas le gouvernement qui va la fournir : il ne fait que contenter ceux qui l’ont élu. Ceux qui nous gouvernent nous représentent. Ils ne connaissent pas mieux que tout le monde les rouages économiques complexes à l’origine de cette crise, et les conséquences à terme sur l’environnement. Ah oui, il y a eu la canicule en 2003... très bien, ce fut vite oublié. Peut-être n’avait-elle même aucun lien avec le réchauffement climatique pourtant constaté par les scientifiques du monde entier.
Plutôt que d’apprendre à se passer d’un coup du précieux or noir, pourquoi ne pas tendre, dès maintenant, vers une utilisation de plus en plus restreinte du pétrole ? C’est absolument vital pour l’avenir, car nous en sommes trop dépendants. Mais cette prise de conscience doit venir des peuples eux-mêmes, car seul un mouvement de masse peut infléchir la tendance.
Un moyen simple pour y arriver n’est pas d’attendre patiemment que tout le monde veuille bien consommer moins de pétrole : contrairement à la tendence actuelle, qui est de contenter les consommateurs avides que nous sommes, il faut tout simplement le taxer, progressivement, pour que, comme le tabac, le prix soit dissuasif.
Alors nous pourrons dire que nous sommes enfin sur la voie du sevrage.
Source :
Jean-Marc Jancovici, Alain Grandjean. Le plein s’il vous plait ! Seuil, 2006
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