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Patrick Artus révèle le défaut à venir d’une partie des Etats de la zone euro

C’est un secret de polichinelle. Mais quand on constate l’envolée du niveau de la dette publique de la plupart des Etats de la zone euro, il devient chaque jour plus évident qu’un défaut au moins partiel est inévitable, comme l’explique Patrick Artus, même si d’autres options existent.

Vers un défaut des dettes souveraines
 
Le directeur de la recherche économique de Natixis est un économiste important. En effet, il est à la frontière des économistes bien-pensants et des économistes alternatifs. S’il défend toujours la monnaie unique, il ne cesse d’en souligner toutes les carences. S’il reste partisan du libre-échange, il n’hésite pas à pointer tous les risques que fait peser la mondialisation sur nos sociétés. Et il apporte suffisamment d’eau au moulin des analyses des économistes alternatifs pour être repris par Jacques Sapir et d’autres, notamment au travers de ses publications Flash pour Natixis, une mine d’informations.
 
Dans un entretien accordé à la Tribune, il dit être « persuadé qu’un défaut est inévitable pour les pays les plus vulnérables de la zone euro. Cela ne signifie pas un défaut violent où l’on décide du jour au lendemain de ne rien rembourser. Cela peut consister en une restructuration par un échange de titres à un taux plus bas ou avec une maturité plus longue. Ce qui correspond de plus en plus à l’analyse qui est faite par le FMI et les Allemands ». Pour lui, « aucun des pays en difficulté ne pourra raisonnablement atteindre un excédent primaire, c’est-à-dire l’excédent budgétaire hors coût des intérêts  ».
 
Il souligne que pour l’instant, nous ne sommes pas prêts car les pertes que cela infligerait au secteur bancaire imposeraient une recapitalisation. Il rappelle que le FMI a affirmé que le cas de la Grèce montre qu’il vaut mieux « faire défaut au lieu de laisser la situation se dégrader  ». Il pointe les risques à Chypre, au Portugal, en Irlande et rappelle que la situation actuelle fait fuir les jeunes, qui n’assument plus alors la dette qui reste. Il dénonce les politiques de suppression des dépenses publiques et d’augmentations des impôts qui n’aboutissent qu’à tuer le potentiel de croissance.
 
Une situation intenable
 
En effet, on constate depuis trois ans que les politiques menées ne marchent pas  : la zone euro devrait afficher son 7ème trimestre d’affilé de baisse du PIB (ce qui fait monter le stock de dette en proportion) et la baisse des déficits est rendue particulièrement difficile de ce fait, ce qui accentue encore l’envolée de la dette. Patrick Artus a raison de dire que le niveau actuel d’endettement de plusieurs pays européens n’est pas tenable : la Grèce subit une dette de 160% de son PIB (malgré 107 milliards d’allègement, environ 55%), l’Italie, de 130%, le Portugal 127%, l’Irlande 125%.
 
Mais on pourrait également ajouter que cette restructuration des dettes publiques n’est que justice. En effet, il y a quelque chose d’anormal à ce que ceux qui financent les Etats en difficulté bénéficient à la fois des taux d’intérêts plus élevés des dettes souveraines de ces Etats tout en bénéficiant de facto de la garantie que donnent les fonds européens pour les rembourser. Ce faisant, ils touchent la prime de risques sans assumer ces risques. Un défaut partiel et organisé peut donc être considéré comme plus juste que les politiques actuelles, comme je l’écrivais déjà en novembre 2010.
 
Enfin, il omet d’évoquer une solution moins douloureuse, mais qui pourrait être couplée à une restructuration des dettes publiques, à savoir la monétisation des dettes publiques par la banque centrale, façon de faire moins douloureuse. Certes, cela n’est pas permis par les traités européens dans le cadre de la monnaie unique et nécessiterait sans doute d’en sortir. Mais la banque centrale d’Angleterre a monétisé pour 375 milliards de livres de dettes publiques, soit environ 6% du PIB par an. Et le Japon va beaucoup plus loin en poussant le curseur à plus de 10% du PIB par an pour deux ans.
 

Patrick Artus a bien raison de dire que dans le cadre actuel, plusieurs pays de la zone euro auront besoin de faire défaut sur leur dette publique. Et finalement, cela est sans doute plus juste que les plans européens. Mais il est dommage qu’il élude l’option de la monétisation de la dette par la banque centrale.


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9 réactions à cet article    


  • kergen 27 juillet 2013 13:04

    Pour Jorion, le défaut est inévitable.
    Soit il devra être fait après un éclatement de l’euro.
    Soit la dette publique globale des pays de l’euroland devrait être restructurée d’au moins 60% avec une dévaluation comparable de l’euro et mutualisation du reste.

    Si on est contre l’euro, il faudra resctructurer.
    Si on est pour, on devra restructurer.

    Le problème est qu’on a vu que la restructuration partielle Grecque a entrainé la faillite des banques chypriotes. Donc la terreur est qu’une restructuration entraine une faillite en chaine de tout le système bancaire mondial.

    Laurent parle de dette de l’euro, quid de la dette du Japon(200%du PIB) qui s’alourdit considèrablement en dollar depuis la chute du yen. Quid de la dette Anglaise(100% du PIB), de la dette US. Il ne s’agit pas de problème de l’euro, il s’agit du problème de transfert des valeurs ajoutées vers le capital depuis 30 ans.


    • heliogabale heliogabale 27 juillet 2013 13:31

      Le système bancaire sera socialisé dans ce cas. On fera quelques exemples parmi les multi-milliardaires. On changera le système monétaire international. On contrôlera les naissances...

      Ces défauts généralisés coïncideront avec une accélération de la mise en place d’un gouvernement mondial. Je crois même qu’il essaiera de tirer une forte légitimité de toutes ces décisions. 


    • lechoux 28 juillet 2013 15:23

      Si les problèmes de l’euro sont tant mis en exergue, c’est parce que les principaux financiers ont misé sur la chute de l’euro et le regain d’intérêt sur le dollar.

      Justement, ce dernier perds de sa valeur et de son attrait. Il serait intéressant de connaître les flux financiers entre la zone dollar( dont les monnaies indexées sur cette devise) et la zone hors dollar.

      Le prochain crack financier viendra du Brésil, car comme la Grèce, l’économie de ce pays est plombée par l’organisation des jeux olympiques. S’y ajoutent la coupe du monde de football, les journées mondiales de la jeunesse, l’endettement des foyers et des entreprises, l’inflation.

      Le piège est tendu.


    • heliogabale heliogabale 27 juillet 2013 13:27

      Le défaut est inévitable pour la plupart des pays de la zone euro, France comprise. idem pour les EU et le Japon. Même éventualité pour la Chine...

      On peut raisonnablement penser que ces défauts interviendraient entre 2015 et 2020, lorsque les pressions internes exercées par les politiques d’austérité seront devenues trop grandes.


      • Daniel D. Daniel D. 27 juillet 2013 13:37

        Pourquoi devons nous avoir des banques ?
        -sécuriser les dépôts
        -permettre la fluidité monétaire

        Ce sont les 2 raisons justifiant l’existence des banques, le fait qu’elle soient rentable n’est pas une nécessité pour la société.

        Si les banques font faillites, il ne faut pas les recapitaliser en volant sur les comptes des épargnants ou des contribuables. Elles doivent être nationalisées pour un euro symbolique et restructurées en les ramenant aux fondamentaux. Les banques ne doivent plus avoir le droit de s’enrichir et de faire des bénéfices, elles doivent être limitées a couvrir leurs frais de fonctionnement, et les salaires internes doivent être encadrés.

         Ce parasitisme bancaire doit s’arrêter !

        L’escroquerie des dettes nationales doit s’arrêter au plus vite, la création monétaire raisonnée doit revenir dans les mains de l’État. Le système actuel est pire que celui qui existait avant, et ce n’est pas de l’idéologie de le dire, mais uniquement la constatation des faits !

        Les pays qui suivent les consignes du FMI, de la BCE et des autres parasites économiques s’enfoncent dans la misère, la Norvège quant a elle a mit des banquiers et des politiques en prison et s’en sort. L’effondrement économique et social actuel vient de cette aberration bancaire.

        On coule nos services publics de la même façon que nos pays, en les faisant s’endetter a des taux usuraires. Ces parasites du monde réels doivent être définitivement mit au pas, ou nous continueront a nous faire mettre en esclavage !

        RAS LE BOL DE CES ESCROCS !


        •  C BARRATIER C BARRATIER 27 juillet 2013 20:17

          Nous avions depuis des siècles la solution : la monnaie battue par chaque état est fabriquée au gré des besoins (la dévaluation sans douleur suit pour tout le monde sauf les gris rentiers dont l’argent stocké perd sa valeur). Tout ce cirque sert à protéger les avoirs des plus riches.
          Il faut de nouveau battre monnaie, avec notre Banque de France. Les britanniques après tout n’ont pas l’euro, nous en avons encore moins besoin qu’eux !


          • SALOMON2345 29 juillet 2013 11:29

            Enfin, comme moi vous voyez que l’économie est loin d’être une science et que le « doigt mouillé » est plus souvent sollicité qu’une universelle « biblo-économicus » par ailleurs inexistante, pour affirmer toutes prophéties dont les prédications se trompent toujours... ou presque ! 

            L’économie relève plus de sales manies et bricolages honteux et malhonnêtes pour les peuples, que d’une logique connue de tous et dont chaque geste serait effectué en bonne connaissance de cause... pour des effets attendus et sans surprises mais hélas, avec tant de voleurs...

          • lechoux 28 juillet 2013 15:15

            « en bénéficiant de facto de la garantie que donnent les fonds européens pour les rembourser »

            Et qui garantit les fonds européens ? et le FMI ? Et la banque mondiale ?


            • lautrecote 29 juillet 2013 12:53

              P. Artus, c’est pas celui qui a dit, en 2007, qu’il n’y avait pas lieu de craindre une crise financière prochaine ?

              Natixis, c’est pas une banque qui a pu redresser ses comptes grâce à la fusion de la Caisse d’Epargne et des Banques Populaires ?

              Autant dire que je partage parfaitement votre avis smiley

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