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Accueil du site > Actualités > Economie > Patriotisme économique et nationalité des entreprises

Patriotisme économique et nationalité des entreprises

L’attribution du marché des trains de la banlieue parisienne a donné une occasion de plus à nos hommes politiques de se mettre en avant dans les médias soit pour défendre le système des appels d’offre et son vainqueur Bombardier, soit pour s’offusquer au contraire que le contrat ne soit pas allé automatiquement à Alstom.Vous avez peut être noté que le PDG d’Alstom n’avait pas éprouvé, lui, le besoin de s’offusquer du résultat des courses. Il est vrai qu’il était en Chine pour signer le contrat de vente de cinq cents locomotives à ce pays...

La vigueur des interventions a suscité de la part de Bombardier une mise au point dans la presse, pour préciser que Bombardier Transport avait son siège mondial à Berlin, dans l’Union européenne donc, qu’elle était implantée industriellement en France, à Crespin dans le Nord, où elle avait repris en 1989 les Ateliers du Nord de la France(ANF) ), à l’époque le second du transport ferroviaire en France. Qu’elle ne réalisait qu’un petit pourcentage de son activité sur la continent nord-américain et que sur 28 000 employés dans le monde, 21 000 l’étaient en Europe. De plus son PDG est un Français, un ancien d’Alstom d’ailleurs. Je suis allé vérifier sur le site de Bombardier pour confirme ces informations. Une petite précision néanmoins, Bombardier a également une branche aviation (jets d’affaires et avions de cent places) aussi importante que la branche transport, et c’est le PDG de cette branche qui gère l’ensemble du groupe.

Ce sont donc, en fin de compte, les salariés de Bombardier à Crespin qui bénéficieront de ce contrat plutôt que ceux de Belfort d’Alstom, si c’est la nationalité des travailleurs qui importe dans l’annonce du vainqueur de ce marché.

J’ai eu l’occasion de faire un article en date du 8 juin 2006, justement intitulé "Droit du sol ou droit du sang", pour essayer de définir comment juger de la nationalité d’une société. Il reste pertinent aujourd’hui, et je vous invite à le relire. Différents paramètres y étaient envisagés pour définir cette nationalité, comme la nationalité des dirigeants, la localisation du siège social, celle des usines, l’histoire ’une entreprise ou encore la nationalité de ses actionnaires, critère en principe le plus pertinent dans la mesure où on peut la connaître précisément. Exemples et contre-exemples montraient qu’à l’époque de la globalisation des marchés et des entreprises, il est impossible d’assigner une nationalité précise et permanente à des sociétés, et que ce que nous en voyons n’est en fait qu’une nationalité perçue.

Nos hommes politiques ont encore perdu une bonne occasion de se taire...


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24 réactions à cet article    


  • Ptitlouisb 2 novembre 2006 14:58

    Tout à fait d’accord, l’important est qu’au final des travailleurs d’une usine située en France travaillent. D’autant plus qu’il aurait été idiot de pensé qu si Alstom avait obtenu le contrat, les trains auraient été fabriqués à 100% en France.

    Mais j’avais cru comprendre qu’il y avait une autre polémique à propos de Bombardier, qui avait gagné des contrats au Canada sans appels d’offres et Alstom disait que les profits gagnés outre atlantique permettait au canadien d’afficher des prix plus faibles...


    • Pbi (---.---.118.225) 2 novembre 2006 15:16

      Ptilouisb soulève en effet à juste titre la question essentielle, celle de la symétrie des conditions de dévolution des contrats dans les pays à économie de marché. Contrairement à une opinion répandue, la France a ouvert ses marchés publics et parapublics à la concurrence, y compris étrangère, depuis belle lurette. Il n’y a que Mme Parisot qui ne le sait pas.

      La vraie question est que ce n’est pas le cas en Amérique du Nord. Au Canada et notamment au Québec, on pratique le gré à gré d’inspiration protectionniste sans aucun état d’âme et aux Etats-Unis, le « buy american act », de manière différente, aboutit à des résultats voisins.

      Ce qui est condamnable, ce n’est donc pas qu’un concurrent d’Alstom gagne un appel d’offres en France à condition toutefois qu’il ait été le meilleur et que l’on n’ait pas simplement voulu montrer que l’on était libéral et ouvert. Ce qui n’est pas acceptable, c’est qu’Alstom n’ait pas pu concourir au Québec, patrie d’origine de Bombardier.


      • Yoyo (---.---.132.225) 3 novembre 2006 10:43

        Entièrement d’accord, cette histoire « Bombardier vs Alstom » ne concerne pas la nationalité des travailleurs mais bien une question de concurrence entre deux entreprises, Alstom s’estimant victime de concurrence déloyale.

        Seuls nos hommes « populitiques » ont brandi cet épouvantail du patriotisme économique.

        Si je ne m’abuse c’est l’Union Européenne qui interdit à ses membres de pratiquer une sorte de protectionnisme comme le font les USA et le canada...


      • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 6 novembre 2006 09:09

        Ce qui confirme que le libéralisme concurrentiel est donc nécessaire aussi bien chez nous qu’ailleurs ; aucune raison donc de prétendre favoriser Alsthom contre Bombardier qui sont aussi français ou peu français l’un que l’autre, mais c’est aux institutions du commerce internationales et aux canadiens d’exiger qu’Alsthom puissent concourir à un appel d’offre d’un service public au Canada.

        Comme quoi le libéralisme ne caractérise ni les USA, ni le Canada. Et prétendre lutter contre la libéralisme au nom du d’un fantasmatique nationalisme ou patriotisme économique c’est faire le jeu des pires adversaires du libéralisme. CQFD


      • parkway (---.---.18.161) 2 novembre 2006 15:29

        merci pour l’info !

        j’avais déjà fait remarquer que la majorité des entreprises étaient internationales, actionnairement parlant.

        Alors^, si bombardier mme avec des capitaux canadiens fait travailler des français et que alstom va faire travailler des chinois, qui est le plus important pour les français ?


        • Depi Depi 2 novembre 2006 16:11

          Dans tous les cas, que ce soit Alstom ou Bombardier, chacun aurait sous-traité une partie de la fabrication à l’autre car ils ne sont pas spécialisés sur les mêmes « secteurs ».

          Le problème de l’ouverture des marchés au Canada est un autre problème, nous sommes en France. L’usine Alstom et Bombardier sont à une dizaine de kilomètres l’une et l’autre, les deux vont avoir du travail et au final le consommateur en sortira gagnant car d’après les conclusions de la commission qui a décidé d’attribuer le contrat à Bombardier, la qualité proposée par Bombardier semblait meilleure.


          • mafrank (---.---.64.49) 2 novembre 2006 21:31

            oui ça me dérange, parce que les chomeurs que nous aurons, ce seront nos impots qui les indemniseront par le biais des rmi et autres aides. je suis d’avis qu’il vaut mieux payer un peu plus cher, et garder les emplois. Il vaut mieux payer les gens à travailler, qu’à regarder la télévision. Ce que nous ne sortirons pas de la poche droite, nous devrons le sortir de la poche gauche.Sans compter, les risques de violences engendrés par l’ oisiveté des jeunes qui n’ ont pas de travail


            • herbe herbe 2 novembre 2006 23:01

              Une dépêche AFP qui vient de tomber sur ce sujet ! et qui complète bien cet article.

              Suivre le lien.


              • pierrem (---.---.191.215) 3 novembre 2006 00:08

                De toute façon avec la mondialisation la ’nationalité’ d’une entreprise ne veut plus dire grand chose. L’économie crée tant d’interdépendance. Cependant voir le site lui même tenter de rassurer le bon français qu’il ne doit pas s’inquiéter, que ce ne seront pas de méchant américains qui feront ses trains montre que ces chers canadiens nous connaissent bien !!! A là là le patriotisme est encore un corde sensible si facile a titiller.


                • Internaute Internaute 3 novembre 2006 09:19

                  « Ce sont donc, en fin de compte, les salariés de Bombardier à Crespin qui bénéficieront de ce contrat plutôt que ceux de Belfort d’Alstom, si c’est la nationalité des travailleurs qui importe dans l’annonce du vainqueur de ce marché. »

                  Le « si » est en trop car c’est bien effectivement la nationalité des travaileurs qui compte. Dans l’exemple cité, l’affaire est saine car ce sont des usines implantées en France qui auront la plus grosse part du travail.

                  La nationalité des entreprises n’a pas beaucoup d’intérêt. Bien souvent elle est un héritage de la vision que l’on a des pères fondateurs et n’a plus rien à voir avec la nationalité des gens qui y travaillent ni celle des actionnaires, ni même avec le pays qui héberge le siège social. Si tel était le cas, les gibraltariens seraient les hommes d’affaires les plus actifs au monde, devant les américains et les canadiens... sans parler des panaméens pour les compagnies maritimes.

                  Aujourd’hui, acheter français, c’est acheter Toyota contre Renault. Une Yaris construite à Valencienne contribue à payer nos retraites et fait travailler notre économie tandis qu’une Logan nous fait perdre nos économies.

                  Il faut faire la différence entre la libre circulation des capitaux qui est une assez bonne chose et la libre circulation des biens et des personnes qui tend à tout niveller vers le moin-disant, c’est à dire à nous faire plonger dans la misère.


                  • Sacha Guitry 3 novembre 2006 11:03

                    Bonjour, En effet on peut s’interroger justement sur la nationalité d’une entreprise (domiciliation du siège social=Renault est hollandais ; détenteur des capitaux=Danone est américain, nationalité du dirigeant ???) , mais le plus stupéfiant, à mon sens, est que Bombardier ait à « s’excuser d’être canadien » comme Mittal essayait de dire qu’il était anglo-hollandais et non pas indien. Si Bombardier fait une meilleure offre, vive Bombardier et puis c’est tout ! Le plus surprenant étant l’argument selon lequel il y aurait une espèce de calcul pour que Bombardier surfacture ses trains au canada pour pouvoir les vendre à perte en France. En gros la municipalité de Montréal aurait été d’accord de payer son équipement avec un surcout de 500 millions de dollars canadiens pour que l’Ile-de-France le paye avec une ristourne de 300 millions d’euros. Honnetement, si c’est le cas on ferait mieux de ne pas trop la ramener parce que c’est rare d’être subventionné par une collectivité étrangère.

                    Je me demande si on ne peux pas suggérer aux pétroliers canadians de surfacturer le baril sur leur marché domestique pour financer des ventes à perte en France smiley

                    J’avais fait un article sur Agoravox sur le même sujet au lien suivant

                    http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=15003


                    • JOP (---.---.17.100) 6 novembre 2006 10:19

                       smileymouais c’est pas hyper convaincant.

                      un guerre des prix et dumping n’est pas à saluer dans une concurrence « workable » dans la mesure où ces acteurs finissent par mourrir les uns après les autres (course au chiffre d’affaires plus qu’aux bénéfices).

                      cela reste de la concurrence déloyale dans la mesure où la France de son coté n’a pas le droit de subventionner.

                      Lorsque l’on dit que les salariés français de crespin en profite c’est également faux si le contrat est en perte d’avance car en 2009, les compteurs seront au rouge à crespin et il est peux probable que la maison mère souhaite investir sur la France en matière de main d’oeuvre.


                    • albert (---.---.102.40) 5 novembre 2006 09:33

                      Bonjour, L’offre particulièrement avantageuse des constructeurs de Bombardier ,aurait été rendue possible par les bénéfices réalisés au Canada ? Sans doute !Pardonnez-moi alors de vous citer ,d’infidèle mémoire, et sans allégeance particulière ,ce souvenir qui date, un peu (hélas) : Un ministre polytechnicien avait affirmé que si Ford(les autos pas l’artiste)décidait de distribuer gratuitement en France ,pendant une année ,une voiture par famille , l’action Ford baisserait de cinq dollars ET ruinerait les concurrents . Il est dommage de penser(mais j’ai sans doute tort)que les bénéfices étrangers investis chez nous arrivent à mettre en difficulté la pérennité de nos entreprises De plus, peut-on imaginer , que le matériel étant fourni ,le chapitre entretien courant ,révisions, etc , soit également assuré dans des conditions financières idylliques Les« Promotions » cela peut réserver des surprises (excusez cette remarque de quelqu’un qui vient de sefaire piéger Cordialement


                      • Job (---.---.131.219) 5 novembre 2006 14:36

                        Bon article. précis et concis.

                        Un seul détail manque : où est sis le siège social d’Alstom ?

                        Ce qui détermine le pays dont la législation s’applique aux Résultats. Si une grande entreprise fait par exemple 200 millions de bénéfices, l’Etat qui récupérera une fraction sous la forme de l’impôt sera celui où le siège social se trouve.

                        « Bombardier », c’est « Berlin », donc l’Etat Allemand.

                        Alstom, c’est où ?

                        Ensuite, il faut admettre que certains territoires sont des chasses gardées. Et de ce point de vue là, nous ne sommes pas très bons pour nous défendre. Il est souvent trop tard quand nos institutionnels s’emparent du débat.

                        Mittal « croque » Arcelor La banque russe s’installe dans EADS, du coup on parle de coopération avec la russie (plus le choix) = transfert de texhnologies.

                        Les chinois nous imposent le transfert de technologie systématiquement.

                        Combien de TGV roulent aux USA ?

                        Les capitaux des sociétés du CAC 40 sont de plus en plus dans les mains de sociétés étrangères.

                        On délocalise à tour de bras en nous expliquant que c’est normal et dans la logique des choses : c’est faux.

                        etc.

                        Le problème n’est pas de savoir si une entreprise est de telle ou telle nationalité. Le problème est de savoir si l’organisation générale de l’économie mondiale est un bienfait pour les français. De ce point de vue là, la réponse est évidemment non. Nous sommes un « pays passoire ».

                        Aujourd’hui à la sortie de nos écoles (BEP-BAC Pro inclus), l’option départ définitif à l’étranger est devenue une nécessité. Et ces départs ne sont pas orientés « Communauté Européenne ». La vérité, c’est que la mondialisation nous fait devenir un pays tier-mondiste.

                        Faut-il attendre que ce soit LE PEN qui le dise pour que tous les imbéciles heureux (en bancs de poissons) disent « Ah Oui, c’est vrai ! ».

                        Oui, c’est vrai : la France est un pays qui se brade complètement. Le protectionnisme des « normes AFNOR ou ISO » a vécu. Il reposait sur l’idée ethocentrique (et stupide) que les autres étaient incapables d’être intellectuellement et manuellement aussi bons que nous. Le technocratisme dont le modèle historique n’est autre qu’un Albert Speer. Modèle du parfait gendre des familles : poliment menteur et tueur.

                        Combien y a-t-il de fonderies de micro-processeurs en France ?

                        Combien y a-t-il d’O.E.M. (Original Equipements Mabnufacturers) ou d’O.D.M. (Original Design Manufacturers) ?

                        çà ne se passe plus chez nous ! Nos chercheurs travaillent depuis longtemps pour les universités nord américaines. Et c’est là-bas que les principaux résultats de la recherche française sont exploités.

                        La vérité, c’est que nous perdons la partie globalement faute d’une intelligence sociale solidaire. La France est un pays à castes, faites d’individus tendanciellement plus égoïstes les uns que les autres. Nous ne voyons pas dans l’autre une richesse mais un appauvrissement. Nous voyons un « arabe », un « jaune », un « handicapé », un « gros », un « ceci » ou un « cela » en croyant être dans le ton US.

                        Imbécilité que tout celà : Un des plus grand physicien du moment aux USA, est un handicapé paraplégyque.

                        La France des décideurs n’est pas « patriotique ». Nous ne sommes plus du temps du Général de Gaulle. La Présidente du MEDEF explique pausèment que tout est « précaire »...sauf pour elle pour qui tout va bien. La précarité, c’est pour les français.

                        Le mot « patriote » signifie :

                        1/ Personne qui aime sa patrie et qui la sert avec dévouement (= sans recherche d’un intérêt personnel autre que la seule satisfaction d’appartenir à un groupe d’humains qui ensembles gagnent ou perdent >>> çà porte aussi le nom de « solidarité ». Oh le vilain mot de « gauche »).

                        Le mot « patrie » signifie :

                        1/ nation ou communauté politique à laquelle on appartient ou à laquelle on a le sentiment d’appartenir ; pays habité par cette communauté.

                        Extraits du Petit Robert.

                        Je veux bien croire qu’un président des Etats Unis est un patriote mais ici les membres des élites françaises se fichent complètement du reste des français. Que leurs concitoyens vivent massivement, toutes conditions sociales, dans la peur, l’angoisse, le stress du lendemain et dans la précarité ne les intéressent pas. Tout çà ce sont des données statistiques : quelques manipulations arithmétiques et communicationnels suffiront pour endormir 95% des citoyens.

                        Quant à ceux parmi vous, lecteurs, qui se croient bien installés, en sécurité : demandez-vous ce qui se passe quand un patron de PME ou de PMI se voient imposer une délocalisation par son principal client. Il a le choix entre « obtempérer » ou « dépôser le bilan » (car cette situation rend invendable son entreprise). Et les professions libérales, commerciales et artisanales qui prospérent avec le salariat et l’entreprenariat local : que croyez-vous qu’il arrive dans un tel cas ? Une perte sèche de clientèle. Quelque fois non amortissable.

                        Et LE PEN monte ? Ne pas s’en étonner. Tous les jours nos gouvernants préparent activement sa venue. Et, c’est désespérant.


                        • Job (---.---.131.219) 5 novembre 2006 14:59

                          Ah, j’oubliai un détail. Aujourd’hui le coût du travail dans la production internationale représente en moyenne 10%-15%.

                          Nous sommes loin du temps où la masse salariale était le plus gros poste de charges.

                          Seules les petites et les moyennes entreprises sont encore soumises aux anciennes conditions. Et encore, elles suivent le mouvement du fait de la compression régulière des prix.

                          On a tout simplement oublier une « lapalissade » : la masse salariale est la première source de consommation, c’est-à-dire la première source solvable d’achat des produits manufacturés. L’art de gouverner consiste à installer des cercles vertueux sur cette base.

                          Le marché domestique français n’est pas assez fort pour relancer notre économie ? Normal avec un revenu moyen qui tend vers le SMIC (sans que ce dernier ne connaisse une hausse significative), le pouvoir d’achat s’érode. Et donc le français est de moins en moins en état, jour après jour de consommer « français ».

                          Les cercles qui ont été installés avec l’ouverture européenne et mondiale sont vicieux. Tout simplement.

                          Et le discours qui consiste à parler de « libéralisme » comme d’une ouverture vers plus de liberté est une « ânerie ».

                          Je prends le pari que dans deux décennies le premier qui sortira ce genre de raisonnement sera vu comme un ringuard « dangereux ». Les patrons n’en voudront pas pour leurs entreprises de peur qui la leur coule avec ces idées dépassées.

                          L’avenir est à une compartimentalisation du monde consciente et paisible. Chacun ayant dans sa zone ses industries. l’échange des données d’une zone à l’autre étant le seul commerce viable. Mais les délocalisations, le fait qu’un pays devienne progressivement « l’usine du monde » (je pense à la Chine) seront des idées appartenant au passé. La concurrence telle que pratiquée fait perdre tout le monde excepté quelques groupes sociaux minoritaires et non représentatifs.

                          Pour l’instant le patriotisme « français » ou « européen » n’existe pas. Il y a des gens dogmatiques aux commandes, c’est tout.

                          Pour ceux qui ne connaissent pas la mondialisation : je conseille de lire des livres sur le sujet. Il y en a quelques uns non orientés, sous forme d’enquête. Au fil de vos lectures, vous remarquerez un fait : la France n’est presque jamais citée. Nous ne sommes plus sur les voies du développement. L’Italie a un modèle d’entreprise plus efficace que le nôtre. Et le chômage dans le Nord n’est pas un problème. Au Sud oui, à cause de la grande criminalité et de la faiblesse des réseaux de communications (du fait de régions montagneuses = coût d’investissement en infrastructre démultiplié). Et ce malgré les performances médiocres de leur Etat. Nous ne sommes plus des modèles.

                          Et plus nous nous ouvrons en croyant à un rebond, plus nous nous coulons nous-mêmes. Car les conditions générales de compétition sont telles que cette stratégie est vouée à l’échec. et çà na rien à voir avec les discours idéologiques. Nous déclinons parce que notre stratégie de développement est erronnée. C’est tout. Il nous manque un personnel politique de qualité. C’est çà qui nous fait défaut. où sont nos « capitaines », nos « stratèges » et nos « tacticiens » ?


                        • Internaute (---.---.201.128) 5 novembre 2006 20:18

                          Je partage tout à fait votre analyse qui est claire et pose bien les problèmes. Par contre, je ne vois pas pourquoi vous trouvez désolant que Le Pen monte. On ne peut quand même pas regretter que quelqu’un porteur de solutions innovantes et nécessaires ait les faveurs de ceux qui comprennent enfin ce qui nous arive. Il est plutôt désolant de voir la foule d’aveugles qui suivent Ségolène comme les rats le joueur de pipeau. Non pas que je compare son électorat aux rats ( d’ailleurs fort intelligents) mais je fais le parallèle évident avec des animaux qui courrent à leur perte au son du pipeau.


                        • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 6 novembre 2006 09:26

                          Selon votre analyse même votre stratégie est déjà irémédiablement perdante ; Le Pen ne pourra faire mieux dans le sens réactionnaire dont vous rêvez ; dans la réalité du monde et de la situaion française, son pseudo-nationalisme fera nécessairement pire ; alors autant changer de stratégie et nous adapter au mieux au monde tel qu’il est, quitte à exiger une régulation mondiale ,via l’Europe politique à construire, afin qu’il soit plus juste pour tous et non seulement favorables à des intérêts nationaux franco-français franchement franchouillards totalement imaginaires..


                        • Job (---.---.131.98) 7 novembre 2006 11:27

                          Voilà pourquoi je me désole.

                          Si Le Pen fait des constats souvent pertinents, c’est qu’il n’est pas au pouvoir, pris dans des calculs à la petite semaine sans envergure. Il peut donc dire ce que les autres savent mais taisent de peur de se faire du mal les uns les autres : ils jouent la même partie et peuvent se prendre les positions les uns les autres. Ils n’ont donc pas intérêts à se tirer dessus trop violemment étant donné qu’ils héritent et partagent des mêmes problématiques avec les positions instituées occupées.

                          Le Pen est simplement plus libre de parole. Pourtant son « programme pour qui sait lire est assez terrifiant » : c’est du déjà vu dans les années trente.

                          Virer et déposséder quelques uns, rebuter et harceler les autres. Bien sûr son programme est en apprence « soft ». Mais sa conception de la nationalité commande tout. Avec lui, les français devront très vite se chercher un banquier, un ami qui veuille bien les secourir...pas gagner pour un régime xénophobe avoué et marqué.

                          je crois que la solution passe non pas simplement par l’Europe mais plutôt par une régionalisation du monde. Plusieurs ensemble humain définissant des zones de développement politique précises. Ensemble se coordonant les uns les autres à travers des institutions inter-régionales où seuls les Institutions Politiques Régionales sont habilitées à siéger. Pour le reste : liberté de circulation restreinte au tourisme et à la résidence des hommes et des femmes, limitation de la circulation des capitaux d’une région à l’autre et échange des données (partenariat) pour un développement général harmonieux (afin de ne pas constituer des blocs rivaux sur-armés au détriment des autres). Echange des matières premières nécessaires par le biais d’institutions inter-régionales ad hoc sans possibilité de spéculation sur les indices des cours.

                          Etc.

                          Il s’agirait là d’une vaste négociation pour amener de manière cohérente, concertée et coordonnée tous les peuples à un même niveau de vie général. Et tout ce mouvement dans une perspective à la fois écologique et intégrative.

                          On ne peut pas envisager un développement sans celui des autres autrement c’est la confrontation : la colère d’abord puis la haine enfin la guerre.

                          C’est une esquisse.

                          Les chinois ont commencé et nous devrions continuer. La question des droits de l’homme se posera plus facilement quand les peuples n’en seront plus à dépenser l’essentiel de leurs efforts pour subvenir quotidiennement aux besoins primaires dont l’accès à l’eau).

                          Tout cela dans un mouvement démocratique. Actuellement la démocratie, c’est léconomie de marché et la baisse des revenus pour 90% des populations développées.

                          Le problème majeur étant de se déconditionner des idéologies du passé.

                          Avec ce système : chaque ensemble régional aurait en lui tous les secteurs écnomiques dont il a besoin sans entrer en compétition avec d’autres régions qui de même auraient les leurs. Donc l’allemand ou le français fourniraient intégralement le marché européen. Le tunisien ou l’algérien, le marché africain, etc... dans tous les domaines. Du coup, plus de confrontation des populations entre elles. Seule l’information resterait centrale, circulante et partagée. Incluse la Recherche. La solidarité allant de soi.


                        • Geoeges S. (---.---.50.192) 5 novembre 2006 15:37

                          Désolé mais ce discours me semble d’une grande naiveté.

                          Les Nations sont toujours à l’oeuvre, derrière le paravent d’une belle affiche « multinationale », au sens propre du terme.

                          Il existe encore et toujours des lignes de force entre d’un côté le monde anglo-saxon, et de l’autre l’Europe continentale, ce qu’a parfaitement illustré la récente affaire Arcelor/Mittal.

                          La mondialisation est une réalité, en ce sens que les règles du jeu ont changé, mais QUI joue ? selon QUELS OBJECTIFS ? Là, c’est une autre affaire, et il n’est plus question de globalité ou autres lignes transversales, il est question d’agrandir le pouvoir de son groupe d’origine, un point c’est tout.

                          DEMANDEZ AUX SALARIES DU GROUPE ALCAN SI LEUR NOUVEAU GROUPE EST « MONDIAL »... ils vous riront au nez !

                          DEMANDEZ AUX SALARIES DU GROUPE ARCELOR SI LEUR NOUVEAU GROUPE EST « MONDIAL »... ils auront la même réaction.

                          L’envergure sur la surface du globe est une chose, assez secondaire, demandez vous plutôt où se trouve le pouvoir (Question n°1) et qui engrange les bénéfices (Question n°2).

                          Il y a effectivement un nouvel espace de compétition, c’est un fait, mais de là à dire que les acteurs se fondent dans cet espace au point d’en oublier leurs propres groupes d’intérêt, non, 100 fois non, les acteurs obéissent toujours à des ressorts classiques.

                          Relisez l’histoire des guerres au temps de Louis XIV ou de Napoléon, et vous aurez une vivante synthèse des conflits (économiques) actuels.

                          Une autre lecture à conseiller est celle des discours des présidents américains, à commencer par Clinton, qui expliquait que la puissance américaine devait s’exprimer sur le terrain économique, et poursuivait en disant que toute la diplomatie américaine devait aider les entreprises.

                          OUI les groupes multinationaux ont tous un rattachement national, mal caché derrière de belles paroles ronflantes.

                          Ne soyez pas naïfs !

                          Georges S.


                          • Job (---.---.131.219) 5 novembre 2006 16:50

                            Cher George S.

                            1/ Vous m’avez mal lu. Sûrement que çà vous rassure de croire ce que vous dites.

                            2/ Que dis-je des USA : oui, ils ont un Président Patriotique.

                            3/ Nous sommes la France et l’Europe : une passoire. Nous sommes plus idéologues que pragmatiques. Contrairemnt aux USA qui à l’intérieur sont conservateurs et protectionnistes et à l’extréieur comlètement néo-libéraux. Ils peuvent se le permettre étant donné la force intrinsèque de leur marché domestique.

                            4/ exemple du caractère exact de nos décideurs : Le gouvernement Villepin veut une fusion GDF-Suez pour résister à l’Italien et former un grand groupe. pendant qu’on maneuvre, un « copain » grand patron, double tous le monde et cherche à racheter ce qu’il faut d’actions sur le marché pour revendre à bon prix à l’Italien les morceaux qui les intéresse.

                            Du coup : stupéfaction du Gouvernement et silence profond.

                            Voilà...le patriotisme économique...çà existe mais pas chez nous.

                            Oui, les entreprises sont obligés d’avoir une nationalité du fait de la nécessité de choisir un siège social (un Q.G.). Mais ce choix n’est jamais définitif.

                            Autre exemple :

                            quand on vend la technologie nucléaire IIIème génération aux Chinois pour des gains hypothétiques à long terme à qui croyez vous qu’on fait du mal ? à EDF et à AREVA.

                            Les chinois nous concurrenceront avec nos propres technologies. Des décennies de recherche sont servies sur un plateau.

                            Suivre ce que disent les entrepreneurs implantés en chine : ils nous mettent dedans. Ils exploitent jusqu’à nos images de marque.

                            C’est comme çà.

                            À de très rares exceptions près la France n’a pas de stratégie économique. La France ce n’est pas l’ensemble des pays du monde.

                            Ouvrir les yeux, c’est se dire que nous ne sommes pas les meilleurs et qu’il y a des raisons objectives à celà.

                            La veille économique et l’intelligence économique en France sont des activités étatiques récentes : c’est l’Amiral Lacoste qui a mis en place cette politique. cf. un bon documentaire sur la chaîne histoire intitulé « le réseau échelon ».

                            Renseignez-vous. Nous sommes en retard. Et le pire c’est que nos hommes politiques distribuent des subventions à tour de bras à des entreprises qui une fois leur plan de rentabilité accompli s’en vont. Ils s’en étonnent.

                            Que voulez-vous, tant qu’on ne discute pas de choses sérieuses dans notre pays, çà peut continuer. Les problèmes économiques en France sont des problèmes « sécuritaires ». Voilà le thème majeur des présidentielles. Aux Etats Unis le thème majeur de n’importe quelle campagne politique est la création d’emplois (l’autre thème étant la moralité publique). Malheur à celui qui de ce point de vue là est contre-performant. Nos hommes politiques tiendraient deux minutes dans une campagne US.

                            On leur dirait : vôtre bilan, combien de chômeurs en moins ? donc combien d’entreprises créées.

                            Pas étonnant que leur marché domestique soit plus dynamique que le nôtre. Les soldes de création d’entreprises et d’emplois sont toujours positifs. On change d’emploi facilement et on ne demande pas aux gens d’avoir tel ou tel diplôme. On leur demande d’être capable de s’adapter et d’apprendre sur le tas.

                            Les canadiens font pareils.

                            Et quand un concurrent est trop sérieux, ils mettent ses produits en quarantaines à la douane. Ce qui oblige le concurrent à s’installer durablement sur leur sol pour accéder aux marchés intérieurs.

                            En France si on n’a pas telle ou telle formation, on ne trouve pas d’emploi ou presque. Si vous doutez, étant donné que vous avez internet, allez sur le site de l’ANPE, et comptez-y le nombre d’offres d’emploi total en ce moment. regardez le pourcentage d’entre elles qui précisent « Débutant accepté ». Nous sommes un peuple « imbécile » (= faible de raisonnement). C’est tout. On cherche le meilleur pour le moins cher, çà n’existe pas et en plus çà compartimente les marchés du travail. Aux USA, la capacité auto-critique est très développée en matière économique, ils ne se gargarisent pas d’un « on est les meilleurs ». Leur force véritable : se remettre sans cesse en cause. Ce que nous refusons culturellement de faire.

                            Et nos entreprises du CAC 40 sont de moins en moins françaises en terme d’actionnariat. Raison pour laquelle, on relance l’actionnariat des salariés. Cette forme d’actionnariat est jugée plus fidèle et permet de mieux résister aux OPA hostiles.

                            Bref...on peut discuter des heures...çà ne changera rien.

                            Finalement, attendons que ce soit LE PEN qui fasse le constat. On aura tout gagner.


                          • Jojo2 (---.---.51.250) 5 novembre 2006 22:25

                            S’il semble clair à la lecture de l’article que les travailleurs d’ici bénéficieront de toutes façons, les bénéfices éventuels bénéficieront à qui ? Qui sont les actionnaires de Bombardier ? d’Alstom ? Celà doit il peser sur le choix ?


                            • Internaute (---.---.16.231) 6 novembre 2006 09:39

                              @ Job qui écrit « Ah, j’oubliai un détail. Aujourd’hui le coût du travail dans la production internationale représente en moyenne 10%-15%. »

                              En disant cela vous prennez en compte la part du coût du travail sous-taité à Poulo-Bidong dans un produit qui est revendu ensuite sur les Champs-Elysées. Vous mettez donc bien le doigt sur la principale raison des délocalisations, à savoir un coût salarial 10 fois moins élévé chez les autres que chez nous.

                              Une autre confirmation des éceuils de la mondialisation nous est donnée par le PDG de Dassault dans une entrevue à Valeurs Actuelles. Il dit ...Pour construire un avion comme le Rafale, il faut quelques centaines d’ingénieurs...et en parlant de la construction d’avions... Presque tout peut être fait partout dans le monde...

                              Il n’y a pas de constat plus simple à comprendre. La fuite en avant que nous propose Sarkozy et quelques « brillants » homme politiques français ne tient pas la route. Je répète Edelstenne « Pour construire un avion comme le Rafale, il faut quelques centaines d’ingénieurs ». Trés bien, lançons nous dans la haute technologie. On emploiera un millier d’ingénieurs et les autres français on les enverra au broyeur.

                              La seule politique économique raisonnable consiste à protéger le bloc économique européen de la concurrence déloyale extérieure. Que l’on s’implante à l’étranger pour faire la course avec les moins disants sur les marchés émergents est une chose, mais que l’on accepte cette concurrence déloyale sur nos propres marché est une erreur politique gravissime. Aujourd’hui, l’organisation de Bruxelles impose aux citoyens une foule de brimades et de contraintes mais n’a pas la volonté de protéger leur bien-être social et economique.

                              Notre richesse est ce que nous produisons, même quand il s’agit du bas de gamme.


                              • Job (---.---.187.202) 6 novembre 2006 18:09

                                Oui, tout peut être construit presque partout. Les produits sont élaborés comme des systèmes de légo. Il suffit de suivre exactement les plans fournis et la compatibilité des pièces apparaît à tous les niveaux.

                                Dans la mondialisation, çà porte un nom : la modularité.

                                exemple : le mircro-ordinateur dont vous vous servez au moment où vous me lisez. Le produit fini est constitué d’autres produits produits finis qui s’intégrent les uns aux autres sans trop de problèmes bien que les entreprises productrices soient toutes distinctes les uns des autres.

                                Il ne s’agit même pas d’un système classique de filiales.


                              • DEMO KRATE (---.---.139.167) 6 novembre 2006 11:51

                                Sauf au plaisir narcisse de se lire. Ce ne sont pas la part des impôts prévue par des hommes de la haute fonction publique, au nom d’hommes politiques, dont nous n’avons plus depuis longtemps la maîtrise de gestion. Ce devrait déjà plus donner à réfléchir que ce blanc seing donné de la gestion publique, donné par notre vote « pour » « contre » ou même « blanc ». Le décideur aujourd’hui est l’actionnaire de l’entreprise. Hors l’actionnariat est plus pratiqué outre atlantique, si l’on considère les caisses de retraite et autres formules... Intervenir en France demanderait d’utiliser la même arme. Que l’on se rappelle la vente à la découpe. Déjà oubliée ?

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