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Accueil du site > Actualités > Economie > Prix Nobel d’économie contre dogme néolibéral

Prix Nobel d’économie contre dogme néolibéral

 L’arbre conservateur américain, caricatural et simpliste, cache une forêt de pensées bien plus diverses, intéressantes et prolifiques. Les Français ont tendance à l’oublier. L’attribution du prix Nobel d’économie à Edmund Phelps vient opportunément nous rappeler qu’outre-Atlantique, « la pensée unique » en économie n’existe pas.

Ah ! Si seulement la mondialisation était mathématique... Et l’économie une science exacte. Dans ce monde parfait, l’arrivée de la Chine et de l’Inde, chocs sans précédent dans l’histoire, se solderait inévitablement, certes, par une concurrence plus vive mais également par un rattrapage des salaires dans ces pays. Hélas. Cela ne se passe pas vraiment comme prévu. Les Chinois ont retrouvé tout leur sens du commerce : les contrats comprennent systématiquement le transfert de la technologie, que les ingénieurs asiatiques assimilent en quelques mois alors qu’il a fallu des décennies à nos inventeurs pour accumuler ces savoirs. Le régime autoritaire du pays de la Cité interdite facilite la corruption tandis que les salaires restent ridiculement bas, les profits gigantesques ne bénéficiant qu’à une petite minorité. Dans cinq ans et à la condition que le régime change de nature, les salaires chinois seront, au mieux, encore quatre fois moins élevés que les salaires occidentaux, prédisent la plupart des économistes.

La perversité des fonds de pension
Mais la mondialisation, ce n’est pas seulement l’ouverture du marché mondial à ces nouveaux dragons. L’autre facteur est l’arrivée des fonds de pension américains qui ont décuplé les produits financiers. Là où les entreprises européennes se satisfaisaient de rentabilité à 5 %, les actionnaires exigent désormais des taux de 15% à 20 % ! Résultat : depuis les années 1980, c’est toute l’économie qui a changé de nature. Le profit lié au travail est devenu un profit principalement financier. Votre hypermarché engrange davantage de bénéfices en faisant travailler votre argent que par son propre métier de vendeur. Autant dire que les salariés ne pèsent plus très lourd dans cette configuration. Comme on l’explique gentiment, ils sont devenus le paramètre variable, c’est-à-dire licenciable, des entreprises. A croire que bientôt, ils ne seront plus une charge fixe.

Les prix Nobel dans le désert européen
Français et Européens semblent se contenter du système. Il n’y a pas que le chroniqueur économique de TF1 et de France Inter qui dise qu’il n’y a que cette voie possible. Toute la classe politique l’a accepté. Il reste « la gauche de la gauche » et les arguments d’un Besancenot. Mais malgré son look gentillet, il développe une pensée économique et politique ringarde et totalitaire qui a conduit aux catastrophes que l’on sait.

Heureusement, cet univers monocolore de la pensée est battu en brèche par quelques.... prix Nobel d’économie ! Dont deux sont Américains : le dernier en date, Edmund Phelps, couronné le 9 octobre 2006 et Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie en 2001. Ce dernier vient de sortir un ouvrage, Un autre monde : contre le fanatisme des marchés, éd. Fayard. Les anti-mondialistes on en fait leur héros, peut-être un peu rapidement, car ses recherches sont un peu plus complexes. Joseph Stiglitz est en effet favorable à la mondialisation, à la condition que les politiques suivent, voire précèdent l’économie. Nouveau keynésien, il prône un retour de l’Etat, notamment pour ses tâches d’éducation, de la santé, etc. Il critique vertement le FMI, qui, dit-il, est à la solde des Etats-Unis qui seuls possèdent le droit de veto. Il était interrogé sur France Inter, en septembre dernier, à l’occasion de la sortie de son livre ; le journaliste, Pierre Weil, semblait ne pas en croire ses oreilles ! Joseph Stiglitz expliquait également que les USA, s’ils étaient libéraux à l’extérieur, étaient protectionnistes à l’intérieur, y compris sous le gouvernement actuel, et que l’Europe politique aurait bien fait de garder son pouvoir sur sa monnaie, levier politique et économique essentiel qu’elle a laissé aux techniciens de la BCE. Comme l’interview était réalisée à la veille de la privatisation d’EDF-GDF, il expliquait benoîtement (ainsi que dans Libération) qu’il s’agissait d’une « ineptie », le combat pour l’énergie étant l’un des enjeux principaux des années à venir, et qu’il fallait garder un équilibre entre secteurs privé et public.

Parmi les cent qui comptent
Le prix Nobel 2006, Edmund Phelps, également un Américain, appartient à cette même famille de pensée. Dans lemonde.fr, mis en ligne le 11 octobre, le nouveau prix Nobel est qualifié de néokeynésien, tout comme Klitz. Jean-Paul Fitoussi écrit : « L’Américain Edmund Phelps, 73 ans, est un géant de la science économique, dont les contributions furent et continuent d’être si importantes qu’elles en ont changé le cours. Selon les travaux de Mark Blaugh, fondés sur l’analyse du Social Science Citations Index, il figure en bonne place parmi les 100 économistes les plus importants depuis Adam Smith . » Dans Libération, Christian Losson indique notamment que selon le nouveau Nobel : « L’équilibre entre l’inflation et le chômage est fondamental pour la redistribution des richesses sur une longue durée... » ou encore que « les chômeurs de longue durée sont discriminés... » et qu’un « marché du travail déréglementé ne supprimera pas le chômage et ne transformera pas les travailleurs sans qualification et sans grande efficacité en salariés hautement productifs et bien payés. » Pour couronner le tout, selon Edmund Phelps : « Une baisse d’impôt pourrait avoir des conséquences sur l’Etat-providence, sur la protection sociale qui constitue une richesse collective. » Le journaliste poursuit : « Pan, aussi, sur le bec des libéraux qui martèlent que l’impôt tue la croissance. »

L’oubli français du seul Nobel d’économie
Mais il n’y a pas que ces érudits américains d’une autre voie économique qui soient critiques à l’égard du laisser-faire néolibéral. Car la France compte en effet un (seul !) prix Nobel d’économie attribué en 1988. Il s’agit de Maurice Allais, qui a publié notamment, en 1999, La crise mondiale aujourd’hui (éd. Clément Juglar). Notre prix Nobel y écrit notamment : « La mondialisation précipitée et excessive qui s’est développée a entraîné par elle-même des difficultés majeures. » Ce n’est pas la première fois que Maurice Allais critique la mondialisation. Il l’a fait sans discontinuer depuis... les années 1980 ! Plus loin dans son ouvrage, il dit aussi : « Une instabilité sociale potentielle est apparue partout, une accentuation des inégalités, particulièrement aux États-Unis, et un chômage massif en Europe occidentale. » Sans être opposé au marché, Maurice Allais recommande une plus grande protection de l’Union économique européenne, car la mondialisation et son « laisser-faire » créé un emballement des inégalités. Comme d’autres, il a constaté le changement de nature de l’économie capitaliste, devenue essentiellement financière : « Ce qui est pour le moins affligeant, c’est que les grandes institutions internationales sont bien plus préoccupées par les pertes des spéculateurs (indûment qualifiés d’investisseurs) que par le chômage et la misère suscités par cette spéculation. » Maurice Allais clame depuis longtemps qu’il est européen et a même écrit un ouvrage intitulé : Combat pour l’Europe. Mais, décidément inclassable, il s’est déclaré contre le TCE et l’élargissement car accentuant le « laisser-fairisme » responsable du chômage de masse dans la zone euro.

Hélas. Maurice Allais est plus enseigné aux Etats-Unis qu’en France. Je ne sais même pas s’il en est fait mention dans nos chères grandes écoles... Il faut dire qu’il fait figure d’inclassable, lui aussi. Allais, Stiglitz ou Phelps : tout en étant des critiques du libéralisme, aucun de ces trois-là ne veut, pour autant, s’enfermer dans une idéologie inverse. Car les cycles économiques devenant de plus en plus courts, l’économie ne doit pas se scléroser dans un dogme, qu’il soit néolibéral ou keynésien. L’Etat doit réapprendre à jouer tout son rôle en insufflant une politique de l’offre en temps de crise et une politique de la demande en tant de croissance. En tout cas, si nos candidats à la présidentielle étudiaient davantage ces voies nouvelles, ils n’auraient plus jamais l’idée de déclarer, comme l’a fait Lionel Jospin à propos de Michelin : « L’Etat ne peut pas tout », ce qui signifiait en réalité que l’Etat ne pouvait rien faire pour s’opposer aux catastrophes économiques.

Sources :

  • Un autre monde contre le fanatisme des marchés, Joseph Stiglitz, éd. Fayard
  • La crise mondiale aujourd’hui, Maurice Allais, éd. Clément Juglar
  • La mondialisation, destruction des emplois et de la croissance, Maurice Allais, éd. Clément Juglar
  • Nouveaux combats pour l’Europe, un aveuglement suicidaire, Maurice Allais, éd. Clément Juglar.
  • www.portal.unesco.orgorg
  • www.lemonde.fr
  • www.liberation.fr

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49 réactions à cet article    


  • gem gem 13 octobre 2006 12:46

    Ce qui est regrettable, c’est de citer non pas le sujet principal de l’article, mais ... d’autres journalistes ! La « revue de presse » est un genre en soit, un genre utile pour savoir quelle sont les sujets du jour ou ce qu’en retiennent les média, mais pas une base pour connaitre le sujet.

    Exemple typique : ayant bien écouter Stiglitz, je crois pouvoir dire que sa pensée est toute de pragmatisme, contre LES dogmes, pas contre UN dogme. Par exemple, sur la question de la privatisation, ça réponse est claire : pas d’a priori ni pour ni contre le privé ou le public, ce qui compte, c’est que l’efficacité du système. Et donc, vive le système de retraite publique américain (et oui, ça existe, le saviez vous ?), pas parce qu’il est public, mais parce qu’il est efficace et peu couteux. Privatiser l’énergie ? pourquoi pas, pourvu que l’état reste un régulateur efficace. Faut voir... Bref : rien à voir avec le protrait qui ressort de votre résumé.

    Du coup, et paradoxalement, votre article démontre bien que si il existe une « pensée unique », elle est certainement anti-libérale !


    • Jesrad (---.---.20.126) 13 octobre 2006 17:30

      Pour info, Joseph Stiglitz partage le prix Nobel avec A. Michael Spence et George Akerlof, pour avoir mis des mathématiques sur l’assymétrie d’information dans le marché.

      Par contre aucun de ses travaux sur la mondialisation ou l’intervention de l’état dans l’économie n’a fait l’object de publication dans des revues significatives ?


    • gem gem 13 octobre 2006 12:56

      votre article est interressant à un autre titre.

      Le prix nobel est un prix technique, récompensant une avancée de la connaissance ou de la technique sur un point précis. Mais c’est aussi un prix très politique ? On écoute la vue générale d’un récipiendaire, comme si c’était elle qui avait été récompensée (et ça n’est pas faux non plus).

      Je dis ça, parce que Allais méritait certes bien son nobel, mais de là à le suivre sans précaution dans sa doctrine, faut quand même faire gaffe. C’est quand même un des rares polytechnicien connu qui estime que la lumière n’a pas de vitesse fixe, donc que la relativité et tout ce qui va avec sont complétement faux...


      • ZEN zen 13 octobre 2006 13:03

        Bon article. J’ai été étonné des revirements de fond de Stiglitz,de P.Artus et de Peyrelevade (notamment dans son édifiant :« Le capitalisme total ») Je viens de découvrir Allais, j’ai hâte de le lire...


        • Le Hérisson (---.---.121.162) 13 octobre 2006 13:10

          D’accord avec vous... L’économie ne devrait suivre aucun dogme. Cela dit, quand Stiglitz dit sur France Inter que la fusion de GDF est une « ineptie », ce n’est pas un journaliste qui parle. On peut être libéral tout en souhaitant que l’Etat régule mieux l’économie... Par exemple, Maurice Allais se dit « libéral ». Ce n’est pas pour autant qu’il accepte l’Europe telle qu’elle se construit. Le problème de notre pays, c’est qu’il faudrait systématiquement entrer dans une case idéologique. Par exemple, par rapport à la notion de service publis : soit doit être socialiste, être favorable au développement des services publics et souhaiter, avec les lobbys syndicaux, que rien ne change, soit on doit être de droite, vouloir rogner le dit service public, et privatiser tout ce qui est possible. Je ne me situe ni dans le premier dogme ni dans le second : on peut être favorable au service public, tout en souhaitant, contre ses lobbys, sa rénovation et une meilleure efficacité.


          • ZEN zen 13 octobre 2006 17:47

            @Le Hérisson

            Utilisez le « @ Machinchose » Quand vous répondez, ce sera plus clair, ainsi que le joli fond vert que Agora offre gentiment aux auteurs...


          • (---.---.37.70) 13 octobre 2006 13:42

            Soyons sérieux, il n’y a plus personne de keynésien, cette théorie est morte dans les années 70 (et même 60).

            « « Pan, aussi sur le bec des libéraux qui martèlent que l’impôt tue la croissance. » »

            Pourtant, les USA ont autrement plus de croissance que nous depuis 15 ans... Et moins d’imposition. Sans doute le prix nobel parlait des USA.


            • ZEN zen 13 octobre 2006 17:52

              @IP:xxx.x75.37.70)

              Que font les USA en soutenant leur métallurgie contre la concurrence, en subventionnant leur agriculture, en apportant des capitaux d’Etat pour développer des industries d’armement déjà florissantes , etc...Cela s’appelle comment ?


            • Jesrad (---.---.105.16) 13 octobre 2006 19:42

              Ca s’appelle du protectionnisme, et ça ne marche pas.


            • Jade (---.---.88.234) 14 octobre 2006 02:44

              les USA ont une croissance qui s’essouffle, et s’ils avaient réussi a la maintenir pendant les années précédentes c’est grâce à leurs guerres qui ont dopées les usines de production d’armes et la consommation qui fonctionne depuis des lustres a coup de crédit.. le probleme c’est que ce genre de chose ne dure jamais tres longtemps et la preuve actuellement comme je disais leur croissance commence a stagner ! Maintenant meme si leur croissance avait perdurée est ce que les états unis sont vraiment un modele économique à suivre ? quant on voit l’extreme pauvreté d’une grande partie de la population quand toutes les richesses se concentrent sur une minorité moi je ne suis pas sur que ca soit le bon systeme ! Comme exemple j’aimerai plutot citer la Suède qui a une politique économique ces 10/20 dernieres années qui est des meilleures. Certes ils ont libéraliser une grande partie de leurs services (alors que c’était la gauche qui était au pouvoir.. c’est la droite depuis peu ;) ). Mais les choses se sont fait proprement en ne lachant pas tout au capitalisme et en gardant une imposition assez élevée pour garantir les services minimum accessible a tous commme l’éducation nationnale, les retraites, la santé, le transport meme... bref tout ce qui permet de dire qu’on est une population civilisée ! pas comme en Angleterre ou aux states où il faut payer une fortune pour l’éducation de ses gamins ou se faire soigné !


            • Jesrad (---.---.105.16) 14 octobre 2006 10:55

              « L’extrême pauvreté » aux US, c’est n’avoir qu’une seule voiture, seulement 4 pièces dans sa maison, et une télé de moins de 24". Et vous devriez savoir, depuis le temps, et surtout avec la guerre en Iraq sous les yeux, qu’une guerre est RUINEUSE, et n’a JAMAIS le moindre bénéfice économique.

              Je vous trouve aussi bien prompt à citer la Suède comme modèle, quand ce pays a le troisième pouvoir d’achat le plus bas de toute l’Europe. Allez donc lire ce que les Suédois eux-même ont à dire sur l’état de leur propre pays ici et une vision non-franchouillarde et .

              Il y a des choses à apprendre des pays nordiques, notamment en matière d’éducation. Mais croire qu’un « modèle » qui fait 17+% de chômage est souhaitable chez nous, certainement pas.


            • argoul (---.---.18.97) 13 octobre 2006 13:42

              Très bonne mise au point.

              Qui montre surtout que notre classe politique se moque éperdûment des citoyens qu’elle se contente de manipuler par des slogans grossiers.

              Le « libéralisme » économique dit « pur » n’existe que dans les fantasmes des paranos. Nul pays ne pousse aux extrêmes le laisser-faire, laissez-passer, tout le monde il est beau et autres fariboles. Même - et surtout ! - aux USA. Si ce pays était « libéral » ultra, on n’entendrait JAMAIS parler du Président ni de l’Etat, chacun se débrouillerait comme il voudrait dans son petit coin.

              Il ne faut en général pas croire les journalistes qui vulgarisent les pensées forcément complexes des économistes qui, eux-mêmes, restent étroitement rencognés dans leur petite spécialité, anônnant les grands maîtres (en général du 19ème siècle) quand le sujet sort de leur étroite spécialité modélisée ès maths. Mais vous, vous le faites bien : bravo !

              Il en faudrait plus comme vous, les citoyens français seraient un peu moins gogos à croire ceux qui affirment le plus haut (en général en en sachant le moins.)


              • Christophe (---.---.252.125) 13 octobre 2006 13:46

                La problématique de la catérogisation est humaine. Pour reconnaître les différences, nous ne connaissons que ce principe : mettre dans des cases plus ou moins adjacentes avec des frontières plus ou moins franches. C’est ainsi que l’humain perçoit les discontinuités vitales.

                Afin d’éviter le dogmatisme, il me semble qu’il faut tenir des positions plus modérées ; comme Gem le fait : Allais avance de bons arguments mais on ne peut le suivre sur l’ensemble de ses positions !

                Dans votre article, en début, vous avancez que l’économie n’est pas une science exacte. Comme toute technique prévisionnelle, cela est évident ; de là à l’accepter comme une science est discutable. Nous pourrions faire un parallèle avec la météorologie, technique prévisionnelle utilisant les modèles mathématiques des sciences (thermodynamique, mécanique des fluides, ...) alors que l’économie, en général, tend à modéliser mathématiquement l’avenir en posant des hypothèses fallacieuses au sens des autres sciences de domaines scientifiques dans lesquels elle s’invite.

                La problématique de l’économie c’est justement que ceux qui tentent une approche moins dogmatique ont les pires difficultés à se faire entendre (même si Stiglitz est parvenu à remettre en question la CPP).

                Pour votre position concernant le public et le privé, nous sommes d’accord. Mais qu’il est difficile de défendre de tels propos, d’apporter des nuances dans un monde souvent vu sous l’angle du tiers exclu ; c’est bien ou c’est mal, c’est noir ou c’est blanc, ...


                • pedrolito (---.---.188.47) 13 octobre 2006 13:50

                  Je tiens juste à préciser que le nobel de l’économie n’existe pas , le prix est décerné mais ce n’est pas un nobel.


                  • Le Herisson (---.---.121.162) 13 octobre 2006 14:09

                    « Il n’y a plus personne de keynésien... » Au sens strict des théories de Keynes, peut-être.. Cela dit, le débat entre soutien à l’offre et soutien à la demande n’est pas près de s’arrêter... Je vous invite également à lire Jean-Louis Levet, l’un des meilleurs économistes européens qui explique dans son dernier ouvrage que l’Etat et l’Union devrait davantage s’investir dans le soutien à l’industrie. Par ailleurs, pour répondre à un autre internaute, « le prix Nobel d’économie est l’enfant naturel de la Banque centrale de Suède, un bâtard non reconnu par son père, l’héritage Nobel, mais cependant toléré et pris en charge, puisque la machine Nobel, l’Académie royale suédoise des sciences , désigne et récompense le lauréat. »


                    • (---.---.37.70) 13 octobre 2006 14:35

                      « Cela dit, le débat entre soutien à l’offre et soutien à la demande n’est pas près de s’arrêter.. »

                      Pour moi, je constate un soutient à la consomation en France depuis 25 ans, et une superbe dette avec pauvreté et chomage. D’ailleur, lorsque cette perfusion va se terminer, le croissance tournera autour de 1%. Donc, le débat est tranché, ca ne marche pas.


                    • Renaud Delaporte Renaud D. 13 octobre 2006 15:36

                      De fait, cela ne sert à rien de gonfler un pneu crevé. Mais ce n’est pas la pompe qui est en cause, c’est la chambre à air !

                      Tant que l’essentiel de la croissance ira se perdre dans la masse de capitaux errant de places boursières en juke bonds en passant par les bulles savonneuses de l’Internet ou de l’immobilier, le marché devra rester sous perfusion.

                      C’est ce que soutiennent les Allais, Stiglitz et autres Phelps lorsqu’ils écrivent que l’absence de régularisation des marchés financiers créent l’insécurité financière et la paupérisation des consommateurs... obligeant à soutenir la croissance.


                    • Jesrad (---.---.20.126) 13 octobre 2006 17:37

                      Ce que Phelps a montré (en rassemblant des données et en les analysant, et non simplement en conjecturant), et pour lequel il reçoit un prix Nobel, c’est que le taux de chômage et la variation des salaires varient en proportion inverse (moins de chômage : salaires qui montent, plus de chômage : salaires qui baissent) car d’un côté la mobilité des employés incite les entreprises à augmenter les salaires pour fidéliser les employés, de l’autre la possibilité de mettre en concurrence plusieurs postulants permet d’embaucher pour un moindre salaire.


                    • ZEN zen 13 octobre 2006 17:59

                      @Jesrad

                      « salaires qui montent, plus de chômage : salaires qui baissent) car d’un côté la mobilité des employés incite les entreprises à augmenter les salaires pour fidéliser les employés, de l’autre la possibilité de mettre en concurrence plusieurs postulants permet d’embaucher pour un moindre salaire »

                      Si on devient prix Nobel en disant cela, mon concierge aurait pu l’être...Je suppose et j’espére que l’auteur en dit un peu plus.


                    • Jesrad (---.---.105.16) 13 octobre 2006 19:55

                      Sauf que votre concierge n’a pas démontré que c’est ce qui se passe dans le monde réel avec des chiffres à l’appui, alors que Phelps, oui. Plus d’info : http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601039&refer=columnist_shlaes&sid=az3QMmAfmGrg

                      Pour ce qui est des critiques sur le travail de Stiglitz : Greg Mankiw, Reason. Et pour détailler plus précisément la pensée de Joe Stiglitz.


                    • www.jean-brice.fr (---.---.45.52) 14 octobre 2006 19:23

                      Ce qui prouve que c’est une IMPOSTURE !


                    • Le Hérisson (---.---.121.162) 13 octobre 2006 14:52

                      « Soutien à la consommation depuis 25 ans » ??? Nous ne devons pas avoir les mêmes lunettes pour lire les indices INSEE ! Huit à neuf millions de gens sans emplois, précaires ou rmistes..Voilà qui soutient la consommation ! De même, les salaires des cadres qui évoluent moins vite que l’inflation (pourtant négligeable)... De même, l’Euro et ses taux d’intérêt prohibitifs... Je vous en prie, un peu plus de rigueur.


                      • gem gem 13 octobre 2006 15:35

                        l’anonyme à raison : ça fait bien longtemps que la France veut faire une politique de demande, à coup de hausse du SMIC et autres allocations, d’emplois aidés, etc.

                        Après, libre à vous de dire que les moyens adoptés ne correspondaient pas au but, ou de contester les résultats, mais vous ne pouvez pas nier l’intention.


                      • Internaute (---.---.6.199) 13 octobre 2006 15:06

                        Je ne peux qu’applaudir des deux mains à cet article complet qui met le doigt là où il faut. Il n’est pas besoin d’être un prix Nobel d’économie pour voir et comprendre ce qui se passe. Demandez aux employés licenciés lors des faillites quotidiennes de nos PME. Ils ont tout compris sur la mondialisation sans avoir besoin de lire Maurice Allais. A ce propos, les thèse économiques modernes du FN sont proches de celles défendues par Maurice Allais et vous faites donc une petite ommission involontaire en écrivant [Toute la classe politique l’a acceptée. Il reste « la gauche de la gauche » et les arguments d’un Besancenot.]


                        • (---.---.192.187) 13 octobre 2006 15:19

                          Le problème c’est que l’économie n’est pas une science... elle tien plus de l’idéologie ou des arts devinatoires que de concepts mathématiques et statistiques rigoureux.

                          En partant de la on peux dire tout et n’importe quoi et parfois on a la chance de coller un peu à la réalité si on est assez vague... bref de l’astrologie.


                          • www.jean-brice.fr (---.---.11.113) 13 octobre 2006 15:49

                            Je tiens à préciser que la pensée unique est anglo-saxonne et particulièrement en économie puisque leur prix NOBEL EST UN FAUX PRIX NOBEL UNIQUEMENT CREE POUR CONTRE DE GAULLE ET RUEFF : je sais ce que j’avance et si vous le voulez je vous donnerai des preuves !


                            • Le Hérisson (---.---.121.162) 13 octobre 2006 17:51

                              « Ce qui est regrettable, c’est de citer non pas le sujet principal de l’article, mais ... d’autres journalistes ! » Vous avez mal lu. Je cite certes des confrères mais également des propos des économistes eux-mêmes. C’est Stiglitz lui-même qui a déclaré sur plusieurs médias que la fusion de GDF avec le privé était une ineptie. Les journalistes ne lui « ont pas tenu le crayon... » Enfin, je prends l’exemple du dogme « néo-libéral » pour expliquer justement que l’économie ne se satisfait d’aucun dogme, car ses cycles sont bien plus rapides que les « idéologies »... D’accord avec Jesrad, Phelps à montré l’interaction entre chômage et salaires. D’autres ont montré l’interaction existant entre les prix toujours plus bas et le chômage.


                              • Bernard Dugué Bernard Dugué 13 octobre 2006 18:14

                                Justement, l’économie primée par le Nobel est une science, ou du moins s’en rapproche et comme toute science humaine contemporaine, elle a pour but de renforcer la puissance de l’homme sur l’homme. La croissance et donc la puissance des Etats ou alors les puissances financières. Le profit durable. Phelps, pas plus que Tobin, n’est un abbé pierre de l’économie. Et s’il y en avait un, il recevrait le Nobel de la paix.... quoique..... l’actualité de ce jour


                                • Le Hérisson (---.---.121.162) 13 octobre 2006 18:36

                                  L’économie est-elle une science molle ou dure ? Prière de toucher pour savoir... Je pense pour ma part qu’aucune science n’est totalement exacte ; cependant, certaines se prêtent davantage à la validation et à la vérification que d’autres. Mais toutes ont une part d’inexactitude liée à ce que nous sommes, des hommes. Evidemment, cela bouleverse peut-être les repères...


                                  • Job (---.---.131.63) 31 octobre 2006 00:21

                                    On peut dire que l’économie est plutôt un ensemble de petits modèles calculatoires à valeur explicative satisfaisante pour chaque segment que chaque modèle prétend éclairé.

                                    Mais on ne peut pas dire que la Théorie économique, c’est-à-dire l’ensemble des modèles forment un tout cohérent.

                                    Plutôt que science, il serait plus pertinent de dire les « techniques économiques ».

                                    En procédant ainsi, on porterait l’accent sur le caractère opératoire de ces modèles et sur leur côté prescriptif-prédictif limité.

                                    De cette manière l’aspect dogmatique soi-disant amoral et apolitique serait réduit. Chaque groupe politique pourrait puiser dans ces techniques sans rougir.

                                    La monnaie ou la comptabilité, par exemple ne sont ni libérale ni socialiste ni communiste ni X. Tous les utilise. Mais quand on dit que en matière de monnaie, l’Etat fait moins bien que le marché, c’est une belle connerie qu’on met en oeuvre parce que ceux auxquels on s’adresse sont aussi ceux qui voient l’intérêt d’une telle situation pour leur propre patrimoine.

                                    Alors que la monnaie est une affaire critique qui relève directement de la souveraineté d’un Etat...toute l’histoire jusqu’à nos jours l’atteste.

                                    C’est un avis.


                                  • Job (---.---.131.63) 31 octobre 2006 00:43

                                    L’économie pour être une science devrait faire l’objet d’un travail d’unification épistémologique. Or, il se trouve qu’étrangemment personne n’est d’accord sur les premiers principes d’une théorie générale.

                                    Pas de consensus scientifique donc pas de convention commune donc pas de théorie commune admise.

                                    Il y a donc différentes « écoles ».

                                    Ni dure ni molle. Juste un ensemble de techniques fonctionnelles. smiley


                                  • ZEN zen 13 octobre 2006 19:19

                                    M.Allais ne mâche pas ses mots :

                                    http://allais.maurice.free.fr/monde13.htm


                                    • Bernard Dugué Bernard Dugué 13 octobre 2006 20:01

                                      Allais dénonce depuis 15 ce capitalisme qui se dévore en se régénérant et récicroquement et ce système ne va pas s’effondrer, il est parfaitement viable parce que l’humain accepte le développement minable et que les élites ont fait comprendre aux peuples qu’ils doivent se soumettre, comprendre ? Je veux dire achetés. Et l’argent est suffisant


                                    • Jesrad (---.---.105.16) 13 octobre 2006 20:05

                                      Oui, c’est aussi pour ça que plus personne ne l’écoute.


                                    • Marsupilami (---.---.54.163) 13 octobre 2006 20:24

                                      @ Zen

                                      Maurice Allais, que j’estime beaucoup (pas seulement pour ses travaux économiques), voit ses travaus publiés un peu partout et entre autre dans une revue financée par l’extrême-droite étasunienne. Tu vois laquelle et ça ne te gène pas, vélocipédiste de gôche ?


                                    • ZEN zen 13 octobre 2006 20:30

                                      @Marsu

                                      Explique toi .Précise ? Quelle extrème droite ? Les libertariens ? Pour quelles raisons ? Qu’est-ce qui prète le flanc à la récupération chez lui, que je ne connais vraiment pas bien...

                                      Vélocipédiste, oui (ma voiture reste au garage) ; de gôôôche, c’est toi qui le dit...social-démocrate du centre.


                                    • Bernard Dugué Bernard Dugué 13 octobre 2006 21:15

                                      @ marsu,

                                      Les fachos vantent la bière, est-ce pôur autant que je vais me priver de bière.

                                      Un peu plus de recul, cher ami, tu peux faire mieux


                                    • Le Herisson (---.---.121.162) 13 octobre 2006 20:01

                                      « M.Allais ne mâche pas ses mots » Tout à fait, Zen... Surtout qu’il a parlé de cela il y a longtemps, depuis les années 80 (à vérifier)... Dans le constat qu’il dresse, qu’y a t’il de faux ? Pas grand chose...


                                      • Zamenhof (---.---.197.241) 13 octobre 2006 20:10

                                        En effet l’Economie, qui se prétend une science, tient plus, beaucoup plus, de l’idéologie, et, surtout, et en dernière analyse, du rapport de force

                                        .....


                                        • ZEN zen 13 octobre 2006 20:16

                                          Un livre m’a ouvert les yeux sur le crédit relatif qu’il fallait accorder à l’économie dite « scientifique » : JACQUES SAPIR :« Les économistes contre la démocratie » (A.Michel)


                                        • ZEN zen 13 octobre 2006 20:24

                                          Pour une présentation brève de J.Sapir :

                                          http://cemi.ehess.fr/document.php?id=414


                                          • (---.---.121.162) 13 octobre 2006 20:30

                                            « Oui, c’est aussi pour ça que plus personne ne l’écoute. » Si c’est de Maurice Allais dont vous parlez, sachez qu’il fait partie dans les grandes écoles des USA des économistes parmi les plus enseignés, et les plus invités...


                                            • Le Hérisson (---.---.121.162) 13 octobre 2006 21:08

                                              Pauvre Allais ; certaines réactions montrent bien que nul n’est prophète en son pays... Mis à part la haine des immigrés et leur renvoi chez eux, le FN n’a aucune pensée économique. Il n’est pas étonnant qu’il récupère et mette à sa tambouille malsaine celle d’un économiste qui plaide pour davantage de protection au niveau de l’Union, tout en étant libéral. Dites qu’un auteur intéressant est poursuivi par des chiens enragés, et vous jeterez le tout à la poubelle... Un peu de discernement que diable. Le but de mon article était de sortir des querelles de chapelle et des étiquettes qui abiment la perception que l’on a de la pensée. Visiblement, tout le monde n’y est pas près.


                                              • Sam (---.---.187.20) 13 octobre 2006 23:01

                                                Sur Agoravox dont je fréquente régulièrement les forums, il m’a paru légitime de mettre un petit mot pour Politis, dont je suis un lecteur régulier, sans être abonné, et qui est en voie de disparition.

                                                Politis, c’est un petit mag sans pub, menacé par la faute, semble-t-il d’un appareil dirigeant plutôt amateur.

                                                On peut critiquer ses choix éditoriaux et je le fais souvent,mais il assume ceux-ci avec constance et dans la marge de la presse, vu qu’il n’a pas de pub.

                                                C’est un petit, au pays des gros organes de presse tout orientés vers la maximisation de la rente publicitaire, un journal orienté à gauche - nul n’est parfait - qui donne de l’info, des idées et des réflexions semaine après semaine, sans tomber dans le populisme ou la servilité, ce qui n’est déjà pas mal dans notre paysage informationnel actuel.

                                                J’aime cette idée d’une petite presse d’idée qui vive encore, j’aime cette presse sans l’inféodation aux marques.

                                                Je serais assez content que Politis reste dans nos kiosques.

                                                Et je crois qu’Agora Vox, qui se veut représentant d’une presse alternative, ne peut oublier les rares organes de qualité qui continue leur bonhomme de chemin dans l’économie de la presse traditionnelle.

                                                Alors j’invite les bénévoles rédacteurs, et les lecteurs de ce site, à manifester un soutien sans ostentation à Politis, de la manière qu’ils souhaitent, mais clairement, pour sa survie.

                                                Quant à moi, je vais faire un petit chèque pour ce petit magazine pour qu’il continue à donner de sa petite et singulière voix.


                                                • agora (---.---.121.162) 14 octobre 2006 00:59

                                                  Bravo... Au moins un autre son de cloche sur l’économie, et qui plus est, vient des USA. Après Mikaël, les prix Nobel... quand donc nos intellectuels en seront-ils conscients ?


                                                  • Christophe (---.---.58.18) 14 octobre 2006 15:16

                                                    Ce qui est interressant dans votre papier est de mettre en évidence les nuances associées aux courants libéraux. Les auteurs que vous citez semblent se rallier à l’approche de Rougier dans les Mystiques Economiques (1938) :

                                                    ... le libéralisme pose des limites à l’intervention de l’État par la reconnaissance des droits du citoyen, tempère le pouvoir exécutif par le contrôle législatif et le pouvoir judiciaire, protège l’individu contre les abus de la puissance publique, admet la représentation des minorités et les droits de l’opposition, tient grande ouverte la lice où s’affrontent, sous la tutelle de la loi, les compétitions individuelles et se nouent les solidarités sociales...

                                                    Dans ce même ouvrage, l’auteur expose le libéralisme économique par ce qu’il nomme le libéralisme constructeur :

                                                    Le libéralisme constructeur admet l’ingérence juridique de l’État pour protéger la libre compétition qui seule permet de sélectionner les valeurs. Il se refuse à transformer la doctrine du laissez-faire, laisser-passer, essentiellement militante à ses débuts, en une doctrine fataliste de non-résistance aux forces brutales.


                                                    • www.jean-brice.fr (---.---.15.186) 15 octobre 2006 09:12

                                                      Ce que je reproche à M. ALLAIS est qu’il a un ego démesuré ; il n’y a qu’à voir sa boutique av de suffren ! Surtout c’est un monsieur qui est incapable de révérer son maître, en l’occurence Jacques RUEFF !!! sauf pour l’enterrer une deuxième fois dans un coloque au début des années 80 avec toute la finance internationale : en effet, RUEFF dérange, particulièrement les anglo-saxons ...


                                                      • Job (---.---.131.63) 31 octobre 2006 00:07

                                                        Très bon article.

                                                        çà fait du bien de lire du sérieux. Des pensées du temps présent.

                                                        En matière économique trop de gens raisonnent d’après leur catégorie sociale. Ils n’arrivent pas à s’oublier pour considérer l’intérêt général. Et tous ces économistes, savent pertinemment que les intérêts particuliers seront mieux assurés dans un système économique à la dynamique stabilisée par un Etat faisant office d’agent régulateur et formateur.

                                                        Je vous encourage à continuer à faire des articles de cette qualité.

                                                        Et ne soyez pas étonnés de la virulence larvée de certains commentateurs, l’évolution économique actuelle leur convient très bien.


                                                        • gigi432 (---.---.67.183) 31 octobre 2006 00:46

                                                          Le samedi 28 octobre 2006 devait se tenir à 15 heures, place du Châtelet à Paris, une manifestation pour commémorer le soulèvement hongrois de 1956 contre le régime communiste.

                                                          La Révolution bleue n’était pas organisatrice de cette manifestation et n’avait pas appelé en tant que telle à y participer. Toutefois trois de ses principaux orateurs, Gérard Pince, Georges Clément et Jean-Christophe Mounicq avaient décidé d’y participer à titre personnel.

                                                          La manifestation a été interdite le matin même du jour où elle devait se tenir, au motif que la police craignait une contre-manifestation d’extrême gauche et que les troubles en banlieue ne lui permettaient pas de disposer des effectifs suffisants pour assurer la sécurité.

                                                          Pourtant, les effectifs de police présents pour faire respecter l’interdiction de la manifestation étaient fort nombreux et auraient largement suffi à la protéger.

                                                          Dès leur sortie du métro, vers 14 h 30, place du Châtelet, Gérard Pince, Georges Clément et Jean-Christophe Mounicq ont été abordés, chacun de leur côté, au milieu de la foule par des officiers de police en civil qui, les ayant aussitôt reconnus, les ont informés de l’interdiction de la manifestation et leur ont ordonné de quitter les lieux.

                                                          Bien entendu Gérard Pince, Georges Clément et Jean-Christophe Mounicq ont obtempéré. Devant se retrouver avec quelques autres personnes dans une réunion à l’issue de la manifestation, Georges Clément et Jean-Christophe Mounicq se sont placés devant la terrasse d’un café, tentant d’apercevoir leurs amis afin de convenir d’avancer l’heure de leur réunion.

                                                          C’est alors qu’un groupe de CRS aux ordres d’un officier de police a traversé la place, s’est dirigé vers eux, les a interpellés au milieu des nombreux passants et leur a indiqué qu’ils étaient placés en garde à vue. Conduits au commissariat du 4e arrondissement, fouillés, photographiés, soumis à prise d’empreintes et enfermés en cellule, Georges Clément et Jean-Christophe Mounicq n’ont été libérés qu’à 21 h 30, le parquet ayant renoncé à la qualification d’attroupement ainsi qu’au refus d’obtempérer.

                                                          Tels sont les faits. Ils sont graves.

                                                          Tout d’abord, il s’agit d’arrestations arbitraires et de séquestrations illégales.

                                                          Par ailleurs, comment se fait-il que Gérard Pince, Georges Clément et Jean-Christophe Mounicq aient été « ciblés » avec autant de précision par la police ? Leurs visages sont évidemment connus pour figurer sur les photographies des manifestations de la Révolution bleue, mais pourquoi les policiers se sont-ils dirigés sélectivement vers eux et sans la moindre hésitation ? Ils étaient à l’évidence attendus. Pourtant ils n’avaient pas fait connaître publiquement leur intention de participer à cette manifestation. Leurs conversations téléphoniques ont-elles été écoutées par la police, et si oui, avec l’autorisation de quelle autorité judiciaire ?

                                                          Et enfin pourquoi ces interpellations totalement injustifiées et abusives ?

                                                          La réponse est claire. Il ne s’agit en aucun cas d’une initiative policière. Les ordres ne pouvaient venir que du ministère de l’intérieur et très probablement du ministre lui-même. Le ministre de l’intérieur s’inquiète du retentissement croissant dans l’opinion de l’action de la Révolution bleue et il a cherché à l’intimider.

                                                          La Révolution bleue se laissera d’autant moins intimider que ses manifestations se sont toujours déroulées dans l’ordre et le calme, avec le souci de ne pas gêner la population, ce que les autorités de police reconnaissent et apprécient. De plus, la Révolution bleue ne se livre jamais à la moindre violence et elle condamne son usage dans les rapports sociaux.

                                                          En réalité, le ministre de l’intérieur n’a agi en cette occasion qu’en sa qualité de candidat à l’élection présidentielle, affolé à l’idée que la Révolution bleue ne réunisse de plus en plus de participants que ne trompent pas la vaine agitation de ce ministre et son incapacité à rétablir l’ordre dans les banlieues.

                                                          D’ailleurs les faits parlent d’eux-mêmes : le 28 octobre 2006, le ministre de l’intérieur a fait arrêter, pour leurs idées, deux honnêtes citoyens. Combien d’incendiaires et d’auteurs d’agressions criminelles l’ont-ils été ?

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