Quel recruteur peut croire à cette poudre de francetravailpimpin ? (Violences Réelles, Considérations économiques 3)

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Il m'est une fois arrivé de faire la lecture du Philomag. Voici celle d'un récent article de FranceTravail illustrant à merveille le degré d'esbroufe dans lequel nous naufrageons (à mettre au compte des violences économiques).

1. On naît comme on est avec le nez qu'on a disait Montaigne. Le mien m'oblige à pointer régulièrement au chômage depuis des décennies d'un boulot l'autre plus ou moins interimaire, CDD et autres périodes d'essai précaires : je suis pour sûr un handicapé socioprofessionnel dans cette dyssociété libérale.

2. Foutu assisté qui n'arrive pas à s'adapter et qui nous coûte cher ! s'exclament régulièrement "des" qui travaillent depuis leur sortie de l'école au même endroit, ou bien dans un secteur en tension leur facilitant le recrutement, ou bien ceux héritant ou ayant obtenu par leur trajectoire le réseau suffisant, sans parler de ceux qui s'accrochent au CDI ou au statut de fonctionnaire qu'ils ont obtenu comme une moule à son rocher même quand on les gave d'algues. J'applaudis avec les otaries vos prétendues adaptativités et supposées flexibilités qui ne tiennent qu'à la loterie sociétale dans laquelle nous vivons (et probablement un peu aussi à quelques bons choix d'orientation et un peu de bagou que je n'ai pas c'est con hein ? mais je vous vois qui n'en avez pas plus que moi et qui râlez contre les "zinadaptés" tous comme des guedins : ça soulage l'estomac de râler...).

3. Admirez ce que FranceTravail est capable de proposer comme storytelling hypocrite à tout le monde et personne dans ses articles, je remercie le Ministère de l'Economie avec vos impôts (je n'en paie pas) d'avoir "enfin" mis un nom censé être valorisant sur ma piètre condition à se demander quel recruteur peut croire à cette poudre de francetravailpimpin ! Vous ne rêvez pas je vous assure : vous cauchemardez.

4. Ça pour être inattendu...

5. Donc ma vie est une vaste marelle ou autre corde à sauter où j'ai fait hop hop hop et faire hop hop hop s'appelle comme le running le hopping et donc il suffit d'y coller job pour que ça accouche de job hopping. Meuh ceuh meuuugnonnnn ! En fait je ne le savais pas mais je n'ai jamais été précaire au contraire je suis un putain de job hopper.

6. Le plus salaudement narquois c'est que lEtat, l'administration et ses sbires privés (FranceTravail en est là) ne se cachent même plus de se foutre de la gueule des précaires : souriez comme le métis généré par IA que vous êtes (black blanc beur France d'Avenir) car vous avez de l'espoir (anglais hope) par jeu de mot vous êtes un hoper (un espérant) un job hopper ! (Un sautilleur de travaux.) Ouéééééééé !

7. Bah de toutes façons r'gardez je mérite une telle raillerie : de t'façons je suis qu'un putain d'céfran raciste d'estrèmdrwate avec ma remarque sur la jolie donzelle, et pis maint'nant chuis un putain d'sexiste adepte de la CULTURE DU VIOL cé ob'igé 'culé de sale pauvre mâle blanc hétérosexuel DOMINANT. (Pardon ?!?) Nan mais cé bien fé pour ta GGGeule retour de balancier FDP. (Et c'était moi le discriminant ?!?)

8. Les employeurs ont toujours "très apprécié" "mes compétences" en voyant l'état éclectique de mon CV il est EUVIDENT qu'ils recherchent des mecs aussi adaptativisés que moa, j'l'ai toujours su, je l'savé, p'tain pourquoi j'l'avé pas vu plus tôt, meeeeeerdeuh... !

9. "Il ne s'agit pas d'instabilité professionnelle." Essayez de relire ça sérieusement. Pire : "comme on l'a longtemps pensé". Bah oui : faut être un putain d'réac passéiste conservateur d'estrèmdrwate pour avoir pensé ça dans l'univers du PROGRES MERCANTILE. (Où seuls progressent les plus ou moins nouveaux richards se payant des services d'une vulgarité connuniquante sans nom.)

10. Le job hopper est jeune (forcément jeune ben voyons pauvre millenial que je suis déjà - pour ainsi dire un boomer aux yeux des gens Z et que sais-je après eux - le jeunisme on sait bien que tous les aînés désormais en surnombre savent qu'il les aide à trouver du boulot en fin de carrière... quand même on n'embauche pas les jeunes à cause de leur inexpérience que nul ne veut former... soit donc que le jeune n'est qu'un galérien comme son aîné...) mais voici maintenant que C'EST SUPER SYMPA il est curieux et veut apprendre : tous les recruteurs adorent ces curieux qui veulent apprendre (sur le papier ensuite les gars faut quand même pas déconner on a une entreprise à faire tourner les objectifs manageriaux sont clairs).

11. Le jeune Orelsan nous chantait voilà dix ans "au fond j'crois qu'la Terre est ronde pour une seule bonne raison, après avoir fait l'tour du monde, tout c'qu'on veut c'est être à la maison" et à la radio en ce moment je ne sais qui en train de chanter sur un rythme reggea ragga roots qu'on est mieux chez soi... l'aventure à l'état pur, la Jamaïque ! ... et ce seraient ces jeunes-là qui ne rêveraient pas de routine ? Les dernières études révèlent qu'à l'heure de Tinder on a jamais autant rêvé de fidélité en couple. Logique. Allez leur faire aimer d'être corvéables à merci dans la précarité, en leur vendant du vive l'absence de routine ! du job hopping ! De toutes façons si on veut construire quelque chose dans la vie c'est de routines dont on a quand même besoin, bande de bâtards.

12. Vous évoquez le numérique et la tech forcément... et simultanément ils sont la génération Greta Thunberg qui sait très bien que les serveurs internets tournant H24 bouffent des ressources et réchauffent la planète bande de guedins... et simultanément en dehors des grandes entreprises la tech nul n'en a plus besoin que ça depuis le web 2.0 (facilitateur à la création de sites) etc. Vous en êtes encore aux "NTIC" dans vos dossiers ou quoi ? ("Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication" acronyme vieux de 20 ans.)

13. Donc on a bien compris qu'il s'agit d'une faiblesse. D'un pigeonnier.

14. Typographiquement ça y est ils nous sortent le gras encyclopédique sur un certain nombre de mots-clés censés en jeter et être désirables. Mais comme le diable se cache dans les détails voici la petite incise qui tue avec l'adverbe qui va bien : "Cette stratégie professionnelle, bien menée, est alors un véritable booster de carrière." Autrement dit les gars C'EST HUNGER GAMES QUAND MÊME ALLEZ PAS VOUS FAIRE DES IDEES.

15. Seuls ceux qui auront suffisamment de bagou s'en sortirons. Pas étonnant que tu veuilles t'en tirer alors à meilleur compte en vendant ta gueule sur TikTok en faisant des views et du follow j'te comprends (même si ça reste en fait la loterie en pire comme le football ou le cinéma).

16. Tous les recruteurs savent que ton CV c'est de la chienlit mais on te prend pour un con en disant qu'il "intrigue" ouais : en fait si on ne te retéléphone jamais malgré tes efforts la réponse est là. Les types voient ton CV plein de mauvaises herbes et n'ont pas le sentiment de pouvoir y cultiver quelque chose de rentable, sauf que si tu ne plaçais pas cette mauvaise herbe tu donnerais l'impression d'être un glandu glandeur : il n'y a pas de solution pour toi le meilleur hope pour toi est de le carrer vite fait que ta vie c'est d'la maaaaaaarde criss de câlice d'hostie.

17. "Vas-y explique pourquoi t'es un lapin de garenne mon gars." Bande de lapins crétins...

18. Bien sûr que tu vas chercher à expliquer la logique du truc mais enfin si le divorce de tes parents ou encore la dernière crise t'ont foutu dans la mouise ça pourrit quand même le chemin. Et si t'as dû prendre les missions d'intérim ou sauter sur les CDD qui se pointaient, pour sûr t'as été un lapin mais la logique c'est le loto. Bandes de lapins crétins est-on leurs Minions (tm) ?

19. Quand tu dis à un recruteur "j'ai vachement envie de contribuer" il entend "je n'ai rien pour moi pitié épargnez-moi". Cela dit quand il t'en donne ta chance si tu finis tout mou sur ton portable viens pas te plaindre après.

20. Je leur laisse faire le bilan allez bisous :

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14 réactions à cet article

Buzzcocks 3 juillet 16:56

Dans une société sans but, on crée des postes sans but, sans intérêt. Je ne sais pas non plus ce qu’est un job hopper, mais je ne m’étonne plus de rien.

Sur linkedin, tous les profils ont des titres en anglais qui n’ont aucun sens. La semaine dernière un « craftmanship tech » me demandait de l’ajouter à mes contacts.

J’imagine très bien un entretien d’embauche où la DRH devenue « Skills Recruiter » me dit « Dans la cadre de la refonte du CRM level 2, vous devez coordonner les Craftmanship Tech afin qu’ils collaborent avec nos IT delivry makers, vous devez connaitre l’agility, les procmains 2.1, ce poste peut il vous intéresser ? »

Et là, je lui dirais oui alors que je n’ai strictement rien compris au but du poste... mais bon, après 25 ans dans le privé, je sais que c’est un bullshit job bien payé à pondre des conneries que personne ne lit.

Et après, on sous sort des émissions de merde du genre : « les jeunes ne veulent plus travailler »... bah tu m’étonnes, qu’ils ne veulent plus. On leur a créé une société à la Brazil !!!!Strictement rien n’a de sens.

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- Alain Malcolm 4 juillet 09:06
  
  @Buzzcocks. Brazil. La référence ultime en la matière, oui.
  
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- Seth 3 juillet 19:10
  
  C’est charmant job hopper. Ça rappelle grass hopper. C’est bucolique.
  
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  - Alain Malcolm 4 juillet 09:03
    
    @Seth. Merde mon anglais n’allalit pas jusque là mais vous imaginez le foutage de gueule est ici ultimisé : les tondeurs de (bullshit) jobs. Les « besoins du patronat » sont sans limite et nous vivons par la force des choses dans une société de caste jamais abolie.
    
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  - Seth 4 juillet 13:12
    
    @Alain Malcolm
    
    Ceux qui s’explosent dans les bullshit jobs sont plutôt des tondeurs d’oeufs.
    
    Castes ou classes ?
    
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  - Alain Malcolm 4 juillet 17:42
    
    @Seth
    
    Sûrement pour les tondeurs d’oeufs... Je disais bien « castes » mais « classes rigidifiées » revient au même c’est Thomas Piketty qui en parle dans son Patrimoine au XXIe siècle.
    
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  - sylvain 3 juillet 19:48
    
    Vous payez des impots en fait, la moitie des revenus de l’etat, c’est la TVA.
    
    Pour le reste, c’est un peu comme les frappes chirurgiclaes, les techniciens de surfaces et la lutte contre le terrorisme. Nos communiquants n’ont pas de limites
    
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    - Alain Malcolm 4 juillet 09:05
      
      @sylvain. Mais c’est vrai ça (qu’ils n’ont pas de limite et que je paie la TVA). Dans un sens j’ai envie de vous remercier de redorer mon blason aux yeux de toutes les tanches qui râlent contre les types comme moi à ce sujet : j’avais intériorisé leur discours. Dans un autre sens j’ai envie de me coucher sur une route bras en croix en invoquant Bayrou pour qu’il m’achève avec sa proposition d’augmenter la TVA et de baisser l’impôt sur le revenu...
      
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    - sylvain 5 juillet 19:36
      
      @Alain Malcolm
      Il va y mettre la semaine bayrou a t’achever, mais bon t’as l’air d’avoir le temps. Les tanches qui critiquent les gars comme toi, vu le temps qu’ils passent sur leur ordi, m’etonnerait qu’ils travaillent comme des dingues eux memes
      
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    - Alain Malcolm 5 juillet 21:49
      
      @sylvain
      Oui il en faudrait de beaucoup que tous les travailleurs travaillent même quand ils sont dans le privé et non pas fonctionnaires. J’ai déjà été jeté je crois parce que je bossais pour trois : c’est pas bien de bosser pour trois parce que les trois en question de regardent en se disant que s’ils te laissent ta chance tu vas les évincer alors que toi tout ce que que tu veux c’est enfin pouvoir te poser même au SMIC.
      
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    - ETTORE 3 juillet 23:26
      
      On as donc le même regard sur cette société....
      
      Le kangourou, qui fait des bonds, facilité par le contre poids de sa queue...
      
      Le « chôôôôôôômeur » de looooooongue durée, dont on veut faire croire que ses bonds, sont autant de records, qu’il faut savoir mettre en avant, pour correspondre à la belle image du prospectus publicitaire.
      
      France Travail, change souvent de nom, parce que, l’inefficacité de ces distributeurs de prospectus, à besoin d’être déménagé de salle d’exposition,en salle de remisage, tant les visiteurs se lassent des oeuvres abscons .
      
      Mais, cette « entité » donne du travail, oui !
      
      A ses propres « conseillers », qui se forment au contact des gens aguerris, et chez qui, un tel afflux d’expérience, peut mener à une forme de dépression, ou, surcharge de travail, rime avec aiguilleur de train fantôme, tant la destination, est si peu différenciée de la voie de garage...
      
      Mais voilà, si vous voulez éviter le butoir de fin de ligne, par sifflet menaçant de radiation, vous vous devez de prostituer votre mental, en vous disant que les proxi-nenettes, qui vous tapinent votre avenir.....Ont un Mac, CONvaincu qu’en traversant la rue, même en dehors des clous, vous avez de fortes chances de trouver un emploi d’emplâtré brancardisé.
      
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      - Alain Malcolm 4 juillet 09:14
        
        @ETTORE. C’est clair l’hypocrisie et la violence sont totales ! Tout ça pour complaire à un patronat dont les membres sont censés être des citoyens librezéhégaux en droit avec moa. Un euro = un euro pas vrai ? Même quand j’ai un euro et que le patron en a un milliard ? Right ? Voilà tout leur sens de la libertézélégalité.
        
        [FranceTravail] cette « entité » donne du travail, oui !
        
        A ses propres « conseillers », qui se forment au contact des gens aguerris, et chez qui, un tel afflux d’expérience, peut mener à une forme de dépression, ou, surcharge de travail, rime avec aiguilleur de train fantôme, tant la destination, est si peu différenciée de la voie de garage...
        
        Oui cela me martèle à chaque fois que j’ai affaire à FranceTravail.
        
        France Travail, change souvent de nom, parce que, l’inefficacité de ces distributeurs de prospectus, à besoin d’être déménagé de salle d’exposition,en salle de remisage, tant les visiteurs se lassent des oeuvres abscons .
        
        Non là vous allez vite en musique puisqu’on est passé des ASSEDIC à Pôle Emploi et maintenant FranceTravail. Avant les ASSEDIC c’étaient des mutuelles mais en 1958 l’Etat décide de s’y atteler avec la 5ème République. Mais si concomitamment ça crise et livre l’économie au bon plaisir quasi-absolu du privé ça ne sert plus à rien puisque ce qu’il reste soudain de la « société civile » a sombré dans l’incivilité vénale. Car la vénalité est incivile c’est mathématique il y a un rapport de proportionnalité négatif.
        
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      - Goldo Du 4 juillet 19:53
        
        AdM
        
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        Alain Malcolm 5 juillet 21:51
        
        @Goldo Du
        Oui mais cette expression elle-même fait partie du problème mon gars. Si pour dénoncer de la daube on doit utiliser une périphrase acronymée de daube c’est un ruban de Möbius on n’en sort pas c’est du bullshit job aussi.
        
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