Taxe de solidarité sur les billets d’avions : le retour
L’idée géniale (de son point de vue) de notre Président pour
financer l’aide à l’Afrique revient à la surface, après des études souterraines
au ministère de l’économie et des finances.
Jacques Chirac n’a effectivement plus de marge de manœuvre pour
prendre en charge des dépenses nouvelles, plombé qu’il est par 25 ans de
déficits budgétaires successifs et par les limites du traité de Maastricht, que
nous n’avons pas réussi à respecter depuis trois ans. Pour renforcer notre
soutien au développement de l’Afrique, (plutôt que d’économiser sur d’autres
postes de dépenses budgétaires ou de diminuer le train de vie de l’État), notre
président a trouvé une idée nouvelle hors budget : inventer une taxe nouvelle
sur les billets d’avions.
Vous savez, si vous lisez mes billets régulièrement, que je
m’étonne depuis longtemps de la cascade de frais et taxes divers qui
s’abattent sur le prix des billets d’avion, au point que les taxes et frais
vont bientôt dépasser le prix du billet d’avion lui-même. C’est sans doute ce
qu’on appelle la démocratisation des voyages ! Ce qui me paraît plus
particulièrement choquant dans cette proposition pour aider les pays africains,
c’est le choix d’une solidarité à deux vitesses, suivant que vous aurez
l’occasion de prendre l’avion- et serez solidaire donc- ou ne le prendrez pas-
et donc ne serez pas solidaire.
Le système proposé taxera faiblement les voyages en classe
économique, et très fortement ceux en classe affaire, puisqu’on parle de 40
euros pour un vol affaire long courrier, 20 pour un vol affaire
intracommunautaire, et de 2 euros pour un voyage en classe économique. En d’autres
termes, ce seront les voyages d’affaires des sociétés qui paieront la
solidarité à l’Afrique. En même temps, lors de la discussion budgétaire 2006,
l’État s’est refusé avec obstination à revoir ses propres dépenses à la baisse.
Il est prévu que cette taxe soit mise en place dès 2006, et
qu’elle rapporte 200 millions.
Les représentants du transport aérien ont rappelé leur opposition
à cette augmentation nouvelle des prix du transport aérien, qui va venir se
rajouter aux frais et taxes dont j’ai déjà parlé, mais surtout aux surcoûts liés
à l’augmentation des prix du pétrole. Les différentes fédérations professionnelles,
ainsi que les syndicats d’employés, ont rappelé que cette augmentation était
susceptible d’avoir pour conséquence la suppression de 3000 emplois en France,
et s’étonnent également de l’inégalité de traitement entre le transport aérien et les autres moyens de transport.
La France est le premier pays à vouloir appliquer de cette
manière la solidarité avec l’Afrique. La Grande-Bretagne a prévu de le faire,
mais en prélevant sur les taxes existantes, et l’Allemagne semble en avoir
abandonné l’idée.
Une exception française nouvelle...
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