Taxer les riches : tous concernés ?
Pourquoi quand on parle de taxer les riches, on se sent tous un peu concernés (à tort) ?
En début de campagne du second tour, François Hollande, candidat à l'élection présidentielle de 2012 était interrogé sur le plateau de l'émission "Des paroles et des actes" sur son programme fiscal. Son annonce de taxer les "riches", ceux qui gagnent plus de 1 million d'€ par an à hauteur de 75 %, a fait le tour des médias. Même si environ 3500 foyers (0,01 % de la population) sont concernés par cette mesure, les français, les médias, les experts se sont arrêtés sur cette parole. Et ce n'est pas la première fois dans cette campagne que ces "riches" sont visés. Mais on voit peu leur visage, à part peut-être ce PDG d'une grande compagnie pétrolière et quelques malheureux footballeurs, on pourrait même les appeller les "anonymous" tels ces pirates informatiques du web.
Riche de ce que je gagne ? de ma famille ? de mes idées ? Si Montesquieu donnait à ce mot le sens de "large dévelopement de l'esprit" en 1580, force est de constater que dans une société mondialisée et capitaliste comme la nôtre, et à l'heure où les calculettes ont remplacé nos cerveaux, la définition économique du terme est évidente.
Etre riche selon l'INSEE, qui est vraiment concerné ?
Selon une étude de 2010, c'est à partir de 84.500 euros de revenu déclaré annuel qu'une personne se situe parmi les 1 % les plus riches. Sachant que la moitié des français gagnent moins de 1700€ net par mois, peu semble être privilégié.
Etre riche pour les français (étude du CREDOC)
À partir de quel montant de ressources peut-on se sentir riche ? Réponse des Français : en moyenne 4 660 € par mois pour une personne. Des revenus que n’atteignent que 3 % de la population.
Vote politique et avantage économique des ménages :
Les revenus des plus modestes sont loin de tous voter pour une politique de redistribution traditionnelemment représenté par un vote plus encré à gauche, et plus proche de leur intérèt économique.
Des sociologues américains ont démontré que les personnes aux revenus les plus modestes ont l'optimisme de rejoindre un jour les élites économiques de la société. Ils sont sensibles à l'annonce d'un relèvement de la fiscalité envers ces "riches" pensant qu'un jour eux aussi profiteront d'une grande aisance financière. Cette nouvelle thèse lancée par des chercheurs américains, Ilyana KUZIEMCO et Michael i NORTON porte un nom : "The last place aversion"
Au travers de la redistribution des richesses,la peur du déclassement est aussi bien présente, de crainte qu'une politique sociale trop généreuse profite à des personnes encore plus défavorisées que soi, la peur de descendre tout au bas de la courbe.
Pourquoi si le mot ne caractérise que peu de ménages français, nous sommes sensibles à l'expression ?
D'autres facteurs conjoncturels et sociétaux . Tout simplement aussi parce que la crise est passée par là.. payer son loyer, faire le plein d'essence, avoir un salaire même un SMIC, ces "petites" choses peuvent suffir à elles seules pour que chacun puisse se sentir riche, d'autant que la peur de regression sociale se fait ressentir aujourd'hui, on l'a vu auparavant.
Un terme qui crée des distorsions
Les unes des quotidiens régionaux et nationaux utilsent parfois ce terme à tort ; ce mot lancé facilement dans le débat politique devrait être plus clair. L'utilisation d'un certains nombres d'expression relèvent de la stigmatisation ; opposer par exemple dans les médias ou dans le discours politique systématiquement ceux qui travaillent et qui ne travaillent pas en laissant croire que ceux qui ne travaillent pas l'ont choisi, engendre la peur et crée un climat d'affrontement qui n'a peut-être pas lieu d'être.
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