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Accueil du site > Actualités > Economie > Team Building : déclin du leadership ou solution à la déshumanisation

Team Building : déclin du leadership ou solution à la déshumanisation

La pratique Team Building est en croissance constante dans l’Hexagone. Représente-t-elle un déclin du leadership de nos entrepreneurs ou, au contraire, un palliatif aux problématiques posées par la déshumanisation de notre tissu entrepreneurial ?

Le monde de l’entreprise en France a depuis plusieurs années tourné une partie de ses espoirs vers les « faiseurs d’équipe » que sont les spécialistes du « Team Building ». Cet anglicisme qui est utilisé pour décrire toutes les activités ayant pour objectif d’améliorer les performances des équipes, que ce soit sur le plan relationnel ou opérationnel, a changé de visage ces dernières années.

Auparavant, les entreprises se tournaient vers des activités à sensations, comme la pratique du saut à l’élastique, l’accrobranche, les safaris, les raids en quad, et entraînaient leurs équipes de collaborateurs vers des horizons qui leur demandaient de se dépasser physiquement autant qu’émotionnellement.

Mais, depuis 2000, c’est la cohésion et l’intelligence d’équipe qui semblent être privilégiées.

Une solution à plusieurs problématiques de l’entreprise moderne qui parfois se dit déshumanisée.

D’abord, les communications intranets, la formation sur réseau, les échanges email, l’utilisation des BlackBerry et les visioconférences ont fait diminuer considérablement les échanges directs entre collaborateurs, que ce soit de manière horizontale ou verticale (hiérarchique).

Ensuite, il pourrait sembler qu’il existe en France un déficit du leadership. De nombreux dirigeants doivent faire appel à des intervenants extérieurs pour insuffler l’esprit d’équipe dans leur entreprise et augmenter ainsi leurs capacités opérationnelles. Ceci concerne principalement les gros groupes, qui sont à l’heure actuelle les premiers demandeurs de séminaires de Team Building, alors que les PME restent encore à l’écart.

Pourtant certains dirigeants qui n’ont plus à faire leurs preuves dans le domaine du leadership font aussi appel à ces faiseurs d’équipes, attirés par les outils pédagogiques proposés.

Les plus grosses entreprises sont aujourd’hui abonnées au Team Building : Renault, Air France, Oracle, Novotel, Publicis, la SNCF, EDF, La Poste, Cégétel, SFR, France Télécom, la BNP... tout le monde y passe.

Le panel d’activités proposées est large. Pour les grands groupes, jusqu’à 3 000 collaborateurs, les sociétés de Team Building peuvent produire des événements où ils transforment en quelques heures les participants en orchestre de samba géant, ou leur faire peindre une fresque de 30 mètres de long en 2 heures, fresque que l’entreprise pourra garder fièrement, ou bien revendre dans un programme caritatif qui lui conférera une valeur ajoutée d’éthique.

On voit même aujourd’hui des sociétés de Team Building proposer de transformer des équipes de centaines de personnes en orchestre symphonique en quelques heures, résultat garanti...

Pour les plus petites équipes, des modules ludiques qui pour une journée ou quelques heures mettent les collaborateurs aux commandes d’une entreprise, aux prises avec la gestion financière d’une holding ou en équipe à la conquête de « l’or du désert ».

Simple jeu de société ou découverte d’autres horizons pour former l’esprit d’équipe nécessaire à la croissance de l’entreprise ?

Certains verront cela comme le signe du déclin de la capacité à générer l’enthousiasme au sein de l’entreprise. D’autres considèrent que nous avons affaire à des outils qui permettent aux leaders d’obtenir de meilleurs résultats avec leurs équipes, et que le jeu est bien souvent un élément d’apprentissage dédramatisant et permettant de contourner les barrières sociales qui pourraient faire obstacle à une formation à l’intelligence d’équipe.

Quoi qu’il en soit, une chose est sûre, importée des Etats-Unis, mais aussi de Suède, du Canada, la pratique du Team Building est en pleine expansion dans l’Hexagone.

Entre 2005 et 2006, on a noté un accroissement de 10,5 % des prestations de Team Building en France.

Pour Frédéric Bedin, président de l’ANAE (Association des agences de communication événementielle) : « Les entreprises sont de plus en plus demandeuses de convention internes, de séminaires ou de voyages de récompense. Car, aujourd’hui, ces moments constituent l’une des rares occasions de rassembler des collaborateurs, de créer entre eux un lien. »

Guy Bergeaud, PDG de Eagle’s Flight, une société spécialisée dans les prestations de Team Building créatives et participatives déclare : « Les entreprises ont un réel besoin de « booster » pour apporter cohésion et synergie dans leurs équipes. Ce n’est pas que les dirigeants soient moins fédérateurs qu’autrefois, mais ils évoluent dans un monde qui a évolué et dont les facteurs ont changé. L’utilisation des outils du Team Building leur permet de pallier les carences relationnelles au sein de l’entreprise, mais surtout de favoriser des prises de conscience au sein des équipes et de valoriser leur implication dans l’entreprise. »

Les équipes d’animateurs sont doubles. C’est-à-dire qu’elles comprennent à la fois des artistes qui gèrent la partie événementielle pure (par exemple, des musiciens pour gérer les participants lors de la fabrication d’orchestres de Samba) et, d’un autre côté, des « coachs » qui s’occupent du « debriefing » des équipes, avec pour but de faire jaillir des prises de conscience de ces expériences collectives.

Une manière de faire très américaine qui pourtant semble assez bien convenir aux participants français. Vincent Lenhardt, l’un des pionniers du Team Building en France et importateur de nombreuses méthodes venues d’outre-Atlantique, écrivait à propos de ces débriefings : « Lorsque chacun a pu s’exprimer et a eu le sentiment d’être entendu, on observe en général un saut qualitatif dans la nature de la communication dans l’équipe. Ce processus représente une « performance » pour les membres de l’équipe et souvent il nous arrive d’observer que les participants de l’équipe le vivent pour la toute première fois. »

Alors doit-on s’inquiéter de cette prolifération du Team Building comme symbole du déclin de notre leadership entrepreneurial ou, au contraire, se réjouir de l’ouverture que représente cette nouvelle manière de favoriser l’esprit d’équipe ?


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5 réactions à cet article    


  • Gazi BORAT 17 janvier 2008 12:38

    Team Building et droit du travail :

    Une session de "team building", légalement, fait partie du temps de travail..

    Elle doit donc être rémunérée.. Certaines de ces sessions mobilisent parfois un week end et ne font l’objet d’aucune rémunération.. mais de plus en plus souvent de boycott de la part des salariés..

     

    gAZi bORAt

     


    • Vincent 17 janvier 2008 14:23

      Pour avoir moi-même constitué quelques des équipes par le passé, je puis vous assurer que mettre en place une symbiose n’est pas évident du tout.

       

      Trouver l’alchimie qui fera que votre équipe sera soudée, se serrera les coudes et surtout sera compétente relève presque de l’équilibrisme.

       

      C’est plus dur aujourd’hui pour plusieurs raisons à mon avis.

       

      La première : les organisation transversales, en effet auparavant nous avions tous un chef et c’était tout, donc tous en gros pour caricaturer « un seul ennemi », maintenant, avec les organisation transversale, les responsabilités sont diluées et vous devez reporter à plusieurs personnes.

       

      Par ailleurs, on nous a tous nommé responsable de quelque chose, même aussi insignifiante, qui nous donne de l’importance et nous procure cette petite sensation de puissance.

       

      La seconde : on nous a tous promis d’être manager un jour ou l’autre, donc plus de cadeau dès que l’on peu glisser une peau de banane à un collègue, on hésite pas, si cela lui fait perdre quelques points sur l’échelle de valeur des personnels de l’entreprise. Nous sommes devenus individualistes, car responsables de nos actes. Et nous avons tous l’ambition d’être calife à la place du calife.

       

      En fait, j’ai constaté que les équipes qui fonctionnaient le mieux étaient celles qui avaient eu à subir les plus grosses emmerdes, les gros pètes, celles qui avaient fait abstraction un temps des positions hiérarchiques de chacun et qui avaient tous retroussé les manches ensemble à tous le niveau de compétence pour résoudre un problème, quel qu’il soit.

       

      Pour souder une équipe, il faut à mon avis que celle-ci vive ensemble un évènement marquant et surtout réussisse à le résoudre.

       

      Cela peut aller d’un simple vol annulé au fin fond de la pampa avec un aéroport fermé, un réseau téléphonique en carafe et un seul hôtel miteux, ce qui compte c’est le vécu commun où tous, quelques soient leurs niveaux de compétences se retrouvent à égalité et donc ont besoin de trouver une solution commune.

       

      C’est pour cette raison que je pense que les stages de cohésions ou autre séminaire, dans les super hôtels 4 étoiles où chacun a à l’esprit de choper de DR dans un couloir pour lui parler de son projet, ne sont pas forcement de bons moyens de cohésion.

       


      • jeseme33 17 janvier 2008 16:31

        Votre article a le mérite de traiter un sujet rarement abordé. Toutefois, de par mon expérience de 20 ans dans le domaine de la formation en entreprise, et notamment sur la relation et la "cohésion d’équipe", il présente une vision bien superficielle de ce que vous réduisez au "team-building", et une méconnaissance des problèmatiques et difficultés que vivent à la fois les "managers" et à la fois les personnels des équipes placées sous leur reponsabilités.

        Pour recadrer juste un peu sur le "team-building", encore une fois d’après mon expérience : Je cotoie cette appellation depuis plus de 20 ans, et ce n’est surtout pas nouveau. Les formes que peut prendre une action de team-building évoluent, comme un phénomène de mode, les activités à sensations en faisant partie.

        En revanche, les évènements médiatiques organisés par une entreprise et rassemblant leurs équipes et cadres sont plutôt destinés à fédérer les collaborateurs autour d’un projet, d’un changement, d’une organisation nouvelle, d’un produit en lancement...

        Il est vrai que beaucoup de ces actions baptisées "team-building" ou "convention"... sont coûteuses et le plus souvent réservées aux équipes d’encadrement des grosses entreprises. Le personnel des PME et PMI fait figure de parents pauvres.

        Mais qu’est-ce qui est ESSENTIEL, aujourd’hui pas moins qu’hier ? C’est qu’une personne au travail se trouve respectée, bientraitée, informée, formée, écoutée, qu’elle puisse apporter ses idées et sa contribution à la marche de son service... et que de ce fait elle trouve un intérêt et un sens à accomplir sa tâche au mieux. Mais faire travailler les gens ensemble n’est pas chose facile (même dans l’associatif !) et peu de managers ou chefs savent assumer cette partie "humaine" de leurs responsabilités. Les intérêts personnels et les conflits de pouvoir polluent les relations.

        Alors oui il est nécessaire de faire quelque chose, et cela ne s’appelle pas forcément "team-building". Oui il faut partager des expériences pour apprendre à se connaître, des moments forts, un langage commun, des objectifs communs, un respect mutuel, pour retrouver le plaisir de travailler en équipe. J’accompagne des équipes dans ce sens depuis de nombreuses années, et il n’existe pas de baguette magique ou de recette miracle pour "fabriquer" une équipe. L’alchimie provient d’un travail en profondeur sur les comportements individuels ET collectifs permettant à chaque personne de retrouver la source d’une relation vraie (un petit bout d’infos complémentaires sur http://blog.lemanagerjardinier.com).

         

         


        • Yohan Yohan 17 janvier 2008 16:53

          L’inflation de prestations destinées à la résolution de conflits, de dynamique d’équipe, de coaching, démontre surtout une difficulté, voire une incapacité chronique des dirigeants et des cadres à assumer leurs responsabilités. Après tout, être cadre, être un dirigeant, c’est cela avant tout. Mais en France, on veut le statut, le décorum et les avantages mais pas les inconvénients.

          Toute erreur en la matière se payant cash, il est plus facile d’externaliser.

          Au fond, ce qu’on externalise, ce sont les risques. Courage, fuyons


        • bouledogue 18 février 2008 15:48

          Ici, le susnommé Guy Bergeaud exprime plus amplement son point de vue sur le Team Building. Ca vaut le coup de lire parce que cela donne un point de vue plus professionnel sur la question que je ne connaissais personnellement pas bien.

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