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Une annulation de dette qui laisse songeur

Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale tenaient mordicus à annoncer, lors de leurs assemblées annuelles, l’annulation de 40 milliards de dollars de dette des pays les plus pauvres d’ici la fin de l’année. Il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser quand on réalise à quel point cette annulation n’est qu’un écran de fumée.

Les médias ont rapporté bêtement la nouvelle de l’annulation de la dette : on dirait presque que les 18 pays bénéficiaires viennent de remporter le super gros lot.

Pourtant rien ne demeure moins certain que l’amélioration de leur sort économique.

Je ne voudrais pas avoir l’air de l’empêcheur de tourner en rond, mais comme le dit si bien Richard Hiault, le diable est parfois dans les détails.

Et quels détails !

Passons rapidement sur le fait que « l’annulation » est en fait une prise en charge de cette dette par les pays riches qui vont pouvoir ajouter ces sommes au fameux objectif de 0,7% de leur PIB consacré à l’aide au développement.

Les pays qui ont atteint le 0,7% hésitent à prendre sur leurs épaules une partie de cette dette. On les comprend.

Les États-Unis, pour prendre cet exemple tout à fait au hasard, sont loin du compte et il serait plus que temps qu’ils donnent enfin leur part.

For the United States alone, honoring this pledge would provide roughly $70 billion dollars per year—70 to 35 times the quantity of resources on the table in Gleneagles (Scotland), » where the G8 talks are scheduled, Henry (Peter Henry, Associate Professor of Economics) says. Currently, the actual U.S. contribution is closer to 0.1 percent of GDP per year.

Stanford Business School Research. The G8 Debt Relief Plan May Not Help.

Les Américains s’en tirent à très bon compte. Non seulement ils consacrent un montant ridicule en aide internationale, mais en plus, ils reçoivent le crédit d’une initiative bidon !

Mais tout de même, 50 milliards ! C’est beaucoup d’argent, non ?

Bien petit montant en fait, quand on sait que la dette totale des 138 pays en voie de développement s’élève à 2500 milliards de dollars.

Une goutte d’eau va toujours sembler plus grosse hors de l’Océan.

Si je vous disais que les 48 pays les moins avancés ont une dette publique de 145 milliards de dollars, trois gouttes d’eau en somme. Or seuls 18 de ceux-ci auront droit à l’annulation de leurs dettes.

Mais le véritable problème n’est pas là.

On pourrait même en rire si l’obsession de la dette zéro ne camouflait le grand rodéo de la marchandisation des esprits citoyens qui poursuit sa tournée mondiale sous l’aile protectrice des institutions financières internationales.

Les bons élèves qui ont droit à l’annulation de leur dette publique ont vendu leurs droits citoyens pour un plat de lentilles mijotées à la sauce néolibérale.

« Debt forgiveness isn’t free », comme le dit si bien Peter Henry. Pieds et poings liés aux institutions internationales qu’ils sont, les pays libérés de leurs dettes. Et le pire, ajoute Henry, c’est que bien peu sera fait pour corriger les vrais problèmes : le manque d’institutions et d’infrastructures adéquates « that provide the foundation for profitable economic activity—not only roads, schools, hospitals, and clean water, but also well-defined property rights and a well-functioning judicial system ».

Bref, ce n’est pas la dette qu’il faudrait éliminer, mais plutôt la pensée magique de certains artistes.


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