Oui, c’est bien d’économie dont il s’agit ! Certains, comme le FMI et l’OCDE, y voient un début de frémissement et une réalité dès 2010. D’autres pensent que cela est plutôt technique. Il s’agit, bien sûr, de la reprise économique mondiale !
Tous le certifient. Après seize mois de crise, il se pourrait bien que l’on assiste aux premiers signes annonciateurs d’une sortie de crise. D’ailleurs ils l’assurent, toutes les crises ont eu une sortie entre 16 et 33 mois. Celle-ci ayant débuté en décembre 2007, nous y sommes, en mars / avril 2009 … si on ajoute les 16 mois.
Effectivement, la confiance semble de retour. Les marchés américains arrêtent leur chute. Même parfois repartent à la hausse. Le monde continue à dresser des lauriers au président Obama, notamment après le succès du G20 qu’il a su dominer de la tête et des épaules en ralliant à ses thèses les Russes, les Chinois et les Européens, notamment …
La crise serait bientôt derrière nous ! Il convient dès lors, pour tout le monde, de trouver du grain à moudre pour alimenter les médias. La question fondamentale est sur toutes les lèvres, ici comme ailleurs : comment sera la reprise ?
Sera-t-elle en W ? Alors, elle sera technique et donc de courte durée, avant de replonger puis de redémarrer encore. Selon toute vraisemblance, il s’agirait aujourd’hui de cela. Un simple rebond lié au fait que tout le monde veut se rassurer en constatant qu’une période de restockage mondial montre le bout du nez. Phénomène qui dynamise un peu la production industrielle. Le tout, toujours conjugué à l’effet Obama.
Sera-t-elle en U ? Alors, tout ce à quoi on assiste aujourd’hui ne serait qu’un symptôme technique et passager. Un leurre, un artifice ! La crise va continuer mais, nous aurions touché le fond. Et, par manque cruel de visibilité à court et moyen terme, les acteurs attendent, chacun de leur côté, que les carnets de commande se remplissent enfin. Dans cette hypothèse, la branche remontante du U, qui signifiera la reprise réelle, n’est pas vraiment en vue. Mais, comme on sait qu’une reprise se situe toujours entre le 16ème et le 33ème mois, elle va arriver cette damnée reprise. Quand ? Va-t-on devoir patienter encore 5, 12 ou 17 mois ?
Sera-t-elle en L ? Ce serait en fait un faux U avec un palier qui n’en finirait pas. La crise continuerait comme actuellement avec tous ses méfaits économiques et sociaux, sans espoir de sortie, même à moyen terme. Le pire serait à craindre, notamment en termes de déflation mondiale, c’est-à-dire : une sévère contraction des masses monétaires, engendrée par la baisse concomitante des prix nominaux à la production, des prix nominaux à la consommation, du volume de la production et des revenus des agents économiques. Bref ! La catastrophe.
Sera-t-elle en V ? Alors, elle sera réelle et continue durant plusieurs années. Puis, ce sera à nouveau la crise dans 2 ou 3 ans, si elle correspond au cycle économique du célèbre statisticien américain Joseph Kitchin (1861-1932), théoricien des cycles courts d’une quarantaine de mois.
Cette reprise en V, tous nous l’espérons. Mais, pour notre part, nous n’avons pas comme certains, la faculté de lire dans une boule de cristal. Pour qu’une reprise soit réelle, il faut beaucoup d’indices et de faits tangibles, outre les stocks et le moral des industriels qui se reconstituent.
Une vraie reprise, ce sera d’abord et avant tout, l’arrêt des plans sociaux puis … la reprise progressive des embauches des intérimaires, puis des vrais contrats à durée plus ou moins indéterminée. Pour cela, certains indicateurs devront nous rassurer dès l’été 2009 ou au plus tard à l’automne, notamment par : une reprise de la consommation, une reprise de la production industrielle, la reprise d’une croissance positive et supérieure à 1,5 % – au-dessous de ce pourcentage l’économie continuera à ne pas créer d’emploi (hors pays émergents), une reprise des mises en chantier de logements … une remontée tendancielle des bourses internationales, un inversement du nombre d’inscriptions au chômage, etc.
Malheureusement, pour la plupart des pays, ce qui est décrit ci-dessus, interpellera d’abord le pays qui est encore, pour quelques décennies, la locomotive de la planète, c’est-à-dire les Etats-Unis d’Amérique.
En effet, s’il y a reprise mondiale, elle se fera d’abord là-bas, Outre-Atlantique. Puis ensuite, 2 ou 3 mois après, dans l’usine du monde qu’est la Chine, puis au Japon peut-être, puis en Allemagne sûrement. Enfin, plus tard, chez les autres pays, pour autant qu’ils aient anticipé et prévu une reprise ...
Ceux qui auront humblement, non pas refait le monde à leur image mais, anticipé une reprise américaine, chinoise, … allemande, pourront alors agir efficacement. Ils pourront prendre les mesures adéquates via des politiques publiques ambitieuses et porteuses d’avenir pour assurer, comme cela a été acté lors du
G20 de Londres : "… une reprise globale, durable et respectueuse de l’environnement ...
[et] ... sortir l’économie mondiale de la récession et empêcher qu’une telle crise se reproduise dans l’avenir".
Donc, compte tenu de cela, si tout se passe bien, la reprise US, quand elle aura lieu, devrait toucher la France après plusieurs semestres. Force est de constater qu’aujourd’hui on est encore loin d’un tel événement, qu’il soit : en W, en U, en L ou en V.
Ainsi, malheureusement, toute l’année 2009 devrait voir les plans sociaux se succéder et tenir le devant de la scène dans notre pays. A moins, bien sûr, que nos pouvoirs publics décident de rattraper leur retard en termes de relance et réinjectent dans notre économie, les dix ou quinze milliards qui lui font cruellement défaut !
photo : leslionsdu8