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Conférence sur le climat : quelques voix discordantes

La 3è conférence sur le climat organisée par l’Organisation Météorologique Mondiale qui s’est tenue à Genève du 31 août au 4 septembre, a débouché sur la décision attendue de créer un grand service climatologique mondial. Des « certitudes » y ont été malmenées…

Un cadre mondial des services de climatologie est donc chargé de recenser toutes les données sur le climat en provenance du monde entier et devra, dans un premier temps, établir un rapport –en étroite concertation avec les gouvernements– énonçant les mesures à prendre pour développer et mettre en œuvre les objectifs de cet organisme.
 
Il sera composé d’un groupe d’experts indépendants…nommés par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, présent à Genève, qui veut « mettre la science du climat au service de la prise de décisions à tous les niveaux. »
 
Il a, par ailleurs, solennellement appelé « à renforcer la lutte contre le réchauffement climatique », annonçant que le niveau des océans pourrait s’élever de 0,50 à 2 m d’ici la fin du siècle. Le GIEC prévoyait une montée des océans de 19 à 58 cm. On admire la précision…et le décalage.
 
Mais, au cours de cette conférence, et pour la première fois, des voix se sont élevées contre le postulat qu’il ne faudrait plus discuter, du réchauffement climatique anthropique, à la fois global et irréversible, que l’on devrait tenter de contenir pour réduire les conséquences catastrophiques qu’on nous promet.
 
Le chercheur allemand, Mojib Latif, de l’Institut des sciences marines de Kiel, l’un des modélisateurs du climat reconnu par le GIEC a dû glacer une partie de l’auditoire en avançant que nous serions sur le point de connaître 10 ou 20 ans de…refroidissement des températures avant une nouvelle période de réchauffement.
 
 Assurant qu’il ne fait pas partie des sceptiques qui nieraient la tendance au réchauffement depuis plus d’un siècle, il a déclaré que « nous devons nous poser les questions embarrassantes, sinon d’autres le feront… ». Il estime que la tendance au refroidissement de ces prochaines années dominera sur le réchauffement causé par les hommes, selon le compte rendu de Fred Pearce de la revue NewScientist. (http://www.newscientist.com/article/dn17742-wordls-climate-could-cool-first-warm-later.html)
 
Il a mis sur le compte de la variabilité naturelle les hausses de températures des trois dernières décennies, évoquant les cycles des courants dans l’Atlantique Nord que les scientifiques appellent oscillations-nord-atlantique (NAO) qui entreraient dans une phase de refroidissement.
 
Un autre responsable de la météo anglaise, Met Office, James Murphy, a abondé dans son sens, ajoutant que « les océans sont un facteur décisif de la variabilité décennale. » Vicky Pope, prévisionniste climatique au Hadley Center, a enfoncé le clou en affirmant que les fontes de glace de l’Arctique –que venait de constater Ban Ki-moon quelques jours auparavant– résultaient plutôt des cycles naturels que du réchauffement du globe !
 
Concernant la fiabilité des modélisations, Tim Stockdale, du centre européen pour les prévisions à moyen terme, a reconnu que « les erreurs des modèles sont aussi un problème sérieux. Nous avons un long chemin à faire pour les corriger. Elles détériorent nos prévisions. »
 
Apparemment, ces interventions n’ont pas retenu l’attention des médias. Il ne faut pas écorner le consensus, que dis-je, l’unanimité, paraît-il, de la communauté scientifique et des politiques, de droite et de gauche, du centre et d’ailleurs, sans parler des Verts, ni à droite ni à gauche, qui s’emploient à nous convaincre qu’il faut se préparer aux énergies chères et donc accepter une contribution climat énergie qui sera généreusement redistribuée aux plus pauvres, comme l’écrivent Jadot et Cohn-Bendit dans la Tribune du 9/9.
 
On veut nous amener à ne plus discuter de l’origine des variations climatiques pour nous entraîner sur le terrain de la culpabilité individuelle et de l’acceptation de nouveaux sacrifices pour sauver le climat…sinon le pire nous attend !
 
Ils font un forcing effréné pour nous amener à confondre la nécessaire révolution écologique à entreprendre avec la révolution sociale qui ne serait plus à l’ordre du jour. Moralisons le capitalisme et occupons-nous du climat, puisqu’il n’y a pas de modèle de rechange, disent-ils.
 
Mais les pays riches se heurtent à un sérieux problème : la communauté scientifique est loin d’être unanime sur le diagnostic et sur la manipulation politique à laquelle on assiste. La conférence de Genève vient de le montrer et c’est plutôt encourageant.
 
Et puis, les pays pauvres et ceux en voie de développement le disent de plus en plus fort, à l’approche de Copenhague : ils rejettent sur les pays riches la responsabilité historique du changement climatique, ce qui est logique dès lors qu’on admet l’origine humaine du réchauffement.
 
Demander à ces pays de renoncer au modèle de développement qu’on leur a tant vanté -et qui a fait la suprématie des pays riches aujourd’hui- et leur dire qu’il n’est plus bon pour les pays pauvres, « qui polluent de plus en plus » ça a du mal à passer.
 
D’autant qu’ils n’ont pas les moyens financiers et technologiques d’envisager les mutations vers un mode de production privilégiant l’écologie à la rentabilité, la justice sociale à la loi du profit.
 
La prévision de contribution de l’UE aux besoins des pays pauvres ne cesse de se réduire : de 22 à 50 milliards de fonds publics envisagés, elle est passée à une fourchette de 13 à 24 milliards, puis tout récemment à 15 milliards par an, jusqu’en 2020. Il reste à soumettre la clé de répartition aux 27 Etats.
 
Ce qui est sûr, c’est qu’il va falloir réduire toutes les pollutions et les consommations d’énergies d’origine fossile, dans l’intérêt de chacun et de notre terre nourricière, océans compris. Sacrée reconversion ! C’est, me semble-t-il, le vrai débat. Et non celui de nous faire croire qu’il dépend essentiellement de nous que la température de la terre n’augmente pas de plus de 2° d’ici 2020 !
 
René Fredon
 

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8 réactions à cet article    


  • Serge Serge 10 septembre 2009 13:47

    Et c’est de cette « logique » que découle la taxe baptisée « carbone ! »

    N’ en déplaise à Sarkozy et à tous les thuriféraires du libéralisme ( dont la protection et la sauvegarde d’un environnement sain est au même degré dans leur priorité que le social  !!! ) peindre une taxe en vert n’en change pas la nature...elle est UNE TAXE !


    • Cartman 10 septembre 2009 14:20

      J’adore cette prévision des 10 ou 20 ans de refroidissement, qui est censée confirmer le réchauffement global.


      • chria chria 10 septembre 2009 15:35

        Pas 2°C pour 2020, mais pour 2050.


        • chria chria 10 septembre 2009 15:47

          Sinon merci pour l’article qui ne fait qu’abonder dans le sens de ce que disent depuis longtemps les « sceptiques », que le le climat et le co2 sont devenus un sujet politique qui n’a plus rien à voir avec la science. Je ne reviendrais pas sur les raisons supposées de ce soudain intérêt de nos dirigeants pour le carbone, alors qu’ils n’ont jamais rien fait contre la pollution, bien plus terrible que le réchauffement des températures...

          D’ailleurs, dans le discours de NS aujourd’hui, on a bien senti l’utilisation du catastrophique et de la responsabilité sous couvert de consensus scientifique pour la taxe carbone. Or il faut rétablir une chose : le catastrophisme ne vient pas des scientifiques, mais des écolos et de l’ONU. Cette manipulation classique très utilisée par le WWF ou Greenpeace à l’avantage (sophisme) de faire passer une idée fausse par la trappe de la culpabilité.

          Que les scientifiques osent enfin dire ce qu’ils pensent tout bas, c’est une très bonne chose pour l’honnêteté intellectuelle, RCA ou non.


          • chria chria 10 septembre 2009 15:53

            En dehors du fait qu’on commence enfin à entendre (c’est la peur du discrédit) des voix s’élever qui expliquent que l’homme n’est pas le seul facteur qui joue sur le climat, on peut rajouter cette analyse d’un scientifique russe, sceptique (si ce mot veut encore dire quelque chose) et géographe, qui nous replace un peu dans le monde et pas au centre du monde :

            " Vladimir Kotliakov a souligné que l’ensemble du mode de vie actuel des habitants de notre planète est tel que tout changement climatique peut le perturber, car ce mode de vie s’est formé et s’est développé impétueusement dans un intervalle de temps très court, en gros au cours du dernier siècle. La société humaine doit édifier des projets économiques prenant en compte le réchauffement qui se produit actuellement, mais elle doit aussi être prête à d’autres changements climatiques, car le système terrestre continue de vivre selon ses propres lois naturelles, que l’action anthropogène n’a heureusement pas pu, jusqu’à présent, détruire."


            • bernard29 bernard29 10 septembre 2009 18:06

              c’est pas parce qu’il y a la taxe carbone que les riches ne pourront pas voyager ;

              « Vous n’avez plus d’essence prenez l’avion » aurait dit Cécile Duflot ; la « Marie Antoinette » de l’Ecologie.

              le compnie Air France confirme aujourd’hui.

              communiqué ;
              La compagnie Air France propose jusqu’au 22 septembre, 1 million de billets à 49 euros l’aller simple à valoir sur 85 liaisons directes en France. Et d’autres offres du secteur.


              • freelol freelol 11 septembre 2009 08:02
                La consommation de pétrole augmente alors que les réserves se tarissent. Les nations dites « développées » se goinfrent. Imaginons de gros et gras Pantagruels accrochées à une énorme outre de vin parsemées de tétines et d’où partent des tuyaux pour les plus chétifs. Ils ne peuvent aspirer plus sans s’étouffer mais aimeraient bien se désaltérer le plus longtemps possible. Diminuer l’appétit ou la tétine de son voisin par tous les moyens ou se saisir de l’outre sont les deux grandes voies qui s’offre à la voracité des plus gros. Ils savent bien que cette bonne chair finira bientôt.
                 
                Les mutations profondes à venir de l’économie liée à la pénurie de ressources ne se fera pas sans une consommation encore plus grande de ressources. Plus particulièrement de composés carbonés et surtout dans les pays riches s’ils veulent maintenir ce niveau de vie. ils ne peuvent s’offrir le luxe de laisser les pays les plus pauvres se développer, consommer plus de ressources à leur place, avant eux, au dépend de leur domination future sur le monde.

                Maintenant on comprend mieux pourquoi des élites de renommée internationale sont tant impliquées dans la lutte contre le réchauffement planétaire lié à l’activité humaine ou pourquoi des lobbys puissant financent nos hélicologistes. L’industrie pétrolière me direz vous ? Elle n’a cure de tout cela, elle sait pertinemment que nous épuiserons le pétrole jusqu’à la dernière goutte avant de passer à l’exploitation des autres composés carbonés et de défigurer la planète et les fonds marins. Un pétrole cher ne la rebute pas outre mesure.



                • Fredon 13 septembre 2009 08:51

                  Merci à Chria d’avoir corrigé la date concernant l’objectif fixé par le GIEC d’une limite de l’élévation des températures de +2° en 2050 (et non en 2020).
                  Ce qui suppose de diviser par trois nos émissions de g.e.s d’ici cette échéance et, pour cela, nos émissions doivent décroître dès 2015, toujours selon le GIEC.
                  Sur le fond, la question demeure bien de savoir si le réchauffement sur un siècle que le GIEC évalue entre 0,4 et 0,8° -que personne ne nie mais qui n’est pas linéaire- est essentiellement d’origine anthropique ou pas. Ce qui n’est pas du tout la même chose mais ne conduit pas à sous-estimer la nécessité de réduire considérablement les pollutions notamment par l’utilisation d’énergies propres, obligation d’autant plus urgente que les réserves s’épuisent. Cela sans que les pays en développement se voient contraint d’y renoncer !
                  D’ailleurs Borloo lui-même, dans une interwiew à terra-économica, en compagnie de Jean Jouzel, V-P du GIEC, amorce une explication qui ne manque pas de sel : « D’où vient cette problématique du changement climatique ? D’un fondement économique qui a lui-même un fondement énergétique qui n’est pas indispensable, ni vital... » 
                  http://www.terra-economica.info/article4652,4652.html
                  Je l’interprète comme une sorte d’aveu indirect que cette campagne catastrophiste sert de paravent à la nécessaire mutation qui attend le monde -et plus encore les pays riches- d’avoir à partager autrement les richesses que la nature met à notre disposition et à changer de mode de production, fondé aujourd’hui sur la propriété privée de ces richesses et de leur transformation en biens matériels (et immatériels dans le processus de production et les services), à partir de l’idée que l’air, l’eau, la terre, le sous-sol, le soleil, le vent, les marées...sont des biens communs à partager, pas des marchandises à posséder.
                  De même, la santé, l’éducation, la culture, le logement...doivent devenir des droits garantis à chacun, partout.
                  Je crois que la protection de la nature prendrait une autre dimension...mais sans doute suis-je beaucoup trop utopiste ?
                  Les autres contributions m’ont paru très proches de cette démarche en tout cas, encourageant.

                  René Fredon

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