Et voici venu le « Foutur »
Cette société est en train de passer de la fiction à l’affliction, et du futur au foutur…
la faute à qui ?
Quand René Dumont disait que la planète n’allait pas bien, que le nucléaire n’était pas la solution, que la nature se portait mal, il trouvait en face de lui une France amusée, voire railleuse.
Il était candidat à la présidentielle en 1974, et comme l’écrit en 2021 dans les colonnes de « Paris Match » Clément Mathieu » « il avait délivré un discours apocalyptique, qui, un demi siècle passé, sonne parfois d’une inquiétante justesse. » lien
Vous avez dit « apocalyptique » ?
il prophétisait « la raréfaction de l’eau », ce que nos médias avait jugé à l’époque « exagéré ».
Il avait déclaré : « nous allons bientôt manquer de l’eau, et c’est pourquoi je bois devant vous un verre d’eau précieuse, puisque avant la fin du siècle, si nous continuons un tel débordement, elle manquera ». lien
La faute à qui ?
Probablement à ceux qui nous gouvernent depuis tant d’années, quel que soit leur bord politique.
Chirac disait « notre maison brûle, et nous regardons ailleurs »... sauf qu’il regardait ailleurs lui aussi. lien
Sarközi s’énervait : « bon, l’environnement, ça commence à bien faire »...lien
Quant à Macron, même si l’ONU l’a consacré étrangement « champion de la terre » en 2018, pour ses discours vibrants... champion des discours peut-être, mais pas des actes, car le mépris du président pour l’écologie transparaît dans un bilan catastrophique…
Greenpeace en a fait le constat. lien
Mais revenons à René Dumont et à ce qu’il disait il y a un demi-siècle…
celui qui n’a récolté que 1,3 % des suffrages en 1974 avait pourtant assené des vérités indiscutables aujourd’hui.
S’il est vrai que le Dumont des années 50 était assez favorable aux engrais chimiques et aux pesticides, s’il faut en croire son biographe Jean-Paul Besset, c’est à la fin des années 60 que Dumont a opéré sa mutation, véritable révolution copernicienne, vers une écologie militante, consciente des limites nécessaires à une croissance tous azimuts et d’une préservation de la planète. lien
C’est aussi lui qui avait déclaré : « les ressources en énergie, telle qu’on les exploitent actuellement sont limitées (…) on a mis 600 millions d’années pour refaire les réserves de pétrole existantes. On vient d’en brûler déjà une bonne partie en un siècle et si on continue, on mettra moins d’un siècle à brûler le reste. Alors comme cette énergie avait été vendue très bon marché, on a bâti un type de civilisation sur une forme d’énergie très pratique et très bon marché, comme si elle était inépuisables (…) nous constatons que nous sommes en guerre pour la survie de l’humanité, puisque les ressources sont limitées, les hommes de plus en plus nombreux ». lien
Il n’a pas été écouté à l’époque, ne recevant que des quolibets.
Ils l’ont traité d’utopiste, voire de fou...
Toutes proportions gardées, j’en ai fait la cruelle expérience, mes amis écolos m’avaient demandé de me présenter dans le canton de Morestel en 1979, et j’avais obtenu le score honorable pour l’époque de 7 %…
Pourtant j’avais affirmé qu’un accident nucléaire majeur ferait des milliers de morts dans un rayon de 500 km, ce qui avait fait sourire pas mal de monde…
7 ans après, c’était Tchernobyl.
Ils m’avaient aussi traité d’utopiste, voire d’illuminé, comme ils l’avaient fait de Dumont…
mais l’utopie, n’est-ce pas de demander aux entreprises de faire des économies de consommation de 10 % comme le fait Élisabeth Borne, et que ce soit suffisant pour lutter contre le changement climatique, l’utopie c’est la politique des petits pas comme le fait ce gouvernement, et ceux qui l’ont précédé.
Avant eux, d’autres utopistes, pour lutter contre la pollution des villes avaient lancé l’idée de créer des villes dans les campagne, comme l’a fait avec humour Alphonse Allais.
Mais apparemment, ceux qui ont créé des « citées nouvelles » n’avaient pas compris qu’Allais faisait de l’humour.
Demain d’autres, les fameux climato-sceptiques, viendront chercher une « solution technique », portés par l’idée que « l’homme s’en sortira toujours », et pourront imaginer qu’il suffirait de transporter l’eau des inondations du Pakistan, dans les pays frappés par la sécheresse...
ou d’aller habiter sur la Lune... ce qui est aussi largement utopique...
En Chine, pour nettoyer le ciel de Pékin de sa pollution avant les jeux olympiques, ils ont tiré des projectiles pour parsemer les nuages de iodure d’argent, avec un résultat positif, mais cela ne dure qu’un temps. lien
Alors quelle solution maintenant ?
On sait l’impasse de la voiture électrique, qui est en fait une voiture nucléaire…
Faudrait-il revenir à habiter dans des grottes à la lumière d’une triste bougie, comme se moquaient les climato-sceptiques, qui représentent encore aujourd’hui 46% des français ?
L’économie d’énergie, la fin des « passoires thermiques », l’arrêt du gaspillage sont bien sur des solutions recevables, mais elles sont largement insuffisante.
Du coup, certains sont plus radicaux, évoquant la décroissance, luttant contre obsolescence programmée, refusant l’industrialisation de notre production agricole, refusant les élevages intensifs, dans lesquels les virus voyagent avec bonheur, refusant un partage injuste du « gâteau des richesses », et demandant que les entreprises qui, grâce à la crise engrangent des super-profits soient lourdement taxés.
Qui a oublié les incroyables profits dont ont profité les grandes entreprises du CAC40... TotalEnergies a engrangé pas moins de 14 milliards d’euros, (ce qui lui a permis un geste « généreux » de 10 cts sur le litre de carburant.)
et le profit de TotalEnergies reste relativement modeste si l’on songe aux 137 milliards engrangés par toutes ces entreprises.
Ajoutons que les versements aux actionnaires ont dépassé de 9 milliards ceux de 2019, soit 69 milliards. Lien
Pour tenter d’endiguer le changement climatique, ne serait-il pas logique qu’une partie de ce pactole finance la lutte sincère contre les évènements tragiques qui ont frappé cruellement notre pays ?
Au lieu de ça, la ministre de l’environnement et la première ministre ont choisi l’option de demander aux français de se serrer la ceinture. lien
Quant à Macron, du haut de son jet-ski, il nous exhorte à « accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs ». lien
Est-ce bien raisonnable ?
Mais comme dit mon vieil ami africain : « tout va finir par rentrer dans le désordre ».
L’image illustrant l’article vient de safari arctique
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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