L’ISF Climatique : pertinent ou pas ?
L’ISF Climatique : pertinent ou pas ?
Greenpeace, ONG de protection de l’environnement, propose une mesure qui fait beaucoup de bruits. Instaurer un ISF climatique qui taxera l’empreinte carbone, du patrimoine financier des plus riches.
Cette proposition fait écho à l’ISF supprimé en 2018, par Emmanuel Macron. L’ISF climatique, peut-il être efficace pour protéger l’environnement ? Ou alors, est-ce un moyen de rétablir l’impôt de solidarité sur la fortune ?
La suppression de l’ISF
Supprimé en 2018 par la loi de finances, l’ISF est remplacé par l’impôt sur la fortune immobilière (IFI).
Ainsi, l’IFI taxe les seuls patrimoines immobiliers, de plus d’1.3 millions d’euros. Sont exclus : les placements bancaires, financiers et les liquidités.
Qualifiée de “réforme pour les plus fortunées” par les gilets jaunes notamment, Emmanuel Macron défend bec et ongles son projet. Relancer l’investissement et créer des emplois… mais qu’en est-il réellement ?
Un impact dérisoire dans la relance économique du pays
Officiellement, la suppression de l’ISF a un impact difficilement mesurable. Néanmoins, l’investissement ne se relance pas… pourquoi ?
Les dividendes des 20 000 foyers les plus riches ont augmenté de plus de 100 000 euros. Bonne nouvelle pour eux … mais en profitent-ils pour relancer l’investissement ? Très peu.
Les émissions de titres finançant les nouveaux investissements sont marginales : 0,2% de la capitalisation boursière. Espérons quand même, que l’ISF permet de garder les riches en France… là encore le mouvement est de faible ampleur.
Entre 2017 et 2018, le nombre d’imposables de retour en France passe de 113 à 240. À Contrario, pour les départs : 376 avant la suppression, 163 après.
Gardons en tête, que 133 000 foyers étaient imposables. En réalité, les riches reviennent dans un pays où ils peuvent amasser toujours plus… sans réellement créer des emplois.
La proposition de Greenpeace
Pour l’ONG, l’ISF climatique est logique : les riches polluent plus mais payent moins d’impôts et de taxe carbone, proportionnellement à leurs revenus.
Ainsi, dans le cadre du projet de loi de finances 2021, Greenpeace propose cette mesure concrète : un nouvel impôt sur la fortune qui sera indexé sur les émissions de gaz à effet de serre, produites par les placements financiers.
L’ISF climatique devrait rapporter à l’Etat, 4,3 milliards d’euros chaque année. En 2017, l'émission annuelle des placements financiers des plus hauts revenus, a atteint 97 millions de tCO2eq.
Appliquer la taxe carbone (44,6 euros/tCO2eq) aux patrimoines financiers permet d'obtenir ces quelques milliards d’euros.
Expliquons plus précisément, les revendications de Greenpeace.
Les ménages les plus aisés payent moins d’impôts
Selon Greenpeace de nombreuses études prouvent cette inégalité. En moyenne, les Français voient 50% de leurs revenus imposés, quand les plus riches sont taxés à la hauteur de 40 ou 45%.
Aussi, suite à la réforme de l’ISF, les 0,01% des plus riches payent 46,6% d’impôts sur l’ensemble des revenus. Avant, la suppression, le pourcentage était de 52%.
Mais ils polluent plus…
1% des plus riches de la planète produisent 2 fois plus de CO2, que la moitié la plus pauvre.
Cette tendance se confirme en France : l’empreinte carbone des ménages les plus pauvres s’élève à 15,2 tCO2eq par an. Pour les plus riches : 40,tCO2eq, soit 2,7 fois plus.
Sans oublier le patrimoine financier
Il ne faut pas oublier que le patrimoine financier pollue : agriculture, biens et services, actions BNP Paribas etc. Et oui, cela revient à investir dans des activités fossiles et donc polluantes.
Selon le cabinet d’analyse Carbone 4 : le patrimoine financier des 1% les plus aisés, produit 66 fois plus de gaz à effet de serre, que 10% des ménages les plus pauvres.
Les calculs de Greenpeace sont-ils fiables ?
L’ISF climatique permet-il de réduire réellement les gaz à effet de serre ? Selon Pierre Bentata, économiste, essayiste et conférencier, pas du tout.
Pourquoi ?
Les plus riches partiront. Et, l’ISF climatique revient à nier qu’il existe une hétérogénéité, chez les plus riches. Certains qui n’émettent pas plus d’émissions de gaz à effet de serre, que la moyenne se feront taxer. Ils paieront pour les autres, ce qui peut motiver leur départ.
Pire, cela n’aura aucun effet positif sur l’environnement et permettra seulement de récupérer de l’argent.
Toujours selon cet économiste, les émissions de la France ne représentent qu’entre 0,6 et 0,9 % des émissions de gaz à effet de serre mondiaux. Investir dans des énergies vertes, comme le nucléaire serait davantage efficace.
Il faut l’avouer, les arguments de Greenpeace, pour l’instauration de l’ISF climatique sont en béton. Les plus riches paient moins d’impôts que la plupart des Français, mais en plus de cela ils polluent davantage !
Cette mesure n’est pas à refuser. Il reste à savoir, si l’ISF climatique est réellement efficace pour l’environnement… difficile à dire. Cette proposition a au moins le mérite de mettre à contribution les plus riches qui ne créent pas davantage d’emplois, depuis la suppression de l’ISF.
Dounia Bouchemal
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