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Les faiblesses du scénario Négawatt

Alors que François Hollande et le parti socialiste semblent se convertir à la sortie du nucléaire, le scénario Négawatt est devenu crucial pour espérer réussir cette sortie. L'association Négawatt a imaginé en 2006 que la France pourrait sortir de sa dépendance dans les années 2030 à condition d'appliquer une stratégie qui combine un mix d'énergies renouvelables avec la recherche d'une meilleure efficacité et de la sobriété. 


Le 29 septembre, l'association Négawatt rendait public la mise à jour de son scénario. Rendons hommage à ce travail remarquable qui permet d'imaginer sereinement une méthode concrète et réaliste pour faire évoluer notre politique énergétique.

Or, le scénario Négawatt n'est .... qu'un scénario, c'est à dire une belle histoire pour un film. Il reste maintenant à trouver des financements et des techniques qui permettent de le faire vivre. Là dessus, Négawatt manque de précision et fait preuve de faiblesses.

Comme le dit son président, Thierry Salomon, "il ne faut plus nous contenter d'une simple vision prospective mais réfléchir aux moyens d'y arriver". Pointons ces faiblesses et ouvrons la voie sur les solutions éventuelles pour en sortir.

Distinguons trois types de difficultés sur lequel le "scénario" doit progresser :

-la sobriété suppose des changements de pratique de la part des consommateurs. Il faut donc changer les mentalités et le "point de vue" des acteurs sur cette question. Or, cela prend du temps. Nos contemporains ont toujours vécu dans une société consumériste où les conséquences du gaspillage ne sont pas toujours comprises. Malheureusement, l'évolution des comportements suppose une évolution des prix qui doit permettre de réguler les consommations. Prétendre à la fois développer la sobriété et garder des tarifs énergétiques "acceptables" peut se révéler contradictoire. 

Solutions : installer des tarifs énergétiques progressifs et taxer les énergies non renouvelables selon la méthode des contributions incitatives.

-le scénario dit exactement quand et par quelles voies nous pouvons nous en sortir. Mais il ne dit pas, aussi précisement, comment nous allons le faire. Il ne fait qu'esquisser les politiques volontaristes qu'il va falloir mener. Dans une société française, où la gouvernance libérale a laissé l'Etat abandonner des pans entiers de sa souveraineté, il ne suffira pas de changer un article de la constitution, de promulger une loi d'orientation et d'installer une haute autorité. Ces préalables devront être accompagnés par des outils pragmatiques nouveaux qui permettent d'avancer rapidement. Au XXIéme siècle, les politiques réglementaires sont trop aisément contournables pour être des leviers suffisants. Seule une politique fiscale volontariste permettra d'agir : à cet égard, le scénario Négawatt prévoit une politique fiscale et la généralisation des systèmes de bonus-malus. Il s'agit de bonnes pistes qu'il va falloir creuser.

Solutions : des contributions fiscales multiples permettant de répondre à la complexité des situations, utilisant le principe de bonus-malus et permettant de financer la transition énergétique.

-le scénario suppose une meilleure efficacité énergétique : l'isolation des bâtiments anciens est le principal frein à cette meilleure efficacité. Alain Grandjean estime que cet énorme chantier aura un coût à 500 milliard d'euros. Dans le contexte économique et budgétaire actuel, il s'agit d'un rêve inaccessible : nous n'avons plus les moyens de financer ces rénovations.

Le scénario Négawatt tient compte de l'arrivée de 7 millions de français nouveaux d'ici 2050 : il faudra les loger. Il s'agit d'un autre enjeu qui semble insurmontable dans le contexte actuel, alors que les villes se sont étalés dangereusement et que la pénurie de biens immobiliers est un problème politique majeur. 

Mais rien n'est insurmontable, si on sait mener une politique d'innovation volontariste. Faisons une proposition qui permettrait de réussir le scénario Négawatt : développons, comme le fait le canton de Genève actuellement, lerehaussement des immeubles en centre ville.

Cette technique permettrait à la fois de s'attaquer au problème de la pénurie foncière tout en finançant la rénovation écologique des bâtiments réhaussés.

Conclusion : le scénario Négawatt est novateur et réaliste, il faut maintenant que ces concepteurs aillent plus loin en imaginant les outils concrets politiques qui rendront possible "le film" qu'ils ont inventé. 


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17 réactions à cet article    


  • Thierry SALOMON 2 novembre 2011 10:05

    Le 29 septembre dernier, l’association négaWatt a présenté publiquement son « scénario négaWatt 2011-2050 », en donnant volontairement priorité aux aspects énergétiques : il s’agissait dans un premier temps de démontrer la faisabilité d’une trajectoire réaliste et soutenable, tant en terme de ressources que de rythme de mise en œuvre. Un résumé des mesures proposées figure déjà cependant dans les deux dernières pages de la synthèse du scénario.

    Comme nous l’avons indiqué à de nombreuses reprises, nous travaillons depuis plusieurs mois sur les modalités plus politiques, sociales, économiques et fiscales de la transition énergétique proposée : des propositions détaillées, souvent novatrices, seront publiées dans les prochaines semaines et réunies dans un livre-manifeste à paraître en janvier 2012. Beaucoup d’entre-elles sont des réponses précises et documentées aux interrogations que vous mentionnez (tarif progressif, fiscalité environnementale, financement de la rénovation, etc).

    « Faiblesses » donc, du scénario négaWatt ? ,Jusqu’à présent, l’absence de critiques sérieuses  sur la faisabilité technique du scénario est pour nous plutôt une force, et ce que vous pointez comme des « faiblesses » ne sont en fait que la traduction du « comment s’y prendre pour le mettre en œuvre ? ».

    Cette impatience est pour nous un encouragement à poursuivre dans la voie que nous avons commencé à tracer.  Mais dans un pays aussi lourdement handicapé par des décennies de débats tronqués sur l’énergie, l’indispensable pédagogie prendra nécessairement un peu de temps : merci donc d’avoir encore un peu de patience !

    Pour l’association négaWatt

    Thierry Salomon

    Président

    www.negawatt.org


    • Rcoutouly Rcoutouly 2 novembre 2011 15:04
      Merci pour ce commentaires.
      Je comprend les craintes à propos du titre. Négawatt est une pépite et on peut craindre les contre-attaques.
      Mais il faut justement exercer son regard critique sur le contenu du scénario. Il faut y traquer les moindres faiblesses et aider ses auteurs à améliorer son contenu pour qu’il devienne ... inattaquable.
      C’est mon objectif dans cet article. je ferais le même travail critique au fur et à mesure que Négawatt va améliorer sa démarche : qui aime bien châtie bien !

    • Croa Croa 3 novembre 2011 11:41

      Au Yéti : « un plastique bon marché photovoltaïque ça sera les japonais ou les américains qui le trouveront »

      Laissons au Chinois leur camelote !!!

      Pour le moment le photovoltaïque ne donne pas trop dans l’obsolescence programmée bien que ça existe déjà en ce qui concerne les panneaux pour camping-caravaning et autres gadgets !

      Le photovoltaïque sérieux (européen) baissera ses prix de toute façons aussi. Le silicium n’est pas rare, c’est le processus industriel extrêmement propre (sales blanches) et chiadé pour l’obtenir pur qui coûte cher, or le prix d’un processus fini toujours par baisse, progrès oblige !  smiley


    • joletaxi 2 novembre 2011 11:11

      je suis absolument stupéfait, et atterré de constater à quel point une mouvance qui se veut « responsable » est à ce point déconnectée des réalités, et que leur discours de camelot , aux buts politiques à peine voilés,a réussi à phagocyter les partis politiques.

      Dans une Europe en grand péril économique, alors qu’il y a un nombre bientôt insoutenable de gens qui sont précipités dans la pauvreté, ces adeptes de la nouvelle église n’imaginent que taxes, augmentation du coût de l’énergie,et surtout, le but final, changer les comportements suivant leur doctrine,installer une dictature verte dont ils seraient les grands pontes.

      Il est temps de se réveiller et de les faire retourner à leurs chimères de bobos gâtés dans leurs yourtes et autres projets fumeux.

      • chria chria 2 novembre 2011 15:34

        Ah, ça faisait longtemps que je n’avais pas lu le catéchisme de joletaxi.
        Toujours autant de phrases toute faites, d’idéologie, et pas une idée en vue.

        De plus, relier la pauvreté actuelle avec ce scénario, tout en laissant supposer que finalement c’est à cause, ou du moins que ce scénario sera la cause de tous les malheurs du monde, du malheur des gens qui "se sont précipités dans la pauvreté (c’est de leur faute), en évitant de parler de la cause actuelle de la crise, c’est vraiment... beurkk, de l’idéologie libérale de maison de retraite, quoi...


      • foufouille foufouille 2 novembre 2011 11:17

        taxes et retaxes, les ecolos bobos ca connait


        • Traroth Traroth 2 novembre 2011 16:49

          En 2006, j’ai signé la pétition « Pourquoi nous consentons à l’impôt ». Parce que l’impôt est ce qui permet la solidarité. Évidemment, je suis pour un impôt frappant d’abord ceux qui sont le plus à même de le payer, c’est à dire les riches. C’est une simple question de justice (je sais, c’est un mot désuet). Et ça ne veut pas dire que j’approuve la gabegie actuelle où on subventionne surtout les entreprises et les A 330 présidentiels ...


        • Croa Croa 3 novembre 2011 11:51

          La TVA à Sarko c’est mieux ?

          Il va justement augmenter les TVA réduites : c’est plus facile que de taxer les riches !

          Les écolos que foufouille semblent craindre ont pour ambitions d’orienter plutôt nos contributions dans le sens de l’intérêt général... C’est pas mieux ? 


        • foufouille foufouille 3 novembre 2011 11:56

          @croa
          et mettre des peages ou interdire les villes aux voitures de pauvres ?
          deja en 95, voynet avec sa taxe lessive


        • Croa Croa 3 novembre 2011 15:55

          - Les péages sont une bonne idée pour réduire la circulation. smiley

          - L’interdiction aux vieilles automobiles est plus contestable. ça lave plus vert mais le vrai but n’est pas écolo et les écologistes n’ont jamais demandé ça ! Cette mesure favorise les mises à la casse et les fabricants d’automobiles donc ! Les vielles voitures font peu de km par an, elles polluent donc peu, ce qui est prouvé par les statistiques.


        • chria chria 2 novembre 2011 15:37

          Tiens, pendant que je suis là, que pensez vous des réacteurs nucléaires à sels fondus ? Des perspectives ?


          • adeline 2 novembre 2011 19:07

            Depuis la succesion d’événements catastrophiques dont le dernier Fukushima se déroule dans le silence total, la question « continuer le nucléaire » n’existe plus, seule la question « Quand ? » subsiste et le plus tôt sera le mieux , merci


            • adeline 3 novembre 2011 10:08

              Bjr Magnon, vous ne pouvez dire cela , aujourd’hui encore les malades de la plévre due à l’amiante on un mal fou a faire reconnaitre la responsabilité de l’amiante.
              Alors vous pouvez imaginer ce qui arrivera avec cet immense nuage , rien ne sera démontrable bien sur lorsque les leucémies et les thyroides vont exploser et je ne parle pas de ce que l’on ne sait mesurer...


            • Magnon 4 novembre 2011 09:34

              Ne pas confondre, pour l’amiante, on savait depuis longtemps, peu pour les cancers de la plèvre, tout sur l’asbestose, la « silicose » de l’amiante.
              L’amiante, c’est un scandale pénal, mal instruit, mal jugé, mais une vrai addition de fautes inadmissibles au détriment d’ouvriers qui ont travaillé sur l’amiante souvent sans la moindre protection.
              Quand à ce qui concerne la radioprotection, la doctrine est bien établie depuis 50 ans, les règles sont rigides, avec des doses population, travailleurs, des doses sur 1 an, des doses sur une vie professionnelle etc.
              UN essai de transposition à la chimie à été essayé, mais abandonné, cela revenait à interdire les produits ménagers dans les maisons, les parfums, les huiles essentielles, le tabac, l’alcool la tentative s’est arrêtée là, tant qu’à l’usage des produits chimiques dans l’industrie...
              D’où le statut singulier le l’industrie nucléaire, d’un coté le risque d’avoir une poussière radioactive dans le jardin de l’autre pour fournir une quantité d’énergie équivalente la mort de 300 mineurs chinois par an.
              D’un coté des jardins de bourgeois, de l’autre des prolétaires jaunes.
              Vous avez choisi


            • adeline 4 novembre 2011 11:37

              Bonjour, bons arguments, merci mais ne reste t’il pas qu’en cas d’accident nucléaire les environs sur plusieurs 10éne de kilomètres sont inutilisables pour l’humain pour plusieurs siècels ?, à l’heure de la suposée sur-population, la disparition de terres habitables n’est pas une bonne nouvelle.


            • Magnon 4 novembre 2011 22:05

              Simple, on mesure la dose au sol, on évalue la quantité reçue et on gère.
              Donc on fait évacuer quelques km² autour des centrales, ensuite, on laisse décroitre la radioactivité ou on gratte les sols superficiels et on lixivie la terre !
              S’est ce que font les Japonnais, non pas pour 1 mais 4 centrales !
              Pendant ce temps là, la nature reprend ces droits de manière spectaculaire.


            • Magnon 3 novembre 2011 00:49

              Question à Adeline : Sur les 39 000 personnes tuées au Japon, par le tremblement de terre et le tsunami combien par le Nucléaire de Fukushima
              Réponse 0 oui zéro !
              Combien le pétrole a tué lors du même événement : une 50aine d’ouvriers et d’agents de sécurité par explosion et incendie en particulier dans 2 raffineries totalement détruites par incendie avec explosions de réservoir en chaîne.
              Pourquoi on remets en cause le nucléaire et pas le pétrole :
              C’est simple il s’agit de prolétaires, le nucléaire pourrait peut-être nuire aux bourgeois bobos qui tiennent le haut du pavé médiatique, c’est scandaleux, une poussière pourrait les atteindre.
              Depuis Fukushima, les mines de charbon chinoises ont tué 2 500 mineurs qui en parle, qui l’évoque.
              Il ne faut surtout pas en parler, elle nourrisse l’Usine Mondiale qui gave nos bobos écologiseant de produits de consommation pas cher.
              De toutes façons, pour les chinois la solution au problème est de remplacer les centrales au charbon par des centrales nucléaires.

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