Les pieds dans l’eau
A la lumière de ces régions françaises de plus en plus souvent inondées, interrogeons-nous sur les origines, et les solutions éventuelles…
On sait assez mal que plus de 17 millions de français vivent en zone inondable, soit un français sur quatre, et ce qui s’est passé récemment, et se renouvelle ces jours-ci dans le Pas de Calais pourrait bien concerner sous peu beaucoup plus d’entre nous. Lien
Les raisons sont multiples, et la première est probablement le fait que les populations se sont souvent regroupées le long des fleuves pour des raisons de commerce, et bien sûr de transport…
Mais il y a une raison occultée plus souvent qu’à son tour, raison assez insolite au premier abord, la raréfaction des vers de terre…
En effet, sous les effets de l’agriculture industrielle, labourage à grande profondeur, utilisation des insecticides divers et variés, les vers de terre ont souvent déserté nos sols, lesquels privés des multiples galeries qu’ils créent, absorbent la pluie bien plus difficilement.
S’il faut en croire un expert, Michel Delire en l’occurrence, la disparition des lombrics, et d’autres insectes, est l’une des causes des coulées de boues, et « cela va empirer », prévient-il.
il constate : « dans une terre bio, on varie entre 150 et 250 lombrics au m², et dans une « terre morte », il n’y en a parfois aucun (…) les vers de terre qui aèrent le sol permettent à l’eau de s’évacuer (…) et des qu’il y a une pente, les terres sont emportées, et dévalent (…) or cette terre qui a quitté les champs ne reviendra plus jamais, donc ça s’appauvrit très rapidement. C’est un phénomène qui est très alarmant et très préoccupant pour les 10 prochaines années ». lien
Et puis il y a l’artificialisation des sols...à grand coup de béton et de bitume, qui n’a rien arrangé : chaque année, en France, entre 200 et 300 km² sont détruits, soit 2 à 3 fois la taille de la ville de Paris...lien
Ajoutons à ça la disparition des haies, des arbres divers et variés, dont les racines retiennent la terre, et on comprend que nous sommes embarqués dans une bien mauvaise passe.
Planter des arbres, c’est en effet l’une des solutions pour freiner le phénomène des inondations, et c’est d’ailleurs ce qui a poussé nos voisins outre-atlantique à planter, des 2016, des millions d’arbres.
Comme l’écrit le site « the conversation », « pour savoir si d’humbles arbres peuvent fournir un tel service, il faut d’abord comprendre leur rôle dans l’absorption de l’eau en cas de fortes précipitations. Toute inondation (…) vient du fait que la pluie ne peut pénétrer assez rapidement dans le sol. Au lieu de cela, elle s’écoule rapidement à la surfaces des sols ». lien
ajoutons pour la bonne bouche que les quelques arbres qui se trouvaient encore au bord des cours d’eau, sont facilement arrachés, aggravant ainsi une situation déjà compromise.
Et puis naturellement il y a le changement climatique que nous constatons de plus en plus souvent, faisant fondre les glaciers, disparaître la banquise, et provoquant une montée des eaux, même si l’on sait que la glace qui fond dans le verre de whisky ne fait pas monter le volume de celui-ci.
D’ailleurs les experts ne parlent pas à l’unisson, certains évoquant une montée des eaux modeste, quelques centimètres, et d’autres moins optimistes sont convaincus qu’il faut envisager plutôt plusieurs mètres.
Mais hélas ce n’est pas tout car lorsque la température s’élève, l’eau se réchauffe, les molécules gonflent et le volume des mers et des océans augmente, par le phénomène de la dilatation.
On peut découvrir avec intérêt ce qui se passerait en Bretagne si tous les glaciers fondaient.
Si l’on en croit le site « futura » : « si l’ensemble du Groenland et de l’Antarctique devait fondre, la montée du niveau des océans serait de plusieurs dizaines de mètres » lien
... engloutissant ainsi New-York, Londres, Tokyo... provoquant ainsi des exodes massifs, qui risquent d’être compliqués, si l’on veut bien observer de quelles façons les migrants d’aujourd’hui sont traités...
Et puis, il y a l’activité humaine, car le pompage des eaux souterraines, les extractions et les diverses exploitations minières accentuent l’affaissement des sols, et aggravent une situation déjà fragile. Lien
Or pour répondre à la situation que connait aujourd’hui le Pas de Calais, le ministre de l’environnement, toujours très inspiré, envisage benoîtement de pomper les eaux envahissantes... expliquant qu’il s’agit de mesures « exceptionnelles », ce qui ne semble pas avoir rassuré les populations. lien
Le ministre ignore manifestement l’aventure des Shadoks, qui comme on le sait, pompaient, pompaient… avec leur machine à pomper les inondations. lien
Comme dit mon vieil ami africain : « l’eau qui sort de la bouche de la grenouille est plus fraîche ».
le dessin illustrant l’article est de Philippe Luguy
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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