Loi de transition énergétique : attention au virage !
La coûteuse sortie de route de l’Allemagne dans son « virage énergétique » (« Energiewende » en allemand) devrait alerter les parlementaires français. Il ne faudrait pas aboutir au même désastre.
La coûteuse sortie de route de l’Allemagne dans son « virage énergétique » (« Energiewende » en allemand) devrait alerter les parlementaires français. Il ne faudrait pas aboutir au même désastre. L’électricité y est deux fois plus chère qu’en France pour les particuliers, la consommation de charbon, de méthane et les émissions de gaz à effet de serre sont en hausse, et leur réseau d’électricité est fragilisé.
La loi de transition énergétique (LTE) comporte trois objectifs : 1) sécuriser nos approvisionnements, 2) contribuer à la lutte contre le changement climatique, 3) être plus compétitif pour améliorer l’emploi et la croissance.
Mais elle comporte aussi des objectifs politiques qui n’ont pas été soumis à une analyse économique, comme la réduction de 50% des émissions de carbone en 2050. Ils supposent de gigantesques financements et impliquent une importante dégradation du niveau de vie.
Quelques « belles âmes » ont fait croire aux Français qu’ils faisaient une bonne action pour la planète en réduisant de 90% les émissions de carbone du système électrique européen. C’est un chiffre qui sonne bien et fort. Mais, en réalité, cet effort herculéen diminuera seulement de 0,9% le carbone néfaste dans l’atmosphère. En effet, la production électrique française est déjà décarbonée à 90%, et elle représente seulement 4% de nos émissions globales de carbone. Plus de mille milliards d’euros vont être gaspillés en Europe pour, au final, repousser le réchauffement climatique de trois mois au maximum sur 50 ans…
Pour aboutir à cette absurdité, la Commission européenne a commis deux erreurs pendant ses travaux :
- La première a été de se laisser bercer par la musique des mots sans évaluer les bénéfices de la mise en œuvre de ses préconisations.
- La deuxième, a été de mettre en place deux trains de directives qui se télescopent : 1) D’un côté, il y a une politique de libéralisation des marchés européens de l’énergie (la même que celle mise en place pour les « télécom »). Elle possède sa logique : la concurrence et le consommateur sont au centre du dispositif. 2) D’un autre côté, et en même temps, il y a la directive européenne de 2008 sur le climat qui revient à multiplier les subventions sans aucune limite de coût. Elle place le producteur d’énergie renouvelable au centre du dispositif (et pas le consommateur) en lui donnant tous les moyens de produire les énergies les moins compétitives sous prétexte qu’elles sont vertes.
Ainsi, la Commission européenne dit d’un coté : « vive la concurrence » en privilégiant les consommateurs et les prix bas et simultanément et, d’un autre côté, « tout ce qui est vert doit être subventionné jusqu’à devenir compétitif dans 30 ou 40 ans ». Ces deux politiques sont contradictoires.
L’erreur fondamentale est de ne pas avoir appliqué une véritable analyse économique et de s’être laissé hypnotiser, comme souvent, par des mots séduisants : on « décarbone », on « sauve la planète », on va vers « un monde meilleur » grâce à « une politique ambitieuse ». Mais, en réalité, nos décideurs ne font pas l’effort de mettre en parallèle la dépense et le résultat escompté. Ils engagent les Européens, et donc les Français, dans une impasse.
Des lobbies puissants gravitent autour des énergies « vertes » dans le but d’obtenir des subventions pour les éoliennes et les panneaux photovoltaïques. Le consommateur et le contribuable paieront, même si, comme l’a déclaré le précédent Président de la République François Hollande à la télévision le 7 novembre 2014 :« Ca ne coûtera rien puisque c’est l’Etat qui paye » (! ?)
La France a aussi accumulé des erreurs dans l’élaboration de cette transition énergétique européenne. Elle a déjà une énergie décarbonée comme le sera peut-être l’énergie allemande en… 2050. Au lieu de dire « nous avons un avantage compétitif. Que les autres prennent exemple sur nous et nous rattrapent », nos décideurs ont considéré que tout le monde devait s’imposer le même effort sans égard pour le niveau déjà atteint !
Notre réseau électrique, interconnecté au réseau allemand, absorbe les énormes perturbations dues aux erreurs d’outre Rhin dans le développement disproportionné des énergies intermittentes (éolien et photovoltaïque). La faute à qui ? L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), nos hommes politiques et « Bruxelles » vont bientôt se rejeter « la patate chaude ».
Dans les cabinets ministériels, des ombres discrètes ont fait prendre une décision délirante aux décideurs européens : la division par quatre de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 (dit le « facteur 4 »). Elle aura un résultat insignifiant à l’échelle de la planète mais elle peut saborder notre niveau de vie. Qu’on divise par quatre ou par dix nos émissions de carbone en 40 ans retardera peut-être le réchauffement climatique mondial de quelques semaines ! Il faut dire la vérité et cesser de se laisser griser par la musique des mots.
Engager des centaines de milliards d’euros pour des objectifs politiques incantatoires et économiquement mal définis est une folie aux conséquences sociales dangereuses dans un pays qui s’étripe pour une allocation familiale rabotée et des congés parentaux diminués.
Influencés efficacement par des experts autoproclamés et des idéologues, quelques politiciens irresponsables concoctent aux Français un avenir faussement décarboné, faussement radieux et hors de prix.
Attention au virage !…
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