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Accueil du site > Actualités > Environnement > On part à la dérive...

On part à la dérive...

Bonjour, Peuple de la Terre,

Je rédige cette courte lettre pour vous exprimer mon désarroi. De par notre obstination à ne pas changer nos habitudes, nous compromettons l'avenir de notre race. C'est génétique, me direz-vous ; cette vision à court terme nous a été transmise par les milliers de générations nous précédant, ne se concentrant que sur la satisfaction de leurs besoins primaires afin de voir le soleil se lever encore quelques fois et faire perdure la lignée.

Et ça a plutôt bien fonctionné. Sauf que tout a changé. Depuis que nous nous sommes approprié notre environnement et élevés au-dessus des autres espèces, nous sommes en mesure d'avoir un impact sur son ensemble. Nous avons la naïve impression d'en être les maîtres, mais il n'en est rien. De scientifiques évidences ont démontré qu'à ce rythme, nous fonçons droit vers le mur. Ce maudit discours alarmiste, on l'a tous entendu très souvent. Trop souvent.

Tellement que, même s'il pouvait créer un sentiment d'urgence ou des pensées déplaisantes chez le récepteur initialement, à la longue, on s'est forgé un bouclier d'indifférence qui, tel le champ magnétique de la Terre qui la protège des dangereux jets de particules chargées, dévie ces propos et font qu'ils n'atteignent pas leur cible. Même que plusieurs saisissent toute occasion possible pour contredire les prédictions ou les tourner en dérision. Par exemple, après un hiver plus froid que la moyenne, les détraqués, ou plutôt détracteurs du réchauffement climatique, jubilent et crient haut et fort que le réchauffement climatique ne peut être qu'une invention des porteurs de sarraus !

Et le pire, c'est que certains s'empressent de s'agripper à ces discours avec la même ferveur qu'un passager du Titanic aurait sauté sur une barque, afin d'avancer dans ce glacial et ténébreux océan qu'est notre avenir, sans avoir à se mouiller.

Nous sommes ainsi faits. Faibles que nous sommes, nous préférons largement gober un mensonge démesuré que de se débattre en ces eaux inhospitalières. On préfère la voie facile dans notre quotidien :

Il est plus facile de prendre sa voiture que de marcher au travail.

On s'endort mieux le soir lorsqu'on s'est convaincu que notre comportement était acceptable que lorsqu'on s'inquiète pour le futur de nos enfants.

C'est plus facile de jeter directement un contenant que de le rincer.

Beaucoup plus plaisant de s'acheter 1001 gadgets futiles en utilisant, pour apaiser sa conscience, l'excuse que l'on fait ainsi "rouler l'économie", plutôt que de s'en passer.

D'acheter du neuf plutôt que de l'usagé.

D'écouter une émission portant sur les rebondissements multiples de la vie insignifiante de starlettes hollywoodiennes qu'un documentaire instructif.

Et j'en passe.

On fait face à plusieurs dilemmes environnementaux quotidiennement. Portez y une attention particulière et vous les remarquerez rapidement. Mais pourquoi faire un effort que le voisin ne fait pas ? Pourquoi se priver de libertés et de plaisir, alors qu'en apparence rien ne nous empêche de nous les procurer ? Pourquoi limiter sa consommation ? Une fois notre propre conscience neutralisée à renfort de tout ce qu'on trouve pour l’apaiser, il devient très facile de se laisser aller dans la facilité. Et même d'y trouver un bonheur matériel.

Sauf qu'il faut se lever. Faire face à la réalité. Arrêter d'être lâches. Revoir l'ordre dans nos valeurs sociétales et individuelles afin de modifier le cours des choses. Oui, c'est un exercice très difficile que de se remettre en question et encore plus de s'avouer qu'on a tort. Mais sans cela, si nous persistons dans notre entêtement à nous auto-démolir, nous allons finir par réussir.

Parce que ce n'est pas pour la Terre qu'il faut agir. La Terre, qu'on personnifie à outrance comme étant une victime de nos agissements, n'est qu'un amas ferreux parmi des millions, qui orbite autour du Soleil depuis plus de 4 milliards d'années, et qui, quoiqu'on fasse, effectuera encore quelques milliards de révolutions autour de notre étoile. Quelques millions d'année après notre départ de celle-ci, elle nous aura oublié et ses plaies auront cicatrisé.

La Vie non plus n'est pas menacée. Au cours des milliers de milliards d'années où elle a proliféré sur Terre, nombre d'espèces se sont succédé, laissant place à une autre mieux adaptée à son environnement lors de bouleversements majeurs ou mineurs. C'est d'ailleurs grâce à cette improbable succession d'extinctions de masse que nos ancêtres ont pu prendre la place des dinosaures et autres regrettées espèces. Notre présence sur Terre est fortuite, et ne représente qu'une infime fraction de l'Histoire, qu'un battement de paupières pour notre Terre. Pourtant, nous nous comportons comme si nous avions toujours été et comme si nous serons toujours.

Non, ce n'est pas la Terre qui est en danger, ni le règne animal, qui a déjà démontré sa résilience. Ce que nous mettons en péril par nos agissements égoïstes et futiles, c'est notre futur. Pas seulement notre futur individuel, car certains sont prêts à faire une croix dessus, mais notre futur en tant qu'espèce. À chaque année où nous persistons dans nos habitudes de vie, nous ajoutons à notre dette. Et contrairement à ce que plusieurs gouvernements croient, il y a dettes dont on ne peut s'échapper. Elle devra être payée par les générations suivantes, en souffrances. On a déjà des signes que la perception s'en vient. Serons-nous l'espèce dont la présence sur Terre aura été la plus courte ? En à peine 100 ans, notre population a explosé, comme l'a fait notre espérance de vie. Mais à ce rythme, ces deux données se remettront à décroître d'ici quelques générations. La barque précaire dans laquelle nous avançons tranquillement prend l'eau. Et nous y ajoutons des trous au rythme des puits de pétrole perçant la croûte terrestre.


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4 réactions à cet article    


  • bernard29 bernard29 4 juillet 2015 14:35

    Oui, c’est « le choc de notre civilisation ». On n’a pas besoin de quelqu’un d’autre pour la mettre en danger.


    • Kelimp 4 juillet 2015 19:32

      Nous ne sommes pas une race, mais une espèce. smiley
      Hormis cela, votre « courte » lettre m’a plu énormément. Et j’y adhère complètement.
      Perso, je sais qu’il y a des soirs où j’ai du mal à m’endormir parce que je pense justement à mes enfants et petits-enfants et que je crains, malheureusement, que leur futur soit sombre dans tous ses aspects.
      Ce qu’il manque à beaucoup qui préfère le superflu au nécessaire, c’est de la curiosité et donc de la culture. Mais c’est ainsi.
      Maintenant, il m’arrive aussi de penser que tout n’est pas perdu. Surtout, après avoir lu l’encyclique du pape : Laudato Si. Moi qui ait l’athéisme chevillé au corps, j’admire la lucidité de cet homme sur les sujets sociaux et écologiques. même Naomi Klein, altermondialiste qu’on ne peut taxer de grenouille de bénitier, en a dit  : "Lisez l’encyclique telle qu’elle est, non pas les résumés mais l’ensemble. Lisez-là et laissez-la pénétrer dans votre cœur !"
      Alors, peut-être l’espoir d’une prise de conscience de l’humanité est-il permis ?
      S’il n’est pas déjà trop tard.


      • Marc Chinal Marc Chinal 4 juillet 2015 23:29

        Bon, mais au final, vous êtes maintenant post-monétaire ou vous continuez de prier ou de vous lamenter ? smiley


        • Le p’tit Charles 5 juillet 2015 07:16

          Notre « Espèce »...aurait du rester dans les arbres et ne pas en descendre... !

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