Vers une transition écologique ?
Une transition écologique rapide est-elle encore actuellement possible ?
Cela nécessiterait une réelle volonté politique avec des actions concrètes fortes loin des demi-mesures hasardeuses et sans réelle portée qui sont engagées.
Que voit-on aujourd’hui ? Nous continuons à utiliser des véhicules roulant au diesel et à l’essence alors qu’il existe des possibilités de développer des moteurs à hydrogène et que des voitures et des vélos électriques, même si ce n’est certes pas le meilleur système, sont apparus sur le marché.
Nous dénigrons le train pour le transport des marchandises alors que nous pourrions développer un système de transport ferroviaire efficace comme l’a déjà fait la Suisse ou bien le transport par péniche naviguant avec des moteurs électrique ou à hydrogène. Nous laissons les cargos et les bateaux de croisière continuer à polluer l’air et les océans, les avions à détruire la stratosphère. A tous les niveaux, là où il serait déjà possible d’agir, rien n’est fait ou presque.
Car le changement climatique n’est pas quelque chose de brutal, il se fait dans une certaine durée qui échappe à nos vies instantanées même si nous commençons déjà à en ressentir les effets via le climat pendant les étés. Des sécheresses à répétition, des températures extrêmes ont créé des sentiments d’angoisse diffuse sans que la panique ait pris le dessus. Nous faisons le dos rond pendant les étés en nous disant que cela va passer, que ce n’est que temporaire, quelques jours pénibles à supporter, de mieux en mieux d’ailleurs grâce à la généralisation de la climatisation dans les véhicules et les habitations.
Nous n’envisageons pas que la situation va empirer. Ou plutôt nous ne voulons pas y croire car nous avons toujours vécu dans un monde où tout se passait bien pour nous. C’est le syndrome du ‘pas ici chez moi’. Nous ne pouvons pas croire à un scénario catastrophe bien que nous ayons vu deux avions s’écraser sur des grattes-ciel à New-York il y a 20 ans. Mais ce n’était finalement là que des images assez irréelles. Dans notre esprit, les problèmes se passent toujours ailleurs, jamais devant notre porte. La sécheresse c’est en Afrique, les tornades dans le middle-west américain, les cyclones dans la mer des Caraibes, les tsunami et les inondations quelque part en Asie. Chez nous, forcément, il fait bon vivre. Finalement, l’écologie est aussi affaire de psychologie.
Nous sommes devenus tellement aveugle que nous ne voyons plus l’effondrement devant nos yeux. L’effondrement des populations d’insectes et en répercussion celle des oiseaux car la nature est une chaîne. Les changements dans la végétation liés au changement climatique. L’augmentation de l’intensité des vents qui érodent et assèchent le sol. La contamination des poissons par les pesticides, les métaux lourds et les plastiques. La pollution des viandes par la nourriture contaminée et les médicaments administrés en masse aux animaux. Tout notre système et notre environnement est atteint et nous détruit en retour. C’est une forme de suicide organisé et planifié.
Souvent les gens sont pris dans leurs habitudes et il leur est difficile de changer sauf si on leur en donne l’occasion et les moyens. Dans le fond, personne n’a vraiment envie de changer sa manière de vivre. Cela demande de l’énergie et du temps et nous pensons finalement que nous sommes chacun dans la bonne option et même si nous sentons que ce n’est pas le cas, il nous est difficile de modifier nos comportements car nous y avons trouvé une certaine forme d”équilibre. Souvent nous ne changeons nos vies que contraints et forcés. Ce sont des éléments extérieurs qui nous y poussent. Nous pensons avoir de la volonté mais nous en avons peu au final. La transition écologique va nécessiter des changements : dans nos habitudes d’achat, dans nos manières de vivre, de nous déplacer, de travailler, de communiquer. Il faut pour cela que nous puissions avoir des bases afin de pouvoir modifier progressivement nos comportements.
Le principal problème est de pouvoir concilier une transition écologique rapide avec le système capitaliste existant. Car c’est le système capitaliste qui domine partout sur notre planète. Même si la Chine se réclame encore d’un système de type communiste, on peut voir la Chine comme un système capitaliste d’état. Il ne paraît pas concevable à l’heure actuelle de transformer en profondeur voir de modifier le système capitaliste existant. Ceux qui veulent tout changer, envisage une révolution, ne font que de l’idéalisme et nous font perdre du temps. Il faut donc malheureusement pouvoir concilier ce système capitaliste avec la mise en place d’un système plus respectueux et plus en adéquation avec notre environnement.
Concernant l’agriculture, grosse consommatrice d’eau, il semble plus ou moins facile de construire des retenues d’eau ainsi que de promouvoir la récupération de l’eau de pluie dans des citernes. Cela n’est pas l’idéal mais permettrait de pallier rapidement un problème de plus en plus prégnant. Rediriger aussi la culture du mais vers d’autres céréales nécessitant moins d’eau. Pour les engrais, il serait je pense possible de recycler les excréments des animaux notamment des porcs et des vaches afin de fabriquer des engrais naturels. Il faudrait peu à peu bannir les engrais chimiques en créant des filières de recyclage. Il serait nécessaire d’encadrer la vente de médicaments afin de limiter leur utilisation et d’entreprendre des recherches afin de pouvoir s’en passer. Les surdoses de médicaments sont souvent dues à la manière dont les animaux sont élevés. Il faut donc modifier les méthodes d’élevage en prévoyant plus d’espace, plus de bien-être, une meilleure alimentation. Cela a un coût et les subventions aux agriculteurs devraient être redirigées en ce sens. Plus de production et donc plus de productivité donne aujourd’hui droit à plus de subvention, ce qui va à l’encontre d’une agriculture respectueuse des bêtes et de l’environnement. L’utilisation des pesticides et des fongicides doit être peu à peu limité. Cela est possible en utilisant de nouvelles techniques d’agriculture type agriculture de conservation ou permaculture. Le consommateur a aussi un rôle important à jouer en privilégiant les animaux élevés de manière plus naturelle. Les changements et les incitations doivent venir de multiples directions. Consommer de la meilleure viande mais en moins grande quantité afin de limiter l’impact de l’élevage sur l’environnement. Il faudrait également inciter à la récupération du méthane émis par les excréments des animaux via le principe de méthanisation, cela permet également de générer des engrais naturels. Il y a donc un double bénéfice.
Des solutions innovantes et simples existent donc pour protéger notre environnement. Il suffirait de les généraliser sur une plus grande échelle. Toutes ces mesures ne peuvent être prises que de manière concertée avec un état organisateur et incitateur et non plus seulement répréhensif et dirigiste.
Concernant l’industrie et les ménages, je pense qu’il serait possible de diminuer les consommations d’énergie en créant des bonus-malus énergétiques. L’incitation pour les ménages ne serait que faible au départ afin de ne pas pénaliser les ménages les plus modestes mais elle aurait je pense un impact fort car elle permettrait de savoir si nos habitudes de consommations énergétiques sont bonnes ou mauvaises. Par ailleurs, avoir un malus serait je pense vécu comme quelque chose de négatif et l’incitation à faire évoluer ses comportements d’utilisateur énergétique serait donc sensible. Ce système avait en fait été envisagé et même annoncé par le précédent gouvernement mais est finalement tombé dans les oubliettes du ministère de l’écologie.
Il faut également s’attaquer à la base du problème c’est à dire la production et la distribution des produits en réduisant l’usage des plastiques et des matières toxiques par une fiscalisation de l’utilisation de ces produits. Utiliser ces produits deviendraient onéreux et donc non rentable. Car la base alpha du capitalisme c’est la rentabilité, produire moins cher et plus vite des produits innovants. Le capitalisme se moque d’utiliser telle matière ou telle autre. Il veut juste utiliser des matières à faible coût, facilement utilisable et en abondance. Il n’y a donc pas fondamentalement de contradiction entre le capitalisme et l’écologie et il est vain de les opposer constamment comme deux frères ennemis, comme étant incompatible. On devrait au contraire s’engager dans une voie de conciliation. Il est également intéressant de se rendre compte que l’écologie constitue pour le capitalisme un nouveau marché avec de nouveaux débouchés. Le jour où les produits issus de l’écologie auront des coûts équivalents ou presque aux produits non écologiques alors ils prendront le dessus en terme de diffusion. Le capitalisme est un monstre dont la finalité ultime est le gain et non pas l’extension perpétuelle comme certains l’indiquent. La publicité n’est pas là pour faire vendre plus mais pour faire vendre son produit à la place de celui du concurrent. Le capitalisme est un monstre aveugle mais l’on peut diriger ce monstre, l’orienter. Plutôt que de dire ou penser que tout est perdu, nous devons faire en sorte que ces changements adviennent. Il ne s’agit pas d’une révolution mais uniquement d’ajustements comme une fusée lancée utilisant ces rétro-moteurs pour se réorienter dans l’espace.
Par ailleurs, grâce à des applications simples comme Yuka, il devient possible d’avoir une approche de la qualité des aliments proposés d’un point de vue nutritionnel. Pourquoi ne pas étendre ce principe à l’ensemble des produits afin de connaître leur niveau de respect environnemental et sociétal. Ce tee-shirt est-il fabriqué avec un coton respectant la terre et l’environnement ? Ceux qui l’ont produit ont-ils été respecté ? Car l’écologie ne doit pas être déconnectée du sociétal. Les citoyens veulent désormais plus d’information sur ce qu’ils achètent car ils savent que leurs achats ont un impact direct sur l’environnement et la vie des gens qui fabriquent ces produits. Les données doivent être diffusées et partagées. Elles ne doivent pas être l’apanage de grands groupes qui les utilisent pour cibler les consommateurs pour leur publicité.
Les grands rassemblements type COP21 à Paris ne sont que des show médiatiques qui n’existent que pour satisfaire ceux qui les organisent. Rien de concret n’y est décidé et les engagements pris ne sont que des engagements de papier. S’en défaire ne coûte rien, il suffit de déchirer le papier comme l’ont fait les Etats-Unis. Plutôt que de s’engager sur des résolutions très générales auxquelles personne ne croit vraiment, il faut décider d’actions concrètes :
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remplacer le plastique par des produits bio-dégradables,
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créer un centre mondial de recherche sur la production énergétique à partir de l’hydrogène et l’énergie solaire,
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substituer les engrais chimiques par des engrais naturels,
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s’engager dans la production de céréales économes en eau,
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créer un fonds mondial pour éliminer les sites les plus polluants type Norilsk en Russie
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développer et mettre en oeuvre de nouvelles techniques d’agriculture permettant d’arrêter la dégradation des sols de culture type agriculture de conservation
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Le jour où nous nous sommes rendus compte que les gaz CFC étaient en train d’anéantir la couche d’ozone et que nous risquions de perdre notre protection contre les rayons solaires, la réponse a été quasi-immédiate et en 1987 via le Protocole de Montréal, ces gaz ont été remplacés. Par la suite, les gaz H-FC ont été également progressivement éliminés du fait de leur impact majeur sur le réchauffement climatique. Il convient de noter que dans ce cas précis l’Union Européenne a décidé, planifié et organisé l’élimination de ces gaz. Et nous pouvons dans ce cas constater son efficacité en matière réglementaire.
Il est donc possible quand existe une réelle volonté politique mais aussi populaire de prendre rapidement les mesures adéquates pour lutter contre des pollutions majeures. Car la volonté populaire est également importante et elle doit aussi se manifester soit dans le cadre d’association soit de façon plus direct en soutenant les programmes politiques réellement écologiques.
La maison est en train de brûler, et ce n’est désormais plus une métaphore quand nous voyons les incendies en Australie, Californie et Amazonie. Et pendant ce temps, nous nous occupons de changer le lave-vaisselle dans la cuisine. Et nous le faisons car nous ne voulons pas voir la réalité en face. Celle d’un monde dont les terres se meurent, où l’océan s’acidifie, où l’eau devient un bien rare, où la biodiversité disparaît, où les maladies dues à la dégradation de l’environnement augmentent. Un monde où il fait de moins en moins bon vivre et tout cela uniquement par notre inconséquence.
Notre première et unique priorité doit être d’arrêter ce processus.
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