Culture européenne contre broyeuse libérale
Pourquoi diantre la culture ne serait-elle pas une activité économique comme une autre, soumise aux lois du marché et aux principes inébranlables de la rentabilité libérale ! Peut-être parce que cette chère Main Invisible a une sacrée tendance à nous faire gober une soupe culturelle made in Hollywood.
Réguler ou libéraliser : this is the question !
La culture doit être "rentable". C'est en ces termes que Maria Miller, ministre de la Culture britannique définit la place du secteur culturel dans l'économie de son pays. On peut lire entre les lignes que cette fidèle de David Cameron compte assécher le peu de subventions publiques dont bénéficie encore la culture britannique.
Mais le gouvernement britannique n'a pas été seul le mois dernier pour défendre vent debout l'inclusion de la culture dans les négociations de libre-échange avec les Etats-Unis. L'Allemagne d'Angela Merkel avait rejoint la croisade pour faire de la culture une variable d'ajustement dans le vaste troc qui se prépare des deux côtés de l'Atlantique.
Et il est évident que les Américains comptaient finir de croquer une culture européenne à leurs yeux anachroniques tant les mécanismes de régulation qui la protègent barrent la route aux blockbusters de tous poils que leurs studios produisent à la chaine.
Accord UE/USA : le cinéma sacrifié ?
Car quel était l'enjeu premier de la présence ou non de la culture dans les négociations de libre-échange ? Le cinéma pardi ! Et surtout ces droles de réglementation qui, en France notamment, interdisent qu'un même et unique film squatte la totalité des salles d'un même cinéma.
A l'ère des Iron Man 1, 2 et 3 et des sagas en carton qui n'en finissent pas, les studios américains ont besoin d'écouler leur marchandise (dont les budgets sont devenus si imposants que Steven Spielberg a annoncé l'implosion à moyen terme d'Hollywood).
Ils voient donc d'un mauvais oeil que les salles françaises diffusent d'autres types de films que leurs blockbuster si couteux. Une diversité culturelle impossible dans le cadre d'une concurrence pure et parfaite, mais dont le maintien enrichit tout le monde.
Certes les films français, qu'on a l'habitude de moquer, ne seront jamais aussi rentables qu'un film de Marvel ; mais les spectateurs ont le droit de pouvoir choisir ce qu'ils ont envie de voir.
La création ne peut pas se limiter aux seules lois du marché ou nous vivrons bientôt en Europe comme le font déjà les Américains : au milieu de multiplex géants diffusant chaque semaine uniquement les 2 ou 3 grosses sorties nationales.
L'Europe, qui rappelons-le est née de la culture, mérite mieux que cela !
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