L’Enfant Grec assassiné
Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,
Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois,
Plus éclatant que les cymbales ?
Que veux-tu ? Fleur, beau fruit, ou l’oiseau merveilleux ?
Ami, dit l’enfant grec, dit l’enfant aux yeux bleus,
Je veux de la poudre et des balles
Une balle pourtant, mieux ajustée ou plus traître que les autres, finit par atteindre l'enfant feu follet. On vit Gavroche chanceler, puis il s'affaissa. Toute la barricade poussa un cri ; mais il y avait de l'Antée dans ce pygmée ; pour le gamin toucher le pavé, c'est comme pour le géant toucher la terre ; Gavroche n'était tombé que pour se redresser ; il resta assis sur son séant, un long filet de sang rayait son visage, il éleva ses deux bras en l'air, regarda du côté d'où était venu le coup, et se mit à chanter :
Je suis tombé par terre,
C'est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau,
C'est la faute à...
Il n'acheva point. Une seconde balle du même tireur l'arrêta court. Cette fois il s'abattit la face contre le pavé, et ne remua plus. Cette petite grande âme venait de s'envoler.
(Victor Hugo)
23 Octobre 2012 6 h 49
L’information vient de me parvenir via un ami Grec :
George Koskinis Bonsoir à partir de la Grèce,.
Cette information n'a pas encore été vérifiée.
Un garçon de 15 ans vient de respirer son dernier souffle dans un hôpital d'Athènes. Il a été dit que la mort du garçon est survenue suite à une blessure à la tête par un policier.
Je consulte télé, radio, internet : rien encore, ou rien définitivement ?
Peu importe, je n’attends pas, je laisse éclater ma colère froide.
Tant pis pour la confirmation de l’info : l’important n’est pas que les faits soient avérés, mais qu’ils soient vraisemblables. On le croit… et que ce soit par la police, par le manque de nourritures (terrestres ou spirituelles, depuis l’hiver dernier, déjà, plus de chauffage ni de livres ni de cahiers ni de crayons dans les écoles…), par le manque de soins (plus de médicaments ni de personnel dans les hôpitaux anéantis), c’est chaque jour que souffrent (et meurent peut-être, sûrement, mais dans le silence) les Enfants du Pirée et leurs visages d’anges sous leur bonnets orange – comme psalmodiait la voix chaude de Mélina.
LA FAUTE A QUI ?
A Voltaire, à Rousseau - puisque le Gavroche de la crise s’appelle Yannis ou Kostas ou Panagiotis…
A l’Europe, à l’Euro obligatoire, à la Troïka, au FMI, à la BCE, à Wall Street, à Glodmann-Sachs, à la finance internationale…
A tous les européens qui se taisent en baissant la tête de peur que la balle traçante ne les atteigne à leur tour…
A ces présidents qui affirment sans honte que la crise est derrière nous et que tout va très bien, Madame la Marquise…
Aux médias officiels qui ne font pas leur travail d’information objective…
ET JUSQU'A QUAND VA-T-ON SE TAIRE ?
Un enfant qui meurt, c’est intolérable, inadmissible, inacceptable…
On l’a entendu pendant tout le week-end et cette indignation générale était saine.
Que l’enfant soit Grec ou Français, est-ce si différent ?
Où est-elle, cette solidarité entre les peuples d’Europe qu’on nous avait promise ?
C’est vrai, on a déjà eu le Prix Nobel de la paix, faut peut-être pas en demander plus ?
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