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Accueil du site > Actualités > Europe > La réponse des peuples à la « stratégie suicidaire » de l’Europe

La réponse des peuples à la « stratégie suicidaire » de l’Europe

27 octobre - Alors que se termine le sommet européen, Eva Joly, député européenne écologiste, candidate à l'élection présidentielle, exprime dans un formidable élan de colère, un refus de la consécration de la politique libérale de l’Europe condamnant " la stratégie suicidaire de l'Europe".

Une vague d’appels à des audits citoyens s'étend en France et en Europe.

C'est la légitimité des dettes qui est interpelée et la légitimité de leur remboursement par les peuples.

La candidate écologiste évoque le choix fait par Angela Merkel. Peut-on y associer Nicolas Sarkozy qui fait perdre progressivement toute son influence en Europe à la France ? Le légendaire couple européen franco-allemand ressemble désormais à l’union de la mante religieuse et du prince consort.

« Aujourd'hui, dans l'urgence du moment, une seule question vaut : sommes-nous, oui ou non, prêts à unir enfin nos forces pour sauver l'Europe ? Nous n'avons pas le droit à l'erreur. Malheureusement, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont choisi de louvoyer. L'Europe ne survivra pas à un nouveau mandat de Sarkozy et de Merkel. Ils semblent incapables de produire la moindre vision pour l'Europe. Sans vision, l'Europe tombera en lambeaux. » souligne Joschka Fischer, écologiste allemand, ancien ministre des affaires étrangères du gouvernement Schröder (1998-2005).

Le couple a choisi de renforcer le Fond Européen de Stabilité Financière (FESF) dont le capital va être augmenté à 1000 milliards d’euros. Somme magique supposée rassurer les marchés, le talisman des libéraux européens, dont les Etats de l’Union ne disposent pas dans son intégralité.

 L’élargissement des missions de la Banque Centrale Européenne aurait permis aux Etats d’obtenir des prêts à taux faibles et constants quel que soit le montant de leur endettement. Cette décision aurait jugulé la spéculation et éloigné le spectre des notations.

Pour doter le Fond Européen de Stabilité Financière, il est fait appel à l’investissement de pourvoyeurs extérieurs à l’Europe.

« La contrepartie du FESF à 1000 milliards d’euros (c’est…) l’austérité dans les pays qu’il aidera(…) et la vente à la découpe de l’Europe à la Chine alors même que nous devrions protéger l’Europe en instituant une préférence sociale et environnementale aux frontières de l’Union. » prévient Eva Joly

Le premier pays se portant « acquéreur » de bouts de pays européens (du moins de leurs dettes), c’est bien la Chine notoirement connue pour son mépris des droits de l’homme, son refus de conditions de travail humaines et de la protection de l’environnement et mettant de ce fait sur le marché des pays européens des produits à la concurrence déloyale.

L’acceptation de ces fonds vaut european washing de ces pratiques et représente la porte d’entrée pour la Chine dans les affaires européennes.

Les propositions de filtrage des produits entrant en Europe, appelées démondialisation par Arnaud Montebourg, a rassemblé un nombre inattendu de Français lors des primaires socialistes. Il semblerait que l’Europe de d’Angela Merkel et (peut-être) de Sarkozy vient de célébrer l’éloge funèbre de cette protection de nos entreprises, de notre économie et, en corollaire, de nos emplois.

Le FMI nous apprend pourtant, qu’en 2009, l’Europe à elle seule détient 28,38% du produit intérieur brut mondial, soit 16 106 896 millions de dollars. C’est le continent-économie le plus riche devant les Etats-Unis, soit 14 624 184 millions de dollars et la Chine, 5 745 133 millions de dollars.

L’Allemagne est la 4e puissance économique du monde ; la France, la 5e ; le Royaume-Uni, la 6ème ; l’Italie, la 7ème.

Cependant, l’Europe ne trouve pas au sein de ses ressortissants, quelle que soit leur richesse, les ressources nécessaires au redressement de son économie et de sa survie, se bradant au plus offrant, consacrant la mise en danger de ses valeurs humanitaires.

Le Fond Européen de Stabilité Financière a pour rôle de protéger les créanciers de la dette de pertes pour un montant de 20 à 30% en cas de défaut de paiement de l’Etat débiteur. Ce principe avait été mis en place pour les subprimes. Les structures solides qui garantissaient les emprunteurs fragiles ont été les premières frappées lors de l’écroulement du système.

« S'il advenait qu'un seul pays bénéficiant d'une notation triple A soit dégradé, cela affecterait la capacité en propre du fonds de stabilité », a précisé le gouvernement allemand

Cette réflexion vient souligner la menace qui pèse sur la France alors que Moody’s l’a mise sous supervision pour trois mois. Elle sonne comme un avertissement.

Cette folle cavalcade du libéralisme qui met de plus en plus d’Etats, mais aussi de peuples en danger soulève un mouvement qui s’étend comme le printemps arabe. Les citoyens se regroupent pour mettre en place des audits de la dette dans plusieurs pays visant à évaluer quelle partie de la dette est estimée légitime puisque engagée pour le bien public et quelle partie est jugée illégitime puisque servant des intérêts particuliers.

Ce mouvement se réfère à la mise en œuvre, en 2007, d’une commission d’audit par Rafael Correa, le Président Equatorien. Elle avait conclu à l’illégitimité de 40% de la dette équatorienne dont le remboursement avait été suspendu. Actuellement des audits citoyens sont en cours au Brésil, en Grèce, en Irlande, en Espagne et au Portugal.

Les Français pourraient refuser de prendre en charge la part de leurs impôts correspondant au remboursement de l’augmentation de la dette provoquée par les nombreuses niches fiscales et dégrèvements de charges entreprenariales élaborés dans les toutes dernières années qui aboutissent à un allègement de la participation à l’effort national des plus riches.

Lire l’appel du Collectif pour un audit citoyen de la dette


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4 réactions à cet article    


  • Furax Furax 29 octobre 2011 11:23

    Il est clair pour tout le monde maintenant que, pour sauver les peuples, il faut quitter cette europe des financiers.
    Ceux qui prétendent vouloir réformer ou faire évoluer cette « institution » ne sont que des escrocs.
    Il suffit de lire les commentaires sur la « démondialisation » de Montebourg.
    Il demandait quoi ? Un protectionnisme européen.
    On nous a « vendu » le traité de Maastricht comment ? En vantant ce même protectionnisme européen (on se défend mieux ensemble que seul) !
    L’arnaque UE se fait contre les peuples. Tous les peuples. Au moment du référendum de 2005, les sondages indiquaient que tous les peuples européens, même les allemands, auraient voté NON. On a donc fait voter les parlementaires corrompus...


    • BA 29 octobre 2011 12:18

      A propos du sommet européen :

       

      L’accord du jeudi 27 octobre n’a pas du tout rassuré les investisseurs internationaux. L’Italie est toujours obligée de payer des taux d’intérêt qui continuent à augmenter.

       

      Les taux d’intérêt de l’Italie sont repartis à la hausse.

       

      Italie : taux des obligations à 10 ans : 6,023 %.

       

      http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GBTPGR10:IND

       

      Vendredi 28 octobre 2011 : l’Italie a lancé un emprunt sur les marchés internationaux. Et ça a été un carnage.

       

      Malgré l’accord européen pour tenter de juguler la crise, le coût de financement de la dette colossale de l’Italie a encore grimpé vendredi lors d’une émission obligataire test, les marchés continuant de douter de la crédibilité du gouvernement Berlusconi.

       

      Signe le plus inquiétant, les taux d’intérêt des titres à échéance 2022 ont dépassé la barre symbolique des 6 %, seuil considéré comme dangereux par les analystes, en s’inscrivant à un niveau record de 6,06 %, contre 5,86 % le 29 septembre, date de la dernière opération similaire.

       

      Les taux des titres à échéance 2014 ont eux progressé à 4,93 %, contre 4,68 % lors de la précédente émission, ceux des titres à échéance 2019 à 5,81 %, contre 4,03 %, et ceux des titres à échéance 2017 ont progressé à 5,59 %, contre 2,33 %.

       

      http://www.romandie.com/news/n/CRISELe_cout_de_la_dette_italienne_grimpe_en core_malgre_l_accord_europeen281020111510.asp

       


      • L'Oeil qui court L’Oeil qui court 29 octobre 2011 13:10

        Merci pour ces informations complémentaires.

        Une fois que les décisions du Conseil de l’Europe ont été connues, il apparaissait clair qu’elles n’apportaient aucune amélioration à la situation, mais la cristallisait dans le sens de la dégringolade.

        Les financiers sont dans le double bind (terme psychologique qui définit une injonction parentale contradictoire exigeant une chose et son contraire) en demandant de l’austérité et de la croissance. Les libéraux de l’Europe, qui prennent les décisions, sont enserrés dans un message fou. Mais ils refusent d’évoluer quant à leurs croyances de base et de devenir les artisans de la perte de leurs privilèges pour sauver les Etats.

        Quand les financiers évoquent une « insécurité » quant au remboursement des prêts, que disent-ils en réalité ? Ont-ils intérêt financièrement à ce que la situation s’arrange ?


      • miha 29 octobre 2011 19:15

        Cette Europe-là n’a aucune légitimité démocratique.

        Exprimons par tous les moyens notre exigence d’en sortir.

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