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Le tourisme est un droit de l’Homme selon la Commission Européenne

Antonio Tajani, commissaire européen à l’entreprise et à l’industrie, a déclaré que le tourisme était maintenant un droit de l’Homme et que les retraités, les jeunes et les personnes qui ne sont pas assez riches pour faire du tourisme verraient leurs voyages payés par les contribuables européens.

Subventionner les professionnels du tourisme

Ce programme, qui pourrait coûter plusieurs centaines de millions d’euros par an aux contribuables, est destiné à promouvoir un sentiment de fierté culturelle européenne, à combler les écarts de revenu entre Etats-membres du Nord et Etats-membres du Sud, et à accroître les revenus de l’industrie touristique européenne pendant la saison creuse.

Antonio Tajani, dont la nomination à ce poste avait été décidée en 2009 par le premier ministre italien Silvio Berlusconi, a présenté ce programme le jeudi 15 avril 2010 à Madrid lors de la Conférence Européenne des Acteurs de l’Industrie Touristique.

Ce programme sera testé partiellement avant d’être pleinement lancé en 2013. Il couvrira les retraités, les personnes âgées de plus de 65 ans, les jeunes entre 18 et 25 ans, les handicapés et les familles ayant des problèmes « sociaux, financiers ou personnels ». Les personnes âgés et les handicapés pourront être accompagnées par une autre personne. L’Union Européenne devrait subventionner ces voyages à hauteur de 30%.

Les européens du Nord incités à aller en vacances au Sud et vice-versa

Dans un premier temps, les européens du Nord seront incités à visiter le Sud de l’Europe et vice-versa. Le porte-parole du commissaire européen a déclaré : « Pourquoi quelqu’un habitant dans un pays méditerranéen ne pourrait-il pas partir en voyage à Edinbourg pendant l’été afin de prendre une gorgée d’air frais et pourquoi quelqu’un habitant à Edinbourg ne pourrait-il pas aller en Grèce pendant l’hiver ? ».

Cette idée vient d’un programme gouvernemental appliqué en Espagne selon lequel les vacances ayant lieu lors de la saison creuse d’hiver sont subventionnées par l’Etat pour tout citoyen européen âgé de 55 ans et plus. L’Etat espagnol a calculé que pour chaque euro dépensé en subventions, 1,6€ était touché par l’industrie touristique locale.

L’Union Européenne a une expérience certaine en matière de subvention au tourisme. Par exemple, au mois de février 2010, les contribuables européens - par l’intermédiaire du parlement européen - ont payé à hauteur de 52% un séjour de ski d’une durée de 8 jours dans les Alpes italiennes pour 80 enfants de fonctionnaires européens.

Dans le climat économique actuel, il est surprenant que l’Union Européenne souhaite payer des personnes pour partir en voyage. Il s’agit en effet de subventionner certaines catégories de la population avec des vacances bon marché aux dépens du reste de la population active, et cela, au nom de l’égalité, si ce n’est au nom des droits de l’Homme.

Le tourisme est-il un droit de l’Homme ?

Pour rappel, les droits de l’Homme sont les droits naturels supérieurs aux lois et autres normes étatiques, censés concerner tout être humain sans distinction de classe sociale.

La déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 « reconnait et déclare » (et non proclame) ainsi les droits de liberté, propriété, sûreté et résistance à l’oppression.

D’abord constituée de droits contre la puissance publique (droit-résistances), l’acception moderne et erronée du terme englobe aussi des droits sur l’État (droit-créances, ou faux droits), c’est-à-dire aux dépens d’autres citoyens par l’intermédiaire de l’impôt, comme l’éducation ou la culture.

La déclaration du commissaire européen à l’entreprise et à l’industrie faisant du tourisme un droit de l’Homme est à cet égard tout à fait représentative de cette conception erronée : elle invente un droit qui n’existe pas, elle viole les droits de l’Homme en établissant une inégalité fondée sur la classe sociale, et elle fait appliquer ce nouveau faux droit en violant un vrai droit (le droit de propriété de ceux à qui sera pris l’argent pour payer ces voyages).

A l’opposé des droits naturels, qui sont universels, les faux droits sont impossibles à réaliser sans prendre aux uns pour donner aux autres, ce qui leur ôte tout caractère universel. Les "vrais" droits des uns ne peuvent s’exercer aux dépens des "vrais" droits des autres, plus précisément un droit ne peut s’exercer aux dépens d’une personne non consentante, car le droit délimite le domaine d’action d’une personne où nul ne peut s’immiscer.

La différence entre les droits-libertés et les droits-créances ou pourquoi voler son voisin n’est pas un droit de l’Homme

Il faut faire la distinction entre les droits de faire quelque chose (par exemple le droit d’expression), et les droits qui impliquent que d’autres fassent quelque chose pour vous, en pratique par la coercition exercée par l’État (par exemple le droit au tourisme). On appelle parfois les premiers « les droits de », et les seconds « les droits à ». Raymond Aron parlait de droits-libertés et de droits-créances.

La déclaration des droits de l’homme de 1789 contient surtout des droits du premier type, alors que celle de 1946 contient surtout des « droits à ». Il s’agit non plus de libertés de faire, mais de droits à des biens qu’il faut produire et financer, ce qui implique des impôts, des percepteurs, des administrations, des lois, des règlements, et finalement qu’on s’en prenne aux propriétés et aux libertés qui font partie des droits légitimes des individus. C’est la légitimisation du vol et de la prédation, sous prétexte de justice sociale ou d’égalité.


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13 réactions à cet article    


  • LE CHAT LE CHAT 20 avril 2010 10:24

    ça tombe bien , j’aimerai bien aller faire un tour au Portugal , j’envoie la note de l’hotel à Antonio Tajani ?


    • Francis, agnotologue JL 20 avril 2010 10:55

      La dictature libérale est en train de se montrer encore plus intolérable que la dictature socialiste !

      D’une part, dans un régime communiste, tout le monde a un boulot, à manger, un toit. D’autre part, les communistes ne ruinaient pas la planète.

      S’il faut parler des droits naturels, commençons par ceux qu’on a perdu : le bonheur d’une nature vierge, eau claire, air pur ...

      La liberté d’entreprendre sans être ruiné d’avance par ceux qui font mieux, moins cher, en ruinant leurs employés, leur clients et même ceux qui ne sont ni employés ni clients.

      Le socialisme est une dictature égalitaire, mais une dictature inégalitaire est encore pire : c’est une dictature fascite.


      • Francis, agnotologue JL 20 avril 2010 15:20

        « Nous ne voyageons plus. Nous consommons de l’éloignement. » (Hervé Kempf)

        Les subventions ne sont que du détournement de fonds publics en faveur des corporations lesquelles versent des dividendes faramineux à la finance internationale. 

        Les subventions publiques alimentent désormais directement la finance internationale au point que c’en est une hémorragie mortifère ! Les dirigeants occidentaux sont tous complices ou incapables de s’y opposer : ils ne sont plus que les bourreaux obligés ou consentants des Etats nations.


      • Didier 67 Didier 67 20 avril 2010 21:32

        Bonjour JL,

        Ce que vous dites est tout à fait vrai et en même temps tellement absent à la « conscience collective » que cela mérite d’être martelé.
        Faites-nous dix articles sur le sujet svp !

        En voici déjà une illustration : les producteurs français de Fruits et Légumes, avec à leur tête la fameuse fédération, ont obtenu de pouvoir embaucher cette année leurs saisonniers sans payer les charges sociales. Bien entendu, l’Etat les paiera à leur place. Et bien entendu, cette subvention se retrouvera à la fin de l’année dans les poches de l’oligopole de la grande distribution. J’en parlais déjà ici


      • Francis, agnotologue JL 21 avril 2010 07:54

        Bonjour Didier67, oui, cela mérite d’être dit et redit, jusqu’à ce que ça devienne évident, clair : ça crêve les yeux au point que personne ne voit !


      • foufouille foufouille 20 avril 2010 11:10

        avec 30pc, ca va pas chier loin
        52 pour les fils de bobos


        • pragma 20 avril 2010 11:15

          Ce soi-disant droit est une divagation née d’une alliance objective entre les lobbies du tourisme, bien relayés à Bruxelles, et l’égalitarisme socialo-droitdelhommiste.

          Il est des droits fondamentaux qui sont déjà bien difficiles à faire respecter.
          Que nos politicards s’en occupent d’abord.
          Défendre des droits au superflu, à l’époque actuelle, paraît vraiment se foutre de la g...du peuple !
          Le contribuable n’est en tous cas pas là pour cela.


          • xbrossard 20 avril 2010 11:48

            c’est une blague ce truc ?


            • kataroff kataroff 20 avril 2010 11:51

              Assimiler une betise pareille aux droits de l’homme,on croit rever. Alors qu’on va avoir du mal a payer les retraites, un petit malin invente la taxe-vacances...


              • jako jako 20 avril 2010 12:17

                Bonne info, cela rejoint les ab...s qui veulent ffaire classer la corrida dans le patrimoine unesco , mais ce sont peux etre les memes non ?


                • voxagora voxagora 20 avril 2010 13:07

                  N’importe quoi !


                  • Annie 20 avril 2010 22:32

                    « A l’opposé des droits naturels, qui sont universels, les faux droits sont impossibles à réaliser sans prendre aux uns pour donner aux autres, ce qui leur ôte tout caractère universel »

                    Je suppose qu’il faudra supprimer les places de parking pour les handicapés, (un sujet très controversé, lorsque les personnes valides doivent tourner pour essayer de trouver une place de parking alors que certaines restent inoccupées), ou encore les aides aux personnes âgées. Si le droit au tourisme paraît un peu stupide et même beaucoup, la notion de solidarité consiste à prendre à certains pour donner à d’autres, et cela au nom des « vrais droits », notamment celui de pouvoir vivre décemment. 
                    Le droit aux congés paraît un peu bête, mais c’est une façon de reconnaître que vivre ne se résume pas à avoir suffisamment à manger, boire ou même à avoir un toit sur sa tête. 


                    • Le péripate Le péripate 20 avril 2010 22:44

                      L’État étant cette grande fiction à travers laquelle chacun cherche à vivre aux dépends de l’autre, il ne doit exister aucun endroit, aucune activité même et surtout stupidement festive qui y échappe.

                      Je veux veux bien faire semblant de m’étonner, mais m’indigner est au-dessus de mes forces.

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Auteur de l'article

Alex Korbel


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