Les marchés n’ont pas des boules Quiès
Certes de Gaulle déclarait « la politique ne se fait pas à la corbeille », mais on ne peut pas en vouloir à la corbeille d’entendre les bavards inconséquents.
Dans un temps si lointain que nos enfants n’en gardent pas le souvenir, quand un pays se préparait à dévaluer sa monnaie ou à pratiquer une manœuvre financière quelconque, le secret était bien gardé. Les médias ne suivaient pas en live les tribulations ou hésitations des décideurs. Souvent les ressortissants du pays concerné apprenaient la rabotage de la valeur de leur monnaie alors qu’ils étaient sur les plages ou à la montagne : les journées encadrant le 15 aout étaient souvent propices à ce type d’opérations de rééquilibrage des pouvoirs d’achat.
De nos jours on assiste au contraire aux plus grandes déclarations dans un sens ou un autre, en provenance de tous les horizons, devant tous les journalistes de la création : du live intégral, du streeptease total ou de l'intox à tout va.
Pourquoi s’étonner ensuite que les fameux marchés ne sachent plus à quel « sein » se vouer ?
Madame Lagarde, directrice du FMI, admoneste les États, demandant la consolidation des banques européennes pour se reprendre le lendemain par un bémol. On s’étonne ensuite que les bourse enregistrent une baisse énorme des titres de ces banques.
Le ministre allemand des finances ne cache pas ses craintes d’une faillite revendiquée par la Grèce : l'hebdomadaire allemand der Spiegel l’affirme. Selon le journal, les fonctionnaires du ministère allemand ont élaboré deux scénari : dans un premier cas, la Grèce garde l'euro, dans le second elle réintroduit la drachme ! Le même ministre affirme que les banques (toujours elles) de nombreux pays européens devraient également nécessiter les aides du fonds européen. On ose s’étonner de la réaction des marchés à de telles affirmations.
De deux choses l’une : ou nous assistons à la plus formidable préparation psychologique et médiatique à un démembrement définitif de la zone euro, ou bien nous sommes en présence d’un « complot » bien orchestré par un dollar soucieux de demeurer LA SEULE valeur de référence commerciale. Il n’est pas envisageable de se trouver seulement en présence d’incapables et d’irresponsables.
Ainsi s'éloignent nos mois d’aout d’antan et les dévaluations sous les parasols. Cette fin d'été 2011 est au contraire celui d'une tchatche interminable et de scénari grecs et européens gris ou noir amplement décrits.
Gris la Grèce fait faillite, c'est-à-dire ne rembourse pas, mais conserve l’euro. Noir, la Grèce fait faillite (idem) et retourne à la drachme … Une constante demeure : la Grèce fait faillite ! Et l’on voudrait que les marchés ne tiennent pas compte de ces prédictions mortifères.
Vous ajouterez à ces douces analyses le départ inopiné de Grèce de la "troïka" - la mission d'experts des bailleurs de fonds chargée de surveiller les comptes nationaux … Les marchés devraient négliger ces inquiétudes ainsi claironnées quant à la capacité du pays à tenir ses engagements en matière de réduction du déficit ?
Certes de Gaulle déclarait « la politique ne se fait pas à la corbeille », mais on ne peut pas en vouloir à la corbeille d’entendre les bavards inconséquents, d'enregistrer les divagations en tout genre : les marchés n'ont pas des boules Quiès.
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